19 octobre, 2015

Typologie des Marches Baissiers (Bear Markets)

« Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel » est l’un des proverbes boursiers les plus connus. Par là, ceux qui l’utilisent veulent dire que les hausses ne peuvent pas durer toujours et qu’il faut bien qu’il y ait des baisses, pour que le marché puisse repartir à la hausse un jour. Je suis dans la finance depuis 1971 ce qui me permet de certifier au lecteur que les baisses sont des phénomènes bien réels, et fort désagréables.
Mais comme j’ai un esprit « analytique », j’ai toujours trouvé qu’il était plus facile de maintenir le cap en cas de gros temps si l’on disposait d’une bonne carte, et ceci est vrai aussi bien pour les hausses que pour les baisses. Les lignes qui vont suivre ne sont donc qu’une tentative de créer de l ‘ordre dans cette notion bien confuse de « baisse », car toutes les baisses ne se valent pas. Il y a celles dont on se remet, et celles dont on ne se remet pas.
Commençons par une première évidence psychologique. Les «Ours » sont des animaux furtifs que l’on n’entend pas arriver.Dans les premiers « bear markets » que j’ai connu, je me suis rendu compte que nous étions dans un marché baissier de 12 à 18 mois APRES qu’il ait commencé et jusque là je n’avais rien vu arriver, pensant que nous étions toujours dans un environnement favorable alors que j’avais déjà perdu pas mal d’argent. Du coup, je me suis bâti toute une petite série d’outils pour me prévenir que l’ours était sorti de son hibernation.
Citons en un : Je prends les indices des vingt plus gros marchés des actions mondiaux et je compare la performance de chacun d’entre eux avec celle d’une obligation du Trésor Américain à 10 ans.
Si un marché fait mieux sur les 12 derniers mois que l’obligation, mon ordinateur sort un +1.
S’il fait moins bien, -1.
J’additionne tous ces +1 ou -1 dans un indice de diffusion.
S’il est en dessous de zéro (plus de marchés qui baissent que de marchés qui montent), je commence à me méfier.Nous sommes passés en dessous de zero à la mi- Mai 2015 et aujourd’hui nous sommes à -20, ce qui veut dire que TOUS les marchés font moins bien qu’une obligation depuis un an… ce qui implique que nous sommes certainement dans un marché de l’ours… De la mi-mai à aujourd’hui l’indice mondial a baissé d’environ 13 % en dollar…
Et là, je voudrais faire une comparaison entre la bourse et un sport, le football Américain, une sorte de Rugby local. Quand une équipe a la balle, elle fait rentrer sur le terrain son équipe « offensive » où les vedettes sont des gazelles, chargées de marquer des points. Quand cette équipe n’a plus la balle, l’entraineur fait rentrer l’équipe défensive, composée de gros plaqueurs un peu bourrins, le but étant de perdre le moins de points possibles.Et bien, la gestion de portefeuille, c’est pareil.
Quand on n’a pas la balle, il faut avoir des bourrins sur le terrain, qui limiteront les dégâts… (Cash, obligations courtes de très bonne qualité, actions à fort rendement…)Et comme nous n’avons plus la balle aujourd’hui, place donc aux bourrins.
Continuons par une deuxième constatation que j’ai faite au cours des années.
Dans mon expérience, on ne sait JAMAIS pourquoi un marché commence à baisser. Oh certes, de nombreuses explications sont fournies par les commentateurs habituels a posteriori, mais ce ne sont jamais les bonnes.La VRAIE raison apparait dans les six derniers mois de la baisse, et en général cette baisse s’accélère dramatiquement à ce moment là (selling climax en Anglais). Ce qui veut dire que dés que la vraie cause est connue, il faut se préparer à acheter.
A mon avis, nous en sommes encore loin.
Et maintenant, venons en à la typologie des marchés baissiers, le but de cet article.
En fait, il y a trois sortes de bear markets.
1. Le moins dangereux est causé par une « Crise de Liquidités ». La banque centrale locale fait monter les taux d’intérêts soit parce que l’inflation grimpe, soit en raison d’un déficit extérieur, soit les deux à la fois, les banques commerciales cessent de prêter et nous nous retrouvons dans un monde où il y a plus d’idiots que d’argent selon la blague bien connue. Ce bear market s’arrêtera lorsque la banque centrale changera de politique, une récession se produisant. En général, la baisse est d’environ 20 % sur les plus hauts. Rien de trop grave. Un ourson tout au plus.

