18 décembre, 2019

Retraites : « Tous ensemble ! Tous ensemble ! Ouais ! Ouais ! »

Je dois l’avouer : je n’ai pas tout compris à cette histoire de retraites. J’ai lu et écouté beaucoup de gens – Edouard Philippe bien sûr, mais aussi Luc Ferry, qu’il était difficile d’éviter tant il passait en boucle, Daniel Cohen, dont le titre de directeur du département d’économie de l’Ecole normale supérieure m’impressionne, l’ensemble des responsables syndicaux, Martinez inclus, et tout plein d’autres gens supposément qualifiés ou présentés comme tels – et je n’arrive pas à me faire une idée de ce que je dois penser de la réforme. Même l’article de Charles Gave n’a pas totalement emporté mon adhésion. C’est dire si je suis paumé.

Vivre, c’est donc planifier sa retraite…

A vrai dire, je n’ai jamais compris grand-chose aux divers modes de calcul des retraites. Depuis que j’ai commencé à travailler, en 1983, et jusqu’à une période très récente, je me suis même éperdument fichu de ce que je pourrais éventuellement percevoir si, un jour, j’arrêtais mon activité professionnelle. Eh oui ! Des décennies durant, j’ai bossé sans me préoccuper de savoir ce que me rapporteraient un jour les cotisations qu’on me prélevait chaque mois.

D’où ma stupeur quand je découvre, en cette veille de Noël 2019, qu’il existe des gens qui embrassent un métier, non pas en fonction de l’intérêt (voire, soyons fous, de la passion) qu’ils lui portent, même pas parce qu’il faut bien gagner sa vie, mais en raison des conditions de leur retraite qui sont déjà fixées noir sur blanc au jour de leur première embauche. Et cela en vertu d’un « contrat social », également appelé « pacte social », que je n’ai lu ni dans Hobbes, ni dans Rousseau, mais qui a été gravé dans le marbre par le Conseil national de la Résistance, nonobstant des inspirations vichystes que Jean-Baptiste Noé a rappelées. Un « contrat social » qui semble tenir lieu de Décalogue. Ah ! si le Septième Jour pouvait durer toute la vie !

Vivre, ce serait donc prévoir ? Je ne voyais pas les choses comme ça, pensant d’une part que la vie est par nature imprévisible – et que c’est même ce qui fait son charme –, d’autre part que vivre, c’est non seulement rêver – ado, je me voyais en Robert Hersant bis, c’est dire ! –, mais aussi bâtir, affronter, reconstruire, s’adapter, etc., bref, aller au combat, en mode chasseur-cueilleur un peu amélioré, pour nourrir et défendre les siens, et pour faire en sorte que son pays et sa civilisation soient encore plus beaux afin de pouvoir les transmettre sans éprouver de honte à n’avoir pas su les préserver.

La seule date limite de péremption de ce combat : la mort. Ou la diminution de mes forces à tel point que je ne sois plus en mesure de le mener, ce que je n’ai jamais imaginé pour mes 62 ans, ni pour mes 64 ans – ni largement au-delà. Sauf Alzheimer (cette maladie tellement représentative de l’état de notre civilisation, qui ne sait plus d’où elle vient, ni qui elle est), je pensais que de toute façon, même si je n’étais plus état de chasser ni de cueillir, je pourrais toujours transmettre et former.

Un raisonnement de militant idéaliste ? Certainement, car je m’aperçois, à entendre les arguments de ceux qui s’opposent à la réforme et qui sont, à l’heure où ces lignes sont écrites, soutenus par une majorité de Français, que je me suis gouré comme jamais : vivre, c’est en fait planifier sa petite existence. Vivre, c’est attendre la retraite, qu’il faut atteindre en effectuant le moins d’efforts possibles – 35 heures de travail sur les 168 heures que compte une semaine, soit à peine plus de 20 % consacré au labeur, c’est encore trop, non ? – et le plus tôt possible. Une retraite qui est forcément bien méritée quoi qu’on ait fait de sa vie dite active, laquelle n’est en fait qu’une parenthèse obligée, une position d’attente avant les années bénies de la pension que l’on consacrera à compter ses petits sous pour s’en aller voir du pays avec Costa Croisières.

