12 novembre, 2019

Salauds de pauvres

 

 

Salauds de pauvres

 

Les propos tenus par Julie Graziani étant devenus « l’affaire Julie Graziani », avec insultes, invectives et lynchage médiatique, tout débat sur ce qu’elle a dit, et sur ce qu’elle aurait pu dire, a été impossible. Ce ne sont pourtant pas les sujets qui manquaient. Tour d’horizon loin, très loin d’être exhaustif.

 

[En préambule, je tiens à préciser que si je collabore au mensuel l’Incorrect, je ne connais pas Julie Graziani. Je ne l’ai croisée qu’une fois, dans une soirée parisienne, et nous n’avons eu que le temps de nous saluer. J’ajoute que je vis en province, dans cette France que l’on appelle maintenant « périphérique », ce que je tiens pour une insulte ; je m’en expliquerai dans une prochaine chronique.]

 

Ces choses étant dites, afin qu’on ne vienne pas me reprocher de n’avoir pas mentionné « d’où je parle », venons-en aux faits. Le 4 novembre, comme chacun sait à l’heure où ce texte est écrit, Julie Graziani, ès-qualités d’éditorialiste à l’Incorrect, est sur LCI. David Pujadas diffuse les images d’un échange entre Emmanuel Macron et une femme qui s’est déroulé à Rouen. « Ça va ? », lui demande le chef de l’Etat. « Non. » « Dites-moi » Elle ne s’en prive pas : « Je trouve que les aides ne sont pas terribles quand on est toute seule avec deux enfants en fait. Seule avec deux enfants au Smic, je ne vois pas trop comment on peut s’en sortir. »

Retour sur le plateau et réaction de Julie Graziani : « Je comprends très bien qu’elle ne s’en sorte pas, c’est sûr qu’elle ne s’en sort pas à ce niveau-là (sic). […] Qu’est-ce qu’elle a fait pour se retrouver au Smic ? Est-ce qu’elle a bien travaillé à l’école ? Est-ce qu’elle a suivi des études ? Et puis si on est au Smic, faut peut-être pas divorcer non plus dans ces cas-là. […] A un moment donné, si on se rajoute des difficultés sur des difficultés, et des boulets sur des boulets, on se retrouve dans des problèmes. […] A un moment donné, il faut prendre sa vie en main, il faut arrêter de se plaindre et il faut arrêter d’empiler les difficultés. »

Dans les heures qui suivent, c’est le tollé (en partie justifié) et le lynchage (qui, lui, ne l’est jamais), avec force insultes sur les réseaux sociaux. Face à cela, Julie Graziani tente de se justifier sur Twitter, le mode le moins approprié pour le faire, et comme toujours dans ces cas-là, elle aggrave son cas : « Je mets les points sur les i. Chacun est responsable de ses parcours de vie. Tu as fait le mauvais choix de boulot, tu as fait le mauvais choix de mec, tu assumes. Ce n’est pas à l’Etat d’arranger tes problèmes. » Un tweet accompagné du hashtag #GiletsJaunes.

Après un tel empilement de maladresses, elle peut bien écrire ce qu’elle veut, elle n’a plus aucune chance d’être entendue. La quasi-totalité des médias hurle à l’indignité, Le Gorafi va même lui consacrer deux articles, dont l’un est fort drôle (« Une inconsciente divorce alors qu’elle ne gagne que le Smic »), son sort est scellé. Le 7 novembre, constatant son incapacité à prendre conscience du « caractère scandaleux » de « ses paroles […] répugnantes à l’endroit d’une mère de famille pauvre », Jacques de Guillebon, directeur de la rédaction de l’Incorrect, signifie que « la rédaction […] a décidé que Julie Graziani ne pouvait plus la représenter, à la télévision ni ailleurs, sur les réseaux sociaux ou dans quelques médias ».

