7 janvier, 2015

Tamis culturel de 2014: ce que vous ne devriez pas laisser passer

Ruptures, Frictions, Évolutions : régulièrement, Jean Jacques Netter, Vice Président de l’Institut des Libertés, publie les notes de son cahier concernant les ruptures économiques, les frictions géopolitiques et les évolutions idéologiques de notre société. Cela peut permettre, essentiellement à partir de livres qui ne s’inscrivent pas forcément dans le court terme ou le politiquement correct, de regarder la réalité telle qu’elle est aujourd’hui ou de faire apparaître de nouveaux angles d’évolution…

Points de ruptures économiques :

le « changement » se produira en France, grâce aux entreprises dans un univers de concurrence et de réindustrialisation…

Changement : dans son dernier livre « Pourquoi pas nous », Xavier Fontanet l’ex patron d’Essilor passionné de pédagogie économique, explique que les changements démarrent véritablement quand se dessine l’idée que cela ne peut plus durer. C’est ce qui est arrivé en Allemagne, au Canada, en Nouvelle Zélande qui sont trois exemples de réformes réussies. Pour le moment, dit il, l’Etat français est peu comme un jockey obèse qui sermonne son cheval de ne pas aller assez vite…. Lib-réalisme : pour Robin Rivaton économiste, membre de Fondapol, Think Tank libéral, progressiste et européen, dans son livre « La France est prête », les français ne cèdent pas au pessimisme. Ils aiment entreprendre et prendre des risques. Nous allons selon lui assister à l’émergence d’un libéralisme pragmatique, réaliste, réaffirmant sa foi dans le progrès et la science en tant que seule alternative pour sortir la France de l’ornière…. Entreprise : pour Pierre Gattaz , président du Medef, l’entreprise détient 80% des solutions aux maux qui rongent notre pays. Dans son dernier livre « Français bougeons nous » il propose de gérer la France comme une entreprise et déplore l’absence de vision de ceux qui nous gouvernent…Léonidas Kalogeropoulos, vice président du mouvement Ethic, rappelle dans son dernier essai « Liberté, égalité, fraternité et esprit d’entreprise » que la liberté d’entreprise a toujours surmonté dans l’histoire tous les archaïsmes. On assiste selon lui, régulièrement à des soubresauts qui disloquent les baronnies d’hier, jusqu’à ce qu’une nouvelle caste vienne préempter les leviers sociaux, économiques et politiques…. Régis Debray dans « Erreur de calcul » n’est évidemment pas du tout d’accord avec eux. On assiste selon lui, à la subversion du politique par l’économique avec « des patrons qui deviennent les domestiques dorés sur tranche des actionnaires » ! Pire encore, écrit il, on assiste à une greffe du protestantisme américain sur l’ADN culturel français ! Consternant …. La concurrence contre la rente : Jean Marc Daniel, professeur d’économie à l’ESCP Europe, dénonce tous les conservatismes dans son livre « L’Etat de connivence. En finir avec les rentes ». Il y a selon lui, une véritable connivence entre un patronat protectionniste et un état interventionniste. Les pro-concurrence se recrutent chez les marginaux et les jeunes en particuliers, c’est à dire tous ceux qui ont l’impression que le système ne leur donne pas leur chance. Il propose de pulvériser les systèmes d’aide au chômage pour créer un nouveau marché du travail où les salaires ne sont pas encadrés et artificiellement soutenus comme avec le smic… Réindustrialiser : la France a perdu 40% de son emploi industriel depuis trente ans et 40% de ses parts de marché à l’export. C’est ce qui incite Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, dans son dernier livre « Le décrochage industriel » que réindustrialiser la France est indispensable pour rééquilibrer sa balance commerciale. On est heureusement bien loin des sociétés sans usines prônées par Serge Tchuruk ex patron d’Alcatel … Economie du bonheur : Claudia Senik est une spécialiste de l’économie comportementale. Dans son dernier livre « L’économie du bonheur », elle estime qu’être français réduit de 20% la probabilité de se déclarer très heureux. Le français aime se complaire dans la nostalgie d’un passé glorieux, d’une influence économique perdue dans un monde globalisé … Endettement : l’histoire montre bien que si l’endettement peut entraîner des effets positifs à la marge, il se solde la plupart du temps par une mise sous dépendance économique du débiteur. Cette constatation de simple bon sens est rappelée par Thomas Flichy de la Neuville et Olivier Hanne dans leur dernier livre « L’endettement ou le crépuscule des peuples »Euro : Hans-Werner Sinn, le plus connu des économistes allemands, pense que l’Euro court à sa perte. Dans son livre «The Euro Trap.On burstling bubbles, budgets and beliefs » le président de l’Institut IFO part en guerre contre l’aveuglement de Bruxelles et le laxisme de plusieurs pays membres dont la France….Catastrophes : Il faut arrêter de parler de crise. C’est la nature même du système économique dans lequel on vit. Dans son livre « La traversée des catastrophes » Pierre Zaoui, spécialiste du libéralisme, estime que les crises économiques pourraient être anticipées…
Points de frictions géopolitiques :