Des jeunes à l’image d’un monde vétuste

La submersion migratoire nous menace ? Nous nous trouvons à ce moment historique où, pour citer Paul Valéry, « nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie », où nous voyons que « l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde », nous sommes à cet instant précis où « les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux » ? La grande question qui fait descendre une partie de la France dans la rue, forts du soutien que leur apporte une majorité des autres (j’insiste), est celle de la réforme du mode de calcul des retraites. Si c’est aux raisons de la révolte d’un peuple face aux gouvernants qu’il s’est donnés qu’on mesure la décadence d’un pays, la mobilisation de masse est d’abord un aveu.

Et voilà que même les jeunes entrent dans la danse. Les vrais jeunes, pas les « djeunes ». Ceux qui, dès le lycée, sont déjà syndiqués ou partagent avec leurs camarades syndiqués cette terrible inquiétude : mais que vais-je devenir… dans un demi-siècle ? On leur répondrait bien que si ça se trouve, ils seront morts depuis longtemps sous un déluge de bombes – ou poignardés par un « déséquilibré » –, mais le propos serait inaudible tant ils sont convaincus que la guerre, c’est chez les autres, car nous, Européens, avons instauré la paix éternelle. Qui leur dira que la paix perpétuelle est à l’humanité, européenne incluse, ce que le mouvement perpétuel est à la mécanique : une impossibilité ?

Ils n’ont encore strictement rien fait dans la vie, ils ne savent rien d’autre que ce qu’on leur a enseigné, c’est-à-dire rien, ils vont retarder leur entrée dans la vie active le plus longtemps possible, et ils savent déjà comment ils veulent terminer leur existence ! Seules la législation et la jurisprudence en matière d’injures publiques m’empêchent en cet instant d’adopter un style célinien pour exprimer ce que, pour le coup, cela m’inspire.

Mais où est passé mon pognon ?

Pour me faire tout de même une idée sur cette histoire de retraites, j’ai pris connaissance de mon « relevé de situation individuelle » sur le site de l’assurance retraite, histoire de savoir si je devais rejoindre la lutte des camarades syndiqués pour préserver les acquis sociaux du CNR. Immense éclat de rire. C’est rigoureusement incompréhensible (j’allais employer un autre mot : « imb… ») et je comprends mieux pourquoi ni Edouard Philippe, ni Laurent Berger, ni personne n’a indiqué qui serait en charge de la bonne tenue du registre relatif à la retraite par points de chacun. Si ce sont les mêmes services que ceux en charge de la comptabilité des trimestres, ce n’est même pas la peine d’y songer. Ils m’ont fourni deux documents.

Le premier, relatif à la « retraite de base des salariés du régime général », fait débuter mon activité, et donc mes cotisations, à 1993 : dix années passées à la trappe ! Le second, qu’ils n’ont donc même pas croisé avec le premier, relatif à la « retraite complémentaire des salariés du secteur privé », est plus proche de la réalité : ma carrière professionnelle y débute bien en 1983, mais pour eux, à savoir Agirc et Arrco, je n’ai eu aucune activité en 1984, pas plus qu’en 1986, années, que, sans doute, j’ai consacré à peigner la girafe. Il faudra que je pense à leur demander s’ils savent comment je faisais pour payer mon loyer.

J’ai aussi découvert que rien ne sert de se tuer à la tâche, sauf pour payer ledit loyer ou pour le plaisir, dans la mesure où existe un seuil à partir duquel les cotisations versées le sont en pure perte – du moins pour soi, car j’imagine qu’elles ne le sont pas pour tout le monde. Durant un certain temps en effet, j’ai cumulé plusieurs jobs. Un le matin, tôt, très tôt, l’autre dans la foulée. Je gagnais bien ma vie, j’abondais tout aussi bien les caisses de retraite. Eh bien, c’était pour rien ! « Vous ne pouvez pas valider plus de quatre trimestres par an pour chacune de ces années. Le total indiqué tient compte de cette règle », m’explique-t-on noir sur blanc. Zut alors, j’ai pourtant cotisé, où est allé mon pognon ? Il n’a pas servi à financer les syndicats au moins ?

Sans m’appesantir sur diverses anomalies, dues à des employeurs indélicats – on va dire ça comme ça –, je m’aperçois aussi que, pour telle année, quatre trimestres sont retenus, alors que pour telle autre, où j’ai pourtant gagné trois fois plus, il n’en est comptabilisé que deux ! Je le saurai pour une autre vie : il faut travailler aux bonnes périodes, étaler son effort, ménager sa monture, l’assurance retraite ne tient pas compte des variations saisonnières.

