29 octobre, 2012

Un monde très simple

La plupart des commentateurs expliquent à qui veut l’entendre que nous vivons dans un monde très compliqué. Je ne suis pas du tout d’accord. A mon avis, il n’a jamais été aussi simple tant  nous sommes en train de réapprendre dans la douleur un certain nombre de vérités premières .

  1. Tout le monde sait aujourd’hui, sauf monsieur Hollande bien sur, que la taille excessive de l’Etat est le vrai problème de nos sociétés et que le défaut de paiement guette un certain nombre de grands pays. Le fait que plus de 50 % des citoyens reçoivent des subventions diverses et variées et que reformer ces Etats de façon démocratique sera donc très difficile, ne change rien au fait que les citoyens ne peuvent se voter des augmentations de leur niveau de vie. L’augmentation du niveau de vie, il faut la gagner et non pas la voler.
  2. Tout le monde, sauf bien sur Krugman et Stiglitz (prix Nobel d’économie tous les deux), à compris que la hausse du poids de l’Etat dans l’économie déclenchait une hausse du chômage, une baisse de la croissance, un appauvrissement généralisé à terme, un creusement de l’écart des salaires entre les riches et les pauvres et que, comme le disait Hayek,  la recherche de la soit disant « Justice Sociale » par le système politique avait créé au  XX siècle plus de morts que toutes les guerres de religion additionnées depuis le début des temps.
  3. La plupart des gens, sauf bien sur les syndicats de fonctionnaires, se rendent bien compte que quand l’Etat se charge de produire quelque chose, en général la qualité est abominable, la pénurie fréquente tandis que les listes d’attente s’allongent.
  4. Par exemple, l’enseignement en France est devenu une « fabrique de crétins ». ( cf. La fabrique du crétin : La mort programmée de l’école de Jean-Paul Brighelli, Bernard Lecherbonnier). L’école doit être obligatoire et son cout doit bien sur être supportée par la collectivité au travers des impôts, mais rien ne dit que la fourniture du service éducatif doive être assuré par des fonctionnaires syndiqués dont les résultats sont abominables. Il faut passer de l’Etat producteur a l’Etat prescripteur (Suède)
  5. Tout le monde à compris , sauf bien sur les principaux banquiers centraux  (Bernanke, Draghi ou King qui ont tous fait leurs études ensemble) que manipuler les taux d’interets et les taux de change entrainait une destruction massive de richesse,  le capital ayant perdu tous ses repères sur les directions a prendre et allant s’égarer dans l’or, l’immobilier, les œuvres d’art ou que sais je encore…  Il faut avoir fait de très longues études et a un niveau très élevé (PHD au MIT ou a Cambridge) pour pouvoir penser que le capitalisme pourrait fonctionner sans cout du capital …et l’on voit aujourd’hui que cette croyance est fausse.
  6. Tout le monde comprend, sauf les socialistes français bien sur, qu’augmenter les impôts va accroitre le déficit budgétaire en créant une récession. La hausse des impôts est cependant si violente dans notre pays qu’il est très probable que nous allons rentrer dans ce qu’il est convenu d’appeler une « dépression secondaire » qui va faire vraiment exploser le déficit budgétaires des 2013, ce qui rendra la situation ingérable très rapidement.
  7. Tout le monde comprend,même et surtout les Chinois, enfin! mais hélas pas monsieur Montebourg que le mercantilisme et le protectionnisme, ca ne marche pas et que cela appauvrit surtout ceux qui le pratiquent.
  8. Tout le monde comprend, sauf bien sur messieurs Trichet, Barnier ou Barroso,  ainsi que tous les autres membres moins connus de notre chère (oh combien!) et non élue Eurocratie, que  maintenir des taux de change fixes entre pays ayant des productivités différentes était impossible et que donc l’Euro ne pourra survivre sauf à organiser de gigantesques transferts fiscaux entre le Nord et le Sud de l’Europe, ce qui n’est ni possible , ni souhaitable, tant cela créerait dans le Sud une culture de dépendance (voir l’exemple de l’Italie du Nord et du Sud).
  9. Tout le monde comprend (sauf les membres de leurs conseils d’administration) qu’il est urgent de casser en plusieurs morceaux ces monstres que sont devenus nos banques, devenus tellement gigantesques que leur taille met en danger nos Démocraties. Quand telle ou telle banque Française à une taille de bilan supérieure au PNB de notre pays, tout le monde sait au profit de qui la politique monétaire va être exercée, et ce ne sera certainement pas au profit des entrepreneurs. Parallèlement, si une banque a fait de mauvaises affaires et doit déposer le bilan, il faut la nationaliser (pas une si grosse affaire que ca, puisque les banques sont de fait en association avec le gouvernement dans la gestion de la monnaie), garantir tous les déposants, racheter tous les actionnaires a zéro, tous les obligataires a zéro, mettre les dirigeants en prison si nécessaire (toujours une idée très populaire) et réintroduire la banque en bourse trois ou quatre ans plus tard avec un énorme profit. C’est ce qu’a fait la Suède en 1992 avec les succès que l’on sait. C’est ce qu’ a refusé de faire le Japon qui suit depuis 1992 une politique visant a protéger les banquiers au détriment de la population, politique dont l’échec est patent. Toute l’Europe, sauf la GB, suit avec beaucoup de constance la politique Japonaise et avec les mêmes résultats.
  10. Tout le monde comprend (sauf quelques économistes bien sur) que déréglementer la monnaie dont le cout marginal de production est de zero est une imbécillité économique. La soi disant révolution financière de la fin des années 90 et de la première décennie de ce siècles n’a servi qu’a nourrir une spéculation débridée qui a bien failli faire sauter tout notre système économique et financier.
  11. Tout le monde comprend donc enfin, sauf bien sur Goldman Sachs, que d’autoriser la fusion entre un casino (une banque d’affaires) avec un bureau de poste (une banque de dépôts) fut une erreur gigantesque du Président Clinton. Il est urgent de les séparer à nouveau et d’interdire que les banques d’affaires soient cotées. Que les banquiers d’affaires jouent avec LEUR capital et pas avec celui des déposants parait le début du retour à la sagesse.