2. Le deuxième type de bear market est beaucoup plus embêtant. Il ne s’agit pas d’une crise de liquidités mais d’une crise de solvabilité. Un gros intervenant dans le marché s’est endetté bien au delà du raisonnable, en général dans une monnaie étrangère, souvent le dollar, et ne peut rembourser, ce qui met en danger le système bancaire local. Par exemple aujourd’hui, le Brésil et le « complexe des matières premières » sont en pleine crise de solvabilité (voir le désastre Glencore). Nous parlons dans ce cas là de baisses qui iront pour les indices de -35 % à -50 % sur les plus hauts. Là, nous avons affaire a un grand ours brun qui peut vous décapiter d’un revers de patte..

3. Enfin, le dernier type de bear market est un vrai grizzly. Et celui là est vraiment terrifiant. Il est en fait le résultat de ce que l’on peut appeler « un bust déflationniste ». Les Etats ou le système économique se sont endettés comme des fous soit auprès des banques soit en émettant des obligations et se retrouvent bien incapables de rembourser, la croissance s’étant arrêtée net. Il faut donc passer par pertes et profits de multiples actifs dont les cours ne remonteront JAMAIS. C’est le bear market décrit par Irving Fisher dans son génial article de 1934 « the debt deflation theory of great depressions, 1934, Econometrica » et celui là fait vraiment mal, les baisses s’étageant de -50 % a -90 % pour les indices. Historiquement les USA dans les années 30, le Japon de 1990 a 2009 ou l’Italie depuis 2000 en sont de bons exemples.

Cette typologie étant établie, je me sens un peu comme lorsque je vais voir un médecin qui me décrit parfaitement la maladie dont je souffre, pour me dire ensuite qu’il n’a pas la moindre idée de la façon dont elle peut être traitée tant je me rends bien compte que le lecteur va me de demander « dans que type de bear market sommes-nous en train de rentrer ? »
A cette question essentielle, je vais répondre franchement : Je n’en ai pas la moindre idée et c’est là où l’expérience me vient un peu en aide. Tant que la baisse sur le plus haut n’atteint pas 20 % au minimum, ou que mes indicateurs ne se sont pas retournés, je garde mes bourrins sur le terrain.
Ce qui me donnera une indication précieuse sur le type de baisse que je vais avoir sera le système financier (banques, compagnies d’assurance). Dans la crise de solvabilité et dans le bust déflationniste, ces valeurs s’écroulent de façon abominable, dans la crise de liquidités, elles sont les premières à baisser mais aussi les premières à remonter. Je surveille donc l’indice des banques comme du lait sur le feu.
Si la baisse de l’indice général commence a être supérieure à 20 %, je commence à regarder avec beaucoup d’attention ce qui a baissé MOINS que le reste (en excluant mes bourrins), parce que c’est probablement parmi ceux là que je trouverai les meneurs de la hausse suivante qui finira bien par arriver. Et il faut garder en mémoire que les marchés haussiers prennent l’escalier, tandis que les marchés baissiers prennent l’ascenseur, autre proverbe bousier qui stipule que les bear markets durent beaucoup moins longtemps que les bull markets. En principe, en deux ans tout est plié, ce qui voudrait dire qu’en mai 2017 au plus tard, il faudra de nouveau avoir l’équipe offensive sur le terrain…
La dernière question est bien sur la plus difficile. Toutes les zones géographiques vont-elles connaitre le même sort en même temps ? La réponse est : ce n’est pas toujours le cas.
Par ordre de danger le plus élevé, je mettrai:
· Le Moyen-Orient, hors concours.

· l’Amérique Latine en deuxième, tant elle a fait des erreurs depuis 10 ans

· Juste derrière l’Europe de l’Euro qui essaie de traiter une crise de solvabilité avec les outils nécessaires pour traiter une crise de liquidités, ceci pouvant nous amener à un bust déflationniste d’anthologie.