le lepénisme peut devenir l’ultime stade du chiraco-hollandisme…

 

 

Corrèze : dans son dernier livre « Chirac-Hollande. Une histoire corrézienne », Denis Tillinac décrit le Hollandisme comme le stade ultime du Chiraquisme. Un président ne peut pas grand chose. La moindre initiative iconoclaste pourrait tout faire exploser. A ce titre la Corrèze est le laboratoire de cette approche homéopathique de l’art de gouverner. Le résultat étant que Chirac a déçu sa droite et Hollande sa gauche. Il s’empresse d’ajouter que les institutions de la Vème République accordent au président des moyens de survie et de résurrection. Attention toutefois que le lepénisme ne devienne pas le stade suprême du hollandisme …Pour Nicolas Dupont-Aignan auteur de « Le printemps français ou comment les petits vont libérer la France », ceux qui accompagnent le déclin d’un peuple dans la médiocrité sont responsables d’ un triste projet politique… Algérie : l’écrivain algérien Boualem Sansal explique qu’il faut tourner les pages de la fausse histoire entre la France et l’Algérie. Auteur de « Gouverner au nom d’Allah. Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe » il s’interroge sur la montée irrésistible de l’islamisme. Selon lui, les dignitaires du FLN et du gouvernement verraient bien la scène d’une délégation de ministres et de parlementaires français débarquant à Alger en sabots et chemises de nuit, enchaînés l’un à l’autre par les pieds et allant, sous les huées de la foule, au palais du Raïs lui remettre la déclaration annuelle de repentance…Israël : la démocratie israélienne ne craint pas de recourir à la guerre. Contrairement aux pays culpabilisés par leurs minorités militantes qui reculent devant les intimidations du totalitarisme islamiste importé dans les soutes de l’immigration, Israël , petit pays assiégé, se bat pour préserver son identité retrouvée. Pour cela il faut oser dire non. C’est pourquoi Michaël Barzvi dans « Israël et la France. L’alliance égarée » appelle au courage une France où la bien-pensance impose l’indifférence….Europe : Valéry Giscard d’Estaing refuse le déclin de l’Europe. Dans son livre préfacé par Helmut Schmidt,   « Europa. La dernière chance de l’Europe » propose de créer une « Europa » à côté de l’Europe à 28, qui rassemble un groupe de pays en nombre restreint autour d’un vrai projet politique. Son plan qui vise à retrouver le fil du projet européen initial permettrait selon lui de faire de l’Europe une vraie grande puissance…. Russie : le dernier film d’Andreï Zviaguintsev, « Leviathan » fait une description d’un système de pouvoir qui a hérité du communisme l’idée que l’homme est une simple variable d’ajustement. L’individu est broyé par le système, le dévoiement de la politique, la corruption et surtout la religion qui est en totale collusion avec le politique…Saint-Empire romain germanique : Est ce que l’Union Européenne constitue un retour au Saint-Empire romain germanique, vaste ensemble qui au Moyen Age avait pour centre l’Allemagne autour de laquelle étaient groupés des territoires italiens, francophones, flamands et slaves ? Le roi d’Allemagne se prétendait en effet le chef séculier de l’Europe Occidentale. Pour Jean Louis Harouel auteur de « Revenir à la nation », il est injuste d’accuser l les allemands. Ils ne voulaient pas d’intégration monétaire avant d’avoir réalisé l’harmonisation économique et budgétaire. Ce sont les dirigeants français de l’époque (François Mitterrand) qui ont insisté….
Points d’évolution idéologiques :l’ Etat impuissant, souvent voyou, est saboté par ses élites … Impuissance de l’Etat : Michel Maffesoli, professeur de sociologie à la Sorbonne dans son livre « L’ordre des choses » estime que plus l’Etat est impuissant, plus le pouvoir politique perd de sa légitimité. A ce moment là, dit il le risque de sécession du peuple est réel …. Etat Voyou : Caroline Brun et Marie Christine Tabet montrent bien dans leur dernier livre « L’Etat voyou » que la démocratie représentative est pervertie. L’Etat piétine trop souvent les citoyens qu’il doit servir. La puissance publique rackette les contribuables, traite mal ses fournisseurs et piétine la loi …. Saboteurs : Eric Le Boucher, éditorialiste des Echos, dans « Les saboteurs. Quand les politiques bloquent une France qui veut avancer ». La France est prête aux réformes par résignation, pas par élan. Le problème selon lui c’est que dans une ère