23 décembre, 2025

Amérique latine : le phare de l’Occident

En France, l’Amérique latine n’intéresse pas et elle est phagocytée par les marxistes. Les deux victoires récentes de Javier Milei en Argentine et de José Antonio Kast au Chili ont changé la donne. Désormais, l’Amérique latine influence de nouveau l’Europe, et ce n’est plus pour Fidel Castro et Che Guevara.

 

Une étude qui dit tout. En regardant les compositions des groupes d’amitié parlementaires de l’Assemblée nationale vers l’Amérique latine, on constate qu’ils sont essentiellement tenus par la gauche marxiste et que la plupart des présidents de ces groupes sont mélenchonistes. L’Amérique latine est la chasse gardée des marxistes, et l’histoire officielle, en politique et dans l’Éducation nationale, s’écrit au son des héros que sont Salvador Allende, Fidel Castro, Che Guevara et Lula (du moins dans son premier mandat). Javier Milei est, bien évidemment, d’extrême droite, voire un nazi, et le nouveau président du Chili, José Antonio Kast, sans cesse renvoyé à l’histoire de sa famille et à Pinochet. La gauche s’est arrogé le monopole du récit de l’Amérique latine. Les récentes élections sont en train de changer la donne.

 

L’Amérique latine vire à droite

 

Il y a eu Bukele au Salvador, qui est parvenu, avec des méthodes musclées, à réduire les bandes criminelles et à rétablir l’ordre. Il y a le Costa Rica qui fait figure de pays stable. En cette année 2025, la Bolivie a mis un terme à la période Evo Morales, deux candidats de droite étant qualifiés pour le second tour de la présidentielle.

En Argentine, Javier Milei a brillamment gagné les élections de mi-mandat, ce qui était loin d’être acquis. Et au Chili, les électeurs avaient le choix entre un candidat communiste et un candidat libertarien conservateur. Pas de demi-mesure donc, mais des options politiques opposées et radicales. C’est finalement Kast qui l’a largement emporté. À tel point que l’Amérique latine redevient un modèle pour l’Europe, et cette fois pour autre chose que les guérillas marxistes et les mouvements de gauche. La rhétorique de Javier Milei a fini par infuser même en France, à tel point que Florent Pagny a vanté ses succès sur le plateau de Quotidien.

 

L’Argentine est devenue un modèle si bien que l’expérience Milei conditionne les années qui viennent en Europe. Si Milei échoue, c’est tout le libéralisme qui sera remis en question. Les frères Castro peuvent provoquer des famines à Cuba, Hugo Chavez peut transformer son pays en narco-État, Lula peut engendrer la pauvreté et la corruption, le communisme ne sera jamais remis en question. On accusera les États-Unis, les capitalistes, les circonstances, mais l’idéologie marxiste ne sera jamais remise en cause. Mais, si Milei ou Kast trébuchent, cela sera porté au débit du libéralisme. Ils sont donc, pour leur pays et pour l’Europe, condamnés à réussir. Et pour l’instant, les premiers résultats sont encourageants en Argentine, à tel point que Javier Milei a gagné les élections intermédiaires, contre les prévisions des observateurs.

 

Un combat culturel

 

L’autre risque est de tomber dans l’effet de balancier.

Dix ans de mandat pour la droite, le temps de restaurer les comptes publics et d’assainir les finances ; dix ans de mandat pour la gauche, le temps de dilapider l’argent et de surendetter le pays. Une situation vécue à Paris : quand Jean Tiberi est battu en 2001, les comptes de la ville sont sains, les rues sont propres et sécurisées. 25 ans plus tard, Paris est surendetté et répulsif. Ou, comme le disait Margareth Thatcher, le socialisme dure tant que dure l’argent des autres. L’enjeu est don d’éviter l’effet de balancier : à nous la bonne gestion et les réserves, à vous la dilapidation et l’achat des voix. Pour cela, c’est un véritable combat culturel qu’il faut mener, pour inculquer l’idée d’un état de droit, respectueux des personnes, des familles et des entrepreneurs, et dévalorisant pour les idées collectivistes. Une guerre culturelle que menèrent, en leur temps, Jacques Rueff, Friedrich Hayek, Jean Fourastié.

Au Chili, les présidents ne sont qu’une succession de balanciers : un coup communiste (Bachelet, Boric), un coup libéral (Pinera, Kast). En Argentine aussi, le péronisme fut vaincu par Mauricio Macri (2015-2019) avant de reprendre le pouvoir. Pour durer et s’implanter, il ne suffit donc pas de redresser les comptes et d’assainir les finances : il faut aussi s’enraciner dans les cœurs et les esprits. Ce sera le principal combat des années à venir.

 

L’Amérique latine : le jardin de la France

 

L’Amérique latine n’est pas un continent lointain et évasif : c’est le continent de la France. Avec la Guyane, la France dispose de sa plus longue frontière terrestre, avec le Brésil. Avec la Guadeloupe et la Martinique, elle est directement implantée dans les Caraïbes et donc voisine du Venezuela et de la Floride. Par conséquent, ce qui se passe en Amérique latine nous concerne directement. Par la circulation des idées d’une part, mais aussi parce que les réseaux criminels et mafieux passent sur le territoire français, notamment pour le trafic de drogue. Raison de plus pour surveiller avec acuité ce qui se passe chez nos voisins.

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Me prévenir lorsqu'un nouvel article est publié

Les livres de Charles Gave enfin réédités!