Fin du film, dont la morale pourrait être puisée chez Pierre Dac (« Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant ») ? Hélas pas, puisque, le lendemain, elle s’en va faire contrition devant  un Jean-Luc Morandini empathique, sur CNews, dans un numéro dont on n’ose imaginer qu’il a été répété devant le miroir. Il en ressort qu’elle n’aurait pas dû dire ce qu’elle pensait et qu’elle aurait dû encore moins collaborer à un journal dont on l’avait pourtant prévenue qu’il était trop à droite pour elle sur le mode : « T’as déjà l’étiquette catho, Manif pour tous, vas-y en rajoute pas, quoi, c’est pas bon pour toi » (sic).

 

Et si l’Etat était plutôt à l’origine des problèmes ?

 

En quatre jours, Julie Graziani n’aura trouvé que le moyen de préserver ses petits quarts d’heure de gloire médiatique, pas de réfléchir sérieusement aux thèmes qu’elle avait soulevés. C’est dommage car, pour elle qui dit admirer Margaret Thatcher et Ronald Reagan, il y avait matière à explorer des pistes de réflexion. Y compris dans la très sotte remarque : « Est-ce qu’elle a bien travaillé à l’école ? », qui laisse penser que quiconque a raté son CP, son CM1, son CM2, voire l’ensemble de scolarité, a raté sa vie et ne peut s’en prendre qu’à lui-même : 1. d’être payé au Smic – voire s’estimer heureux d’avoir trouvé du travail dans un tel état d’ignorance ; 2. de n’avoir pas acquis les connaissances indispensables pour accéder à des postes plus lucratifs.

Si Julie Graziani, qui est libérale, avait voulu discréditer le libéralisme, elle ne s’y serait pas prise autrement. « Ce n’est pas à l’Etat d’arranger tes problèmes », a-t-elle dit, alors qu’un sain raisonnement libéral aurait dû la conduire à proclamer d’abord : « Ce n’est pas à l’Etat de causer tes problèmes. » Ce n’est pas à l’Etat d’être à l’origine des problèmes que vous allez, peut-être, payer toute votre vie !

Car enfin, c’est bien l’Etat qui a décidé que l’instruction des enfants était de son ressort quasi exclusif, le privé sous contrat étant contraint d’appliquer ses directives et le hors contrat étant de moins en moins toléré et réservé, pour le coup, à ceux qui ont les moyens de payer les frais de scolarité. C’est bien l’Etat qui n’a cessé de contraindre à une scolarisation plus précoce, au prétexte de la « socialisation ». C’est bien l’Etat qui est passé de l’instruction des enfants à leur éducation. C’est l’Etat, et uniquement lui, qui a méthodiquement démoli les apprentissages de la lecture, du calcul, de l’écriture, de l’histoire et de toutes les autres matières. C’est l’Etat qui y a laissé le sens de l’effort et le respect de l’autorité être remplacés par la libre expression de la créativité des chérubins.

C’est l’Etat qui a voulu que tout le monde ou presque accède au baccalauréat – et ne parlons pas du brevet des collèges –, ne cessant, depuis un demi-siècle et jusqu’à Jean-Michel Blanquer, qui paraît-il commence à le relever (on demande à voir), d’abaisser le niveau général. C’est l’Etat qui a banni le redoublement. C’est l’Etat qui a déconsidéré les filières qui manquent aujourd’hui de main-d’œuvre et allongé jusqu’à seize ans l’âge de la scolarité obligatoire. C’est l’Etat qui a fait que même en « travaillant bien à l’école », on n’y apprend plus le dixième de ce qu’y apprenaient nos parents – et le centième (le millième ?) de ce qui découvraient, quelle que soit leur origine sociale, nos grands-parents.

C’est l’Etat, aussi, qui a permis que des dizaines de milliards d’euros soient dilapidés, chaque année, dans une formation professionnelle totalement opaque.

 

On demande à son bourreau d’être son bienfaiteur

 

Julie Graziani a dit tout ignorer du « parcours de vie » de cette femme. Nous aussi. On sait tout de même une chose : elle est maman. On en sait une autre : Julie Graziani est militante pro-famille. Pousse-t-elle son libéralisme jusqu’à ne pas vouloir que l’Etat se mêle de politique familiale ou n’était-ce pas plutôt l’occasion de relever que c’est l’Etat, encore lui, qui n’a cessé de rogner sur la politique familiale et se refuse à encourager la natalité française, de sorte qu’il nous faudrait maintenant faire appel à l’immigration pour ne pas mourir de vieillesse ?

