Question pertinente un peu plus de 5 ans après la faillite de Lehman Brothers mi-septembre 2008.
Récemment, Hank Paulson, Secrétaire au Trésor dans la deuxième administration GW Bush, ancien patron de Goldman Sachs, s’interrogeait dans des termes analogues devant l’Economic Club de New York.A l’occasion de la réédition de son ouvrage, « On the Brink, : inside the race to stop the collapse of the global financial system », il confessait ses regrets et faisait part de ses préoccupations: – Regrets de n’avoir toujours pas réglé le problème de Fannie Mae, et Freddie Mac, sous contrôle direct de l’Etat fédéral depuis 2008. – Regrets aussi que des actions contraires à ses principes aient pu être interprétées par le public comme étant motivées par le souci de préserver les intérêts de Wall Street.
La colère du public et des politiques lui parait être une bonne chose car le sauvetage du système bancaire, décidé dans l’urgence, bien que nécessaire, ne devrait pas être considéré comme acceptable et en tout cas susceptible d’être répliqué. Hier à New York University, un panel compose essentiellement d’universitaires, et d’anciens régulateurs américains, Fed, OCC, modéré par Economist Intelligence Unit, s’interrogeait et dialoguait avec un public averti, sur le concept de « good bank », de fait ,faisant le bilan des reformes accomplies pour rendre le système bancaire et financier plus sûr et moins susceptible d’un retour d’une crise majeure.
En conclusion, observant les bulles sur certains types d’actifs à risque, la liquidité en apparence abondante et à la recherche de « yields » plus élevés, le recours très large aux « carry trades »,la multiplicité des régulateurs, Geoffrey Parsons Miller, professeur à NYU, faisait un parallèle avec la situation pre crise de 2007.Le débat avait porté sur un certain nombre de thèmes présentés par le modérateur, confiance, capital, niveau souhaitable ?, effet de leviers, restrictions aux activités de trading, notamment pour compte propre, « meilleure règlementation ».. Sur tous ces sujets les critiques étaient fortes et le pessimisme de rigueur.
Sur la confiance, on citait Warren Buffet, « il faut 20 ans pour construire une réputation, et 5 minutes pour la détruire », ainsi que Callum Mc Carthy, ancien Président du FSA britannique, « the expression trustworthy bank will replace military intelligence as the ultimate oxymoron ». De fait la confiance du public averti à largement disparu dans les plus grandes institutions bancaires, ainsi que dans les régulateurs superviseurs.Elle demeure fragile dans les relations entre institutions, un des panelistes faisant judicieusement observer que le marché du repo, bien que collatéralisé, avait disparu pour un temps après Lehman.
Sur le niveau de fonds propres durs à exiger, grand scepticisme vis-à-vis d’un chiffre magique, certains – ex régulateurs- critiquant la surcharge de capital des institutions systémiques, les plus grandes et les plus diversifiées, pour demander qu’elle s’applique plutôt aux banques domestiques locales dites « community banks » Si l’unanimité était constatée pour déplorer que l’après crise n’ait pas mis fin au « too big to fail », en dépit des mécanismes de résolution adopteés notamment aux Etats Unis par Dodd Frank, le « too big to manage » d’institutions encore plus massives et complexes par suite de concentrations/rachats de plus petites en 2008/2009, était plus particulièrement identifié comme source de problèmes futurs, cf le « London whale ».
Pour ma part, tout en admettant le caractère artificiel et non empiriquement ou rationnellement justifié d’un niveau de capital à 10 ou 12, voire 15%, je soulignais le lien établi avec les tentatives de restauration de la confiance dans des banques mieux capitalisées, même si l’absence de normes comptables uniformes entre les Etats-Unis et le reste du monde rend toute comparaison susceptible de contestation. Plus de consensus sur l’intérêt d’un niveau de levier modéré, – sans prise en compte de la qualité et du risque suppose des actifs – tel que celui revendique par la Fed pour les plus grandes institutions américaines.
