11 décembre, 2012

Pourquoi les USA pourraient bien ne jamais partir d’Afghanistan

 

A l’automne 2001, l’objectif initial de l’Amérique en Afghanistan, parfaitement logique, était de détruire ou de neutraliser al-Qaïda et  de punir le gouvernement Taliban qui  l’avait accueilli. Mission accomplit  il y a 11 ans. Aujourd’hui cependant, le but de la mission américaine mal définie même si elle semble impliquer clairement  la construction de la nation Afghane. Or,  ce dont  la coalition a désespérément besoin est  d’un objectif réalisable, d’un fin de parcours réaliste, pas d’une ligne de temps indéfinie qui engage des milliers de soldats américains en Afghanistan au-delà de 2024.

Une réflexion souvent proposée est que l’Amérique et ses alliés doivent instaurer un véritable État Afghan susceptible de diriger le pays et empêcher le retour des talibans et, par extension, d’ al-Qaïda. Mis à part le fait qu’Al-Qaïda puisse exister n’importe où, de Hambourg à Los Angeles, ce n’est pas du tout évident que la coalition puisse  à la fois éliminer les talibans  et se rapprocher de la création d’un État  Afghan digne de ce nom.

Le ministère de la Défense a déclaré  dans un rapport début 2012 que «L’insurrection menée par les talibans reste adaptative et déterminée avec une grande capacité de régénération, et conserve la capacité de ressource d’un nombre important de dispositifs explosifs improvisés. L’insurrection est  capable de mener des attaques isolées de grande envergure touchant de manière disproportionnées,  ceci impactant le sentiment d’insécurité. « 

Mais cet argument que  « la coalition doit éradiquer les talibans » perd de vue ce que le terme «insurrection» signifie réellement. Les Guérilleros  per se ne combattent  que quand l’occasion est propice. Ils peuvent se fondre facilement dans une population, ce qui rend  la tache de distinction difficile aux  troupes conventionnelles  entre les amis  et  les  ennemis.  Ceci combiné à la capacité qu’a l’insurrection Afghane à se retrancher dans les sanctuaires au Pakistan, les gains de la coalition pourraient rapidement être réduits à néant. En outre, les journalistes Dexter Filkins et Vlahos Kelly fournissent d’excellentes analyses qui soulignent les divisions ethniques et les différentes factions politiques créées par les seigneurs de guerre afghans, dont beaucoup se regroupent déjà et qui pourraient déclencher une guerre civile dans les années à venir.

 

Quant à l’affirmation commune que l’Amérique doit rester jusqu’à ce que les Afghans puissent contrôler et gouverner eux-mêmes, l’état actuel des institutions afghanes  semble démontrer que cela pourrait prendre une décennie ou plus avant que les forces de la coalition puissent se retirer, avec peu de promesses de succès.

 Un rapport détaillé publié l’an dernier par  la «  Commission on Wartime Contracting » a révélé que le gouvernement américain a payé  pour des dizaines de cliniques, de casernes, d ‘hôpitaux et d’autres installations qui dépassent les capacités de financement Afghans. Par exemple, l’Université  Afghane de la Défense à 82 millions de dollars va  en coûter 40 millions de dollars  de plus par an pour fonctionner, ce qui est bien au-delà de la capacité financière de ce que le gouvernement Afghan  pourrait maintenir, selon des responsables du DoD. Opérations à long terme, entretien et coûts de maintien pour les Forces de sécurité nationales afghanes pourraient ainsi continuer jusqu’en 2025. Des résultats similaires ont été découverts par les auditeurs du Bureau de l’Inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan.

 

On s’attend à ce que les Etats-Unis maintiennent une présence de quelque 10.000 soldats en Afghanistan après 2014, tandis que la Banque mondiale estime que l’Afghanistan aura besoin de 3,9 millions de dollars par an jusqu’en 2024 pour le développement économique.Ironiquement, lorsque les planificateurs des affaires  étrangères de Washington indiquent clairement qu’ils n’ont pas l’intention d’abandonner l’Afghanistan, c’est leur  propre ambition de créer un Etat centralisé qui perpétue la dépendance  même de ce futur Etat.

 

 

Remerciement au CATO INSTITUTE

Traduction Libre

 

http://www.cato-at-liberty.org/why-the-united-states-might-never-leave-afghanistan/

 

 

Et aussi

http://www.newyorker.com/reporting/2012/07/09/120709fa_fact_filkins?currentPage=all

 http://news.antiwar.com/2012/09/03/afghanistan-lacks-resources-to-properly-vet-police-recruits/

Auteur: idlibertes

Profession de foi de IdL: *Je suis libéral, c'est à dire partisan de la liberté individuelle comme valeur fondamentale. *Je ne crois pas que libéralisme soit une une théorie économique mais plutôt une théorie de comment appliquer le Droit au capitalisme pour que ce dernier fonctionne à la satisfaction générale. *Le libéralisme est une théorie philosophique appliquée au Droit, et pas à l'Economie qui vient très loin derrière dans les préoccupations de Constant, Tocqueville , Bastiat, Raymond Aron, Jean-François Revel et bien d'autres; *Le but suprême pour les libéraux que nous incarnons étant que le Droit empêche les gros de faire du mal aux petits,les petits de massacrer les gros mais surtout, l'Etat d'enquiquiner tout le monde.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Me prévenir lorsqu'un nouvel article est publié

Les livres de Charles Gave enfin réédités!