Résultat en l’état des données collectées par ces braves gens : si je prends ma retraite à 62 ans, je percevrai 458 € en « équivalent par mois (brut) », et, si je la prends à 64 ans, ce sera 534 €, toujours en « équivalent par mois (brut) ». Ça veut dire quoi ? Il faudra aussi que je leur demande.

Je n’ai pas tout compris à cette histoire de retraites, disais-je, mais j’ai au moins compris une chose : l’opacité et l’injustice du système actuel sont telles qu’elles plaident pour le principe de la retraite par points, où chaque euro cotisé est pris en compte dans le calcul de la pension. Du coup, j’ai une revendication : que ceux qui, nés avant 1975, veulent en bénéficier, puissent le faire. Qui veut faire une manif avec moi ?

 

Bruno Larebière

Auteur: Bruno Larebière

Journaliste indépendant, Bruno Larebière collabore à divers titres de la presse parisienne, dont le mensuel L’Incorrect dont il dirige les pages politiques. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, la plupart en tant que « prête-plume », il exerce aussi l’activité de conseiller en communication.

21 Commentaires

Répondre à sissou

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  • texdel

    23 décembre 2019

    Que voulez-vous ,,Travail, Famille, Patrie ,, c’est une devise fasciste , on le sait bien : à fuir , a jeter! . Aujourd’hui , c’est Oisiveté, Hédonisme , Mondialisme, qui sont ‘tendance’ ….Quant à  »Liberté, Egalité ,Fraternité « leur signification de nos jours, ‘est devenue « Égotisme, Nivellement, Conformité ». Je me sens quelque peu ringard, à 73 ans, je travaille encore, il me semble que je fais tache …..( tâche?)
    Merci pour cet article , continuez donc ici avec les autres incorrects . Meilleurs vœux à tous pour 2020.

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  • Bernard

    21 décembre 2019

    « Vivre, c’est en fait planifier sa petite existence. Vivre, c’est attendre la retraite, qu’il faut atteindre en effectuant le moins d’efforts possibles – 35 heures de travail sur les 168 heures que compte une semaine, soit à peine plus de 20 % consacré au labeur, c’est encore trop, non ? – et le plus tôt possible. Une retraite qui est forcément bien méritée quoi qu’on ait fait de sa vie dite active, laquelle n’est en fait qu’une parenthèse obligée, une position d’attente avant les années bénies de la pension que l’on consacrera à compter ses petits sous pour s’en aller voir du pays avec Costa Croisières. »

    Vous oubliez les camping cars qui bouchonnent partout….Merci pour votre réflexion, il faudrait qu’ elle soit lue dans toutes les écoles de France.

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  • Ockham

    20 décembre 2019

    Vous émulez ce conte : Des anxieux et des optimistes.
    Les premiers ont si peur de l’avenir que de la maternelle jusqu’au dernier concours ils ne dévient pas d’un poil ni d’une idée critique. Ceux-là sont dans la botte. Là certains cherchent la botte de la botte pour devenir haut-fonctionnaires. La constitution permettant de rester haut fonctionnaire titulaire à vie et homme politique en France, les hyper-anxieux envahissent en cohorte serrée comme les canards, gouvernement, parlement et justice. Là enfin ils peuvent distribuer les bonbons pour être réélus et ils s’assurent des retraites de 10 jusqu’à 80 billets violet par mois. Les autres anxieux vont dans les services publics où ils pourront bloquer au moindre doute les machines, les trains, l’électricité pour avoir plus que ce qui est sûr car leur vie ne commencera qu’à la retraite.
    Les hyper-anxieux soudain ont des doutes car un déficit au carré menace à force de gratifier les anxieux pour les calmer en se gratifiant pour ne pas déroger. Les empathiques parmi les anxieux des services publics deviennent syndicalistes et les hyper-anxieux les comprenant leur ont concocté des lois leur permettant d’être bien rémunéré pour marcher et faire marcher, à pied bien sûr, en criant non à l’incertitude. Et la France des anxieux défile, coupe le courant, arrête les trains et les machines. La réalité, la chaîne du froid, les dialyses, … connais pas. Pithécanthrope est en colère ; il a peur que le certain ne soit pas certainement certain dans 25 ans. Ils vont négocier entre fonctionnaires sans détruire la destruction de Mitterrand d’il y a 40 ans : travailler moins au global et obtenir plus que le certain à vie. Le tout bien entendu sans pétrole et sans maîtrise de ses moyens de communication qui sont tous les deux à 100 % étranger. Un déficit macro-économique ? Bagatelle! Pendant ce temps les optimistes travaillent, cherchent, inventent et prennent des risques. Ils vivent en pleine incertitude aggravée par ces anxieux qu’ils payent. C’est là que les anxieux du haut poussé par l’envie du bas qu’il faut satisfaire pour être réélus connaissent la sortie : Haro sur l’optimiste riche qui ne peut qu’avoir volé cette richesse aux pauvres qui triment sans joie. L’égalité intégrale est la seule solution, tant il est vrai -et c’est scientifique car Marx l’a écrit et un grand fonctionnaire si jeune et inexpérimenté, Piketty, le répète -que ces sinistres riches comme Bill Gates et Le Prince Salman doivent leur fortune à l’exploitation de l’homme par l’homme ! Enfin sont-ils même français ces optimistes qui sourient en baissant les bras et hochent de la tête devant tant d’anxiété ?

