13 novembre, 2013

Vue de Washington 2014 et 2016…

Hier nous avions à New York la réunion de notre PAC – Political Action Committee – , institution très américaine, qui au niveau de l’entreprise et de manière non partisane, collecte sur une base de pur volontariat des contributions non déductibles fiscalement, qui sont ensuite réallouées  a des politiques essentiellement au Congrès, pour les inciter à adopter ou modifier les textes en discussion, dans un sens plus favorable à nos intérêts.

Tout ceci dans la plus parfaite transparence…

A cette occasion, un des consultants politiques non partisans, parmi les plus célèbres, Charlie Cook, cookpolitical.com,nous présentait l’état de ses réflexions et pronostics pour les consultations futures, Novembre 2014, et Novembre 2016.Pour l’an prochain, selon lui peu d’espoir de voir le blocage institutionnel être levé, les républicains devant selon toute vraisemblance garder le contrôle de la Chambre, et les démocrates celui du Sénat. Les républicains contrôlent la Chambre depuis 2010, avec une majorité réduite en 2012 à 17 sièges.

Rappelons que la Chambre est intégralement renouvelée tous les 2 ans, même si une large majorité de sortants est en général reconduite, par suite de la polarisation et du découpage dit « gerrymandering » auquel se livrent les deux partis dans leurs zones d’influence respectives, Etats dits bleus – démocrates- et rouges – républicains.

Charlie Cook prévoit toutefois que le « Speaker » – Président – de la Chambre, John Boehner, se retirera avant les élections de l’an prochain et sera remplacé dans ses fonctions, par le chef de file de la majorité républicaine a la Chambre, Eric Cantor, élu de Virginie depuis 2001, un conservateur affilie au courant institutionnel du parti, en bref non « Tea Party »..

Il envisage également une mobilisation plus forte des milieux d’affaires, préoccupés par la radicalisation d’une partie des élus à la Chambre dans la vague Tea Party de Novembre 2010, ceux la mêmes qui ont bloqué le gouvernement fédéral pendant plusieurs semaines..

Ces soutiens traditionnels du parti républicain font leur lobbying au travers de l’US Chamber of Commerce, et de la Business Roundtable,ils ont des budgets importants et sont des alliés de PACs tels que celui de Karl Rove, ancien conseiller politique de GW Bush, reconverti dans le conseil politique.Au Senat, la majorité est 55/45 en faveur des démocrates.Chaque Etat a deux sénateurs élus pour 6 ans et renouvelés par tiers tous les deux ans. Le vote de partage en cas de division allant au Vice-Président des Etats Unis, les républicains doivent gagner 6 sièges pour prendre le contrôle ce qui semble très difficile à atteindre.

En ce qui concerne l’état actuel de l’opinion, les républicains ont été affectés par la « fermeture » du gouvernement fédéral, mais les démocrates sont maintenant impactes par les problèmes de la reforme Advance Care, ceci a été notamment perceptible par la faible marge de victoire du démocrate en Virginie lors de l’élection avant-hier du Gouverneur, contrairement à ce qu’annonçaient les sondages.Difficile donc à ce stade de faire des pronostics, mais vraisemblablement « statu quo ».Et en l’absence d’accord, début 2014, un nouveau « round » de coupes budgétaires arbitraires sur les budgets sociaux et de défense, pas nécessairement une mauvaise chose pour le déficit.Passons brièvement à 2016, ou du fait de la limite à deux mandats consécutifs, le Président sortant ne peut se représenter, et son VP, Joe Biden est un candidat peu crédible pour les démocrates.

Le sujet est donc bien Hillary Clinton, sûrement tentée par une nouvelle candidature après son échec de 2008, mais qui ne peut être éligible qu’avec un soutien fort de son époux, et tous deux seront alors près de 70 ans avec des problèmes de santé qui peuvent être un obstacle à une candidature nécessairement physiquement éprouvante.Si Hillary n’est pas candidate, hypothèse chiffrée à 30% de probabilité a ce stade, le champ démocrate est très ouvert avec plusieurs gouverneurs, y compris celui de New York, Andrew Cuomo.Du cote républicain un préalable à lever, Jeb Bush, frère ainé de George W, ancien gouverneur de Floride, marie a une hispanique, populaire, fiscalement conservateur, et socialement plus ouvert que l’axe majoritaire de son parti. Donc une possibilité de voir en 2016 un Bush affronter une Clinton, on rejoue le match de 2000…

Une étoile montante, le gouverneur du New Jersey, qui vient d’être réélu avec 20% de marge dans un Etat  très démocrate, avec un nombre significatif de votes de minorités, noirs et hispaniques, qui depuis 2004 ont largement abandonne les républicains compte tenu de leur position très rigide sur l’immigration clandestine.

Une bonne audience aussi auprès de l’électorat féminin, en dépit d’un ralliement tardif au mariage pour tous. Chris Christie a fait campagne sur sa capacité à gouverner de manière bipartisane, ce qui peut attirer une frange d’électeurs centristes dits indépendants. En revanche il est assez peu connu hors de la Côte Est et vu avec une certaine défiance par les ailes « Tea party’ et « libertarienne’ du parti républicain, ce qui peut être un obstacle au niveau de la primaire.

D’autres possibles, les gouverneurs de l’Ohio, Etat dit « swing », John Kasich, modéré et socialement centriste, du Texas, Rick Perry – peu vraisemblable – de la Louisiane – ethniquement indien, Bobby Jindal, une femme hispanique du Nouveau Mexique, Susanna Martinez.