· Derrière viennent l’Amérique du Nord avec le Canada (monnaie pas chère pour ceux qui veulent avoir du cash) et les USA

· Moins en risque, les pays Européens qui ont la chance de ne pas être dans l’Euro (Suisse, Suède, Grande Bretagne, Danemark, Norvège… et peut être Russie, qui pourrait être une protection en cas de hausse du pétrole)

· En contrôle de leur destin enfin, la Chine et les autres pays Asiatiques, y compris le Japon.

Inutile de souligner que la majorité de mes positions défensives sont dans les deux derniers tant j’espère que les derniers seront les premiers.

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

27 Commentaires

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  • nolife

    20 janvier 2016

    « -2,4% à l’ouverture, et jusqu’à 3,8% en matinée, le bilan est d’ores et déjà lourd pour le CAC40, qui désormais perd plus de 20% par rapport au printemps dernier, signant son entrée en configuration de « Bear Market », ou marché baissier prononcé.

    Un simple détail, d’autant que le Nikkei à Tokyo a été le premier ce matin à donner l’impulsion. Lui aussi, avec sa baisse de 3,7% en clôture, est passé en « Bear Market ». Mais désormais, autant sur les marchés actions que sur le marché pétrolier, s’installe une impression de puits sans fond.  »

    http://bfmbusiness.bfmtv.com/bourse/le-cac40-plonge-de-nouveau-desormais-en-bear-market-944867.html?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#link_time=1453291739

    -20 %, que fait-on chef ?

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  • Homo-Orcus

    27 octobre 2015

    Didier Saint-Georges (Carmignac)
    Sur les 5 dernières années, 94 % des 800 fonds dit « modérés » ont été incapables de faire mieux que la gestion indicielle ! Nous en faisons partie car les marchés sont drives par les banques centrales…
    Une bonne et une mauvaise nouvelle :
    • La mauvaise c’est que la hausse des marchés portés par l’abondance des liquidités va bientôt s’arrêter et que des instabilités majeures sont à venir.
    • La bonne nouvelle c’est que nous allons revenir à une période plus saine, période où la réalité économique reprendra le dessus. Il n’y aura plus de raisonnement « bad news is good news » où un mauvais chiffre sur le chômage américain fait monter les marchés car les investisseurs en déduisent l’assouplissement des banques centrales.

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  • Poipoi31

    22 octobre 2015

    Commentaires suite a vos deux derniers articles:
    * d’accord avec vous sur le besoin de desenfler les Etats tentaculaires comme en France etc. En revanche, les USA ne sont pas un modele dans la mesure ou mem si les depenses publiques ont diminue sur les dernieres annees la-bas, leur mesures de GDP et de labor/unemployment sont incompletes/erronees et ne refletent pas une pauperisation du travail, ce qui a amene ce troupeau d’economistes de grandes banques de coire au « miracle » americain. C est une point que vous soulevez brievement mais qui merite d’etre developpe: les outils de mesures de la « sante » economique d’un pays sont errones a l’heure actuelle.

    * Dans cet article, votre model compare les performances equities vs 10Y Treasuries: vous avez vu cette annee que la traditionnelle relation d anti correlation de ces 2 asset classes a ete rompue, et ceci principalement a cause des banques centrales et des speculateurs, cela vaut peut-etre le coup d ajuster votre modele.

    * Historiquement, votre description des 3 bear markets est tout a fait juste, mais nous avons assiste depuis 1 siecle, avec accelreation depuis les annees 80 d’une accumulation de distorsion (dette souveraienes a outrances etc) qui vont surement mener a un black swan qui ne rentrera dans aucune de ces categories

    * Tout a fait d’accord avec vous concernant la Chine et l’Asie, c’est la ou les perspectives futures sont les meilleures, peu importe ce que la propagande occidentale veut nous faire croire.

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  • Nono

    21 octobre 2015

    Bonjour M. GAVE et merci de partager avec vos lecteurs les conclusions d’analyses menées pendant plusieurs décennies.

    J’aurais apprécié avoir un professeur comme vous à l’université. Hélas, l’université FR est un nid de keynésiens …

    L’IDL en tant que Think Tank entreprend-il d’effectuer le nécessaire pour bénéficier d’organisme d’utilité publique ?

    Vous remercier par un don en défiscalisant par la même occasion me ferait plaisir.

