8 janvier, 2018

Retour sur un concept fondamental : la parité des pouvoirs d’achat ou PPA.

Retour sur un concept fondamental : la parité des pouvoirs d’achat ou PPA.

Les marchés en ce début d’année sont en pleine euphorie, ce qui m’amène à vous parler du long terme à un moment où personne ne s’y intéresse.

Dans mon dernier papier de 2017, j’expliquais que le cours de change du yen -la monnaie Japonaise- était très sous-évalué, ce qui constituait une opportunité d’achat pour les épargnants français. Un certain nombre de lecteurs ont exprimé leur surprise à propos de cette affirmation et m’ont demandé de m’expliquer, ce que je fais bien volontiers tant cela va me permettre de préciser un certain nombre de concepts dont la compréhension est nécessaire à quiconque veut gérer son argent de façon convenable.

Commençons par le taux de change entre deux monnaies, par exemple le yen et le dollar. La première monnaie est celle du Japon, la deuxième celle des Etats-Unis. Comme ces deux pays commercent l’un avec l’autre, il faut que les Japonais puissent acheter des dollars et les Américains des yens avant que d’acheter ou de vendre des produits aux uns et aux autres. Il y a donc un marché ou les offres et les demandes se rencontrent et où un prix est arrêté pour cet échange à ce moment-là, et ce prix s’appelle le taux de change. Depuis 1971 et la fin du dollar exchange standard, ce prix est variable et nous sommes dans ce que les spécialistes nomment des « changes flottants », ce qui veut dire que ce prix n’est pas fixe mais variable.

Regardons le cours du yen par rapport au dollar sur les trente dernières années.

 

En 1978, il fallait environ 250 Y pour acheter un dollar, aujourd’hui il en faut 113, c’est-à-dire beaucoup moins. Le yen est donc beaucoup monté par rapport au dollar depuis cette date.

Et pourtant je dis aujourd’hui que le yen est très sous-évalué par rapport au dollar, ce qui semble contre intuitif. C’est la que rentre en jeu une théorie économique qui s’appelle la théorie de la parité des pouvoirs d’achat et qui stipule que sur le long terme le taux de change entre deux pays s’ajuste toujours à la différence des taux d’inflation entre les deux pays, le pays ayant une inflation plus élevée voyant son taux de change baisser par rapport à celui qui a une inflation plus faible. Et cette théorie est l’une des rares qui ait toujours fonctionné à ma satisfaction

Vérifions.

 

La ligne rouge représente le ratio entre inflation au Japon et inflation aux USA. Comme elle baisse structurellement, cela veut dire que l’inflation au Japon a été inférieure à l’inflation aux USA et que donc le yen devrait monter structurellement vis-à-vis du dollar, ce qui s’est produit.

Mais les marchés sont imparfaits et sujets à des foucades comme nous le savons tous. Parfois, ils sont en avance sur la réalité, parfois ils sont en retard et c’est ce qui offre à l’investisseur des possibilités de placements sans grands risques. Pour mesurer ces opportunités, il suffit de calculer la différence en pourcentage entre la ligne bleue- là où est le marché- et la ligne rouge, -là où il devrait être. C’est ce que je fais dans le graphique suivant.

 

CQFD.

Le yen est sous-évalué d’environ 30 % vis-à-vis du dollar US, ce qui est beaucoup.

La question suivante c’est bien entendu quels sont les effets économiques de cette sous-évaluation ?

La réponse est simple : les sociétés Japonaises qui sont en concurrence avec des sociétés américaines vont leur tailler des croupières puisqu’elles sont beaucoup plus compétitives. La sous-évaluation du yen favorise les sociétés exportatrices Japonaises au détriment des sociétés américaines. Par contre, le consommateur Japonais est pénalisé puisqu’il ne peut pas acheter autant que son travail devrait le lui permettre de produits américains tandis que le consommateur américain peut continuer à vivre au-dessus de ses moyens.

Tout cela veut dire que le commerce extérieur Japonais va voir ses surplus croitre de plus en plus, l’inverse étant vrai pour le commerce extérieur américain.

Et donc, dans le marché des changes, il va y avoir de plus en plus de dollars offerts et de moins en moins de yens, ce qui à terme fera monter le yen par rapport au dollar et nous retournerons comme toujours à la PPA.

Mais il n’y a pas que le dollar et le yen dans le monde.

Si je fais le calcul de la PPA entre le Japon et l’Allemagne cette fois ci, je trouve que le yen est sous-évalué par rapport à la devise allemande d’environ 25 %, ce qui historiquement est beaucoup.

Or le Japon et l’Allemagne offrent le même genre de produits au reste du monde : voitures, matériels de transports, machines-outils, robots, chimie fine etc…et les produits Japonais sont d’une qualité tout à fait comparable aux produits allemands.