En effet le Comite dit de Bale a dans plusieurs papiers récents, traite des différences de pondération des « risk weighted assets » qui constitue le dénominateur des ratios de fonds propres, créant ainsi des distorsions de concurrence. Sur le compte propre, et la règle Paul Volcker, scepticisme aussi, et le retour au Glass Steagall est très majoritairement considéré comme superfétatoire, aucune défaillance majeure n’étant attribuée à des activités d’underwriting ou de proprietary trading. Dans les suggestions positives on retiendra la fusion du CFTC et de la SEC, et le renforcement des procédures de risk management, y compris pour les prises fermes avant placement. Un ancien banquier suggérait aussi que tout underwriting devrait se compléter de l’obligation de détention d’un pourcentage de l’actif sous-jacent, 5 à 10%, pour qu’il subsiste un intérêt à la bonne fin de la transaction. Enfin, accord assez large sur une responsabilité plus effective des dirigeants, leur quasi exonération de toute sanction pénale, mais aussi civile ou disciplinaire dans certaines situations apparaissant hautement critiquable.
De manière plus large, en dépit de l’adoption de principes de bonne gestion dans le cadre de plusieurs G20, je relève des insuffisances majeures dans de nombreux secteurs. Certes une relative modération finit par prévaloir sur les rémunérations variables et notamment par leur étalement dans le temps, pour les « material risk takers »De même des efforts ont été productifs pour que le traitement des produits dérivés de part et d’autre de l’Atlantique soit rapproché. Tant en ce qui concerne la définition des produits concernes que les modes de règlement par des plateformes ouvertes.
En revanche les Européens persistent dans une réglementation des institutions plus que des transactions elles-mêmes.Et l’extra territorialité revendiquée par les Américains demeurent un problème potentiel même si la CFTC a récemment démontré une certaine compréhension des objections présentées notamment par Michel Barnier au nom de la Commission de Bruxelles. Au niveau américain, comme en Europe, on abandonne progressivement le principe de confiance entre les régulateurs des grands pays industriels, et on s’efforce de requérir des filiales de firmes étrangères les règles de capitalisation qu’on applique aux maisons mères des institutions domestiques.
Cette balkanisation est évidemment très préjudiciable à la libre circulation des capitaux entre les principales places financières, et une gêne pour le financement harmonieux des grandes multinationales, comme je peux le constater personnellement dans le cadre de mon dialogue avec certains de nos grands clients.Le sujet majeur au niveau européen demeure la tunique de Nexus qui lie risque souverain et risque bancaire, la BCE injectant de la liquidité dans le système bancaire pour qu’il se porte acquéreur de papiers gouvernementaux. Cette exigence de fait, combinée à la contraction des actifs du fait de l’insuffisance des fonds propres, réduit à due concurrence la capacité du secteur bancaire à prester à l’économie réelle et contribue à une croissance nulle voire faiblement négative de la zone Euro. Exigence de fonds propres accrus, contraintes nouvelles de liquidité, à court et moyen terme sont désormais acceptes comme des contraintes dont les effets induits sont hautement préjudiciables à une reprise économique et au financement des investissements.
Et les effets sont notamment ressenties dans les activités de crédits transfrontalières comme le reflètent les statistiques trimestrielles de la Banque des Règlements Internationaux.Les profits mis en réserve, au détriment des rémunérations des investisseurs et des opérateurs, sur la durée devrait corriger ces déséquilibres. Mais il faudra être patient, et le temps des marches n’est pas celui des politiques. Dans le jeu des questions réponses à l’Economic Club de New York, Hank Paulson faisait observer que les crises financières se reproduisent en moyenne environ tous les 8 ans. Ceci laisse augurer un déclanchement de la prochaine dans un délai théorique de 3 ans. Sans aucune indication du secteur susceptible d’être le déclencheur, même si le « shadow banking » est systématiquement mentionné. Il est à craindre que cette fois le « bashing » des banques et de leurs superviseurs ne devienne violent.
Jean-Claude Gruffat
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Retrouvez Jean-Claude Gruffat dans BFM Business dans « Les decodeurs de L’ECO »
Auteur: Jean-Claude Gruffat
Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.
emmanuel
12 octobre 2013Je pense que ce Monsieur Gruffat est sans aucun doute bien place pour nous parler de regulation bancaire.
Pour la petite histoire Citigroup resulte de la fusion entre le Goupe de services financiers Traveler’s et la Banque Citicorp.
Projet realise par monsieur Sandy Weill.