Dans le fond, tout cela se résume  à quelque chose de fort simple: il faut que les autorités cessent de manipuler taux d’intérêts, taux de change, dépenses de l’Etat, recettes de l’Etat, protectionnisme, subventions, politiques industrielles…toutes ces interventions ne marchent JAMAIS et pour une raison très simple: toutes ces politiques favorisent le rentier, l’initié et le fonctionnaire au détriment de l’entrepreneur, ce qui bien sur tue toute croissance.

La solution? Laisser l’entrepreneur retrouver son rôle de créateur de richesse en le libérant de tous les carcans que les Etats lui ont collés dessus.

Il faut  donc revenir aux marchés pour ce qui concerne la détermination des prix, ramener la taille des Etats à un niveau raisonnable, ramener les banques à une taille humaine pour que les entrepreneurs puissent à nouveau prospérer.

A ce point du raisonnement, tout le monde me dit que c’est impossible parce que ca ne sera pas supporté par la population, ou bien parce que nous sommes trop vieux, ou bien parce qu’il y a des élections la semaine prochaine, parce qu’il ya trop de dettes et que ces reformes déclencheraient surement une récession et ensuite une dépression.

La réponse à ces arguments est très simple.

  • Si nous ne faisons rien, nous entrerons surement dans une dépression, donc autant essayer.
  • Par contre, si nous retournons à des politiques rationnelles, peut être aurons nous une dépression, mais l’histoire semble montrer que lorsque l’on libère le système économique, ce qui suit est plus souvent la croissance que la dépression.
  • Si par bonheur la croissance revenait (comme en Suède après 1992), servir la dette existante et la réduire dans le temps devient très facile, surtout si l’on réduit le poids de l’Etat par ailleurs. Si la croissance ne revient pas et comme les taux d’intérêts sont au dessus du taux de croissance, de toutes façons, nous sommes foutus et nous aurons une faillite des rentiers..
  • Le problème n’est donc pas la dette mais l’absence de croissance. Il faut donc agir sur la croissance et non pas sur la dette

Beaucoup de pays l’ont compris, d’autres sont en train de le réapprendre et d’autres enfin sont sans espoir.  Je  peux donc me risquer à  faire une petite classification des pays en fonction de leur niveau de compréhension économique.

