13 février, 2013

Une Europe à deux vitesses n’est pas viable à long terme

Les incertitudes politiques en Espagne, en Italie ainsi que la remontée de l’Euro ont bien montré que les problèmes de l’Europe n’étaient pas derrière nous, mais bien encore devant.

 Sur le plan politique, en Espagne le Parti Populaire de Mariano Rajoy, Premier Ministre du gouvernement espagnol semble être rattrapé par un scandale de corruption. Tous les chiffres économiques sont mauvais (faillites au plus haut, chômage en progression…)  ce qui n’empêchait pas  l’indice IBEX 35 et l’obligation 10 ans de se retrouver  pratiquement au plus haut depuis le mois de juin 2012…

En Italie, Silvio Berlusconi ex Président du Conseil regagne du terrain sur Pier Luigi Bersani, le leader de la coalition de centre gauche. L’obligation italienne à 10 ans termine la semaine à 4,56% contre 5,37% en Espagne.

A Chypre il a été décidé de pratiquer une décote des deux tiers pour les porteurs d’obligations émises par le gouvernement chypriote… !

 

La France obligée de baisser le ton à Bruxelles

 

L’euro avait atteint 1,37$ pendant la semaine. « L’Euro fort c’est la France qui s’affaiblit » nous expliquait on, comme pour préparer l’opinion publique française à l’idée que le déficit de 3% du PIB n’a aucune chance d’être respecté….  Le problème c’est que, avec la même monnaie, l’industrie allemande continue à vendre très bien ses produits alors que la l’industrie française qui n’est pas assez compétitive, est obligée de baisser ses prix pour continuer à vendre . Les chiffres sont sans appel : l’excédent du commerce extérieur allemand aura atteint en 2012 188Md€ contre un déficit de 67,2Md€ pour la France.

Seuls les propos de Mario Draghi Président de la BCE ont été  efficaces pour faire baisser légèrement le dollar à 1,34€, mais cela ne résout rien.

Selon Elga Bartsch économiste chez Morgan Stanley, une hausse de 10% du taux de change pondéré de l’Euro entraine une baisse de 3% des résultats des sociétés européennes.

L’union Européenne a fini par se mettre d’accord sur la diminution des dépenses budgétaires. Il ne faut pas oublier que les déficits d’aujourd’hui, ce sont les impôts de demain et le chômage  d’après demain. David Cameron le premier Ministre britannique apparaît avec Angela Merkel, la Chancelière allemande comme les gagnants de la réunion. Cela montre bien, contrairement à ce qu’expliquait François Hollande pendant la campagne électorale qu’il ne suffisait pas « d’aller à Francfort en faisant preuve de fermeté » pour relancer la croissance !

 

Pour éviter une décennie perdue à la japonaise en Europe,  Eric Labaye Président du McKinsey Global Institute, estime qu’il faudrait inciter les entreprises qui disposent de 750Md€ de liquidités à en investir au moins une partie, en mettant l’investissement privé au centre de la stratégie économique européenne.

En Europe, l’indice composite PMI est au plus haut depuis 10 mois avec l’Allemagne fournissant l’essentiel de la contribution à la hausse. La France ne va pas bien et l’Europe du Sud est toujours dans une mauvaise passe…L’Europe à deux vitesses ne peut continuer très longtemps à vivre avec la même monnaie. C’est une question de bon sens. D’ailleurs, Mario Draghi, a clairement expliqué qu’il n’y avait aucune reprise à attendre en Europe, d’ici la fin de l’année

 

Ce sont les technocrates qui ont tué la croissance en Europe explique Charles Gave de Président de GaveKal. En ne voulant pas traiter le problème de l’Euro, il n’ y aura bientôt plus d’usines en Europe, sauf en Allemagne. La classe des technocrates qui a créé l’Euro fait tout pour qu’il survive, même si cela doit amener la ruine des populations européennes…

La valorisation des actions européennes est devenue trop élevée selon Patrick Artus chef économiste chez Natixis. Inutile de dire qu’il est en décalage avec le consensus des stratégistes.

 

Face à la réalité la méthode Montebourg ne semble pas très efficace

 

En France,  on a eu une série  de mauvaises nouvelles chez Peugeot et Arcelor Mittal qui ont annoncé plus de 8Md€ de dépréciations d’actifs.  Alcatel Lucent est confronté à la démission de son président Ben Verwaayen qui a annoncé1,3Md€ de pertes en 2012. La société souffre de la concurrence de la Chine qui l’oblige à baisser ses prix. Face à ses besoins de liquidités pour rembourser des prêts venant à échéance de 2013 à 2015, elle a été obligée de mettre en gage ses brevets. En ce qui concerne la faillite de Petroplus, la première raffinerie française va avoir lieu au moment où les marges pour les raffineries opérant sur le sol français sont à un plus haut de 15$ par baril de pétrole raffiné !

