17 septembre, 2014

Vue de New York, rentrée morose dans un monde déstabilisée sans leadership

Après une longue absence due à un repos bien mérité, et dans l’attente d’une éventuelle nouvelle activité professionnelle, je vous propose de réfléchir avec moi sur les conflits  et tensions qui existent en ce moment dans le monde.J’avais tenté déjà une réflexion prospective sur les zones potentielles de conflagrations en début d’année 2014, je ne pensais pas que nous serions confrontés aussi vite à une réalité multiforme mais inquiétante.

Commençons en Europe, ou en dépit d’une relative accalmie, la situation économique reste préoccupante, avec une croissance nulle ou faible compte tenu des difficultés persistantes en Italie et en France, avec une Allemagne qui ne tire plus vers le haut la performance de la zone Euro.

Si les marchés continuent à traiter avec indulgence la situation française, la confirmation récente par Bercy que le retour du déficit budgétaire en accord avec les critères  fixés  ne devrait pas avoir lieu avant 2017 pose le problème de la crédibilité de la France à l’International

Les commentateurs avouent maintenant que les engagements pris ne pourront être tenus compte tenu de l’absence d’inflation, avec impact négatif sur la ressource fiscale principale qu’est la TVA. C’est bien l’aveu que ce que l’on qualifie en France de réduction des dépenses publiques n’est en fait qu’une moindre progression annuelle.

Enfin un peu de transparence.

Et l’hypothèse d’une mise en tutelle par Bruxelles, avec sanctions à la clé, est désormais envisagée comme un scénario crédible.

L’exécutif reconnaît la gravité de la situation, mais n’a pas le courage politique de faire les reformes que tous les observateurs y compris domestiques, et sans considération partisane, réclament avec insistante.

Et dans ce contexte économique et social, aggravé par les affaires, la solution d’un recours au programme protectionniste et étatiste du FN devient possible..

En allant vers l’Est, on déplorera l’incapacité de la communauté internationale à entraver l’hégémonie russe sur une partie du territoire Ukrainien.

Je sais que nombre de nos lecteurs ne partagent pas mes vues sur le sujet. L’Ukraine a eu son indépendance par rapport à la Russie en 1994, pourtant des unités régulières russes affrontent des militaires envoyées par Kiev pour reconquérir les territoires sous contrôle de milices d’anciens des forces spéciales et du KGB.

Et le cessez le feu a consacré « l’indépendance » de fait d’une partie de l’Est du pays.Les sanctions économiques sont peu effectives, les Européens ne veulent pas une escalade de la confrontation avec la Russie, pour des raisons d’approvisionnement en énergie,  mais aussi du fait du lobbying mené par les groupes étrangers qui ont développé de manière sensible leurs affaires industrielles et commerciales dans la fédération de Russie.Sait-on par exemple que le premier employeur étranger en Russie est le Groupe Auchan?Les Etats-Unis sont encore moins engagés, et les fournitures promises d’équipement n’arrivent pas.Obama est allé récemment tenté de rassurer les pays de l’Europe de l’Est affiliés a l’OTAN, que les engagements pris seraient tenus mais il n’a pas convaincu ses interlocuteurs.Poutine conduit sans beaucoup de difficultés sa stratégie de reconstruction d’une Union non plus soviétique mais pan slave. Le seul obstacle qu’il pourrait rencontrer viendrait de la situation préoccupante de l’économie soviétique, prix de l’énergie sur les marchés export, et approvisionnements alimentaires ou en produits technologiques non disponibles sur place et indispensables à l’appareil industriel russe.  Ceci pourrait à terme affaiblir son pouvoir autocratique..

Moyen Orient maintenant.

La désastreuse politique suivie par l’administration Obama, encore aggravée depuis le remplacement d’Hillary Clinton par le médiocre John Kerry à la tête de la diplomatie peut se caractériser par des déclarations successives et contradictoires jamais suivies d’actes concrets.La dernière manifestation est sur la volonté affichée après moultes volte faces, de cantonner et éventuellement détruire le califat proclame Syro irakien ISIL.

Si l’Amérique, révulsée par les égorgements barbares en ligne de deux journalistes, soutient désormais des frappes aériennes massives en Irak et en Syrie, la victoire ne peut venir que par des offensives terrestres pour lesquels les Etats-Unis se reposent sur des forces irakiennes peu entraînées et non motivées, des unités de milices shiites et des kurdes soucieux de maintenir leur autonomie face à Bagdad.

Mais les efforts d’Obama et Kerry pour enrôler Saoudiens, Turques ou égyptiens dans cette guerre sont à ce stade infructueux.

Ces pays sont extrêmement soupçonneux des intentions réelles de l’administration Obama vis a vis de l’Iran dont l’arme nucléaire selon moi sera validée de fait prochainement, au grand dam d’Israël,de l’Arabie Saoudite et des émirats du Golf.

Or sans action coordonnée entre les bombardements et l’offensive terrestre des supplétifs, l’échec est probable.