N’était-ce pas aussi l’occasion de briser un autre tabou : celui du travail quasi obligatoire pour les femmes, fussent-elles mariées, au détriment de leur rôle de mère ? Soit qu’elles y sont contraintes pour des raisons financières, car un seul salaire ne suffit pas, soit qu’elles s’y sentent contraintes par la pression sociale ?

Il est évidemment stupide, et même au-delà de l’inconscience des réalités, de dire qu’on ne divorce pas quand on est au Smic. Puisque Julie Graziani a ensuite un peu parlé d’elle, de sa vie à cinq dans un 35 m2 et rendu hommage à sa maman à qui « il ne serait pas venu à l’esprit de venir engueuler le président de la République » alors « qu’elle a dû emprunter plus d’une fois pour les courses alimentaires », je dirai un mot de la mienne.

Elle aussi avait fait un « mauvais choix de mec ». Alors elle a divorcé. Sans même le Smic, l’inconsciente ! Quelques décennies plus tôt, son « mec » lui avait interdit de travailler. Heureusement, elle avait fait « de bonnes études ». A cinquante ans passés, elle a trouvé du travail. Et elle non plus, même si ce n’était pas facile tous les jours (litote), il ne lui serait pas venu à l’esprit d’engueuler le président de la République. Ni même, tout simplement, de lui reprocher quoi que ce soit relativement à son cas personnel.

Sur ce plan-là, Julie Graziani a parfaitement raison. Il faut arrêter de se tourner vers ce qu’Emmanuelle Gave appelle, à juste titre, « l’Etat nounou ». Sauf pour réclamer, comme l’ont fait les Gilets jaunes des ronds-points (mais pas du tout ceux qui se sont greffés sur cette révolte et l’ont dénaturée), qu’il arrête, comme disait Georges Pompidou, d’« emmerder les Français ». De les contraindre, de les soumettre, de les pressurer toujours plus. En France, on incrimine en permanence l’Etat, mais on se tourne toujours vers lui pour obtenir encore plus. Sans se rendre compte qu’on demande à son bourreau d’être son bienfaiteur.

 

Un personnage de second ordre à côté de Grandgil

 

Julie Graziani a fait ce qu’il fallait pour pouvoir rejouer bientôt sa partition, celle de La Petite Musique de nuit, alors que c’est la Symphonie fantastique, et même la Chevauchée des Walkyries, qu’on veut entendre.

J’ignore tout autant le « parcours de vie » de Julie Graziani que celui de la dame qui a interpellé Emmanuel Macron, mais je sais une chose : dans la France de ce début de XXIe siècle, il est des choses qui ne se disent pas. « Cons de pauvres » en fait partie (car, pour résumer, c’est ce qu’elle a dit). « Salauds de riches », c’est dicible. C’est même bien vu. C’est « tendance ».

Pour lancer à la cantonade « salauds de pauvres », il faut s’appeler Grandgil. Plus de soixante ans après la sortie de La Traversée de Paris, entre populismes et Gilets jaunes, le pauvre est devenu intouchable, eût-il une « face d’alcoolique et du mou partout », fût-il « marié à une rombière, la gueule en gélatine et saindoux, trois mentons, les nichons qui déballent sur la brioche ». Vous emballez pas : c’est la tirade de Grandgil, interprété par Jean Gabin, face au couple de bistrotiers dans le film de Claude Autant-Lara : « Cinquante ans chacun, cent ans pour le lot, cent ans de connerie ! »

Allez dire ça, en 2019, sur un plateau de télévision, sur un rond-point ou au bistrot du coin. Allez dire que oui, parmi les Gilets jaunes, il y avait aussi – j’ai bien dit « aussi » – des individus que je me garderais bien de désigner mais qui n’auraient pas dépareillé parmi le jury de salopards qui ont condamné à mort Marie-Antoinette. Julie Graziani ne l’a pas fait. Elle n’a même pas dû y penser. Il est des sujets devenus tellement tabous qu’ils ne viennent même plus à l’esprit. Voilà un autre sujet de débat.