Le gouvernement risque d’être rattrapé par la contestation sociale chez PSA à Aulnay, chez Goodyear à Amiens, chez Arcelor Mittal à Florange et chez Alcatel Lucent qui va bientôt mettre en application son sixième plan social depuis la naissance du groupe en 2006.

La seule réponse du gouvernement à tous ces désastres industriels semble être une loi sur « la reprise des entreprises rentables » ….

 

L’année du serpent

 

En Chine, c’est l’année du serpent qui vient de débuter le 10 février. Selon Andrew Keenan responsable de l’analyse Feng Shui chez CLSA, les valeurs chinoises devraient monter jusqu’à la fin du mois de juillet. Ensuite on aurait droit à un trou d’air en été puis une remontée de septembre à la fin de l’année.

Les actions américaines offrent une dynamique très positive a expliqué cette semaine Jim O’Neill le patron de Goldman Sachs Asset Management qui vient de donner sa démission cette semaine.Ron Barron le très écouté patron de Barron Asset Management est aussi de son avis.

En revanche, pour Doug Kass de Seabreeze le marché américain doit baisser…

Au Japon, la bourse de Tokyo est au plus haut depuis 2008…Le sentiment des chefs d’entreprises s’améliore et les analystes revoient leurs prévisions à la hausse.

En Asie ex-Japon, ce sont toujours l’Indonésie et les Philippines qui ont toujours les faveurs des stratégistes…

Dollar, Yen et OPA

Dans la guerre des changes il y aura comme d’habitude des gagnants et des perdants qui ne sont en général pas ceux qui sont annoncés.

Le Yen sur lequel la grande majorité des cambistes est positive commence à être un peu cher estime Jamie Chisholm du FT.C’est en fait le dollar qui devrait provoquer la prochaine crise au moment où la Fed commencera à relâcher sa politique monétaire extrêmement favorable. Telle est l’opinion de Andi Xie économiste indépendant très écouté, qui était auparavant chez   Morgan Stanley.

 

Essayer d’identifier les OPA possibles  pour 2013 est un exercice auquel se livrent chaque année  David Finch et Ian Richards analystes chez Exane BNP Paribas. Parmi les idées intéressantes on peut noter : Burberry qui pourrait intéresser PPR… ;Portugal Telecom qui permettrait à un acquéreur d’augmenter son exposition sur le Brésil, l’Angola et la Namibie… ; Ocado un épicier en ligne en Grande Bretagne qui pourrait attirer des sociétés comme Marks and Spencer, Morrisson ou même Amazon

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

1 Commentaire

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  • BA

    14 février 2013

    Jeudi 14 février 2013 :

    Grèce : le taux de chômage continue à grimper, à 27% en novembre.

    Le taux de chômage a continué à grimper en Grèce atteignant le seuil de 27%, contre 20,8% un an auparavant, a annoncé jeudi l’Autorité des statistiques grecques (Ase).

    En octobre 2012, le taux de chômage s’élevait à 26,8%.

    La situation est dramatique chez les jeunes : moins de quatre actifs sur dix de moins de 24 ans ont désormais un emploi, tandis que dans la classe d’âge 25-34 ans, le taux de chômage est de 36,2%.

    Les femmes sont aussi les plus touchées, prés d’un tiers d’entre elles (31,1%) étant à la recherche d’un emploi.

    Depuis octobre, plus de 20.000 personnes ont perdu leur emploi, tandis que sur un an, ils sont 323.808 personnes de plus à être frappés par le chômage (+31,5%).

    Au fil de la rigueur et de la récession qui frappent le pays, englué dans la crise de sa dette et les exigences de ses créanciers, la population active est ainsi devenue minoritaire dans le pays avec 3,642 millions de personnes en novembre pour 1,350 million de chômeurs et 3,339 millions de non-actifs.

    Selon une étude de la Fédération des PME, plus de la moitié des foyers grecs sont ainsi menacés d’insolvabilité en 2013, alors que le gouvernement lui même reconnaît recourir à une « hypertaxation » pour tenter de renflouer les caisses publiques.

    http://www.romandie.com/news/n/Zone_euroGrece_le_taux_de_chomage_continue_a_grimper_a_27_en_novembre11140220131324.asp

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