La situation grecque et le mini krach obligataire ont entrainé une baisse de tous les indices cette semaine. On voit bien que la liquidité des marchés devient préoccupante. Le renforcement de la régulation bancaire, la loi Dodd-Frank en particulier aux Etats Unis, mais aussi Basle 3, Solvency 2 en Europe aboutissent au fait que dans les périodes de turbulences, il n’y a plus de contrepartie. Le vendeur se voit confronté à des intermédiaires qui ne prennent pratiquement plus de positions pour assurer la liquidité des marchés. Les conséquences de cette situation ont été très bien décrites par Stephen Schwarzmann CEO de Blackstone dans un article du Wall Street Journal de la semaine dernière. Son papier était intitulé « Comment la prochaine crise financière va arriver »
Les sujets d’inquiétude ne manquent pas entre la sortie de la Grèce de l’Euro, la sortie de la Grèce de l’Europe, la remontée des taux aux Etats Unis, , l’explosion du Moyen Orient….
Il est encore difficile de prévoir l’issue du psychodrame qui se joue entre Athènes et ses créanciers depuis des mois. Au lieu de pratiquer la théorie des jeux dont Monsieur Varoufakis est paraît il un grand spécialiste académique, il vaudrait mieux poser les bonnes questions et tenter de leur trouver une réponse : 1/ La Grèce étant totalement incapable de rembourser l’argent qu’elle a emprunté. Il faut savoir contre qui et dans quelles proportions elle fera défaut : les citoyens grecs, l’Union Européenne, les porteurs privés d’obligations grecques, le FMI, la BCE…. 2/ Le lien entre le défaut et la sortie de l’Europe n’est pas automatique. Le pays pourrait sortir de l’Euro sans quitter l’Europe…. 3/ dans tous les cas de figure il faut une préparation quasi militaire du calendrier : contrôle des changes, fermeture temporaire des frontières, recapitalisation dans la nuit du capital des banques grecques, impression de nouveaux billets etc…
Neuf investisseurs sur dix n’ont aucune exposition en Chine
Ce qui se passe de plus important a lieu en ce moment Chine.
Le financement des infra structures permettra à la Chine de redevenir un empire. Le financement des nouvelles routes de la soie permettra d’y arriver. La voie ferrée Chongqing Duisburg en Allemagne permettra de faire parvenir un container de Chine en Europe en cinq jours. La voie maritime consistera à construire un réseau de ports très bien équipés (Sanya, Hambantoa, Gwadar…) qui aboutiront au Pirée en Grèce…
Sur le plan militaire, Pékin place ses pions pour s’imposer comme la puissance dominante de la région. Il s’agit pour eux de bien le montrer au Japon et aux Etats Unis. Le pays avec un budget de défense de 175 Md$ cette année, est devenu le troisième exportateur d’armes du monde. Le nouveau chasseur J-31 a vocation à être très rapidement exporté. Le missile Advanced FD-2000 a été acheté par la Turquie et le missile Grad WS-1E par l’Iran. Enfin après le « Liaoning » la Chine a mis en chantier son second porte avion.)
Sur le plan financier, on va assister à une libéralisation des marchés financiers. L’internationalisation du Renminbi qui devrait prochainement en novembre intégrer les Droits de Tirage Spéciaux. Les taux chinois encore élevés (au dessus de 4% pour les obligations à 30 ans) vont baisser, ce qui sera très favorable aux obligations chinoises. L’obligation à 30 ans chinoise rapporte du 4,25%…On est dans la machoire du crocodile. Il n’y a pas beaucoup d’endroits dans le monde où on peut encore obtenir une rentabilité de 4 à 6% avec une volatilité de 3% !
Le marché action devrait encore monter, car les marchés vont progressivement se substituer aux banques pour financer l’économie chinoise. Le marché action est poussé par le gouvernement. La Chine c’est 15% du PIB mondial mais pratiquement rien dans les indices. La Chine ne représente que 2,72% de l’indice mondial MSCI All Countries
Bien évidemment tout cela ne se fera pas en ligne droite, trois faillites d’entreprise ont déjà eu lieu de puis le début de l’année dont une détenue par le gouvernement. Le niveau de spéculation des 100 millions de chinois qui achètent des actions est très important, mais le gouvernement a besoin d’eux.
Dans les bulles il y a celles qui ont été financées par les marchés (= la technologie en 2000) Celles qui sont financées par les banques (= les « subprime » en 2007-2008). On vient probablement de voir débuter une bulle d’anthologie qui pourrait ressembler à celle sur le Japon dans les années 80. A l’époque le poids des actions japonaises est passé de 8% dans les indices à 45%. Une bulle touche à sa fin quand tout le monde en a ce qui n ‘est pas du tout le cas en ce moment….