 

Bruno Larebière

Auteur: Bruno Larebière

Journaliste indépendant, Bruno Larebière collabore à divers titres de la presse parisienne, dont le mensuel L’Incorrect dont il dirige les pages politiques. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, la plupart en tant que « prête-plume », il exerce aussi l’activité de conseiller en communication.

20 Commentaires

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  • Bernard

    15 novembre 2019

    Julie Graziani a été horriblement maladroite, elle aurait pu et du attaquer le laxisme et la démagogie de l’état, non au lieu de celà elle a attaqué une personne isolée et en position de faiblesse.

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  • Charly

    14 novembre 2019

    1) Au vu du taux de chômage, croire que chacun pourrait, en ayant bien travaillé à l’école, trouver un travail avec un salaire suffisant (bien supérieur au SMIC), c’est du délire.

    2) Moi, ce qui me dérange profondément, c’est qu’en travaillant à plein temps, un chef de famille, qu’il soit homme ou femme, ne puisse pas faire vivre, même petitement, sa famille et qu’il soit obligé de dépendre des aides de l’Etat, c’est-à-dire d’être assisté malgré lui. L’obligation de se conformer à de multiples règles pour obtenir le complément nécessaire pour vivre en fait des êtres qui sentent bien qu’on leur a enlevé leur dignité fondamentale et qu’on a gravement amputé leur estime de soi. Une infantilisation bien utile, pacificatrice (dans le sens de le mater) du peuple à peu de frais.

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    • Puentedura

      18 novembre 2019

      Je suis d’accord avec vous bien que je ne sois pas Charlie.
      Le seul travail ne permet malheureusement pas de garantir la dignité humaine.
      Misère de misère.

  • Alain

    14 novembre 2019

    Le point de départ n’est déjà pas correct: cette dame n’a pas apostrophé Macron, ne lui a rien demandé, elle a simplement répondu à sa question « ça va? ». Elle n’allait pas répondre que tout baigne ! Et si on peut interpeller « l’état-nounou » c’est bien parce que cet état a décidé de s’occuper de tout et de prélever près de 45% du PIB pour ce faire. Si il prélevait moins, on aurait plus de capacité de se prendre en charge !

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  • Ockham

    14 novembre 2019

    Avant Louis XVI, la pauvreté et la famine dans les campagnes passent inaperçues. La veuve mourait et les enfants avec sauf exception. Cent ans plus tard, campagnes vidées et villes débordantes, certains quartiers affichent une pauvreté et une insalubrité terrible bien que ces gens travaillent dur mais les pauvres ne mourraient plus. La population explose en nombre… Toutefois la classe moyenne était beaucoup plus importante et le progrès évident, énormément évident. L’inconvénient est que la pauvreté concentrée se voit et des écrivains futés -la France sait enfin lire 2000 ans après les Romains et 150 ans après les Prussiens- y ont trouvé la matière du pain de leur vie : la croissance des inégalités ! Tartuffes jusqu’au bout, ces derniers n’ont dans la tête que le nom de Karl Marx, cet historien génial aux prédictions archi-fausses n’ayant aucune idée des proportions. Cent trente ans plus tard, les avions sont bourrés de touristes allant voir des pierres au bout de la terre dont ils ramènent parfois un morceau à la maison. Mais il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas prendre l’avion et qui ont un téléphone mobile. Nous y sommes car ce téléphone s’entend, transmet les images et fait circuler l’information des rendez-vous à la vitesse de la lumière qui manque à leur détenteur. Ainsi ces gens expliquent urbi et orbi que le fait d’être à peine alphabétisé cantonne à des jobs de pithécanthrope, que faire des enfants avec des géniteurs de passage coûte cher, que les déplacements dans une société bâtie pour des couples et deux voitures coûtent terriblement …, que les logements sociaux subventionnés coûtent … etc… Toutefois il est possible de communiquer sa rage et de se réunir entre semblables au centre de Paris … Le nombre attire les butineuses médiatiques. Elles font leur miel de toutes ces fleurs de pauvreté qui chantent très fort bien que représentant un pourcentage très limité. Ceux qui chantent le plus haut sont des cas de cas qui ont tout raté volontairement par idéologie et à tout prendre ce n’est qu’un échantillon d’extrémistes devenus violents valorisant des présentateurs très, très bien payés, subventionnés et sous niche fiscale. La violence des extrémistes poudrés, écoutés, filmés peut payer car ils savent que l’état n’est que violence ou rien et un état mou c’est du pain béni car en cela ils n’ont pas tort d’autant plus que ces journalistes en font des vedettes. Tout est différent mais rien n’a changé !