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  • Huger

    20 décembre 2019

    Le système actuel n’est pas idêal, peut et doit être amélioré. De là à mettre oar terre les rgimes autonomes qui fonctionnent, spolier les réserves des complémentaires et tout confier à l’Etat dont nous connaissons les qualites de piètre gestionnaire, il y a un pas que je ne franchirai pas.
    Comment donner une visibilité à l’opposition à cette réforme – mais pas à toute réforme -, tout en désapprouvant les revendications catégorielles injustifiables?

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  • sissou

    20 décembre 2019

    Breizh si je peux me permettre je me suis un peu documenté sur la SNCF et j’ai découvert que c’est une très bonne entreprise à l’exportation avec 11 milliards et une progression à deux chiffres ! Les bras m’en sont tombés ! Ensuite j’ai essayé de voir leur patrimoine immobilier plus de 100000 logements et 25000 bâtiments dont certain à vendre sans parler des surfaces occupées par les rails. Donc je continu de penser que l’on nous ment sur les chiffres réels et c’est facile de dire tant de subventions. L’effectif est en réduction notable mais l’entreprise recrute 4000 personnes par an! . Le marché des transports en commun est très porteur voir Alstom. Ici en Haute Savoie avec le Savoie Léman. Pour EDF les efforts pour enterrer les lignes ont été énormes je travaillais à l’époque dans la fabrication des fourreaux pour faire passer les câbles et ça roulait. Par contre la taxe sur les nouvelles énergies(éolien) n’était pas du fait d’EDF mais de l’état. Pour EDF on parlait de la provision pour démanteler le nucléaire les retraites étaient payées par EDF et ça pouvait durer. Le taux de service EDF est pas mal dans la plasturgie on mesurait les microcoupures car ça faisait des pertes de production et il y en avait très peu 3 à 5 par an. Le CE là c’est vrai un % basé sur le chiffre d’affaire ça roule pour les syndicats…Je m’intéresse à l’hydrogène et ce n’est pas encore évident car le cout de production reste élevé et le prix du carburant élevé…

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    • Robert

      6 janvier 2020

      Le coût d’exploitation de l’ hydrogène est élevé parce que c’est, pour le moment, un carburant marginal. Mais c’est probablement le carburant de l’avenir, lorsqu’il n’ y aura plus d’argent à gagner avec le pétrole.
      Quant à l’électrique, c’est une impasse… Mais qui va permettre à quelques uns de s’enrichir pendant quelque temps !

  • sissou

    19 décembre 2019

    Brezih pour EDF les moyens financiers de l’entreprise permettait de verser les retraites aux non actif l’entreprise faisant de confortables bénéfices…pareil pour France Télécom et pour la SNCF c’est une machine à cash les millions chaque jour en région parisienne…la question comme le dit si bien Charles Gave est ou passe le pognon ! Beaucoup d’entreprise aimerait avoir le fond de commerce d’EDF et SNCF ou je me trompe vraiment? Sans jeu de mots ce sont des locomotives…le patrimoine immobilier de la SNCF c’est une mine d’or non?

