13 août, 2012

Vue de New York L’élection présidentielle américaine pourrait elle nous surprendre?

Vous avez surement en mémoire l’Obamania qui déferla sur la France en 2008, et la victoire célébrée du premier Président Africain Américain comme on le définit ici..

Egalement la déclaration de concession du perdant, le Sénateur John McCain, un modèle de vertu démocratique et d’élégance.

On se souviendra aussi de certains discours du Président, sacre Prix Nobel de la paix, peu après son élection, tel celui prononce au Caire.

Mais quel est le bilan ?

Obamacare qui devrait a terme couvrir les dépenses de sante d’une bonne partie des millions d’ Américains préalablement non pris en charge, dépendant de leur employeur, ou du bon vouloir de l’assureur prive consentant., est un système complique, imparfait, conteste par beaucoup, comme onéreux et bureaucratique.

Dont la mise en pratique prendra plusieurs années.

Guantanamo, qui devait être ferme dans la semaine suivant la prise de fonction en Janvier 2009 est toujours ouvert, et les conjures organisateurs du 11 Septembre n’ont toujours pas été juges..et termineront devant une juridiction militaire d’exception.

GM a émergé de la procédure du Chapter 11, mais Fannie et Freddie, largement responsables de la crise des sub prime, demeurent une source de pertes potentielles sous garantie implicite du Trésor américain.

L’armée américaine a pu quitte l’Iraq, mais s’est embourbée en Afghanistan et le nombre de tues dépasse désormais largement le chiffre élevé atteint pour l’Iraq.

Osama Bin Laden a été retrouve et exécuté sommairement, Al Qaida est affaiblie mais survit notamment en Afrique, Sub saharienne et dans la corne de l’Afrique, ainsi qu’au Pakistan, et en Afghanistan ou leurs alliés Taliban regagnent du terrain et deviennent un interlocuteur incontournable pour négocier une sortie peu honorable des troupes engagées en 2014 ?

Sur le plan intérieur, une reforme financière a été votée, Dodd Frank, il y 2 ans et n’est toujours que très partiellement mise en œuvre.Le reprise est « molle », moins de 2% de croissance du PNB, elle ne crée que peu d’emplois surtout dans le secteur prive, et les politiques de stimuli ont été onéreuses et peu efficaces.

Avec beaucoup de bruits médiatiques, a l’initiative personnelle de Baraq Obama, une « task force » sur la compétitivité et l’emploi fut lancée en 2011, avec la participation d’industriels tels Jeff Immelt de GE, elle n’aurait pas été réunie depuis plus de 6 mois

Le Président a aussi crée une commission bipartisane dite Simpson Bowles pour traiter le problème du déficit budgétaire , de la sante , Medicare et Medicaid, et de la Sécurité Sociale, mais ses recommandations pour un mix de principalement réductions des dépenses et accessoirement revenus nouveaux, ont été ignorées.

Ceci qui explique largement la perte du AAA américain il y un an au moins auprès de S&P.

L’indépendance énergétique de l’Amérique , grâce au gaz naturel, au charbon et aux renouvelables, devient une réalité mais l’administration a bloque un projet de gazoduc qui devait approvisionner une partie des Etats Unis a partir du Canada, sous la pression  de lobbies défenseurs de l’environnement.Les carcans règlementaires ont prospéré dans de nombreux domaines, avec l’aval de l’administration.Avec un cout total de $1,800 milliards selon l’étude récemment publiée par le Compétitive Enterprise Institute.En bref cette présidence a géré la crise au jour le jour mais n’a véritablement que très peu reforme et laisse filer les déficits et l’endettement.

Plus profondément, on a encourage au plus haut niveau une polarisation excessive de la vie politique, avec un partage du pays entre les Rouges républicains et les Bleus démocrates.

Les républicains ne sont certes pas exempts de toute responsabilité dans cette détérioration de la vie publique qui conduit progressivement a un blocage des institutions, voire la saga périodique des vôtres requis pour élever le plafond de la dette fédérale. De l’autre cote.les primaires républicaines ont vu au travers de débats parfois surréalistes l’émergence progressive de Mitt Romney, et l’élimination de candidats dont certains étaient irresponsables mais surtout inquiétants par les propos tenus notamment sur des sujets de société.

La campagne s’intensifie, Romney sera investi à Tampa, Floride, à la fin de ce mois, Barak Obama, incontesté dans son camps deviendra officiellement peu après candidat à un second mandat à Charlotte, Caroline du Nord.