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  • jacqueshenry

    13 novembre 2019

    Je soutiens Julie Graziani pour des raisons personnelles. J’ai divorcé et eu la garde de mes trois enfants alors âgés de 13, 12 et 6 ans. Ils vivaient avec moi et ne voyaient leur mère que le samedi et la moitié des vacances scolaires. Criblé de dettes, ayant été obligé de liquider la communauté de biens et devant garder la maison pour mes enfants, j’ai dit à ces derniers que s’ils ne travaillaient pas à l’école de toutes les façons je les expulserais quand ils auraient atteint l’âge de 18 ans. Certes j’étais chercheur sous contrat au CNRS et je disposais d’un salaire correct mais entretenir trois enfants ainsi qu’une maison dépassait mes disponibilités financières. Je passe les péripéties que j’ai vécu, n’ayant jamais eu l’opportunité de retrouver une compagne qui fuyait devant trois enfants et une maison !
    Il se trouve que la menace que je fis planer sur mes enfants porta ses fruits : mes deux aînés ont intégré Normale Sup et ont aujourd’hui des situations enviables. Le dernier, que j’ai trop livré à lui-même, peut-être par lassitude de ma part, est pourtant aujourd’hui un informaticien de haut vol dans une institution financière à Tokyo ayant appris son métier un peu comme un autodidacte.
    Faire de bonnes études est le centre incontournable pour l’avenir d’un enfant. Mon fils aîné n’avait qu’une passion : les oiseaux. Je lui ai expliqué que s’il voulait gagner sa vie en faisant ce qui lui plaisait il fallait qu’il fasse des études supérieures. C’est ainsi qu’il est aujourd’hui directeur d’un très important laboratoire au muséum d’histoire naturelle à Paris. Ma fille, toujours passionnée de mathématiques est Docteur en math et enseigne dans un prestigieux lycée parisien en deuxième année de taupe.
    pour ma part j’ai fait des études universitaires longues et laborieuses afin d’obtenir finalement deux doctorats mais j’ai redoublé trois classes dans le secondaire ! Et il fallait que je gagne ma vie pour poursuivre mes études.
    Vu de mon expérience personnelle, ce non-évènement relaté dans votre article (j’apprécie toujours vos billets étant un fidèle du site de Charles Gave) signifie deux choses qui ont été mal analysées par Graziani. Les enfants et adolescents, puis adultes, croient que tout leur est dû, de droit, et qu’ils n’ont plus d’efforts à faire tout au long de leur vie. C’est un non-sens que Graziani a mal appréhendé verbalement.
    J’ajouterai pour terminer que la France s’enfonce progressivement dans le socialisme dans sa forme la plus vicieuse : l’Etat ne dit pas qu’il est sous la coupe de néo-marxistes dont l’objectif est l’égalité pour tous dans la médiocrité. Mon plus jeune fils qui vit à Tokyo depuis près de 15 ans ne reviendra jamais vivre en France : jamais ma petite-fille franco-japonaise ne pourrait prétendre en France accéder à l’âge de 15 à l’une des plus prestigieuses écoles secondaires de Tokyo moyennant des cours particuliers trois fois par semaine pour se préparer à un concours de sélection afin d’être admise dans cette école.
    Votre lecteur fidèle.