schumpétérienne ceux qui réussissent sont ceux qui y vont avec élan pas avec résignation… Assimilation : les élites françaises ont renoncé à l’assimilation qui a toujours constitué le modèle français. Dans son livre « Assimilation. La fin du modèle français », Michèle Tribalat directrice de recherche à l’Institut National d’Etudes Démographiques, fait ce constat inquiétant. On ne peut sans cesse vanter la diversité, dit elle, sans exiger que les 200 000 étrangers qui rejoignent chaque année la France s’adaptent à notre mode de vie…Etranger : Kamel Daoud, auteur de « Meursault, contre enquête » pointe l’étrange parenté entre le salafiste et le tenant de la souche nationale. Pour lui, le salafiste comme le militant d’extrême droite rêvent d’instaurer un temps fantasmé et une pureté qu’ils disent altérée par l’Autre, l’étranger, le différent …Populisme : Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’Innovation Politique, dans « Les nouveaux populismes » explique que la droitisation de la société masque une vision libérale. Il n’y a plus selon lui qu’une droite de gouvernement, mais sans doctrine et une droite populiste, étatiste, sociale et anti européenne ….. La gauche révolutionnaire vermoulue : les attaques de la gauche radicale contre Marcel Gauchet auteur du « Désenchantement du monde » visent frontalement Emmanuel Valls à Matignon. Le peuple de gauche est déjà passé au Front National, signe de la décomposition lente d’une gauche nostalgique et d’une révolution qui ne viendra pas. Tout cela permet aux idées politiques vermoulues de prospérer…. La Gauche et le Peuple : l’alliance historique entre la gauche et le peuple est en train de se défaire sous nos yeux expliquent Jacques Julliard, théoricien de « la deuxième gauche », celle de Michel Rocard et de la CFDT et Jean Claude Michéa ex communiste dont l’anti libéralisme séduit autant la droite de la droite que la gauche de la gauche. Il s’accordent sur le fait que le peuple laissé libre dans ses aspirations n’est pas de gauche…. La France périphérique : la thèse de Christophe Guilluy, géographe,   dans son livre « La France périphérique » est que l’on a sacrifié les classes moyennes. Selon lui la Gauche s’est trop focalisé sur les problèmes sociaux des banlieues et a oublié le gros des classes populaires qui sont des   « petits blancs » français d’origine ou d’immigration ancienne…Parti Socialiste : Pour Rémi Lefebvre auteur du livre « Les primaires socialistes, la fin du parti militant », la crise qui secoue actuellement le PS augure d’un Congrès difficile pour Emmanuel Valls. Pour le professeur de Sciences Politiques à l’Université de Lille, le Parti Socialiste va terminer en charpie….
Points d’évolution technologique : la gratuité, l’intellligence artificielle et la démocratie au centre des préoccupations des geeks… Gratuité : Jaron Lanier, pionnier de la réalité virtuelle, pense dans son livre « Internet : qui possède notre futur ? », que le tout-gratuit sur internet qui alimente les bases de données géantes étrangle la classe moyenne et ruine l’économie de marché pour concentrer pouvoir et argent autour de quelques uns… Intelligence artificielle : pour Kevin Kelly, co-fondateur de « Wired », célèbre magazine de high tech américain, l’économie numérique va remodeler le capitalisme. Cela prendra au moins une génération pour éduquer la société et déterminer la manière dont elle veut s’observer. Selon lui, la solution c’est la « coveillance », surveiller ceux qui vous surveillent et les obliger à être plus transparents… Citoyens : dans son livre « Pour tout résoudre, cliquez ici » Evgeny Morozov éditorialiste qui publie des tribunes au vitriol sur les utopies de la Silicon Valley, pense que c’est un leurre de tout attendre du numérique. Les citoyens abandonnent les luttes collectives pour des projets individualistes, en comptant sur des gadgets pour se conformer à la norme sociale…. Innovation : Walter Isaacson était en train de rédiger « The innovators : how a group of hackers geniuses and geeks created the digital revolution » quand Steve Jobs le créateur d’Apple est mort. Son livre montre bien tout ce que le patron d’Apple doit aux pionniers de l’internet…

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

5 Commentaires

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  • Nicolas

    9 janvier 2015

    Hum, ce n’est pas de cette année,  » Une révolution sous nos yeux » ?

