2 février, 2016

Les grands échecs de l’Etat français stratège industriel…

Le débouclage des positions de produits dérivés sur les matières premières est le vrai sujet du moment. Selon les quelques hedge funds qui suivent de près la situation le montant de l’encours serait de 4000 Md$ sur un encours total de 12 000 Md$.   Pour bien comprendre l’importance de ces chiffres, il faut se rappeler qu’en 2008-2009   au moment de la crise des subprimes une perte nominale de 500Md$ sur le marché des mortgages avait eu pour effet avec les produits dérivés de se traduire en 28 000Md$ de perte sur le marché des actions !

Le pire n’est bien évidemment jamais certain mais cela constitue une incitation de plus à construire un « bar-bell portfolio » qui va en cas de forte dégradation de la croissance détiendra des Bons du Trésor à 30 ans en dollar, des obligations d’Etat japonaises (JGB), du cash en dollar et de l’or ; et dans l’hypothèse où la croissance repart des actions européennes, japonaises, coréennes. Ceux qui souhaitent prendre plus de risques pourront commencer à acheter du pétrole ainsi que du Brésil, de la Chine, du High Yield et de la dette émergente….

 

 

Bercy défend « sa bonne gestion » alors que la France a de moins bons résultats que ses voisins européens.

 

En France, L’incertitude grandissante pourrait stopper une reprise encore fragile ( progression de 0,4% du PIB au T4 2015). En plus d’être le seul pays européen où le niveau de chômage ne baisse pas, la France est obligée d’étaler au grand jour les échecs de sa stratégie industrielle.

Areva, dans le nucléaire, dossier piloté depuis l’Elysée devait être un des grands succès industriels de l’Etat qui font la gloire de l’Etat stratège. Il va falloir remettre 5Md€ dans la société après la très mauvaise gestion d’Anne Lauvergeon. Cela n’empêche pas Philippe Varin d’être très satisfait alors que les actionnaires minoritaires ont perdu la quasi totalité de leur investissement.

Le sauvetage de Vallourec nécessitera également une augmentation de capital de 1 Md€. Curieusement on trouve dans les deux cas des conflits d’intérêt préoccupants.

Philippe Crouzet, le président de Vallourec est l’époux de Sylvie Hubac ancienne directrice du cabinet du Président de la République….

Olivier Fric, négociant, consultant et intermédiaire sur l’affaire Uramin est l’époux à la ville d’Anne Lauvergeon ancienne président d’Areva….

Air France qui devrait comme toutes les compagnies aériennes du monde, profiter de la baisse du prix du pétrole et voir ses marges bénéficiaires augmenter ne sera pas en mesure de le faire. Les syndicats sont là pour l’en empêcher avec la complicité d’un Etat actionnaire qui n’a pas le courage de prendre les bonnes décisions.

 

En Italie, le chômage recule depuis un an. La récession est terminée. Rappelons une fois de plus que cela est le résultat de décisions courageuses prises et appliquées par Matteo Renzi le Président du Conseil.

 

L’Europe en général est prise dans un irrésistible processus de faiblesse et de lâcheté, pratiquement dans tous les domaines. Le denier indice PMI composite est en baisse pour janvier.

 

La situation des banques est contrastée

 

Les banques américaines l’air d’aller mieux. Des analystes comme Mike Mayo de CLSA commencent à redevenir positif sur le secteur. Les grandes banques et les banques régionales ont beaucoup baissé de puis le début de l’année : Citigroup -22%, Bank of America -19,6%, JPMorgan Chase -13,3%. Comme elles ont désormais des bilans solides, ces valeurs pourraient remonter d’environ 20%…

 

Les banques européennes sont en recul de 17% depuis le début de l’année. Celles qui ont particulièrement souffert sont les banques italiennes car elles portent encore 350Md€ de créances douteuses ce qui représente 22% du PIB italien. Le plan de sauvetage mis en place par le gouvernement a été difficile à mettre en place car l’Europe a refusé à l’Italie ce qu’elle avait accordé à l’Espagne et à l’Irlande. Il s’agit d’un exemple de plus du dysfonctionnement de la machine européenne…

Parmi les banques italiennes concernées figurent : Banca Monte dei Paschi di Siena,Unicredit,Intesa San Paolo,Banco Popolare Emilia Romagnia,UBI Banca,Banca Popolare di Milano,Banco Popolare Emilia Romagna,Banca Carige, Banca Popolare di Vicenza…

 

Les banques chinoises seraient aussi selon certains hedge funds à la veille d’une crise. Le niveau de créances douteuses serait astronomique alors que les banques chinoises sont massivement sous capitalisées. Compte tenu des montants très importants empruntés en dollar, une poursuite de la dévaluation du Yuan les mettrait dans une situation intenable. Parmi les banques chinoises concernées figurent : ICBC, Bank of China, Agricultural Bank of China,Bank of Communications, Citic Bank, China Minsheng Banking Group.

 

Auteur: Romain Metivet

Romain Metivet est économiste et dirigeant d'une entreprise dans les nanotechnologies.