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  • Pierre 82

    13 novembre 2019

    On touche ici aux paradoxes générés par la disparition quasi-complètes de nos « valeurs chrétiennes ». Le mariage chrétien est un vrai engagement, c’est-à-dire une union indissoluble. Le mariage civil répond quant à lui au droit des contrats. La principale différence est qu’on peut en sortir, sous le contrôle de la justice bien sûr, pour s’assurer que les termes du contrat ont bien été respectés. Grand progrès, certes.
    Petit souci cependant: avec le temps (depuis 1884 grosso modo sous la forme que l’on connait), le sens même du mariage a disparu, pratiquement plus personne ne se marie avec l’idée que le divorce n’est pas envisageable. C’est bien un délitement de la société, car ça rend le citoyen beaucoup plus faible. Non que je sois contre le principe du divorce, mais d’exceptionnel qu’il devait être, il est devenu la norme absolue et indépassable. Aucun étonnement dès lors, que viennent s’agréger la demande de nouveaux « droits » (comme celui d’avoir des enfants sans se marier) ce qui contribue à isoler chaque citoyen, donc faire en sorte qu’il ne voie que l’état pour le sauver. Ça arrange bien nos dirigeants, puisqu’ils sont devenus indispensables…
    Je vais sans doute me faire traiter de réac (peut-être moins sur ce blog), mais je pense qu’on devrait vraiment se pencher sur ces problèmes « sociétaux », qui mènent tous vers la disparition des structures intermédiaires (surtout la famille), et rend le citoyen indépendant, fragile, et donc à la merci de l’état. Mais comment ouvrir un tel débat dans notre société allergique à toute discussion ouverte? J’ignore si madame Graziani avait cette intention, mais quelle que soit la manière adoptée, ce débat aurait de toutes façons été voué aux gémonies. Hélas.

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    • Pierre 82

      13 novembre 2019

      lire « dépendant », et pas « indépendant », bien sûr. Désolé.

    • breizh

      14 novembre 2019

      C’est un sujet délicat, car humain.
      Mais on peut ajouter le coût du divorce pour la société (plusieurs dizaines de milliards d’euros), l’encombrement de la justice occupée au tiers par cette problématique, le coût pour les enfants…

  • BKK

    13 novembre 2019

    Article très interessant qui décrit la situation psychologique en France et qui sous tend les tactiques de Saul Alinsky dans son manuel : How to create a socialist state du genre  » increase the poverty level as high as possible, poor people are easier to control and will not fight back  » ect . Dommage que l incorrect n a pas soutenu Julie Graziani qui il me semble c’est faite piégé .

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    • Gavroche

      17 novembre 2019

      « Julie Graziani qui il me semble c’est faite piégé . »
      Si elle avait fait de meilleurs études à l’école, elle ne se serait pas auto-piégée…
      Cette personne étant à priori en possession d’un libre arbitre., et d’un certain niveau d’études, comme quoi…
      Et que dire des personnes qui se sont faites « piégées » dans une relation, que ce sont des crétins qui n’ont pas fait assez d’études…
      il est tout à fait certain que notre pays est plus du genre à donner un poisson plutôt que d’apprendre à en pêcher, ce qui permet à notre caste politique de négocier en douce avec les intemédiaires qui vendent du poisson, mais le mélange des genres qu’a choisit Mme Graziani n’est pas des plus judicieux.
      Elle nous montre que le niveau d’éducation n’a rien à voir avec le niveau d’études (encore un amalgame foireux de notre société), je lui souhaite d’en prendre conscience.

  • JLP

    13 novembre 2019

    Effectivement au lieu de tenir pour coupable le président de la république pour ses propres choix de vie, elle ferait mieux d’engueuler le géniteur de ses enfants pour qu’il paie la pension alimentaire.
    Elle pouvait aussi bien sûr accuser le système scolaire de l’avoir forcée à entrer dans un moule de bien-pensance, de censure et de dépendance plutôt que de lui faire acquérir les capacités nécessaires pour son indépendance.

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  • MichelC

    12 novembre 2019

    Rester quand le mari est violent, c’est de l’inconscience. Cela arrive, de plus en plus rarement, mais encore.
    Dans ce cas, il est préférable de s’éloigner le plus possible, pour la santé mentale des enfants.

    Sinon, article excellent.