D’abord on trouve les bons élèves, c’est a dire qui sont restés ‘bien gérés »: Canada, Suède, Norvège, Danemark, Suisse, Singapour, Corée, Australie, Nouvelle Zélande…

Viennent ensuite ceux qui recommencent à comprendre et qui vont, au moins partiellement dans la bonne direction: mentionnons la Grande Bretagne et la Chine. Nous saurons d’ici 10 jours si dans ce groupe je dois mettre les Etats Unis (Romney) ou pas (Obama). Si les Etats-Unis partent à nouveau dans le bon sens, (Romney) comme à l’époque de Reagan et Volker, voila qui va totalement transformer les équilibres mondiaux et rendre la vie impossible à ceux qui voudront rester sur un système de manipulation.

Viennent en troisième ceux aimeraient bien changer de système mais ne le peuvent pas à cause de leurs taux de change fixes: Irlande, Espagne, Portugal, Italie.  Leur salut viendra de la disparition de l’Euro

Enfin viennent ceux qui sont toujours à l’avant garde des combats d’arrière garde, je veux parler en particulier de la France qui à la place d’alléger et de réduire toutes les manipulations les a alourdi massivement depuis quelques mois. Si monsieur Romney est élu, comme je le pense et que je l’espère,  le choc sur la France  va être immense.

La conclusion est simple: toute une série de gouvernements ont voulu faire croire aux populations que le père Noel existait (politiques Keynésiennes, taux réels négatifs). or le père Noel n’existe pas et nous arrivons en Janvier ou les fournisseurs présentent les factures pour les fêtes de fin d’année. Et le compte bancaire familial est déjà en découvert…

Il va falloir donc gérer les Etats et les monnaies non plus en fonction des rêves mais de la réalité.

Voila qui me rend très optimiste

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

27 Commentaires

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  • BA

    4 novembre 2012

    Dimanche 4 novembre 2012 :

    Grèce : Antonis Samaras ressort la menace de la drachme avant des votes cruciaux.

    Le Premier ministre grec, Antonis Samaras, a de nouveau brandi dimanche la menace d’une sortie de l’euro, si le parlement ne votait pas la semaine prochaine le train de rigueur réclamé par l’UE et le FMI.

    Les votes cruciaux, attendus mercredi 7 novembre sur une loi-cadre détaillant des économies budgétaires de plus de 18 milliards d’euros, et dimanche sur le budget 2013, sont la condition pour que le pays « en finisse définitivement et irrévocablement » avec le danger d’un retour à la drachme, a souligné M. Samaras.

    « Nous devons sauver le pays de la catastrophe (…) Si nous échouons à rester dans l’euro, rien n’aura de sens », a-t-il insisté, s’exprimant devant son groupe parlementaire conservateur.

    M. Samaras, qui s’était targué jusque-là d’avoir écarté la menace du retour à la drachme, a retrouvé ces accents dramatiques au vu des fissures au sein de l’alliance gouvernementale, qui écornent sa majorité parlementaire et la légitimité du sursaut de rigueur.

    http://www.boursorama.com/actualites/grece-antonis-samaras-ressort-la-menace-de-la-drachme-avant-des-votes-cruciaux-267d1f93683978c8f324668237539e1c

    Dette publique de la Grèce :

    2013 : dette publique de 189,1 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2015 : dette publique de 207,7 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2016 : dette publique de 220,4 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

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  • Adolf

    3 novembre 2012

    On se demande comment il serait possible de réaliser le projet politique le plus ambitieux, le plus difficile et le plus fabuleusement profitable de toute l’histoire française: faire apprendre l’article de Charles GAVE ci-dessus, à tous les profs de l’ENA, en exigeant qu’ils l’enseignent à leurs élèves par le menu détail et sans grimaces.
    Simultanément un commando énergique et décidé des meilleurs consultants de l’IDL, emmené par Charles GAVE, s’incrusterait à l’Elysée et exigerait de François Hollande, trop vieux pour retourner à l’école, qu’il apprenne par cœur ce même article, puis le récite du début à la fin, sans faute.
    A chaque tentative de récit non-menée à bien, un huissier de l’Elysée serait chargé de lui en bourrer une copie dans le gosier à l’aide d’un entonnoir à gaver les oies et de lui faire sauter le repas suivant. Au bout d’une semaine, Mr Hollande amaigri mais disposant enfin d’un horizon économique supérieur à 24h, serait enfin capable de commencer à faire son travail de Président et de manger de bon appétit des plats non-volés au contribuable.