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  • Libre

    8 janvier 2015

    Il faut pas mélanger tous ces partis :
    1.Certains notament dans les pays de l’est (Joppik Hongrois ou anciennement PRM Roumain) sont ouvertement fachistes et antisémites.
    2.Le FN : démagogue anti libéral socialiste-national mais pas fachiste ou antisémite.Devient de plus en plus un parti attrape-tout malgré les dérapages réguliers de Mme le Pen ( voir ses propos sur la torture aux USA).
    3.FPO : souvrainiste conservateur
    4.Beppe grillo et autres attrapes tous…

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  • Homo-Orcus

    7 janvier 2015

    Vous avez le don de la synthèse… Bravo et merci

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  • BA

    7 janvier 2015

    La montée aux extrêmes.

    L’évènement le plus important de l’année 2014 : la montée aux extrêmes.

    Samedi 27 décembre 2014 :

    Quels sont les événements et les personnalités politiques qui ont marqué les Français en 2014 ?

    Réponses dans notre sondage exclusif Odoxa pour «le Parisien»-«Aujourd’hui en France» et iTélé à paraître ce samedi.

    L’événement politique de l’année 2014 : le Front national en tête lors des élections européennes.

    C’est d’abord, sans conteste, «le score canon de 25% réalisé par le parti de Marine Le Pen aux élections européennes qui a marqué les esprits», relève Céline Bracq, directrice d’Odoxa. C’est l’événement marquant de l’année pour 51% des Français. 

    «Le FN premier parti de France est ainsi cité en priorité par les sympathisants de gauche (45%) et encore plus par ceux de droite (57%)». Loin devant la réforme territoriale avec une France qui passe à 13 régions (31% des personnes interrogées).

    http://www.leparisien.fr/politique/sondage-le-pen-thevenoud-macron-et-sarkozy-ont-marque-2014-26-12-2014-4401961.php

    Elections européennes du 25 mai 2014 :

    Les pays où les extrêmes arrivent en tête :
    1- La France : Front National = 24,86 %
    2- Le Royaume-Uni : UKIP = 26,60 %
    3- Le Danemark : Parti Populaire Danois = 26,60 %
    4- La Grèce : l’extrême-gauche Syriza = 26,58 % (pour info : les néonazis d’Aube Dorée = 9,40 %)

    Les pays où les extrêmes font une percée :
    1- L’Italie : Mouvement 5 Etoiles = 21,15 %
    2- L’Autriche : FPO = 19,70 %
    3- La Belgique : NVA = 16,35 %
    4- La Hongrie : Jobbik = 14,68 %
    5- La Finlande : « Les Vrais Finlandais » = 12,90 %
    6- La Suède : Sverige Demokraterna = 9,70 %
    7- L’Espagne : l’extrême-gauche Podemos = 7,97 %
    8- La Pologne : KNP = 7,06 %
    9- L’Allemagne : le nouveau parti anti-euro AFD = 7 %

    Les pays où les extrêmes sont en baisse :
    1- Les Pays-Bas : PVV = 13,20 % (aux élections européennes de 2009, le PVV avait eu 16,9 %)
    2- La Roumanie : PRM = 2,70 % (aux élections européennes de 2009, le PRM avait eu 8,6 %)

    A propos de la France :

    Le FN obtient ses meilleurs scores chez les jeunes et les ouvriers.

    lemonde.fr/politique/article/2014/05/25/le-fn-obtient-ses-meilleurs-scores-chez-les-jeunes-et-les-ouvriers_4425625_823448.html

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    • Gerldam

      8 janvier 2015

      Il y a cependant une différence énorme entre l’UKIP et le FN. Le premier est nationaliste, anti-europe telle qu’elle est mais pour une europe des nations et plutôt libéral sur le plan économique. Alors que le FN est nationaliste, anti-europe et archi-socialiste, étatiste en diable et totalement anti-libéral.
      Je pourrais voter UKIP, faute de mieux, mais jamais FN.

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