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    • idlibertes

      24 octobre 2015

      Cher Nono,

      Nous le souhaiterions mais c’est une demande qui doit être faite auprès de la préfecture qui octroie ou non l’utilité publique (on ne peut s’auto décider) mais dés que nous aurons le track back record, nous allons évidemment le demander dans la mesure ou nous sommes à but non lucratif.

      amicalement

      idl

    • zorgbibes

      24 octobre 2015

      L université fr est surtout un nid d imbéciles.

  • Damien

    21 octobre 2015

    La Suède ressort souvant comme modèle dans vos analyses. Je suis un Suisse qui habite en Suède depuis une quinzaine d’année. Les changements durant cette période on été massifs.

    Ce cercle virtueux a malheureusement mis en branle une dynamique de bulle et de sur-consomation tout a fait hallucinante. l’immobilier suédois atteint des niveaux qui donnent le vertige (j’habite a Uppsala une ville universitaire au nord de Stockholm et les prix des appartements ont été multipliés par 3 ou 4 depuis une douzaine d’annee et par 10 depuis une vingtaine d’annéé). Les suédois n’arrivent plus a amortir leur hypothèques alors que la dynamique positive de baisse des impôts, d’augmentation de l’emploi et de réforme libérale disparaît lentement mais surement.

    La Suède est un accident à venir avec un système financier incapable de survivre à une chute des prix de l’immobilier. Un des shortes complétement « mispricé » par le marché pour l’ours global en devenir.

    Damien

    Répondre
    • Nono

      21 octobre 2015

      Bonjour Damien,

      Je suis en train de me renseigner pour émigrer vers la Suède ou le Danemark.
      Mon niveau d’anglais est courant mais le suédois je ne le parle pas.
      Pensez-vous qu’il est possible avec une bonne volonté de débarquer en Suède en commençant par des « Mac jobs » avec apprentissage de la langue en parallèle.
      Le coût de la vie ne va-t-il pas conduire à vivre dans l’indigence ?

      Je suis en train d’économiser pour préparer mon départ mais je n’ai aucune idée de l’état du marché du travail dans ce pays.

      Pourriez-vous svp m’en dire un peu plus ?

  • SVL

    21 octobre 2015

    Bonjour,

    La Destruction Creatrice n’a t elle pas lieu actuellement, les gouvernements utilisant la planche a billets pour cette destruction progressive et ainsi que faire payer les citoyens en augmentant les impôts ?

    Un prétexte pour en utiliser un autre ?

    Bien évidemment de cette manière leurs évitant de détruire de grande institutions, détruisant toutes sortes de petites et moyennes sociétés et leurs permettant de faire main basse sur certains marchés?

    Cordialement

    Répondre
  • Gilles

    21 octobre 2015

    Bonjour M. Gave,
    A la lecture de votre article il me vient une question. Pourquoi ne pas rester à 100% en cash plutôt que de prendre des risques sur des obligations même de bonnes qualités ou d’actions à fort rendement qui ne manqueront pas de se prendre une claque quoi qu’il en soit.
    Bref, ne vaut-il pas mieux parfois savoir sortir du terrain, pour mieux y rentrer?
    Amicalement

    Répondre
    • nolife

      21 octobre 2015

      J’ai posé la question la fois passée, il m’a répondu qu’en cas de chute des actions, les obligations d’habitude montent.

      Un portefeuille moitié-actions moitié-obligations, les actions baissent de 25 %, les obligations montent de 25 %, ce qui limite les dégâts.

      A la question si jamais la Fed remonte ses taux que je lui avais posée, il m’a répondu 2 scénarios possible :

      – Les taux d’emprunts remontent, opinion majoritaire
      – Les taux baissent dû aux pressions déflationnistes importées, qu’il appelle « aplatissement de la courbe des taux », opinion sienne et minoritaire.

      Si les taux baissent, la valeur des obligations montent et c’est pour ça qu’ils recommandaient des T-bonds à maturité 10 et 30 ans.

      Si cela peut vous aider.

    • Gilles

      27 octobre 2015

      Oui, merci bcp pour cette réponse qui m’aide à y voir plus clair.