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    • breizh

      20 décembre 2019

      les règles comptables impliquent que l’entreprise provisionne ses dépenses à venir probables : il fallait donc à EDF provisionner les retraites de ses agents, ce qu’elle n’a jamais fait (à la différence de France Télécom) : du coup c’est la faillite à terme.

      le fond de commerce d’EDF ou de la SNCF peut sembler confortable : cela n’est dû qu’au monopole imposé par la loi. Avec une vrai libéralisation du marché tant de l’énergie que du transport ferroviaire, ces deux entreprises sont mortes. Il vaut mieux alors les vendre à la découpe. Les grands gagnants seront les usagers qui deviendront alors des clients.

      c’est d’ailleurs fini l’époque où le marché tant de l’énergie que du transport ferroviaire augmente à l’infini : le temps est à la maîtrise des coûts énergétiques et surtout, il y a maintenant plein d’alternance technique, parfois bien plus performantes.

      La SNCF ne survit qu’à coup de subventions (plus de 10 milliards d’euros pas an tout de même).

      pour EDF, le moindre coup de vent entraîne des coupures de courant : il n’y a plus qu’en France que cela arrive, car EDF n’a jamais enterré ses lignes. Avec le milliard d’Euros annuel du CE d’EDF (qui profite essentiellement à la CGT), on pourrait rapidement le faire

  • Pierre 82

    19 décembre 2019

    Bonjour, monsieur Larebière
    Enfin !!!
    Malgré l’immense estime en laquelle je tiens Charles Gave, nous ne sommes pas du même bois. Comme vous, je n’arrive pas à m’intéresser à ce que je toucherai à ma retraite, ce sujet n’arrive pas à polluer mes pensées. C’est d’autant plus inquiétant que nous sommes à peu près du même âge, et que ma carrière est loin d’être linéaire. J’ai travaillé comme salarié dans 3 pays différents, en cotisant, puis comme indépendant quelques années, suivi par une faillite, puis de nouveau un emploi salarié. Ça va être coton pour m’y retrouver dans les arcanes de l’administration.
    Mais le pire, c’est que je m’en contre-fiche complètement. Partant du principe qu' »on verra bien »: puisque le système tout entier est en train de se casser la figure, et que tracer des plans sur la comète n’a jamais été ma manière de réfléchir.
    Je vis à la campagne, et je peux vous affirmer qu’il y a énormément de personnes très âgées qui continuent à faire les marchés, ou à bosser à gauche à droite (la plus âgée ayant 77 ans), car leur retraite d’agriculteur est ridicule, et insuffisante pour vivre à peu près dignement. Ces gens vous expliquent qu’en fait, ils adorent faire les marchés pour « voir du monde ». Jamais une plainte, toujours souriants, et plutôt satisfaits de leur sort. Le pire, c’est que souvent, ils bossent au noir surtout pour payer les fonciers et autres taxes, car leur seul bien est souvent une petite maison…
    J’ai vu hier un petit reportage qui m’a abasourdi: une gamine de 17 ans, en terminale (au lycée, pas à l’hôpital), expliquant péniblement avec 50 mots de vocabulaire, qu’elle devait défendre le système des retraites parce que bon… terrifiant de voir ce qu’est devenue notre belle jeunesse (parole de vieux c.. parfaitement assumée)

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    • Bruno Larebière

      Bruno Larebière

      19 décembre 2019

      Cher Monsieur, serions-nous voisins ? Dans ma campagne à moi, j’ai les mêmes ! Avec une autre catégorie, qui s’ajoute : ceux qui, boulangers, bistrotiers (ou autres métiers où l’on fait sa pelote sans toujours passer par la case fiscale…), sont venus à bout dudit bas de laine et s’en vont donc accomplir de menues tâches rémunératrices, sans non plus se plaindre. Au plaisir de vous croiser au détour d’un chemin… de braconnage.

    • Pierre 82

      19 décembre 2019

      C’est la différence entre considérer le travail comme une activité noble (pouvant même être agréable), car utile au bon fonctionnement de la société, et le marxisme omniprésent qui le considère comme une malédiction.
      C’est vrai également que j’oubliais de mentionner les très nombreuses personnes de plus de 65 ans qui donnent un coup de main à leurs enfants artisans… et de bonne grâce.

