Zorro est arrivé… sans se presser…
Quand les choses changent, je change d’avis. Qu’est que vous faites, monsieur ?
Keynes a un contradicteur qui lui reprochait d’avoir changé d’avis.
Je dois dire que je me suis rarement autant amusé.
Depuis des années, la classe administrative des hommes de Davos régnait sur le monde, nous expliquant le futur leur appartenait puisqu’ils avaient fait de meilleures études que nous.
Aux trois pouvoirs décrits par Montesquieu, l’exécutif, le législatif et le judiciaire, mes petits hommes gris avaient ajouté le pouvoir administratif et contrôlaient donc de l’intérieur chacun des trois pouvoirs, ce qui faisait que la séparation des pouvoirs n’existait plus et que la liberté de parole disparaissait, sans que cela ne gêne en rien les « intellectuels » Germanopratins, toujours les plus prompts à trahir leurs convictions pour plaire au pouvoir.
Comme souvent dans l’histoire, ceux qui ne créent aucune valeur (les administratifs) étaient aux commandes et comme leur but en général n’est pas de faire mais d’empêcher les créatifs de créer, les nuages gris du conformisme et de la pauvreté se répandaient sur le monde et le futur apparaissait comme désespérément bouché.
La Société d’Obéissance l’emportait sur les entreprises humaines fondées sur la Compétence.
Notre monde était foutu.
Et pourtant, je restais optimiste et voici pourquoi :
Dans « La Vérité vous rendra Libres », paru il y a 18 mois, j’expliquais que les structures bâties par tous ces nuisibles étaient extraordinairement fragiles car elles étaient certes légales, mais non légitimes et que donc elles allaient s’écrouler d’un seul coup, un peu comme l’URSS l’avait fait, et pour les mêmes raisons.
Pour cela, il fallait qu’un pouvoir exécutif légalement élu décide d’utiliser sa légitimité pour détruire le pouvoir administratif et devienne de ce fait à la fois légale et légitime.
Et pour y arriver, historiquement, il a suffi à chaque fois à un homme (une femme) courageux de couper l’accès à l’argent à nos petits hommes gris et autres oints du Seigneur, pour que leur régime s’effondre, puisqu’ils sont incapables de créer la moindre richesse et qu’ils ne vivent qu’en pillant ceux qui sont à l’origine de la création de valeur.
Ce qui revient à dire que le pouvoir nouvellement et démocratiquement élu doit fermer des pans entiers de l’administration et diminuer les impôts en même temps[1].
C’est ce que firent Thatcher en Grande-Bretagne, Chrétien au Canada, c’est ce que fait en ce moment Milei en Argentine et c’est ce que semble commencer à faire Trump et toute son équipe (Kennedy, Musk, Tulsi Gabbard, Patel, Pam Bondi…)
Et l’audit des dépenses de l’Etat aux USA, mené au pas de charge par Musk et ses équipes (6 gamins dont l’ainé a 27 ans…) semble montrer que le budget servait beaucoup à financer les dépenses des ONG alliées au parti démocrate et que donc la corruption régnait à Washington comme rarement dans l’histoire (80 millions de dollars pour la fondation de Chelsea Clinton, la fifille des Clinton…, 28 millions de dollars pour Politico ?)
On peut donc espérer qu’une grande partie de la classe politique américaine finisse ses jours en prison où elle retrouvera une bonne partie des journalistes et certains hommes d’affaires, ce qui permettra à tous ces gens de continuer à se parler entre amis.
Bref, et comme je l’espérais (voir la Vérité vous rendra libre), une révolution, une vraie est en train d’avoir lieu aux USA, et, bien entendu, la presse française « officielle », c’est-à-dire subventionnée avec l’argent de nos impôts puisqu’elle n’a pas de lecteurs, ne nous informe en rien sur la réalité des phénomènes qui se passent aux USA.
Tout cela est bel et bon, mais mon boulot n’est pas de combler ce déficit d’information mais de réfléchir aux conséquences financières que ces bouleversements vont amener.
Et ces conséquences pourraient être immenses.
Commençons par les taux d’intérêts aux USA et en particulier les taux longs (10 ans et plus).
Depuis au moins 2018, j’explique qu’acheter des obligations aux USA serait une folie compte tenu des déficits budgétaires monstrueux existants dans ce pays.
Mais, si monsieur Musk réussit à faire baisser significativement les dépenses étatiques, et il parait bien parti pour ça, alors peut être les obligations émises par le gouvernement américain deviendraient « investissables » à nouveau.