  • Aljosha

    20 octobre 2015

    La Russie pour protection en cas de hausse du pétrole.
    Est-ce que c’est un raisonnement en terme de risque pays et d’investissement obligataire ?
    C’est un peu trop technique pour moi, le marché action me semble plus simple. Ainsi, dans la perspective du hausse du pétrole, il me semble que les para-pétrolières françaises qui ont beaucoup baissé offriraient une bonne opportunité de rebond.
    Là, JJ Netter citerait en gras deux ou trois belles sociétés …
    J’ai croisé des personnes remarquables travaillant dans ce secteur, des ingénieurs brillants dotés d’une solide formation et d’une super mentalité. J’aimerais croire que cela rejaillisse dans les bilans comptables.

    Répondre
  • Aljosha

    19 octobre 2015

    L’Afrique est hors écran radar …
    Les Springboks ont pourtant la double nature de bourrin et de gazelle, selon leur terrain de jeu.

    Mais je crains que la corruption et l’exploitation de toute sorte ruinent hélas les opportunités d’investissement sur les différents marchés du continent.

    Répondre
    • nolife

      19 octobre 2015

      Surtout si les matières premières sont au plus bas.

  • riz

    19 octobre 2015

    Ce n’est pas la vision que j’ai de ce qui doit se passer en France d’ici mai 2017 .
    La vie économique est rythmée par les cycles, cycle du crédit , cycle psychologique , cycle présidentiel (en fonction des élections pilotage par les banques centrales) , cycle des marchés … or pour moi justement ces cycles sont en notre faveur jusqu’en mai 2017 .
    La bce a desserré le cycle du crédit (en phase avec le cycle présidentiel) en début d’année et cela marche le marché tient , le crédit repart , l’investissement va repartir l’année prochaine , les taux se détendent , le moral des entrepreneurs revient peu à peu .Une politique d’offre se met en place et va accélérer en 2016-2017 , les banques se voient desserrer les étreintes aboutissant à un crédit crunch , « l’inflation  » va repartir en 2016 car la baisse du pétrole est arrivée à son terme nous sommes sur un prix d’équilibre .Le cycle économique doit se terminer en apothéose sur au moins 1.5% de croissance en France sur les 2 dernières années (disons 1.5%) .Elles sont où nos années de pic de croissance sachant que 2010-2011 étaient des aberrations de rebond babsonnien par rapport à une violente tempête économique (crise cardiaque éco, blocage du crédit , déstockage violent….) .Depuis 2009 il est où le cycle éco , elle est où la reprise , c’est inimaginable en vertu des théories du cycle éco de ne pas avoir 1.5% de croissance en 2016 et 2017 en France mais après plouf second semestre 2017 du fait de l’inertie . au niveau des cycles boursiers ça colle aussi avec 2017 comme pic de cycle et non pas comme bottom .
    La hausse des taux ça fait depuis 2011 qu’elle est anticipée aux us , donc elle est déjà dans les cours en ce qui concerne les pays émergents comme la Turquie , le Brésil , la Russie , l’Indonésie … et justement on devrait avoir de bonnes nouvelles sur ce front en 2016.
    Quant à l’Iran puisque qu’ils ne produisent pas grand chose ils vont importer pas mal de services et biens du monde industrialisé et ils sont solvables avec leurs matières premières .
    Cuba bien qu’anecdotique revient dans la course ce n’est pas non plus un petit pays en terme d’habitants il y aura des flux d’investissements .
    La Chine va lancer un plan de relance , on s’y attend bien que moins violent qu’en 2008 .
    C’est un fait l’Europe est en reprise pour preuve le marché automobile qui prend 10% dans l’eurozone sans aides gouvernementales , l’Espagne , l’Italie , la GB , l’Allemagne avec les migrants tous ces pays repartent , les politiques d’austérité s’estompent peu à peu …. les 2 prochaines années sont plutôt des années de reprise que de cata , on sera plus près de 6000 points sur le cac que de 3500 en mai 2017 .On a l’impression que vous êtes le porte-voix d’Eric Galliègue du cercle des économistes qui lui est en plein délirium tremens sur les 3500 en mai 2017 .Ces gens se trompent il faut être factuel : la reprise bien que modeste est bien enclenchée en France .