Le débat continue d’ailleurs aux Etats Unis sur l’opportunité de cette « guerre », le terme est désormais employé, certains soutenant qu’il s’agit d’un conflit régional, qui ne concerne que les pays de la zone, sans menace sur le « home land ».

Cette dernière apparaissant, à tort selon moi, atténuée, alors que nous venons de célébrer la mémoire des plus de 3000 victimes des attaques du 11 Septembre 2001.

L’Amérique a certes arrête a temps des tentatives qui auraient pu être désastreuses, mais nous avons eu beaucoup de chance et pas uniquement la vigilance des services de sécurité.

Et les choses peuvent changer notamment à New York, ou le nouveau maire Bill de Blasio, emporte par son agenda gauchiste, n’a pas les mêmes soucis sécuritaires que que ses deux prédécesseurs Rudy Giuliani et Michael Blomberg.

Quant à la Syrie, avez vous noté que le President Assad a été récemment réélu ?

La guerre récente Israel Hamas a été beaucoup plus meurtrière que précédemment pour Tsahal.

Et de voix de vétérans se sont élevées pour condamner certaines des actions sur les populations civiles palestiniennes.

Une issue négociée avec la création d’un état Palestinien en paix durable avec Israël devient de moins en moins envisageable, il n’y a pas pourtant pas d’autre solution.

Avez vous relevé que l’on ne parle plus du printemps arabe?

L’Egypte est dirigée par une junte militaire brutale soutenue par les monarchies du Golf, sauf le Qatar, qui craignent et haïssent les frères Musulmans.

Ces dernières reviendront au pouvoir en Tunisie ou un régime technocratique intérimaire prépare des élections.

Les islamistes dits modérés sont aussi au gouvernement du Maroc, quant à la junte algérienne, elle a fait réélire sans opposition un président dont l’état de santé rend son pouvoir seulement formel, face à l’hostilité ou l’indifférence de la population active, notamment la jeunesse éduquée.

Un mot enfin sur l’Asie, ou la nouvelle administration chinoise mène une politique intérieure qui vise à développer le secteur domestique comme relais de croissance, tout en affirmant un rôle de leadership régional face au Japon et aux Etats-Unis.

Investi des pouvoirs gouvernementaux, militaires et politiques sur un parti épuré des phénomènes les plus évidents de corruption, Xi Jin Ping a devant lui prés de 9 ans pour dérouler son agenda, qui vise à assurer la place de la Chine comme l’alternative aux Etats-Unis comme puissance hégémonique mondiale.

Ceci pourrait conduire à une confrontation, on peut espérer que le réalisme prévaudra de part et d’autre.

Terminons sur une note plus positive, il pourrait en résulter une stabilisation de la situation Coréenne, un accord se négociant entre une dénucléarisation du Nord contre le retrait des 20000 soldats américains encore au Sud, qui rendent les Chinois nerveux.On le serait pour moins ……

 

Et votre vision de rentrée?

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

12 Commentaires

Répondre à Denis Monod-Broca

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  • emmanuel

    19 septembre 2014

    La crise terminale est proche.
    Celle qui va nous precipiter dans un nouveau monde et renter effectivement au 21eme siècle.
    Et pourtant je reste convaincu que tout est possible.
    Un nouveau entrouve ses portes.
    Il appartient a ceux qui le veulent de saisir la balle au bon…

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    • idlibertes

      19 septembre 2014

      Sinon, en terme d’effet, il faut vraiment penser à lire Dantec. Vous êtes dedans.

    • emmanuel

      21 septembre 2014

      C’est qui ce personnage.

  • Eric B.

    19 septembre 2014

    Avons-nous des preuves tangibles sur la présence de militaires russes sur le territoire ukrainien? Des preuves aussi solides que le « drill » de l’OTAN a l’ouest de l’Ukraine?
    Moi, je vois plutôt des mercenaires de nationalités russes, ou autres similaire aux djihadistes européens qui partent en Syrie?
    Vivant a Minneapolis, je peux comprendre les raccourcis que vous prenez pour analyser ce « merdier ». Mais êtes-vous prêt a ignorer les référendums effectuées par les populations de l’est de l’Ukraine?
    Aborder ce sujet est un bordel complet, et y insérer un mini-paragraphe dans un article mensuel que tout le monde attend avec impatience est une grosse maladresse.

    Répondre
    • jean-claude

      19 septembre 2014

      Je ne les ai pas vus personnellement, mais si je fais preuve de maladresse, vous faites preuve d’angelisme poutinien…
      Je savais que mon propos deplairait a certains, so be it..

    • idlibertes

      19 septembre 2014

      C’est même de l’angélisme poulainien (Amelie) 🙂

    • idlibertes

      19 septembre 2014

      ALors, en terme de preuves tangibles, je vais vous surprendre mais ils laissent peu de bristols mais merci sinon pour le fait que tout le monde attend avec impatience . C’est flatteur je trouve.

    • jean-claude

      23 septembre 2014

      Sur la presence des troupes russes en Ukraine, un article edifiant dans le New York Times sur les corps qui reviennent et sont inhumes avec un maximum de discretion…

    • Robert Marchenoir

      19 septembre 2014

      Avons-nous des preuves tangibles sur la présence de militaires russes sur le territoire ukrainien ?