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    • idlibertes

      4 novembre 2012

      Cher Adolf,

      (NDLR:Prenom peu usité depuis l’aprés guerre alors qu’il faut si populaire dans L’Europe romantique),

      Proposé ainsi, en cure d’amaigrissement, pas sur que cela ne sésuise pas l’interessé qui pourrait y trouver son compte. Allez savoir.

      Cdlt,

      Idl

  • BA

    2 novembre 2012

    La Grèce de nouveau sous pression de l’Europe.

    Autre sujet d’inquiétude, la dette qui devrait s’envoler l’an prochain à 189,1% du PIB, soit 346,2 milliards d’euros, contre 175,6% attendu en 2012. La dette s’alourdit car la Grèce reçoit de nouveaux prêts de l’UE et du FMI depuis 2010, tout en peinant à lancer son programme de privatisations censé l’aider à rembourser ses dettes.

    Au terme des quatre ans sur lesquels table la Grèce pour assainir ses comptes – si elle obtient le sursis demandé – les estimations de dette sont encore plus inquiétantes, la Grèce voyant son ardoise culminer à 220,4% du PIB en 2016, selon le « cadre de stratégie des finances publiques à moyen terme 2013-2016 » introduit parallèlement au parlement mercredi.

    http://www.boursorama.com/actualites/la-grece-de-nouveau-sous-pression-de-l-europe-79837ab43be348b862e91518f5d1673b

    Dette publique de la Grèce :

    2007 : dette publique de 107,4 % du PIB.
    2008 : dette publique de 112,6 % du PIB.
    2009 : dette publique de 129 % du PIB.
    2010 : dette publique de 144,5 % du PIB.
    2011 : dette publique de 170,6 % du PIB.
    2012 : dette publique de 175,6 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec. La dette augmente, augmente encore, augmente toujours, alors que le premier défaut de paiement de la Grèce a effacé 107 milliards d’euros de dettes.

    2013 : dette publique de 189,1 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2015 : dette publique de 207,7 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2016 : dette publique de 220,4 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    La question n’est plus de savoir si le deuxième défaut de paiement de la Grèce va avoir lieu.

    La question est de savoir quand le deuxième défaut de paiement de la Grèce aura lieu.

    En zone euro, il va y avoir des défauts de paiement en cascade.

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  • LaFouine

    1 novembre 2012

    Merci pour cet aricle clair, empli de bon sens et…pédagogique ! Vous ne pourriez-pas l’envoyer (ainsi que les autres) à l’Élysée ?

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  • François2

    1 novembre 2012

    Pourquoi bannir entièrement le protectionisme ? Un protectionisme équilibré peut se concevoir dans le cadre du principe de subsidiarité (dont il n’est pas question, curieusement). Aussi un protectionisme de circonstance provisoire, et, pour certains cas particuliers, un protectionisme saisonnier.

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  • Alex

    1 novembre 2012

    ce qu il y a d assez incroyable en France c est que l on ne cesse de nous dire que tout est la faute du liberalisme. Cependant avec un Etat qui represente plus de 50% du PIB j ai du mal a voir ce que ceux qui tiennent cet argument ont en tete. Pour ces gens les choses seraient elles (enfin) reglees lorsque les depenses seraient a 100%?

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  • BA

    31 octobre 2012

    Mercredi 31 octobre 2012 :

    La Grèce enregistrera en 2013 un déficit budgétaire, une récession et une dette plus lourds que ce qui était prévu il y a seulement un mois, illustrant les difficultés de redémarrage du pays contraint à de lourdes économies, selon le projet de budget présenté mercredi au parlement.

    En 2013, la dette du pays devrait exploser, selon le texte, à 189,1% du PIB, soit 346,2 milliards d’euros, contre 175,6% attendu en 2012.

    http://www.romandie.com/news/n/_Budget_2013_la_Grece_prevoit_une_reprise_plus_lente_que_prevu88311020121230.asp

    Dette publique de la Grèce :

    2007 : dette publique de 107,4 % du PIB.
    2008 : dette publique de 112,6 % du PIB.
    2009 : dette publique de 129 % du PIB.
    2010 : dette publique de 144,5 % du PIB.
    2011 : dette publique de 170,6 % du PIB.
    2012 : dette publique de 175,6 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec. La dette augmente, augmente encore, augmente toujours, alors que le premier défaut de paiement de la Grèce a effacé 107 milliards d’euros de dettes.

    2013 : dette publique de 189,1 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    La question n’est plus de savoir si le deuxième défaut de paiement de la Grèce va avoir lieu.