François Hollande affirme une ligne social démocrate mais ne fait toujours rien de cohérent
En France, Parmi les événements importants peu commentés cette semaine, il y a la décision du « New York Times » de quitter Paris où son prédécesseur le « International Herald Tribune » était depuis 1967, pour aller s’installer à Londres. Les dirigeants du journal estiment que les conditions dans lesquelles on peut gérer un quotidien numérique ou traditionnel sont nettement moins bonnes qu’au Royaume Uni. Les conventions collectives, le droit du travail, la non flexibilité des effectifs aboutissent au fait que les coûts à Paris sont les plus élevés parmi les pays développés. Tout est dit une fois de plus. Toutes les études réalisées complaisamment par les consultants sur l’attractivité de la France n’y changeront rien. On est toujours dans les petites mesures de contournement…
Pour que les entreprises décident d’engager des collaborateurs, il leur faut plus de commandes donc plus de croissance et moins de dépenses publiques et surtout un droit du travail plus souple qui permet d’ajuster les effectifs d’une entreprise en fonction de son plan de charge.
Au lieu de s’employer à mettre en place de vraies réformes, le gouvernement continue de guetter le retour de la croissance comme on attendrait Godot. Il continue par ailleurs de harceler les propriétaires qui ont investi dans l’immobilier pour financer eux mêmes la retraite qu’ils n’auront pas. Le plafonnement des loyers entrera en vigueur le 1er août à Paris. C’est la première fois depuis 1948 qu’une limite exprimée en Euros par mètre carré est imposée aux bailleurs !
Les petites entreprises sont une fois de plus pénalisées par des députés qui n’ont jamais mis les pieds dans une entreprise. Les commerces de moins de onze salariés devront obtenir l’accord des employés pour ouvrir le dimanche. Rien de sérieux n’est entrepris pour simplifier le Code du Travail…
Auteur: Jean-Jacques Netter
Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.
jcgruffat
20 juin 2015La bourse chinoise de Shanghai a corrige hier par plus de 8%.
Les PER sont delirants, attention…
FrancisC
20 juin 2015Faut.il prêter beaucoup d’attention à ce qu’écrit Stephen Schwarzmann lorsqu’il reproche aux régulateurs et législateurs d’imposer aux banques plus de capital, une plus grande attention à la liquidité et à leur livre de dérivés? Ou lorsque M. Schwarzmann craint que la Fed ne puisse plus inonder le marché de liquidités?
N’est-il pas en train de parler dans son propre intérêt? n’a t-il pas été un des principaux bénéficiaires des largesses de la Fed au cours des cinq dernières années?
Plus généralement, on ne peut pas se plaindre d’économies artificiellement et dangereusement soutenues par le crédit et d’un autre se plaindre de mesures qui en effet auront pour effet de réduire le crédit.
M. Schwarzmann aurait du s’en prendre au traitement de faveur des obligations d’état par rapport au crédit privé.
BA
19 juin 2015En Grèce, le bank run s’accélère.
Conséquence de ce bank run : les banques grecques sont en faillite.
A la banque centrale de Grèce, c’est la panique.
Le gouverneur de la banque centrale de Grèce vient de téléphoner à Draghi pour lui demander une aide en urgence.
Tout le château de cartes de l’Union Européenne est en train de trembler.
Tout ne tient plus qu’à un fil.
Tout est en train de se jouer à Francfort, au siège de la BCE.
Vendredi 19 juin 2015, vers 9 heures 30 :
Grèce : réunion d’urgence à la BCE pour accroître les financements aux banques.
Le conseil des gouverneurs de la BCE doit tenir une conférence exceptionnelle ce vendredi pour discuter d’un possible relèvement des financements d’urgence (ELA) aux banques grecques, ont déclaré à l’AFP plusieurs sources européennes.
Cette conférence, organisée par téléphone à la demande de la Banque de Grèce, est programmée vers midi (10H00 GMT), ont fait savoir ces sources qui ont demandé à ne pas être identifiées.
Cette demande intervient alors que les retraits bancaires en Grèce se sont accélérés ces derniers jours.
http://www.romandie.com/news/Grece-reunion-durgence-a-la-BCE-pour-accroitre-les-financements-aux-banques_RP/604137.rom
Historique.
Nous vivons un moment historique.
Gerldam
18 juin 2015Merci pour ces informations, toujours très utiles.
Effectivement, la Chine est train d’imposer le RMB dans sa région et tente même de convaincre les entreprises occidentales qui commercent avec la Chine de traiter dans la monnaie chinoise.
Sur la France, on ne répètera jamais assez que la mère des réformes pour que la France puisse un jour retrouver un peu de croissance est la réduction des dépenses publiques de l’ordre de 200 milliards par an, tout en sachant que, pendant 2 ou 3 ans, cela aura un effet récessif. Ces 200 milliards sont, en gros et sans surprise, la différence de marges entre les entreprises françaises et allemandes.