Que le lecteur en juge: (tous les calculs ont été effectués compte non tenu des dividendes).
Début 1970, le CAC 40 était à 322 ; aujourd’hui, il est aux environs de 3 980. L’indice a donc été multiplié par 12 depuis 1970, ce qui correspond à une hausse moyenne d’environ 0,7 % par mois. C’est donc dire qu’historiquement la majorité des mois ont enregistré des hausses, parfois fort substantielles.
Ce n’est pas du tout, mais alors pas du tout le cas des mois de septembre.
Depuis 1970, il n’y a pas eu une seule décennie qui ait connu une majorité de septembre en hausse. En général, nous avons six septembres en baisse, contre trois ou quatre en hausse.
La performance moyenne des septembres pour chaque décennie a été la suivante :
1970 : – 1,5 %, (6 septembres en baisse, 4 en hausse),
1980 : – 1 % (6 septembres en baisse, 4 en hausse),
1990 : – 1 % (5 septembres en baisse, 5 en hausse),
2000 : – 5 % (6 septembres en baisse, 3 en hausse).
Depuis 1970, la performance moyenne de celui qui achetait fin août et vendait fin septembre a été de – 2,125 %, c’est-à-dire qu’il a perdu de l’argent de façon régulière, ce qui est proprement stupéfiant quand on sait que le marché a été multiplié par 11 pendant cette période…
Pourquoi ce bizarre aspect saisonnier des marchés ? Je n’en ai pas la moindre idée. Ce que je sais, toutefois, c’est que chaque année je vois arriver septembre avec un gros frisson d’angoisse. Je me demande chaque fois ce qui va me tomber dessus…
Pour le lecteur du Journal des Finances, et en termes pratiques, qu’est-ce que cela veut dire ?
Les marchés viennent de connaître une hausse sensible depuis les plus bas atteints en mars. Ceux qui ont su profiter de cette hausse peuvent soit lever un peu de cash en vendant les actions qui les ont déçus (c’est une règle d’or de la gestion : il faut toujours vendre ce qui a baissé et rarement ce qui a monté, faute de quoi au bout de quelque temps on se retrouverait avec en portefeuille tous les mauvais choix, s’étant débarrassé avec soin de tous les bons investissements…), soit rester tranquilles.
Pour les autres, il nous semble urgent d’attendre avant de réinvestir. Historiquement, il est en effet beaucoup plus sage d’attendre le 15 octobre pour augmenter les positions, plutôt que de le faire le 31 août.
Encore une fois, je ne sais pas très bien pourquoi ce phénomène saisonnier existe, mais investisseur rincé craint l’eau froide.
Perdre de l’argent ne me semble pas être un cadeau d’anniversaire particulièrement intéressant, aussi ai-je tendance à carguer les voiles quand arrive le temps des vendanges. Je redeviendrai probablement beaucoup plus positif vers la mi-octobre, me réservant la possibilité d’abreuver à nouveau les lecteurs de conseils d’achat à ce moment-là. Tant pis si je dois rater tout ou partie d’une hausse qui se produirait entre fin août et mi-octobre…
CG
Auteur: Charles Gave
Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).