    Répondre
    • idlibertes

      20 octobre 2015

      Mais bien sur; la reprise est en marche en France et la courbe du chômage s’inverse.
      La différence avec Charles Gave est que des gens des plus importantes banques, fonds de pension etc, payent très cher pour cet avis , et reviennent (preuve qu’ils sont plutôt satisfait).
      Mais ce que je vous propose, vous faîtes comme Olivier Delamarche, vous ouvrez un fond avec toutes vos bonnes idées et on en reparle dans deux ans?
      Voila,

    • Flam68

      20 octobre 2015

      Je pense que les banques centrales Européennes vont faire en sorte de sortir un rendement des différents indices boursiers positifs fin 2015 pour le plaisir des banques et courtiers face aux placements monétaires pour avoisiner peut être sur un CAC à hauteur de 5 000 points.

      Par contre, il sera très difficile en 2016 d’obtenir des rendements supérieurs à la croissance et que la politique de la trappe à liquidité à ces limites (confère wikipédia pour la définition).

      Personnellement, je pense que nous entrons dans une récession mondiale (hors Asie pour l’instant, et que sauf bouleversement majeur géopolitique, rien ne pourra l’endiguer et que la guerre des devises va s’emplifier.

      Certains secteurs seront toutefois préservés comme l’energie, l’eau, les équipementiers militaires, etc ….

      Charge à nous d’anticiper l’avenir au mieux.
      Et si je me trompe alors tant mieux pour tout le monde.

  • nolife

    19 octobre 2015

    Au fait,

    Vous êtes un monétariste et maniez donc assez bien l’analyse monétaire (taux, masse monétaire …)

    Mais il n’est de richesses que d’hommes et si ceux-ci deviennent de moins en moins nombreux, forcément le pays devient de moins en moins riche.

    http://www.agefi.fr/agefitv/video-les-pressions-deflationnistes-ne-peuvent-que-persister-859.html

    Ce jeune économiste talentueux en a d’ailleurs fait son dada, la grille de lecture démographique selon lui expliqueraient autant que les banques centrales les raisons de la baisse de la croissance structurelle dans les pays occidentaux.

    Car dans votre ouvrage « Des lions menés par des ânes », vous expliquez que le taux de croissance français qui baisse par palier n’est pas une fatalité, hors cela semble être le cas dans tous les pays occidentaux.

    Répondre
    • idlibertes

      20 octobre 2015

      Ce n’est pas une question de volume dans cette citation mais de valeur. Si vous partez d’une analyse shcumpeterienne même humainement, vous ne pouvez parler en volume mais en qualité des hommes. De fait si votre analyse était juste, l’Afrique nous surpasserait tous.

    • nolife

      20 octobre 2015

      Prenons la tautologie :

      Quantité x Qualité = Total

      A qualité de main d’oeuvre équivalent, si vous avez une baisse d’un 1 % de la population active, il faut compenser par plus d’1% de productivité juste pour tenir.

      Le PIB/hab, même si le PIB n’est pas le meilleur indice, japonais a augmenté dans la décennie 90 :

      http://www.les-crises.fr/images/0620-pib/0650-pib-japon/02-pib-par-habitant-japon-constant.jpg

      Alors que son PIB flotte :

      http://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2012/07/pib-japon-nominal1.jpg

      D’ailleurs ce matin sur BFM Business, Jean-Marc Daniel a fait sa chronique sur les rapatriés de la guerre d’Algérie et sur les réfugiés allemands d’après-guerre. Les pieds-noir ont fait passé la croissance du PIB de 5 à 6 % par an sans que cela n’affecte le PIB/hab ou le chômage, juste l’inflation.
      Au fait, si la population baisse active baisse d’1% an et qu’on a 1% de productivité et que cela nous fait une croissance du PIB de 0, PIB stagnant. Selon le principe de Wicksell il faut mettre les taux à 0 ?

      Pour l’Afrique, la qualité de main d’oeuvre, productivité … est plus proche de zéro que de celle de la France, donc peu importe le nombre, d’ailleurs comme c’est une économie malthusienne, principalement agriculture et matières premières, l’hypercroissance démographique entraîne une baisse du PIB/hab.