Pour l’épargne européenne qui doit s’investir en obligations, ce serait une opportunité inespérée et l’on pourrait assister à une vraie fuite devant l’Euro, qui se ramasserait la gamelle du siècle.
Essayons de traduire ces possibilités dans la réalité des portefeuilles
- Pour un portefeuille en Euro, cela veut dire toujours n’avoir aucune obligation dans l’Europe de l’Euro et donc continuer à avoir de l’or (qui va monter en Euro), des actions en Europe qui bénéficieront de la dévaluation de l’Euro et des positions en actifs financiers en Asie (cash en yen, actions dans le reste de l’Asie).
Ce portefeuille devra garder aussi ses positions dans le secteur pétrolier américain, voire les renforcer.
Donc, pas vraiment de changement fondamental, mais une probabilité forte que le dévissage de l’euro ne s’accélère.
- Pour des portefeuilles en dollar, acheter des actions normales aux USA en vendant les 7 actions qui ne peuvent pas baisser (si vous en avez, ce qui n’est pas mon cas), réduire la part d’or de moitié pour augmenter les investissements en Asie et dans le secteur énergétique aux USA.
- Pour un portefeuille Asiatique, vendre l’or, renforcer la part énergétique aux USA et passer au maximum d’agressivité sur l’Asie.
Comme le lecteur peut le voir, je suis en train d’essayer de vous dire que l’euro va se ratatiner, que le dollar va rester stable et que les monnaies asiatiques vont s’envoler, ce qui va favoriser la consommation en Asie.
Mais en réalité, je suis surtout en train de vous dire que si le Président Trump réussissait son pari, alors, dans quelques mois, dans tous les portefeuilles, il faudra remplacer l’or par le marché obligataire US, comme il avait fallu le faire en 1985
(voir mon livre, « Cessez de vous faire avoir », chez Pierre de Taillac pour plus de détail).
Nous serions en train de repasser des deux quadrants inflationnistes du haut au deux quadrants inflationnistes du bas.
Il faut donc qu’à partir de maintenant, je surveille comme du lait sur le feu le ratio entre les valeurs du marché obligataire et de l’or
C’est ce que je montre dans le graphique suivant.
Nous saurons que Trump est sans doute en train de réussir si la ligne jaune, aujourd’hui à 40. 54, se met à remonter vers la ligne rouge qui est à 74.49
Et nous en serons certains si la ligne jaune passe au-dessus de la ligne rouge, comme elle le fit en 1985, donnant le signal du grand marché haussier qui dura de 1985 à 2006
Je crains que le lecteur ne voit apparaitre ce graphique souvent dans les quelques trimestres qui viennent…
La structure des portefeuilles va peut-être changer beaucoup plus rapidement que je ne l’imaginais à la fin de l’année dernière.
Quand les évènements changent, je change d’opinion.
[1] Le lecteur remarquera que les autorités françaises font exactement le contraire dans le « nouveau » budget de monsieur Bayrou.
On ne change pas une équipe qui gagne.
Auteur: Charles Gave
Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).
Janic Tremblay
23 février 2025Merci beaucoup Charles Gave de nous partager votre grande compétence financière. Je vous suis assidûment et j’ai terminer la lecture de votre dernier livre (Cessez de vous faire avoir) qui est très intéressant et instructif.
Nis
16 février 2025Souvent, les graphiques ne sont pas clairs. C’est quoi la ligne jaune?
Christophe
15 février 2025Quel talent ce Charles ! merci pour vos lumières qui permettent de comprendre le monde !
Entièrement d’accord avec vous sur la vision des compétents versus obéissant !
Patrice Pimoulle
11 février 2025Et quand les gens qui « savent creer de la eichesse font la guerre a la Russie gouvernee par des adminitratifs, ca se passe mal et il y a des morts.
GuillaumeB
10 février 2025Même si Trump/Musk arrivaient à faire des économies gigantesques pour ne serait-ce que présenter un budget fédéral à l’équilibre (plusieurs dizaines de milliers de suppression de poste de fonctionnaire), sans provoquer de récession (car, à date, ces fonctionnaires font vivre des artisans, des commerces et des entreprises de la vie réelle avec l’argent de leur salaire, donc l’argent de la dette), il resterait le problème de la dette déjà accumulée, qui est colossale.
Or il y a un paradoxe: pour pouvoir résorber la dette, il faut de la croissance, disons 5% annuel de vraie croissance (sans injection monétaire). Or Charles Gave nous a appris que la croissance à long terme était alignée sur les taux longs obligataires. Donc les taux seront élevés, disons 5% sur les taux longs et 6% sur les taux courts. Donc la charge de la dette sera à son tour élevée et le refinancement de la dette actuelle plus couteux, risquant de recréer du déficit.