Dans les sénateurs, Mario Rubio, Floride, Ted Cruz, Texas, et Rand Paul, tous dans leurs premiers mandats, élus avec un soutien fort du Tea Party.Rubio, d’ascendance cubaine, en flèche sur les problèmes d’immigration, Ted Cruz décrédibilise  auprès de l’aile modérée du parti car principal avocat de la fermeture du gouvernement.Rand Paul, fils de son père, reprenant son flambeau libertarien, mais plus nuance sur les sujets sensibles de politique étrangère, et aussi sur la suppression de la Reserve Fédérale.Mon sentiment personnel est que le prochain Président des Etats Unis sera un gouverneur, les électeurs ont pu apprécié combien Obama était peu préparé a ses fonctions avec un premier mandat de sénateur inachevé et aucune expérience exécutive, dans le public ou a fortiori le prive.

Ceci me conduit à mentionner chez les républicains le nom de Scott Walker, gouverneur réélu – j’avais écrit un billet à ce propos –  après une procédure de rappel, de l’Etat du Wisconsin, au Nord-Ouest de Chicago.

Charlie Cook le considère également comme présidentiable mais nous aurons l’occasion d’en reparler avant Novembre 2016.

Je terminerai sur une note de relative  optimisme en soulignant la capacité de ce pays à renouveler son personnel politique national, grâce au « term limit  » des mandats électifs exécutifs »par le vivier des gouverneurs d’Etat, et le mécanisme de filtre des primaires..

 

 

New York 7 novembre 2013.

 

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

6 Commentaires

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  • Arnaud

    12 décembre 2013

    De retour des US. Visites d’amis pour Thanksgiving, un peu de black-friday shopping, du soleil en Floride et surtout beaucoup de politique…

    Je discuterais bien plus avant le vote hispanique, la chute de Rubio dans les sondages (voir RCP, Politico, Marist, PPP … New Hampshire polls depuis « sa » Comprehensive Immigration Reform push) mais après des corrections basiques sur le nom DU SUJET du moment « le AFFORDABLE Care Act », sur « 1992 » et l’incapacité évidente de faire un quick check sur Wikipedia pour verifier qui de W (July 6, 1946) et de Jeb (February 11, 1953) est le plus âgé, je n’en vois vraiment pas l’intérêt.

    With all due respect, of course.

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  • Poutine7

    6 décembre 2013

    Vu de Paris …
    C’est la même sousoupe autour du même petit feu comme dirait le Général.

    Bref, si l’électorat change. Mettons au hasard, deviens de moins en moins européo-centré et hétérosexuel, on fait une petite étude de marché et on sort le candidat que « l’opinion » réclame. Formidable, roule ma poule !

    Et dire qu’il y a encore des pays arriérés comme la Russie de V.P. pour vouloir nous parler de civilisation …

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  • gruffat.jeanclaude730@gmail.com

    17 novembre 2013

    Thanks for proofing,I confirm affordable care.
    And 1992.
    For the rest I have to disagree

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  • Arnaud

    16 novembre 2013

    1. Pas « Advance Care » mais « Affordable Care »

    2. Jeb Bush n’est pas l’ainé. Son frère George, le Président, est 7 ans plus vieux.

    3. Bill . J. Clinton vs. George H.W. Bush, ce n’était pas en 2000, mais en 1992. En 2000 on avait George W. Bush vs. Gore « The Ozone Man »

    4. Les Hispaniques ne se retournent pas pour ou contre les Républicains en fonction de leur positions sur l’immigration. Reagan qui avait légalisés des millions d’entre eux lors de son premier terme n’as pas gagné leur vote. Son VP HW Bush, a eu encore moins de leur vote, etc., etc,. Vote Hispanique depuis 1980:
    –1980 Jimmy Carter, 56% Ronald Reagan, 35% +21
    –1984 Walter Mondale, 61% Ronald Reagan, 37% +24
    –1988 Michael Dukakis, 69% George H.W. Bush, 30% +39
    –1992 Bill Clinton, 61% George H.W. Bush 25% +36
    –1996 Bill Clinton, 72% Bob Dole, 21% +51
    –2000 Al Gore, 62% George W. Bush, 35% +27
    –2004 John Kerry, 58% George W. Bush, 40% +18
    –2008 Barack Obama, 67% John McCain, 31% +36
    –2012 Barack Obama, 71% Mitt Romney, 27% +44

    5. Rubio s’est mis effectivement en flèche sur les problèmes d’immigration mais c’est fait rouler dans la farine par les mous Républicains comme McCain et les vieux roublards Démocrates comme Schumer. Il essaie maintenant de faire du rétropédalage mais est tombé à 4% d’intention de vote pour les primaires. Très loin derriere tous les autres cités.

    6. Scott Walker est un excellent Gouverneur. Un Président? Manque de charisme?

    Beaucoup d’erreurs ou d’approximations pour un PAC.

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  • Aaron

    13 novembre 2013

    Bien qu’il s’agisse d’une affaire strictement interne dans un état souverain, je ne souhaite pas au peuple américain une Clinton….compromise par ses relations « islamistes » jusque et y compris dans le cercle de l’actuel président.

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  • Amellal Ibrahim

    13 novembre 2013

    Bonjour,

    Merci pour vos articles, mais le « match » Bush-Clinton ne s’est-il pas déroulé en 1992 ?

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