    La question est de savoir quand le deuxième défaut de paiement de la Grèce aura lieu.

    Répondre
  • BA

    31 octobre 2012

    LE JOUR OÙ FRANÇOIS BAROIN A ENVISAGÉ LA SORTIE DE LA FRANCE DE LA ZONE EURO.

    En novembre 2011, la crise de la zone euro est à son paroxysme.

    « L’Union européenne est dans le cyclone », écrit dans son livre Journal de crise, François Baroin, qui raconte comment il a organisé une réunion de travail pour envisager les pires scénarios. Une réunion qu’il a baptisé « Black Swan » :

    « C’est le nom que j’ai choisi de donner à une réunion dont il n’y a aucune trace.(…) Il s’agissait d’imaginer l’hypothèse la plus sombre de notre histoire économique moderne. A savoir un éclatement de la zone euro. » Pour cette réunion secrète, François Baroin convie trois personnes « de confiance » dans son bureau « au sixième étage à Bercy ». Une réunion « sans document ».

    Chacun sait que l’objet seul de la réunion, s’il était connu, pourrait avoir des conséquences désastreuses.

    Et l’ancien protégé de Jacques Chirac d’expliquer sa démarche :

    « Ce rendez-vous non-officiel ne porte pourtant que sur des hypothèses de travail. Ce serait de l’inconscience de ne pas les envisager. Et de la folie d’en parler. »

    Imaginant « le pire », à savoir « la sortie de la Grèce de l’euro, un effet de contamination, une théorie des dominos qui entraînerait de facto la sortie de la France », François Baroin et ses équipes se préparent alors à deux hypothèses :

    Le coût de la sortie de la Grèce de la zone euro pour la France.

    Et deux types de pertes : celles du secteur banques-assurances, et celles de l’éclatement de la zone tout entière.

    http://lelab.europe1.fr/t/le-jour-ou-francois-baroin-a-envisage-la-sortie-de-la-france-de-la-zone-euro-5653

    Dettes publiques en zone euro : chiffres du deuxième trimestre 2012 :

    1- Médaille d’or : dette publique de la Grèce : 300,807 milliards d’euros, soit 150,3 % du PIB.

    2- Médaille d’argent : dette publique de l’Italie : 1982,239 milliards d’euros, soit 126,1 % du PIB.

    3- Médaille de bronze : dette publique du Portugal : 198,136 milliards d’euros, soit 117,5 % du PIB.

    4- Dette publique de l’Irlande : 179,718 milliards d’euros, soit 111,5 % du PIB.

    5- Dette publique de la Belgique : 382,922 milliards d’euros, soit 102,5 % du PIB.

    6- Dette publique de la France : 1832,599 milliards d’euros, soit 91 % du PIB.

    7- Dette publique de Chypre : 14,939 milliards d’euros, soit 83,3 % du PIB.

    8- Dette publique de l’Allemagne : 2169,354 milliards d’euros, soit 82,8 % du PIB.

    Répondre
  • GdG

    30 octobre 2012

    Bravo !
    « la taille excessive de l’État est le vrai problème »
    « reformer ces États de façon démocratique »

    Un constat simple : impossible d’avoir une bonne équipe au pouvoir.
    Je rêve de voir l’action de cette équipe remise en cause régulièrement comme en Suisse.
    Je rêve de voir une vrai décentralisation comme les cantons Suisse.
    Je rêve d’une vrai démocratie.
    Impossible avec l’Europe, c’est le contraire exactement.
    Amicalement.

    Répondre
  • jeanpy

    30 octobre 2012

    donc j’en déduis que les banques centrales doivent rapidement remonter les taux directeurs pour favoriser la destruction créatrice.
    cela n’aurait-il-pas un effet dépressif sur l’économie à court terme et par conséquent un impact négatif à moyen terme (cf 1937 aux Etats-Unis ou japonisation) ?

    Répondre
  • YJC

    30 octobre 2012

    « Ad augusta per angusta » : « A des résultats grandioses par des voies étroites ». Mot de passe des conjurés au quatrième acte de la pièce de théâtre Hernani, de Victor Hugo, signifiant qu’on ne parvient au triomphe qu’en surmontant maintes difficultés.