Il est donc probable que l’industrie Japonaise va commencer à « faire mal » à l’industrie Allemande dont les marges pourraient être mises sous pression par l’extrême sous-évaluation du yen

Et c’est bien entendu pour cela que depuis plusieurs mois je recommande aux lecteurs de l’IDL de vendre leurs valeurs allemandes pour acheter des valeurs similaires au Japon.

Ils vont gagner à la fois sur le cours de bourse (ce qui a bien commencé) et ensuite sur le taux de change.

Quand tout cela aura eu lieu, alors il faudra vendre.

Mais nous avons bien le temps…

Un mot pour conclure sur l’Euro.

Comme le lecteur s’en rend compte, entre l’Italie et l’Allemagne, un ajustement de la différence de compétitivité par le taux de change n’est plus possible puisque celui-ci a était fixé pour toujours nous dit -on

Et donc la variable d’ajustement sont les marges des sociétés qui ne cessent de monter en Allemagne et de baisser en Italie.

Et les pauvres sociétés Italiennes (ou Françaises) qui seraient en concurrence à la fois avec le Japon ET l’Allemagne vont aller au tapis, voila qui est certain, à moins de sortir toute leurs productions et de France et d’Italie, ce qu’elles s’efforcent de faire aussi vite qu’elles le peuvent.

Et il ne peut pas en être autrement.

Comme je ne cesse de le dire depuis le début : l’Euro va tuer l’Europe que j’aimais et c’est en bonne, en très bonne voie.

 

 

 

 

 

 

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

50 Commentaires

Répondre à bibi

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    • thomas

      25 mai 2018

      Réponse plus bas de M.Gave du 9 janvier 2018

  • Pouquet

    19 janvier 2018

    Bonjour Monsieur Gave,

    Mon idée de bouquins à cosigner sur les « Oints du seigneur à la française » est en fait une série. Le premier livre est écrit. Le deuxième en gestation. Un blog devrait alimenter cette série. Bref, si, de passage à Paris vous souhaitiez en discuter, vous ne perdriez pas votre temps. Vous pouvez me contacter par mail. Merci.

    Répondre
  • bibi

    10 janvier 2018

    Pour acheter du Yen vous pouvez acheter des actifs libellés en Yen en particulier des actions ou des obligations.

    Répondre
  • PATYDOC

    9 janvier 2018

    Bonjour,
    Pour une fois, pas d’accord du tout avec vous : les PPA sont des « trucs » inventés et manipulés par les fonctionnaires internationaux en fonction d’impératifs politiques qui n’ont rien à voir avec l’économie. Par ailleurs, ils sont construits avec des taux d’inflation eux-mêmes complètement déconnectés des réalités. Enfin, le présupposé monétariste que vous sous-entendez dans votre définition des PPA est faux car les taux de change sont largement déterminés par la puissance économique (et la compétitivité produit et pas seulement prix) et , pour certains pays comme les USA, par la puissance politique. Pour finir, rappelons que le Japon est un des pays qui manipule le plus son taux d’intérêt, et comme vous l’enseignez depuis longtemps, si le prix des prix est manipulé, par définition tous les autres prix sont manipulés

    Répondre
    • sassy2

      9 janvier 2018

      bonjour,

      Certes mais si vous pouvez manipuler un graphique de 5/10ans, avec 2008, comme pendant la pseudo election présidentielle à propos de la destruction de la France par bruxelles et les globalistes vous ne pouvez pas manipuler un graph pendant 35ans: il n’y a aucune inflation au Japon.
      Manipulation de la BOJ ou pas, accords secrets sur la la devise ou la balance commerciale ou pas.

    • Alexandre

      14 janvier 2018

      @Sassy2 :

      Ce qui signifierait que nous parlons là de positions à prendre à très long terme (3 ou 10 ans) sur le yen ?

  • gilbros

    9 janvier 2018

    Bonjour,

    Bonne année et merci pour ces explications très interessantes.

    Pour mieux comprendre la théorie des parités du pouvoir d’achat, (j’aime beaucoup les théories qui marchent!), j’ai essayé de calculer le ratio entre inflation japonaise et inflation américaine.
    Et là, je n’arive à rien.
    Inflation japonaise moyenne 2017 : 0.41%
    Inflation américaine moyenne 2017 : 2.13%

    (j’ai pris les valeurs sur Inflation.eu)

    Comment je fais pour trouver 0.83 ?

    Quelqu’un peux m’aider ?

    Merci

    Répondre
    • gilbros

      9 janvier 2018

      En plus, je suis aller sur OECD.org où sont affiché les PPA de beaucoup de pays en $ américain.
      Cela s’arrete en 2016, mais pour 2016, ils donnent 100.28.
      Ce qui est très loin des 83 yen/dollars.