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  • Cortez

    12 novembre 2019

    Dans la mesure où les familles monoparentales représentent une part disproportionnée des pauvres en France, la question du pourquoi du comment du divorce peut se poser. Les effarouchés pensent-ils vraiment qu’aucune femme (ou aucun homme, tant qu’on y est) n’a jamais réfléchit aux conséquences financières qu’un divorce aurait sur ses enfants ? Et qu’aucune n’a décidé pour le meilleur et pour le pire de rester un peu plus longtemps avec son conjoint, de donner une chance de plus à son mariage ? Cela me semblerait d’une telle inconséquence que je n’ose le penser.
    Julie Graziani, en militante pro famille, mère de quatre enfants, sait très bien ce qu’elle dit. La seule réponse acceptable à cette mère de famille n’est pas l’apitoiement. Un coup de pied aux fesses est parfois le meilleur service qu’on puisse rendre à quelqu’un dans le besoin. Peut-être est-ce d’ailleurs ce que pense cette femme « humiliée » que personne n’a entendu se plaindre.

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    • Charles Heyd

      12 novembre 2019

      Jusqu’à preuve du contraire, les enfants se font à deux, même la sainte vierge a du recourir au saint esprit ou à je ne sais quel stratagème; après un divorce il y a bien une, voire deux familles monoparentales mais les enfants issus de ce mariage dissous restent « normalment » à la charge des deux parents; certes maintenant il aura peut-être deux mamans ou deux papas mais normalement ils sont deux; j’apelle cela la responsabilité parentale; dans n’importe quel débat dans nos médias on ne parle de cela; les familles monoparentales tombent du ciel comme la pluie; cela me révolte profondémment.

    • Emmanuelle Gave

      13 novembre 2019

      il existe encore des cas de veuvages quand même. Par ailleurs, vous devriez voir les dossiers de la CAF pour les pères qui ne paient pas les pensions pourtant décidées par une JAF. Désormais, il est possible de saisir directement sur salaire par voie d’huissier et la CAF vient se subroger mais les procédures sont longues et les pensions alimentaires pour les enfants assez ridicules. Il n’est pas rare de voir 100 par enfant et par mois. Deux enfants, 200 Euros. est ce que cela vous assure deux piéces en plus dans un appartement, des chaussures neuves, un abonnement au foot et une carte de cantine mensuelle… Voila.

    • Sebaba

      13 novembre 2019

      Quand une juge décide de 100 euros de pension par enfant, c’est que la personne est aux minimas sociaux (Smic ou autre). A 200 euros pour 2 enfants, un père a les mêmes obligations d’hébergement que la mère des enfants, peu ou prou les mêmes charges, mais avec 200 euros de moins. La mère touche par ailleurs des aides de la CAF pour son logement, et des aides de mère isolée si ses revenus sont en dessous de 2000 euros. Quant aux pères, avec ses 800 euros, il a intérêt à la jouer serrée s’il ne veut pas finir à la rue, et en prison pour non paiement de pension alimentaire. Alors après, il y a ces couples insolvables qui ont été assez bêtes pour se disputer, mais assez intelligent pour faire payer l’ardoise à l’état. Ce n’est tout de même pas la panacée, pas plus qu’un exemple à généraliser pour justifier tout un système de racket des hommes solvables, aussi un système de privation de leur famille, de leurs revenus, de leur capital et parfois de leur liberté. Aucune femme n’en tolérerait le quart du centième, ce qui explique d’ailleurs la situation où nous sommes : des hommes dindons de la farce, et des femmes qui n’hésitent pas à se plaindre au président de la République devant les télévisions sans que cela ne nous interroge un tout petit peu.

    • Charles Heyd

      13 novembre 2019

      Je voudrais en fait répondre à Mme Emmanuelle Gave;
      le veuvage est certes aussi et hélas nous ne manquons pas de cas ces derniers temps, de génération de familles monoprentales mais ce dont il est question dans cet article c’est le divorce;
      d’autre part, si les décisions de justice, comme vous le soulignez fort justement, sont parfois inapropriées (100 € par enfant de pension mensuelle) voire pas exécutée du tout (c-à-d. pas versée du tout), il y a aussi à faire du côté de la justice.
      Mais cela n’empêche pas le débat sur les familles monoparentales ou … sur le niveau du SMIC!

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