      Oui. Plein. A commencer par l’aveu de Vladimir Poutine lui-même. Je vous rappelle que la Crimée fait partie de l’Ukraine.

      D’ailleurs, nous n’avons pas besoin de « preuves ». Kiev n’est pas traduit devant un tribunal, sauf dans l’imagination perverse de Poutine et des trolls payés par le Kremlin qui pullulent sur les sites européens. Nous avons simplement besoin de certitudes, et nous les avons.

      Moi, je vois plutôt des mercenaires de nationalités russe.

      Des « mercenaires de nationalité russe » ne peuvent évidemment pas se rendre en masse, avec armes et blindés, dans un pays étranger et contigü pour y faire la guerre, sans l’autorisation personnelle, et donc l’ordre, de Vladimir Poutine.

      Etes-vous prêt a ignorer les référendums effectuées par les populations de l’est de l’Ukraine ?

      J’espère bien. Des « référendums » illégaux, non démocratiques, effectués sans listes électorales, sans secret de vote, sans bureaux de vote pour tous, sans publicité du dépouillement, et sous la menace des armes de miliciens séparatistes ne sont évidemment pas des référendums.

      A moins que vous ne fassiez partie des gens qui pensent les « démocraties populaires » étaient démocratiques et populaires.

      Ces parodies de démocratie étaient si grotesques que même ceux qui les ont organisées sur place, et même Vladimir Poutine, ne s’en sont pas servis pour réclamer l’indépendance du Donbass. La farce était vraiment trop grossière.

      Au demeurant, le seul référendum qui aurait une valeur quelconque serait celui qui permettrait à tous les Ukrainiens (et pas seulement à ceux des provinces concernées) de se prononcer sur une éventuelle scission du pays.

    • jean-claude

      21 septembre 2014

      Mes sources sur les troupes russes etaient tout simplement un article recent de The Economist.

  • BA

    18 septembre 2014

    La guerre.

    Le XXIème siècle verra la guerre se propager.

    Les démographes pensaient que nous serions 9 milliards d’habitants vers 2100. En fait, ce sera encore pire que ce qu’ils avaient prévu : 11 milliards d’habitants.

    La guerre.

    Nous ne pourrons pas échapper à la guerre.

    Jeudi 18 septembre 2014 :

    La Terre pourrait compter 11 milliards d’habitants à la fin du siècle.

    La Terre comptera probablement onze milliards d’habitants à la fin du siècle, deux milliards de plus que prévu jusqu’alors, selon une nouvelle projection de démographes et des Nations unies. L’étude montre clairement la poursuite de la croissance démographique principalement en Afrique.

    « Le consensus au cours des vingt dernières années était que la population mondiale, estimée actuellement à environ sept milliards, continuerait à croître pour atteindre neuf milliards à la fin du XXIe siècle avant de plafonner et probablement de décliner », relève Adrian Raftery, professeur de statistiques et de sociologie à l’Université de Washington à Seattle.

    Il est l’un des principaux co-auteurs de cette recherche publiée jeudi dans la version en ligne de la revue américaine « Sciences ».

    « Nous avons conclu qu’il y avait 70% de probabilité que la population mondiale ne se stabilisera pas durant ce siècle », précise-t-il, ce qui montre selon lui que « l’évolution démographique demeure une question très importante ».

    « Un accroissement de la population peut exacerber d’autres problèmes planétaires comme le changement climatique, la propagation de maladies infectieuses et la pauvreté », observe-t-il.

    http://www.romandie.com/news/La-Terre-pourrait-compter-11-mia-dhabitants-a-la-fin-du-siecle/518998.rom

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  • Denis Monod-Broca

    18 septembre 2014

    Apocalypse et révélation sont synonymes.
    Dans le profond désarroi actuel et les graves inquiétudes qui gagnent, il y a place pour la lucidité.
    Ce que je vois, c’est que la pensée magique s’impose massivement aux dépens de la pensée rationnelle.
    Pour la pensée rationnelle, les hommes sont tous semblables, égaux, frères, pour la pensée magique ils y a eux et nous.
    Pour la pensée rationnelle il y a des causes et des effets, pour la pensée magique, il y a des coupables qu’ils faut éradiquer.
    Pour la pensée rationnelle, la violence ne vainc pas la violence mais l’alimente, pour la pensée magique la violence est le remède.
    Pour la pensée rationnelle, les lois sont faites pour être obéies et les institutions respectées, pour la pensée magique, elles doivent être adaptée, selon les circonstances, à nos peurs, à nos envies, à nos intérêts…
    Pour la pensée rationnelle, les hommes sont libres et responsables, pour la pensée magique ils sont soumis à des entités tutélaires toutes-puissantes, le Marché (qui retrouve de lui-même son équilibre), l’Argent (qui nous permet de vivre), l’Europe (qui nous protège), la Mondialisation (qui nous inonde de ses bienfaits)…
    Etc.
    Saurons-nous arrêter cette dérive mortelle et redonner à la pensée rationnelle sa suprématie, condition de la civilisation ?

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