      Mais moins que les 113 yen/dollars actuel…

    • Gave

      9 janvier 2018

      Cher Lecteur
      Comment bâtir un outil pratique a partir de la théorie?
      1)Vous divisez l’indice des prix (et pas la variation annuelle, l’indice lui meme) des Etats-Unis par celui du Japon
      2) vous comparez sur le long terme le RATIO entre ces deux indices des prix avec le taux de change em divisant le taux de change par le ratio
      3) en principe, vous obtenez une série de chiffres plutôt horizontale
      4 ) vous calculez la moyenne, en principe autant de données au dessus qu’en dessous et c’est ca votre parité des pouvoirs d’achat
      5) vous comparez l’écart entre ce chiffre et le taux de change pour savoir s’il y a de l’argent a gagner ou a perdre
      Un peu complique, mais pas tant que ca après tout
      Le but est simplement de corriger le taux de change pour les differences d’inflation entre deux pays
      J’espère que cela vous aide
      cg

    • gilbros

      9 janvier 2018

      Merci beaucoup,

      pour le point 4, la moyenne ou la médiane ?
      Autant de points au dessus et en dessous …

      Pas simple à mettre en place en effet, mais pas impossible…
      Dommage que ce ne soit pas déjà fait sur internet…
      Ce serait pour le coup, un sacré outil pour placer à bon escient…

      Bonne journée,

  • Aljosha

    8 janvier 2018

    Sur la marché automobile européen, Une Toyota produite à Valencienne est produite dans la monnaie allemande : disons que ce n’est ni bon ni mauvais.

    Pour Une voiture produite au Japon, en Yen, est-ce qu’il n’y a pas deux variables qui peuvent compenser le déséquilibre du taux de change : le coût/délai d’acheminement et les droits de douanes ?
    Est-ce que le prix des importations est intégré dans le calcul de l’inflation (Rachida, pouvez-vous m’éclairer sur cette notion ?)
    Si ceci se neutralise, c’est alors la profondeur de son marché local qui compte, et là, avantage à l’Allemagne/Europe ?

    Répondre
  • Martin T

    8 janvier 2018

    Bonne et heureuse année 2018 à vous monsieur Gave et à toute l’équipe de l’IDL.

    Cordialement,

    Martin T

    Répondre
  • Marm

    8 janvier 2018

    Pour revenir sur votre conclusion, et non pas que je sois un défenseur de l’Euro, mais comme nous n’avons pas le choix, ne pourrait on pas imaginer s’en sortir (avec grand mal pendant la transition) en adoptant une stratégie ricardienne d’avantages comparatifs?
    Je veux dire par là qu’à défaut de pouvoir s’ajuster entre pays européens par les taux de change et d’intérêt, ne va-t-il pas se produire une redistribution par spécialité de production (et par segmentation)?
    Par exemple (ce ne sont peut être pas les meilleurs), on pense au nucléaire en France vs l’éolien en Allemagne pour la spécialisation, ou aux voitures milieu/bas de gamme pour la France vs haut de gamme pour l’Allemagne.

    Répondre
    • idlibertes

      8 janvier 2018

      Cela est déjà les cas avec beaucoup de maisons en Espagne et beaucoup d’usines en Allemagne. Un tourisme en hausse en France etc. Cependant, possibilité de dévaluation, les pays se retrouvant quand même à terme avec une monnaie sur évaluée par rapport à l’avantage comparatif offert.
      Les entreprises étrangères quant à elles restent peu promptes à investir en France par exemple compte tenu de cela également ( et sans parler du système juridique et fiscal proposé).
      L’histoire des ingénieurs de pointes, nous avons vu en feu URSS, les limites du raisonnement….

  • riton

    8 janvier 2018

    Bonne année,
    Il faudrait aussi un taux de change différent entre la Creuse et Paris du fait de la différence de PPA.
    Cordialement,

    Répondre
    • Xavier

      8 janvier 2018

      riton
      Oui, une monnaie est déjà difficile à gérer pour un pays.
      Multiplions le problème par 18, juste pour voir.

    • CARTIER

      8 janvier 2018

      Non RITON, car PARIS verse des subventions à la Creuse et les Creusois montent à Paris pour travailler.
      l’équilibre est fait.

    • idlibertes

      8 janvier 2018

      On doit revenir sur le concept de nation içi ?