Projet rendu possible parce que Mr Weill et l’industrie bancaire ont depense 350 millions de dollar de 1998 a 1999 pour soutenir la loi Gram Leach Bliley qui mit un terme en 1999 au Glass Steagall Act. Et 9 ans plus tard en 2008 la Banque Citigroup beneficia d’un plan de sauvetage de 306 milliards du gouvernement Americain.
Demander a un banquier de disserter sur ce qu’il faudrait faire en matiere de regulation de l’industrie bancaire,
cela revient a demander a un pompier pyromane comment eteindre l’inscendi qu’il a lui meme alume.
La regulation est l’affaire des politiques.
Mais que font nos politiques si ce n’est donner de l’essence aux pompiers pyromanes.
La confiance est fondamentale.
C’est une certitude.
Mais est ce raisonable de faire confiance a cette oligarchi politico financiere qui cultive la bail in et le bail out au detriment de la classe moyenne et au mepri de toute consideration democratique…
Est ce raisonable de faire confiance aux faux monnayeurs que sont les banquiers centraux…
La confiance est effectivement vitale pour qu’il y ait croissance…
Mais peut on faire confiance a une generation politique responsable des dettes accumulees, pour regler la crise de solvabilite resultante…
La crise ultime on y vient…
Et les dirigeants Economiques qui planchent sur des scenarios macroeconomiques catastrophiques ont raison de s’ en inquieter.
Ils constatent et ont pris acte qu’il y a deflation et pas inflation malgre les trillions deverses.
Par consequent ils vont faire autrement.
Et a votre avi qui va payer le solde de tous comptes de 2008…
Et qui sera victime du 1929 puissance un trillion qui vient…
Citoyens, et Republicains et Gaulliste du monde entier unissons nous.
Avant que la premonition de Thomas Jeferson en 1802 ne se revele cette fois dans toute sa brutalite.
Poutine7
10 janvier 2014Raaah merci de nous rappeler quelques vérités mais maître Gruffat ignore les « provocations » de ce genre car il s’agit certainement d’une dérive « populiste ». Mieux vaut entendre la Sainte parole des banquiers de Lehmann et Citigroup …
jcgruffat
8 octobre 2013Lier sa monnaie au dollar existe depuis le debut des annees 1980 a HK.
Cela suppose de suivre la politique monetaire du pays de reference.
Je ne cache pas mon plaisir de voir la politique monetaire de la « region speciale administrative » de HK, revenue sous l’egide de Pekin en 1997, etre determinee a Washington.
🙂
JCG
gidmoz
9 octobre 2013Le dollar HK, indexé sur le dollar US, est la monnaie officielle de HongKong. Elle dépend donc de la politique US sur le dollar US.
Mais j’imagine que le yuan chinois peut, lui aussi, circuler librement. Et j’imagine aussi que l’administration de HongKong n’interdit pas à l’euro de circuler librement. Mes suppositions sont-elles fondées?
Le coût de circulation de ces diverses devises serait alors le coût de la prime de risque de différence de cours entre ces diverses monnaies entre elles. Pourrait-on considérer HongKong comme une zone ayant plusieurs monnaies? Et l’Administration de HK régule-t-elle la circulation des autres devises que le dollar US?
Je ne pose pas cette question en relation avec un très hypothétique défaut des USA le 17 octobre. En effet, ce risque de défaut semble nul ou infime selon les experts, dont vous-même, et qui étaient invités sur le plateau de BFM.
jcgruffat
9 octobre 2013Cher Gidmoz,
La monnaie de HK est le HK dollar.
Il n’y en a pas d’autre.
Ceci n’empeche pas d’utiliser une autre devise pour ouvrir des comptes bancaires, comme dans tout pays ou il y a libre convertibilite.
Le RMB yuan est effectivement une des devises dans lesquels on peut ouvrir des comptes.
Comme l’Euro, le US$, etc…
Bien que non convertible pour les transactions en capital le RMB yuan l’est pour les operations courantes.
La Chine et le HKMA – banque centrale de HK – encouragent une certaine internationalisation du RMB yuan, emissions obligataires par des entreprises americaines ou europeenes, dites « dim sum bonds », pour siphonner la liquidite, transactions commerciales libellees en monnaie chinoise.
Aucune intention toutefois a court ou moyen terme de mettre fin au rattachement du HK$ au US$.