    Répondre
    • admin

      30 octobre 2012

      « patience et longueur de temps » aussi 🙂

  • Homo-Orcus

    30 octobre 2012

    Félicitations pour le nouveau visuel.
    Bastiat a écrit « ce qui se voit, ce qui ne se voit pas ! » et vous « ce qui marche et ce qui ne marche pas ! »
    C’est pourtant simple de réussir en économie : On se procure le programme socialiste et on l’applique point par point à l’inverse et il devient le meilleur manuel d’économie que le monde nous envie.

    Répondre
    • admin

      30 octobre 2012

      Merci beaucoup,
      Nous sommes preneurs de vos suggestions bien evidemment,

      Amicalement à nos fidéles de la premiére heure,

      IDl

  • dede

    30 octobre 2012

    En ce qui concerne le besoin de separation entre banque d’investissement et banque de detail, je serais curieux de connaitre vos arguments.
    La lettre Vernimmen du mois d’octobre aborde le sujet (http://www.vernimmen.net/ – mais il faut s’inscrire pour y acceder) et je trouve leur raisonnement convaincant (pour faire court: la diversification des metiers permet une diversification des risques et la crise actuelle ne plaide pas pour une telle solution, les faillites ayant eu lieu la ou les banques n’etaient pas diversifiees – Lehman, Merril, Northern Rock, Cajas espagnoles et, un peu tire par les cheveux, Dexia).
    Leur conclusion est que les problemes viennent de la qualite des dirigeants et de la gestion des banques ou leur point de vue rejoins votre point 9 mais pas le 11.
    Au plaisir de vous lire

    Répondre
  • Ben Oït

    30 octobre 2012

    Deux questions me viennent à l’esprit en tant que fidèle lecteur :

    – concernant le 9éme commandement, c’est d’avantage une question rhétorique : si j’ai bien compris, vous conciliez la nationalisation (temporaire) des banques en faillite et la garantit des déposants avec le principe de création-destructrice de Schumpeter, auquel je vous sais très attaché, à travers le rinsage des actionnaires et des obligataires ainsi que la condamnation des dirigeants lorsqu’ils sont fautifs?

    – Concernant le point 10 vous êtes allez trop vite pour moi me voilà aussi bête que certains économistes 🙁
    Je suppose que si : « déréglementer la monnaie dont le cout marginal de production est de zero est une imbécillité économique. » Cela sous entend qu’il faille réglementer la monnaie… qu’est-ce que cela peut bien signifier, pour vous?
    certainement pas un contrôle des taux de change ou d’intérêt. Je crois savoir que vous n’êtes pas fan non plus de l’étalon or (que vous appelez un tyran aveugle, ammenant les nations à des politiques mercantilistes). Dois-je également comprendre que vous n’êtes pas fan du système de banques libres avec ses monnaies privées (trop utopique peut-être?).
    Ce point m’échape.

    Pour tout le reste, comme toujours, j’ai adoré.
    Merci Charles Gave

    Répondre
  • franck

    29 octobre 2012

    Les 11 commandements. On devrait graver ces inscriptions dans le marbre.
    Une prophétie que j’espere autoréalisatrice.
    Les propos me paraisse juste et censé. Cependant, meme si je ne maitrise pas du tout le sujet je me permettrais de dire que les banques (françaises) universelles ont bien résisté à la crise des subprimes et nos banques sont rigoureuse en matiere de crédit accordé(elles l’ont toujours été) mais on sait aujourd’hui que plus une banque devient grosse plus elle sait qu’elle peut disposer des garanties de l’état en cas de faillitte « too big to fail ».
    Je suis ce mouvement libéral sans hésiter !!!!!

    Et longue vie au site et merci à Charles Gave

    Répondre
    • YJC

      30 octobre 2012

      Cher Franck,

      Loin de moi la volonté de vous inquiéter, mais puisque vous posez la question de la rigueur (que vous pré-supposez) de nos banques, je ne peux que vous inviter à vous informer sur la réalité de leurs bilans… Ici, par exemple : http://chevallier.biz/