  • sissou

    19 décembre 2019

    Oui pourquoi devons nous réformer alors que nos gouvernants depuis Sarko n’ont de cesse de casser quelque chose qui marchait. 1°) EDF payait ses salariés actifs et non actifs ça fonctionnait M.Sarkozy en a décidé autrement suivant les consignes de Bruxelles. Les avocats ont leur caisse à l’équilibre la SNCF réglait salaires et retraites .Il faut séparer les subventions pour garantir le service publique . 2°) Les caisses ARCO et AGIRC sont à l’équilibre. Donc il reste les autres régimes spéciaux et le gras morceau les retraites des fonctionnaires …quand on voit ce que touchent nos politiques facile de gagner des millions en supprimant de nombreux avantages honteux dans notre période. Alors oui au lieu de respecter les consignes de Bruxelles nos élus feraient mieux de s’occuper de la désindustrialisation….gérer la France en bon père de famille profiter de l’argent gratuit pour solder nos prêts avec intérêt …avoir une dette sans intérêt c’est 36 milliards. Personnellement mon parcours professionnel à 1 an prés était correct mais depuis 10 ans je n’ai vu que baisser ma retraite !

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    • brezih

      19 décembre 2019

      ben justement non : ni EDF, ni la SNCF n’équilibraient les retraites de leurs employés : elles ne les ont jamais provisionnées !!! sinon, c’était la faillite immédiate !

      votre retraite va continuer à baisser : c’est le lot de tout système par répartition : il s’arrête quand les autres n’ont plus d’argent à vous verser.

  • Blondin

    18 décembre 2019

    Je vous rejoins largement – à un bémol prêt. Ce n’est pas tout le pays qui se mobilise mais une infirme minorité d’agitateurs.
    Comme le disait le regretté (c’est une licence poétique) Georges Séguy quand le PC a quitté le gouvernement en 1983 : « quel est l’intérêt d’être au gouvernement, quand on contrôle EDF, la Sncf et la Ratp ? »

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  • breizh

    18 décembre 2019

    votre exemple montre que le système actuel n’est qu’une spoliation, que cette gestion est une escroquerie ce qui n’étonne que ceux qui trouvent normal de faire gérer leurs affaires par d’autres.

    Laissons l’argent à ceux à qui il appartient parce qu’ils l’ont gagnée, c’est à dire respectons le droit de propriété, tout simplement.

    le reste n’est que du vol.

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  • Bebas

    18 décembre 2019

    Heureux de vous lire. Moi meme je n’ai jamais songe a gerer le poste retraite etant tellement pris par mes activites et puis surtout considerant que le simple mot retraite signifiait fin de vie / antichambre de la mort, alors que je suis un infatigable battant ! Et puis un jour je me suis mis a reflechir et a me dire qu’apres tout j’avais cotise et que je pouvais m’abaisser a solliciter le versement de ma retraite tout comme tout bon francais le fait. Et figurez vous que ayant sollicite ce versement avec 2 annees de retard, il m’a ete repondu que la retroactivite n’etait pas applicable, en application d’ un decret vote par nos deputes. Je ne fus qu’a moitie surpris sachant qu’en ce beau pays, la france, tout y etait possible, tel ce genre de confiscation arbitraire. Et de me feliciter d’avoir definitivement quitte ce pays totalitaire et d’exercer mes talents ailleurs, en Asie.

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  • MichelC

    18 décembre 2019

    Je vous soutiens.
    Les points Agirc-Arcco sont absent sur le relevé de mon épouse. Nous avons les feuilles de paye.
    Il nous faudra trouver l’interlocuteur. je parie qu’ils ne sont pas pressés de répondre. On a fait un courrier, on attend la réponse.
    Allez travailler en Europe, vous aurez peut-être un peu plus de retraite de base. Dans notre cas, cela va remonter notre retraite française, au lieur d’avoir une « clopinette », on aura deux ou trois clopinettes. C’est déjà cela.

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    • Charles Heyd

      18 décembre 2019

      Les cotisations Agirc (retraite des cadres), Arco je ne sais pas trop, ne prend en compte que si vous avez été rémunérés en tant que cadre; peu importe le montant de votre salaire; il y a là souvent quelques (désagréables) surprises!

    • MichelC

      18 décembre 2019

      On a les relevés sur les feuilles de paye, et c’était dans le contrat.
      Dans tout système, il y a débit et crédit de la même somme sur un autre compte, sinon c’est de l’escroquerie.

    • MichelC

      19 décembre 2019

      Le standard de la société ne répond pas. Je vais devoir faire un courrier LAR.

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Les livres de Charles Gave enfin réédités!