Ensuite, tout ira très vite, quelques débats, et l’élection début Novembre.Nous sommes déjà a moins de 3 mois du scrutin, pour une entrée en fonction fin Janvier 2013.Samedi 11 Aout, la campagne a pris une nouvelle dimension avec le choix de Paul Ryan comme candidat républicain à la vice présidence.Ceci devrait sécuriser l’électorat conservateur et /ou évangélique qui restait encore réservé sur les orientations réelles de Mitt Romney.

Elu a la Chambre de l’Etat du Wisconsin, Paul Ryan, que j’ai rencontre a deux occasions au cours des derniers mois, est une étoile montante du Parti républicain, expert reconnu et respecte en matière de budget et de finances publiques, même par ses adversaires.

Un libéral convaincu, il propose d’éliminer les niches fiscales et d’abaisser les taux d’imposition, et ses positions sont clairement en faveur d’un Etat fédéral ramène a ses missions classiques de sécurité intérieure et défense.

Il a en particulier propose une reforme majeure et audacieuse du système dit Medicare qui assure une couverture généreuse des dépenses de sante pour les plus de 65 ans sans condition de revenus, une des causes principales de la dérive des comptes publics.Agé de 42 ans, de confession catholique, Paul Ryan peut contribuer à attirer sur le ticket républicain des suffrages catholiques indisposés par certaine des positions récentes du Président et de son VP, sur des sujets tels que le mariage homosexuel.

Il est ici ou la de bon ton de considérer que le président sortant est déjà réélu, avec sans doute un Congres républicain, a La Chambre, ce qui est déjà le cas, et peut être au Senat, ce qui serait nouveau même si la majorité qualifiée apparait hors d’atteinte.Je voudrai ici mettre en garde et exprimer quelques doutes sur ce scenario de consensus majoritaire des medias.Tout d’abord l’élection compte tenu de la bipolarisation extrême se jouera chez les électeurs dits indépendants en nombre de plus en plus restreints et qui avaient assure la victoire dObama en 2008.

Elle se jouera dans 20% des Etats, notamment en Ohio, Caroline du Nord, Floride, Wisconsin, Virginie..et dans ces Etats les deux candidats sont coude a coude.Ensuite cette campagne est financée et les Républicains ont l’avantage sur les Démocrates, en dépit des visites répétées de levée de fonds à NY par le President, Wall Street cette fois a la différence de 2008 est derrière Romney, $ 104 million levés par Romney Victory en Juillet seulement.

Obama et son équipe de campagne ont choisi une tactique offensive engagée des les Primaires pour présenter Romney comme un indécis, sous influence de l’extrême droite conservatrice, avec une expérience politique peu convaincante de gouverneur du Massachussetts, et un passe de destructeur d’emplois et de délocalisation quand il était un des dirigeants de Bain Capital.

J’ai eu la semaine dernière le privilège d’être présente à Mitt Romney, qui parle encore un peu de français, appris quand il fut pendant 2 ans missionnaire mormon en France, j’ai ensuite entendu un message équilibre et responsable d’amaigrissement de l’Etat fédéral, réductions des déficits notamment par élimination des niches fiscales, et encouragement a l’entreprenariat et a l’innovation.

Romney a parfaitement intègre ce qu’une remarquable étude réalisée et récemment distribuée par John Silva, économiste de Wells Fargo, a bien articule et documente, les créations d’emplois ne viendront que du secteur des PME, en aucune façon du secteur étatique ni des Grandes entreprises.Plus l’indépendance énergétique.

Il est tout a fait possible que début Novembre ce pays élise un homme relativement neuf, avec une expérience essentiellement dans le secteur prive, a la place occupée par sans doute un orateur visionnaire au passe d’agitateur social mais dont les réalisations ont été limitées.Il est symptomatique qu’a moins de 3 mois de l’élection Obama n’ait pas encore articule les raisons pour lesquelles il sollicite un second et dernier mandat.

Une campagne sur financée peut créer un certain nombre de surprises eu égard aux excès de négativismes, et certains de mes amis républicains craignent un dérapage anti-Obama de la part de certains super PAC’s ultra conservateurs, qui pourraient faire pencher les indécis en faveur du Président, affaire a suivre dont je vous reparlerai surement.

L’Amerique reste donc toujours le pays où tout est possible.

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

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