      Bien à vous,
      YJC

    • franck

      30 octobre 2012

      @yjc
      Je m’informe tres peu sur internet (je lis plutot les journaux economique et financiers) mais merci pour le lien
      Si nos banques vont mal cela n’est pas à cause de la crise des subprimes.
      Ce sont nos gouvernements qui prennent de mauvaises décisions dangereuses pour nos banques et non pas les banques elles meme(enfin c’est mon avis)
      On les force à détenir des obligations pourris et à augmenter leur fond propre ce qu’elles sont en train de faire en se retructurant plutot rapidemment (BNPP en tete).
      Pour augmenter leur fond propre elles réduisent leur actifs leur bilan leur prets et et vendent leur filiales surtout celles qui sont tres mal en point(ex: emporiki en grece vendu par le credit agricole).
      Le probleme vient simplement de la quantité de dette donc d’obligation pourri qu’on les force à détenir.
      Plus les taux sont bas et plus elles sont inciter à acheter des obligations d’état ou obligations privées.
      Enfin de ce coté là je manque cruellement d’élément.
      J’ ai jeté un coup d’oeil rapide à votre lien j’y reviendrai merci.
      Pour résumer je dirai que ce qui me parait etre dangereux c’est que les investisseurs achetent beaucoup d’obligations notamment privée sur le long terme alors que les décisions prises par nos banques centrales sont dangereuses pour les entreprises et donc pour l’économie puisqu’elles confondent du papier (creation de monetaire manipulation des taux d’interet) avec la création de valeur. D’ailleurs à ce sujet j’ai commencé à lire le livre « libéral mais non coupable » de charles Gave.
      Si certaines informations ne sont pas vraiment exacte ce qui est possible car je ne suis ni economiste et encore moins financier je n’attend qu’une seule chose c’est que l’on me donne des arguments ce qui permet à chacun et en premier à moi meme de progresser doucement mais surement

      Amicalement et merci deja pour votre réponse

  • Lekkerman

    29 octobre 2012

    Vite des boutons Twitter et Facebook que nous puissions partager ces délicieux articles avec tous nos amis !

    Répondre
  • ClauZ

    29 octobre 2012

    Très bien expliqué! Merci

    Peut être que nos socialistes vont virer leurs cutis l’an prochain lorsque nous serons au bord de l’abime…comme en 1982!

    Répondre
  • THIBAUDIER

    29 octobre 2012

    Monsieur GAVE, c’est toujours avec plaisir que je vous lis. Juste une question: à la fin de votre article, vous évoquez les pays vertueux et les autres. Or dans votre liste, vous ne parlez pas de l’Allemagne, un oubli peut être?

    Cordialement

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  • Gerald Muller

    29 octobre 2012

    Le meilleur résumé que j’ai lu depuis longtemps. Je constate que, parmi mes amis entrepreneurs, ces vérités sont à peu près bien comprises, mais que le gros des français non seulement ne comprend pas mais ont le cerveau tellement lavé par l’idéologie pata-marxisante qu’ils préfèreront sans doute que la démonstration leur soit faite par la force d’une grave dépression plutôt que d’essayer de raisonner un peu.
    Mais ce que je comprends encore moins, c’est que des gens, à priori pas complètement idiots et capables de raisonnement logique ne se rendent pas à des arguments aussi convaincants. Où cela peut-il bien bloquer dans leurs cerveaux pourvus de neurones? Ceci s’applique aussi bien à Hollande et Mosocovici qu’à Krugman ou Stiglitz. N’ont-ils jamais lu Ludwig von Mises?

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    • arnaud30

      4 novembre 2012

      Ils ont tout lu, mais à mon avis le système en place leur garanti leur pouvoir , plus il y a d’électeur qui dépendent de l’état, plus les partisans du « tout état » ont de voies. Comme plus de 50% de l’économie française est une économie d’état alors ces gens la sont sur d’être élus à chaque fois.
      C’est ce qui se passe depuis 40 ans, avec les alternances que l’on sait, mais sur le fond pas de grosses différences. Il est vrai toutefois que le gouvernement actuel à l’air particulièrement « gratiné », j’ai l’impression qu’il croit vraiment en ce qu’il fait et cela m’inquiète d’autant plus.

  • Sirius

    29 octobre 2012

    Remarquable ce nouveau site !
    Merci à vous et à toute l’équipe IDL pour cette plateforme, la qualité et la régularité des articles.
    Pas une journée ne se passe sans que je consulte votre site.
    On attend de pouvoir cotiser online !
    Amitiés

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  • christophe

    29 octobre 2012

    bravo mr gaves,
    Cet article devrait tout simplement être envoyé dans les écoles bien sûr et surtout aux dirigeants non élus de l’europe!

    merci encore pour cette clarté d’analyse.

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Les livres de Charles Gave enfin réédités!