On sent bien qu’à partir d’un certain montant de dette, le dentifrice est sorti du tube, et le processus est irréversible. La question est de savoir si les USA n’ont pas déjà atteint ce niveau critique.
Malgré le grand respect que j’ai pour Monsieur Gave, je garderai mes obligations uniquement en Asie, et me contenterai d’actions USA pétrolières.
le chinois
11 février 2025Monsieur Guillaume, la charge de la dette US est actuellement
1170 milliards, quand M Musk -qui est très déterminé-réduira les dépenses
de 1000 milliards, le « valeur » US s’envolera.
Les US est en train de se rajeunir.
La jeunesse est une force vitale, élémentaire qui a tout les droits, peu de
règles, verticale. Ensuit vient la vieillesse, horizontale .
La France cet horrible tache ,on la gère, pour la confort de ses hommes-taches.
Désolé.
Richard Prevost
10 février 2025Pourquoi aussi bullish sur les pétrolières?
Matthieu
18 février 2025Drill baby,drill
exeop
10 février 2025y a moyens de savoir comment construire le graphic et ou peut on trouver les donnees. Merci,
Bilibin
10 février 2025Je n’ai pas compris le passage sur l’épargne européenne qui doit s’investir en obligations, la phrase est obscure. Parle-t-on des banques?
Robert
17 février 2025Non. Obligations extra-européennes pour moi.
François Delaunay
10 février 2025Merci Mr Gave pour cette démonstration qui ne prête à aucune critique. Oui, comme vous, je crois que l’économie Américaine pourrait bien repartir une fois le marais nettoyé. Je crois que je vais passer ma retraite aux USA.
LEJEUNE
10 février 2025Il est clair que l’espoir de 2025, c’est la paix en Europe (Ukraine) et aussi l’arrivée de Donald Trump et d’Elon Musk. Bien sur ils vont virer tous les cafards et parasites aux USA. Et par effet miroir, cela aura une bien meilleure chambre d’écho que Javier Milei en Argentine. Et enfin avec les caisses archi vides et les déficits monstrueux en Europe et surtout avec micron 1er ursula et tous ces énarques et bureaucrates incapables, il y aura un sursaut et les peuples européens (et surtout la France) se débarrasseront de ces pseudos élites qui ne font que détruire les états nations. Une lueur d’espoir revient.
Patrice Pimoulle
11 février 2025« (et surtout la France) » C;est certain.
Robert
17 février 2025Dieu vous entende concernant la France. Mais je vous avoue que j’ai de sérieux doutes quant à la sagacité de nombreux électeurs !
Cassandre
10 février 2025Pourquoi « surveiller comme du lait sur le feu » l’indicateur du ratio obligations / or (le graphique ci-dessus) quand la ligne jaune est si loin de la ligne rouge? Il semblerait qu’il faudra plusieurs années avant que les 2 lignes se croisent à nouveau?
Musk va peut-être assainir la situation financière aux USA, mais Trump s’engage dans une politique économique typiquement mercantiliste avec pour objectif un dollar faible et des tarifs élevés, donc nous sommes bien dans le quadrant « croissance inflationniste » du modèle de Mr Gave, il me semble. Ce qui nous donnerait l’or comme classe d’investissement à privilégier?
Un autre effet des menaces de sanctions proliferées par Trump, est l’accéleration de la de-dollarisation donc une une poussée des taux longs à la hausse, sur le long terme?
Sissou
10 février 2025Avec le scandale USAID beaucoup d’argent doit être récupéré et rendre le peuple américain plus riche pour encore plus consommer ?
Steve
10 février 2025Les US, comme le Monde entier est dans une « trappe a dettes », un Tsunami de dettes que tout ceci ne va pas régler, malheureusement. Les métaux précieux sont la seule issue, pour se preserver.
Pétulante
10 février 2025Gouvernement Bayrou et (citation) « on ne change pas une équipe qui gagne »… plein de fric sur le dos des honnêtes travailleurs !
Yepyep
10 février 2025Le Donald a besoin d’inflation et sera obligé d’imprimer. La rentabilité des usa est une vu de l’esprit. L’IA (anciennement appelée informatique et future ment machin quantique) est une machine infernale à griller du cash comme les cryptos qui seront bientôt sous contrôle. Dc trois investissements, de l’or, de l’or de l’or.
Cds
10 février 2025Pas si l’économie us se redresse, alors elle prendra le relais sur l’or qui ne
montra pas au ciel