      Cas d’école, l’ex-Congo belge :

      http://4.bp.blogspot.com/-DOg35_L49-U/ThoF84gv2pI/AAAAAAAAAAo/zfakvburgfY/s1600/GDP+per+capita.png

      « It is worth noting that despites this relative improvement, the GDP per capita (adjusted for inflation) remains one of the lowest in the world at USD 97 per inhabitant!!! More than 3 times lower than the figure of 1960!!! This can be explained by the fact that the population has grown at a far higher rate than the GDP.  »

      http://drceconomy.blogspot.be/2011_07_01_archive.html

      « A partir d’un certain nombre, la quantité devient une qualité »

      F. Engels

      « La démographie fait l’Histoire »

      Eric Zemmour

    • idlibertes

      20 octobre 2015

      Non, la démographie ne fait pas l’Histoire. Notre coup d’accélérateur est venu d’un double ratio démographie haute (baisse de la mortalité) + éducation des masses
      A partir de là, des explosions schumpeterienne peut avoir lieu car les individus ont suffisamment d’éducation pour formuler des idées ce qu’une construction agricole ne vous permet pas de générer.
      Vous pouvez multiplier les aires de sable , rien n’y poussera.
      La muliplicité ne fait pas la richesse du terreau . Pour pousser, vous devez avoir un sol fertile et de l’eau (la liberté de faire).

    • nolife

      20 octobre 2015

      C’est bien pour ça que j’ai écrit quantité x qualité tout au début.

      Pour la phrase de Zemmour, même si elle occulte le progrès technique, elle permet d’expliquer pas mal de phénomènes comme les migrations vers l’Amérique, les 2 guerres mondiales et le hard landing de la croissance japonaise hier et peut-être chinois aujourd’hui ainsi qu’occidental et sans demain le déferlement africain sur l’Europe, le Nigeria s’attend à avoir 400 millions d’habitants en 2050 pour un pays qui ne vit que de rente pétrolière, je vous laisse deviner où ils vont vouloir fuir.

      J’ai découvert une fable de la fontaine :

      La lice et sa compagne :

      La Lice et sa Compagne

      Une Lice étant sur son terme,
      Et ne sachant ou mettre un fardeau si pressant,
      Fait si bien qu’à la fin sa Compagne consent
      De lui prêter sa hutte, où la Lice s’enferme.
      Au bout de quelque temps sa Compagne revient.
      La Lice lui demande encore une quinzaine ;
      Ses petits ne marchaient, disait-elle, qu’à peine.
      Pour faire court, elle l’obtient.
      Ce second terme échu, l’autre lui redemande
      Sa maison, sa chambre, son lit.
      La Lice cette fois montre les dents, et dit :
      « Je suis prête à sortir avec toute ma bande,
      Si vous pouvez nous mettre hors.  »
      Ses enfants étaient déjà forts.
      Ce qu’on donne aux méchants, toujours on le regrette.
      Pour tirer d’eux ce qu’on leur prête,
      Il faut que l’on en vienne aux coups ;
      Il faut plaider, il faut combattre.
      Laissez-leur prendre un pied chez vous,
      Ils en auront bientôt pris quatre.

      http://ekladata.com/PrXs3Oq4MUlc89SLkgderld8Onk.jpg

      2 facteurs : démographie, technologie.

      Je constate que le facteur démographie décroît tandis que le facteur technologique stagne (voir bouquin Croissance Zérod e Patrick Artus) donc on a peut-être déjà la justification de notre Bear market ?

      La croissance a-t-elle été partout et toujours un phénomène monétaire ou technologique ?

      Je ne comprends votre négation de la démographie, vieillissement et décroissance dans la dynamique actuelle.

      A 60 ans, on dépense plus comme avant, on épargne pour ses vieux jours et on bosse moins voire plus à partir de cet âge.

      Sachez que par exemple le PIB/hab de la France décroît et je parle même pas du PIB privé mais à cause de sa démographie, on reste au-dessus de 0.

      Ah oui, une autre raison pour la baisse des marchés, quand inonde la baignoire de liquide, le petit canard jaune monte et quand on menace les marchés de retirer les liquidités, il est tout à fait normal de vendre ses actions pour pas se retrouver nu à marée basse.

      Au fait, Xi Jingping est accueilli en grande pompe à Londres, apparemment, il veut ouvrir un marché obligataire en Yuan.

      Il paraît qu’en Chine, on achète le lait en poudre pour bébé à l’étranger, qu’on envoie ses gamins étudier à l’étranger, qu’on met ses capitaux à l’étranger … les Chinois eux-mêmes n’ont pas confiance dans leurs institutions corrompues et dans leurs pays et population.

      Pourquoi devrions-nous acheter leurs bonds obligataires ?