Je continue a penser comme je l’ai ecrit le 1er Octobre sur ce site, que le risque de defaut est quasiment nul, mais nous approchons de la zone de danger, ce qui explique les mises en garde publiques des detenteurs etrangers de dette souveraine americaine, japonais, chinois, et la baisse de Wall Street hier meme si on reprend .45% aujourd’hui.
Poutine7
7 octobre 2013Si vous voulez comprendre un peu mieux l’origine de cette folie financière :
Blythe Masters : La banquière de la JP Morgan à l’origine de la crise mondiale de Pierre Jovanovic
idlibertes
7 octobre 2013Ou « libéral mais non coupable » de Charles Gave
🙂
jean-claude
6 octobre 2013Cher Gidmoz,
Pour moi « smart regulation » est une reglementation simple,coherente et susceptible d’etre mise en oeuvre.
Le parfait contre exemple etant Dodd Frank, dans beaucoup de ses aspects, produits derives, protection du consommateur, Volcker rule, etc..
L’autre contre exemple il y a une dizaine d’annees etait Sarbannes Oxley..
Peu ou pas d’efficacite pratique, et des consequences inattendues, notamment de couts induits.
gidmoz
6 octobre 2013Je ne connais pas malheureusement pas la finance. Je connais encore moins les noms que vous avez cités. A l’occasion, j’essaierai de me renseigner sur « Dodd Frank », « Volker rule » et « Sarbannes Oxley ».
Je ne m’étonne pas de l’existence de coûts induits et des conséquences nuisibles d’une réglementation. Elles sont, amha, inévitables. Je doute qu’il soit possible de trouver une « smart régulation ».
En effet, une régulation bancaire vise, à la fois, plusieurs buts incompatibles. L’Etat veut conserver la valeur de la monnaie en évitant trop de création monétaire par les banques. Pour cela, l’Etat a inventé une règle administrative arbitraire qui limite la création monétaire des banques dans un ratio d’environ 4 ou 5 fois la monnaie centrale empruntée.
L’Etat veut aussi que le taux d’emprunt de cette même monnaie n’étouffe pas les prêts aux agents économiques. Ce taux doit être inférieur aux taux des bons du Trésor afin que les investisseurs préfèrent financer l’activité des entreprises plutôt que l’Etat.
Enfin, l’Etat veut aussi emprunter toujours plus pour satisfaire la clientèle électorale des prochaines élections. Or la régulation actuelle est délibérément conçue afin que les banques préfèrent prêter aux Etats plutôt qu’aux entreprises. Or la production réelle nette de l’Etat est négative.
Avec ces hypothèses, toute recherche de « smart regulation » me semble vouée à l’échec.
Comparons avec le freebanking. En freebanking une banque émettra sa propre monnaie et sera responsable du bon fonctionnement de sa monnaie. Elle choisi soit que sa monnaie soit à parité avec une monnaie déjà existante, comme le dollar US, l’euro, ou l’or. Ou bien elle propose un tout autre étalon de valeur.
La « smart régulation » d’une banque en freebanking, ce serait, par exemple une hypothétique BNP qui émettrait des euros-BNP sans accord préalable convenu avec la Banque Centrale Européenne. De la même manière, les banques panaméennes émettent une monnaie équivalente au dollar US sans aucun accord avec la FED.
La « smart régulation » d’une telle hypothétique BNP serait parfaite puisque les actionnaires et ses clients assumeraient les conséquences financières de cette nouvelle monnaie BNP-euro.
gidmoz
5 octobre 2013Je comprend bien que le régulateur ajoute sans cesse des règlements pour tenter de réduire les risques en espérant ainsi améliorer le système. Mais qu’appelez-vous la « smart regulation »?
jcgruffat
4 octobre 2013Cher Gidmoz,
Je ne suis pas un economiste, tout juste un employe de banque..
Vous avez tout a fait raison, la creation monetaire n’est pas le monopole des banques centrales.
Pour revenir sur le « free banking », la banque est la profession la plus reglementee et l’experience des crises montrent d’abondance que toute crise amenent les politiques et regulateurs a en »remettre une couche ».
Pour s’exonerer de leur ignorance et insuffisances.
