4 décembre, 2012

Vue de New-York

Pour être franc, je ne sais ou commencer tant les motifs d’insatisfaction et de frustration se multiplient, sans doute par excès d’informations…

Commençons par la France ou la dernière étape de la saga Florange à une fois de plus exposé l’absence de professionnalisme de l’équipe gouvernementale en place. Je ne sais si les différences d’opinion exprimées par tel ou tel sur ce dossier procèdent d’une tactique de négociation pour arracher des concessions supplémentaires a un groupe rendu vulnérable par la crise de la sidérurgie et son endettement propre,  mais elles font désordre.

Où est la solidarité gouvernementale, ne devrait- elle pas primer  sur les conflits de personne et les rivalités inter courants du Parti socialiste ?

Mais me direz-vous, qu’en est- il des  déchirements à l’UMP après une campagne acharnée et des élections entachées d’irrégularités de part et d’autre, pour un résultat non décisif et une scission du groupe parlementaire ?

Ceci me remet en mémoire les déclarations d’un cacique historique de la défunte SFIO sur la droite la plus bête du monde. Je dirai pour ma part certainement la plus suicidaire, qui décidemment fait tout pour conforter un adversaire pourtant fragilise en apparence.N’oublions pas que le PS et ses alliés contrôlent tous les leviers de commande de l’Etat et des collectivités locales à l’exception du Conseil constitutionnel.

Une opposition fracturée entre des composantes rivales, deux UMP, un Front National qui attend et un Centre toujours éclaté.La gauche a de beaux jours devant elle en dépit de ses maladresses.Et je prends le pari que le leadership de l’opposition et son candidat en 2017 ne sera aucun de ceux qui se déconsidèrent aux yeux de tous.La reconstruction passera par un renouveau des idées et des programmes accompagne d’un changement de dirigeants.

L’IDL y contribuera.

Aux Etats Unis, on ne parle que de « falaise fiscale ».

Les réductions d’impôts votées en 2002 viennent à expiration a la fin de ce mois, et du fait de l’absence d’accord sur la réduction du déficit du budget fédéral a l’été 2011, des coupes très importantes dans les programmes d’assistance et les dépenses militaires vont intervenir automatiquement, avec de l’avis général un effet négatif sur l’économie et une croissance négative de 1 à 2% p.a des 2013.

La tactique des interlocuteurs, Congres et Présidence, tout en affirmant  une volonté de recherche de solutions consensuelles, traduit plutôt des a-priori idéologiques, faire payer les riches d’un cote, et ne jamais augmenter les recettes fiscales de l’autre.

Ce qui nous amène à la fameuse définition de la richesse, que le candidat Hollande en France situait à partir d’Euro 4000 par mois, et le Président Obama à US $250 000 par an.

A noter que la position du Président est plus radicale que celle de certains de ses alliés au Congres qui seraient favorables à une extension des exemptions en cours pour les contribuables gagnant US$ 500,000, voir même un million.

Tout ce débat est assez irréel puisque les montants en cause sont une projection sur les 10 années à venir de l’impact sur le déficit actuel de hausses de rentrées fiscales et de réductions de dépenses.

Les dirigeants politiques maintiennent leurs positions respectives, et l’aile gauche du parti démocrate fait pression sur le Président réélu pour ne pas céder,  les conséquences négatives sur la croissance étant imputée aux républicains, qui pourraient alors perdre le contrôle de la Chambre des Représentants aux élections de mid term 2014.

Jeu dangereux dont les victimes inévitables seront ces fameuses classes moyennes dont les politiques se déclarent si soucieux de protéger les intérêts.

Un mot sur le reste du monde et tout d’abord l’Europe.

On a célébré l’accord sur la Grèce qui est loin d’être définitif et ne résout pas encore le sujet de la dette par rapport au PNB.

On relèvera que tous les artifices ont désormais été utilisés à l’exception, veto allemand, de l’abandon de créance par le secteur public. Le chancelier aurait laissé entendre que le sujet pourrait éventuellement être re-ouvert, après les élections allemandes de Septembre 2013, en 2014. Le temps des politiques n’est pas celui des marches.

Pour ma part, je crains que l’on ne continue à « kick the can », repousser les échéances, toute solution institutionnelle obligeant à une renégociation des traites, et à des consultations nationales au résultat incertain.

Je vous signale à ce propos l’interview dans Les Echos du lundi 3 décembre, de Philippe Villin, au cas où vous l’auriez manqué.

Comme Charles Gave et d’autres, il a depuis longtemps souligne les tares originelles de la construction européenne post Maastricht et ses propos ne peuvent plus être ignores.

Les banques pourtant gavées de liquidité par la Banque Centrale Européenne ne prêtent que de manière sélective à des PME ou TPI qui ne bénéficient pas d’un accès a des financements alternatifs, marches, ou investisseurs privés.

Les emprunteurs potentiels n’approchent même plus les banques tant leur réponse est anticipée.L’austérité perdure, et la croissance qui seule pourrait dynamiser n’est pas attendue en Europe, insuffisante partout ailleurs sauf dans les marches émergents d’Amérique Latine.Je souhaiterais en cette période vous présenter des vœux, mais je ne sais comment les formuler.

Je suis pour ma part convaincu que des initiatives telles que l’IDL, contribuant au débat d’idées, feront émerger des acteurs nouveaux qui  contribueront à renouveler une classe sclérosée pour lui substituer des acteurs nouveaux, mieux formes car non formates par notre pensée unique.