      Leur réserves de changes ont chuté de 10 % en un an, ils ont des bulles gigantesques à la Bourse et immobilière …

      Une totale opacité sur les chiffres réels, la croissance n’est tombée que de 7 % à 6.9%.

      « Ce qui a été construit sans le temps sera détruit par le temps »

      Proverbe chinois

      Maintenez-vous toujours votre jugement sur la Chine, pays d’avenir (pour longtemps ?).

      Et je me demande comment ils vont faire pour fermer ce marché si ça baisse trop ?

  • nolife

    19 octobre 2015

    Bonjour,

    « Et là, je voudrais faire une comparaison entre la bourse et un sport, le football Américain, une sorte de Rugby local. Quand une équipe a la balle, elle fait rentrer sur le terrain son équipe « offensive » où les vedettes sont des gazelles, chargées de marquer des points. Quand cette équipe n’a plus la balle, l’entraineur fait rentrer l’équipe défensive, composée de gros plaqueurs un peu bourrins, le but étant de perdre le moins de points possibles »

    Au Rugby, cela s’appelle … France-Nouvelle-Zélande

    Caricature à l’extrême de l’antagonisme Français-Anglo-Saxons, de la France des tranchées, de la ligne Maginot, celle qui ne veut pas et ne sait plus bouger et prendre de risques face à une équipe dynamique, jeune, intelligente et risk-friendly.

    A part ça, c’est bien de voir un article sur les bears markets parce que d’habitude vous êtes très optimiste.

    Ceci dit j’ai un léger bémol avec votre « bearmomètre », les banques centrales ne laisseront jamais votre « température » baisser à -20° de votre « bearature » et mettrons sans doute en place un QE4 pour éviter ce fameux bust déflationniste quitte à l’aggraver, vos outils d’analyse sont calibrés pour une pression monétaire « atmosphérique » normale si je puis dire, hors nous sommes inondés de liquidités, des assureurs et banques dont le métier consistait à acheter des obligations d’Etat ne peuvent plus s’y coller vu la baisse du rendement de ceux-ci et se retrouvent comme des intrus sur les marchés actions par défaut faussant encore un peu plus les cours …

    Parlons des fondamentaux :

    La population blanche occidentale vieillit, les jeunes sont au chômage ou dans la précarité pour beaucoup d’entre eux, comment une société peut-elle être fonctionnelle avec une proportion de d’inactifs croissant et dont les dépenses baisseront et les taux d’épargne augmenteront ?

    Une population qui vieillit est une population plus sage, moins averse au risque et moins énergique.

    http://www.businessbourse.com/wp-content/uploads/2015/08/entreprises-cr%C3%A9ation-liquidation.jpg

    Le Japon nous l’a démontré depuis 20 ans.

    Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, d’accord, ensuite l’arbre vit et donne de beaux fruits puis il vieillit et devient de moins en moins productif et sa valeur baisse structurellement et pas à cause de la météo.

    Sans un rebond démographique ou révolution technologique majeure, comment ces économies peuvent-elles rebondir ? Ce n’est pas les immigrés syriens, irakiens, afghans et autres qui vont faire redémarrer l’économie.

    Autre impact du vieillissement, Mme Merkel par exemple a été élue par des retraités, pareil dans beaucoup de démocraties, hors jamais ces politiciens ne tenteront le moindre risque et donc n’accepteront la récession correctrice.

    Empêcher une correction brutale via sa banque centrale nous amène correction lente et durable :

    http://easybinaryoption.com/wp-content/uploads/2012/10/Nikkei-225.gif

    Mais la BoJ achète des actions pour les faire remonter, c’est peut-être ce qui arrivera chez nous.

    Répondre
  • Homo-Orcus

    19 octobre 2015

    C’est rassurant de pouvoir attendre les basses-eaux en toute sérénité.

    Répondre
    • nolife

      19 octobre 2015

      1985 : accords de Plaza, le Nikkei passera de 10 000 à 40 000 pts au summum de la bulle et mettra une quinzaine d’années pour descendre à son niveau d’avant-bulle alternant entretemps croissance anémique et récession couplé à un vieillissement inédit de la population.

      Nous nous avons croissance anémique et le marché ne corrige toujours pas à cause des banquiers centraux.

      Encéphalogramme plat avec des temps en temps des décharges électriques de la part de la banque centrale.

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