Comme on dit ici, il nous faut plus de « smart regulation »et moins de regulateurs, c’est en tout cas mon opinion.
La balkanisation de la regulation, pousse par la Fed procede d’une pratique par les grandes banques europeennes qui traditionnellement levaient des fonds en $ ici aux USA, et les recyclaient hors du pays, Asie, ME, etc..
La Fed ne veut pas se trouver face a des structures sous capitalisees avec un passif US en $ et des actifs etrangers..
Situation tres inconfortable en cas de probleme et d’incapacite de la maison mere en Europe a faire face aux engagements de sa filiale sans intervention de l’Etat europeen.
gidmoz
4 octobre 2013Gruffat dit « Au niveau américain, comme en Europe, on abandonne progressivement le principe de confiance entre les régulateurs des grands pays industriels ». La monnaie continuera néanmoins à fonctionner puisqu’elle n’est pas fondée sur la confiance des usagers, mais sur l’interdiction légale d’utiliser une autre devise, ou alors alors avec des coûts administratifs prohibitifs. Sauf si la moindre qualité des monnaies étatiques induisait des coût d’utilisation qui seraient supérieurs à ces coûts administratifs.
Il y a eu 600 de périodes de freebanking dans les périodes récentes dans nos pays riches. Ces périodes de freebanking furent heureuses et prospères. Un économiste sait qu’un monopole est moins efficient qu’un marché libre. Pourquoi donc, ce même économiste compétent écarte, a priori, l’hypothèse du freebanking dans le cas où les Etats et leurs Banques Centrales auraient perdu la confiance des populations?
La monnaie est un bien dont les caractéristiques conviennent à servir d’intermédiaire aux échanges. C’est un produit financier que tout ingénieur financier saurait produire. C’est un produit que toute banque, petite ou grande, a les compétences techniques pour émettre. Et ce titre financier servirait de monnaie. Par quel étrange processus sociologique, la libre création monétaire, le freebanking, n’est-il jamais évoquée par les économistes?
Peut-être ces économistes estiment-ils qu’il serait inutile d’évoquer une hypothèse qui serait refusée, a priori, par les Etats? Mais, si la confiance dans les Etats diminue encore, le recours au freebanking deviendra une option à reconsidérer.
Jules
4 octobre 2013Cher GIDMOZ,
vous relancez là une question fondamentale – d’ailleurs abordée longuement par Charles Gave dans plusieurs articles du temps de son ancien site / blog – question fondamentale donc de définir ce qu’est une monnaie.
Pour faire court, perso, il me semble qu’on peut poser en parallèle la question de ce qu’est le pouvoir.
En clair, un gouvernement s’arroge toujours 3 monopoles :
1. Monopole de la violence,
2. Monopole du pouvoir,
3. Monopole de la monnaie.
Nous avions l’Etat français qui détenait ces 3 monopoles.
Oui, mais ça, c’était « avant »…
Nous avons maintenant la Troïka qui détient le pouvoir sur l’Etat qui détient le pouvoir…
gidmoz
5 octobre 2013La question de la nature de la monnaie ne se pose que lorsque l’Etat la contrôle, la régule, l’émet. Lorsque l’Etat renonce à intervenir dans la monnaie, c’est a dire dans une période de freebanking, la nature de la monnaie est d’être un bien économique ordinaire. Ou plus précisément, la monnaie est alors un titre financier sans contrôle de l’Etat. La monnaie est alors une promesse commerciale ordinaire. Le promettant est la banque et le bénéficiaire de la promesse est le possesseur du titre.
Ainsi chaque monnaie de banque est, essentiellement, une promesse commerciale ordinaire, bienque l’étendue de cette promesse soit limitée par les règlements bancaires. Ainsi on peut dire que chaque banque crée sa propre monnaie de banque. En prenant la BNP comme exemple, on peut légitimement dire que la BNP crée des euro-BNP. Et chaque euro-BNP est alors la promesse commerciale de livrer un euro de monnaie centrale.
Il ne faut pas confondre un euro de monnaie centrale et un euro-BNP. Pourtant, l’usage les confond en les appelant tous les deux du même terme « euro », ce qui crée souvent une confusion dans les esprits. La nature d’un euro de banque centrale est différente de la nature d’un euro-BNP, simple promesse commerciale de la BNP.