6 Commentaires

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  • riz

    10 février 2016

    La France est restée colbertiste (semi communiste à partir du moment où l’Etat intervient trop et donc pas de manière optimale).
    Quant à l’Italie je ne partage pas votre optimisme , l’Italie va très mal aussi mal que la France voire pire .Leur industrie 1.5 fois plus grosse que la notre en relatif et leur pays plus dépendant que nous des prix de l’énergie n’a même pas profité de l’euro faible , des taux d’î plus faible (ils partaient de plus haut leur delta est donc plus important à la baisse), et du prix du pétrole .
    0.7% de croissance en 2015 c’est la plus faible des grands pays , l’Italie va donc mal , voire très mal à voir ses banques tomber les unes après les autres , sans cet alignement des planètes en 2015 elle aurait été en dépression .Et si les banques européennes sont entraînées vers les bas fonds c’est que l’Italie y est pour quelque chose aussi donc ils vont boire le bouillon .Les banques sont les drivers de l’économie et de la bourse c’est un put ou un call de 20 à 30 fois sur la conjoncture et depuis le début de l’année les banques françaises ont chuté d’un quart (un krach en à peine plus d’un mois) ce qui n’augure rien de bon , un mini 2008 en perspective .
    La Chine c’est aussi le village Potemkine , avec des taux d’investissement de 45% du pib ça tient avec 10% de croissance annuelle mais avec 4% les banques vont ramasser les créances douteuses à la pelle et forte recapitalisation par l’Etat en perspective .
    Le pétrole remontera à terme 50-60 dollars autant le surinvestissement prépare le prochain krach (2010,2011,2012,2013,2014) , le sous investissement est le terreau de la prochaine bulle (mi 2014,2015,2016,2017) c’est imparable .
    Sur le cac la baisse n’est pas encore finie sur 4000 on attend toujours les 3472 pour cette année donc grabuge à venir, attachez vos ceintures .

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  • Aljosha

    3 février 2016

    Bonjour,
    un esprit peu cavalier avancerait également que le maître de Chantilly avait placé sa pouliche chez l’Oréal.

    Ce n’est peut-être pas très libéral comme approche mais je n’aime pas trop l’idée de l’Etat qui brade ses biens (une histoire d’immeubles à New-York, etc …), notamment pour rembourser le puit sans fond de la dette. Et pourquoi pas Versaille ? Le pays doit avoir sa monnaie comme bien commun, et pourquoi pas aussi un patrimoine immobilier s’il n’est pas mal acquis et que l’on saurait raisonnablement exploiter ?

    Si la villa Medicis de Rome est à vendre, merci de me prévenir un peu à l’avance.

    Répondre
  • TYLOLO76

    3 février 2016

    Encore Merci Monsieur Netter pour cette synthèse hebdomadaire qui complète chaque semaine à merveille l’article de Monsieur Gave (sans S donc), et que nous attendons avec impatience tous les mardis (pour le coup l’inquiétude commençait à nous gagner, la force de l’habitude certainement).

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  • LAIGNEL

    2 février 2016

    Bonsoir Monsieur NETTER,
    Je lis vos conseils et plus particulièrement celui invitant à détenir de l’or (cf. paragraphe 2).
    Dans un article antérieur Monsieur Charles GAVES porte un jugement plutôt négatif sur ce support.
    Je lis d’autres analystes, préconisant eux aussi la valeur or. Jusqu’à aujourd’hui, j’avais tendance à rester sur les conseil de M. Charles GAVES, mais à la lecture de vos conseils, et compte tenu de l’expertise de vos analyses, je me trouve perplexe quant à ce placement …
    Qu’en est il réellement pour vous et l’Institut des Libertés en ce qui concerne la valeur or? Toutes les analyses censées anticipent un « cataclysme » financier, et les placements typiques des français moyens sont en grand danger. La valeur or serait une valeur refuge et permettrait de sécuriser l’épargne dans le contexte cataclysmique à venir. Partagez vous à titre personnel et comme intervenant de l’IDL, cette analyse?
    Merci d’avance de vos commentaires et réponses
    Jérôme LAIGNEL

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    • idlibertes

      2 février 2016

      Cher Monsieur,

      De ce que j’ai lu, nous étions dans la perspective de la construction d’un portefeuille à 30 ans

      avec

      -obligations d’Etat japonaise

      -Cash

      -Et or

      Et dés que l’economie repart, le portefeuille change

      Ainsi, je pense qu’il serait erroné de lire que l’or serait conseillé comme seul placement. L’or est toujours effectivement une valeur refuge mais , ce que Charles gave vous dirait, pour un court terme et vraiment en désespoir de cause.

      Garder de l’or sur une longue période n’est pas une bonne option pour un rentier français en ce moment.

      Je resterais si j’étais vous sur votre compréhension antérieure des travaux de Charles.

      Bien cordialement

      Idl

      PS c’est GAVE sans S à la fin 🙂

    • sarcastik

      7 février 2016

      Vous voulez dire, avec un E comme € et non un S comme $ ? 🙂

      Votre site est toujours agréable à lire.

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Les livres de Charles Gave enfin réédités!