Une ambition pour une génération.

 

 

 

.Jean-Claude Gruffat

 

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

6 Commentaires

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  • vivelafrance

    6 décembre 2012

    Ce qui se passe actuellement dans notre pays (Greve, blocage, interventionnisme etatique et menace purement d’expropriation, en plus d’impot sur le capital purement confiscatoire taxant la prise de risque en france) n’a rien d’étonnant et est toujours consternant surtout dans la situation actuelle.
    Cela est du à notre héritage culturel (socialisme marxisme) depuis la revolution Française. Ce qui est dommage pour notre pays et je le déplore sincèrement, c’est de constater que les politiques ne sont toujours pas prets à accepter le changement. Cela va sans doute marcher hélas pendant un certain temps encore étant donné le nombre de fonctionnaire et d’anti libéraux et anti americains qu’il peut y avoir en france jusqu’à à un moment ou il va falloir se reformer et je pense rattrapper notre retard.
    L’histoire se répète c’est flagrant.

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  • Gilles Hector

    4 décembre 2012

    Ce qui est encore plus effrayant, c’est l’unanimité des politiques pour encourager le projet de nationalisation des activités de Mittal à Florange. De l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par l’UMP/PS. Tous unis pour conserver quelques centaines d’emplois payés par les contribuables quelques millions d’euros par emploi, pour spolier des actionnaires, pour financer un projet d’entreprise monté en quelques jours et financé par les mêmes contribuables.
    Et les médias qui relatent les gesticulations et les menaces pathétiques de l’électron totalement libre et particulièrement décérébré pompeusement et grotesquement nommé Ministre du Redressement Productif.
    Nous ne sommes pas seulement les otages impuissants d’un gouvernement incompétent. Nous sommes bel et bien prisonniers d’un système politique et médiatique qui fait la pluie et surtout le mauvais temps.
    Tout est brouillé, tout est dit, tout et son contraire. La gauche se complait dans sa psychose des idées dangereuses des ultra libéraux (après ultra, il faudra trouver un autre adjectif plus fort). L’extrême droite voit même en Ayrault un adepte du libre échange (ça ne s’invente pas).

    Je rêve parfois d’une loi qui permette d’inculper les politiques qui jouent avec notre argent et qui sabordent l’avenir et l’économie de notre pays.

    Heureusement qu’il y a l’IDL, internet et des contributeurs comme vous pour donner à la poignée de résistants que nous sommes l’occasion d’échanger et de se ressourcer.

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    • jepirad

      5 décembre 2012

      Bonjour, je suis un citoyen lambda et j’ai bien compris que M. Montebourg par sa fonction est un exuctoire pour les dossiers de désindustrialisation les plus délicats. S’agissant de Florange, je n’ai jamais pensé que Mittal lacherait le site. D’aillaurs pour quelles raisons le ferait-il? Prendre de risque (certes limité) de voir émerger un concurrent de l’acier liquide? Pas fou à ce point, d’autant que le groupe Mittal c’est 20000 emplois directs et 60000 indirects en France, donc un des plus gros employeurs industriels du pays. Faut raison garder et M. Hollande et son 1er ministre ont bien cela en tête.

  • jcgruffat

    4 décembre 2012

    Vous avez raison, fuite vers la liquidite…

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  • BA

    4 décembre 2012

    Les capitaux fuient de plus en plus hors de l’Espagne, hors de l’Italie, hors de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal.

    Ces cinq pays vont se déclarer en défaut de paiement, les uns après les autres : ce sera l’explosion de ces cinq bombes atomiques.

    Pour mettre à l’abri leurs capitaux, les investisseurs internationaux ont choisi cinq abris antiatomiques. Aujourd’hui, les investisseurs internationaux placent leurs capitaux dans cinq Etats considérés comme résistants et solides : l’Allemagne, les Pays-Bas, la France, la Finlande et le Luxembourg.

    http://a407.idata.over-blog.com/1/68/76/76/Dettes/20121021-Target-2-balances.jpg

    Nous, Français, sommes surpris de cet afflux de capitaux vers la France. Pourtant, c’est un fait : les investisseurs internationaux considèrent que la France sera un abri antiatomique solide, qui résistera à l’explosion de la zone euro. Ils se précipitent pour acheter les obligations de l’Etat français.

    Lundi 3 décembre 2012, la France a lancé trois emprunts. La France a payé des taux historiquement bas.

    Emprunt à 3 mois : le taux a été négatif : – 0,022 %. Ce taux est en baisse par rapport à la dernière émission à 3 mois : c’était – 0,020 % le 26 novembre.

    Emprunt à 6 mois : le taux a été négatif : – 0,008 %.

    Emprunt à 12 mois : le taux a été de 0,016 %. Ce taux est en baisse par rapport à la dernière émission à 12 mois : c’était 0,019 % le 26 novembre.

    La dégradation de la France par les agences de notation n’a pas modifié la tendance : les investisseurs internationaux ont continué à se ruer vers les obligations de l’Etat français.

    Mardi 4 décembre 2012 : taux des obligations à 10 ans : 2,033 %.

    Je dis bien : 2,033 %. Record historique battu. Les taux n’avaient jamais été aussi bas.

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    • jepirad

      5 décembre 2012

      Bonjour, M. Charles GAVE nous a expliqué dans un précédent billet que les taux bas pour la France étaient artificiels, la Suisse ayant le souci de stabiliser sa monnaie qui est poussée à grimper face aux incertitudes dans la zone euro.

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