    • Garofula

      9 janvier 2018

      @cartier

      Dans la réalité, Paris reçoit infiniment plus de richesses qu’il ne verse de subventions à la Creuse et au reste du pays, et ce depuis très longtemps. Paris se taille la part du lion et reverse des miettes. Il suffit de se balader gentiment dans nos régions, avec les yeux ouverts si possible, pour comprendre immédiatement que l’équilibre n’est jamais fait. L’actuel projet de Gross-Paris est la caricature du déséquilibre entretenu entre la capitale et les régions.

      Cette histoire de redistribution qui justifierait le caractère soutenable d’un monopole monétaire, c’est tout simplement une vue de l’esprit. Il en va tout autant de la théorie fumeuse qui spécule l’existence de zones monétaires optimales.

      Dites vous bien une chose. Quand l’Etat impose un monopole, ce n’est jamais pour le bien et la prospérité de ceux qui vont devoir le subir. La monnaie n’échappe évidemment pas à la loi du genre.

    • idlibertes

      9 janvier 2018

      Mais TOUT à fait, c’est une vue de l’esprit. Et c’est une vue de l’esprit que les Français en tant que Nation, ont choisi.
      Pour laquelle il se sont battu.

      Encore une fois comme disait mon grand-pére militaire « Les corses, c’est que des emmm…. mais en tant de guerre, ils font des guerriers remarquables »

    • Aquunch

      9 janvier 2018

      Encore ces fariboles sur la nation. Un «choix»? Une «volonté»? …? En ce qui me concerne, de même que mes aïeux, je suis juste né sur le territoire administré par l’État français.
      Avec un exemple comme quoi l’État français a bien fait d’asservir la Corse puisque les Corses font de la bonne chaire à canon…
      Effectivement, c’est ce qui ressemble le plus à mon expérience de cette «nation»: utilise avant d’être utilisé, exploite avant d’être exploité, asservis avant d’être asservi, envoie l’autre faire la guerre à ta place, fais travailler l’autre à ta place, prends le plus rapidement et ne laisse rien car sinon ce sera toi qui sera farci, etc.
      La «nation»… Juste un artifice dépassé pour asservir et exploiter la partie du peuple qui serait encore crédule. Un moyen pour faire croire au peuple soumis par l’État d’avoir choisi et recherché cette servitude, que c’est un bien, que cette conquête de l’État, par l’État, pour l’État, est en fait démocratique…
      Et puis c’est vrai, la conscription était volontaire… La conscription « volontaire » et « choisie » a eu l’heureuse conséquence de favoriser les naissances (puisque le fait d’être chargé d’âmes dispensait).
      Non mais sérieusement, c’est vraiment n’importe quoi.

    • idlibertes

      9 janvier 2018

      C’est tout à fait votre droit d’avoir cette opinion mais ce n’est pas la notre.
      Certaines personnes, au travers des âges, ont donné leurs vies pour cette abstraction. Pour l’idée que la Nation représentait un choix conscient auquel on adhérait, un ensemble de valeurs qui représentaient un socle auquel nous choisissions ou non d’appartenir. Vous êtes toujours libre de bouger. De choisir d’être apatride.
      En revanche, si vous choisissez d’être Français, c’est à mon sens, reconnaitre vos droits et surtout vos devoirs.

    • Garofula

      9 janvier 2018

      Mon propos initial consistait à faire remarquer que la théorie de la zone monétaire optimale n’est pas crédible, pas d’ouvrir un débatsur la Nation ou l’Etat.

      Cette théorie est souvent utilisée pour anticiper un échec éventuel de l’euro par un manque de redistribution au niveau communautaire, justifiant deux alternatives politiques opposées, soit la création d’un gouvernement de la zone pour les europhiles, soit le retour aux monnaies nationales pour les europhobes.

      Pourtant, l’ancien monopole du franc prouve amplement l’inexactitude de la théorie puisque les régions ont en réalité beaucoup plus subventionné l’Etat et la capitale, où l’essentiel de ses services sont implantés, qu’ils n’ont reçu de subventions. Aujourd’hui comme hier, le déséquilibre est criant. Ca n’a pas empêché le monopole du franc de prospérer longtemps alors que si la théorie avait été vraie, des monnaies régionales auraient dû émerger en lieu et place du franc.

      Si l’euro doit disparaître, ce sera pour d’autres raisons que des histoires de subventions fondées sur une théorie fumeuse à propos de laquelle il existe une foultitude de contre-exemples. Anticiper des évolutions politiques et économiques sur la base d’une théorie complètement fausse est le meilleur moyen de prendre de mauvaises décisions, lourdes de conséquences indésirables. Il importe de comprendre que le retour au monopole du franc serait aussi nocif que l’actuel monopole de l’euro. Il va falloir trouver autre chose.

    • Aquunch

      10 janvier 2018

      Parce que on a le « choix »?? On nait soumis à un État, c’est tout.
      Alors j’ai bien vu que, les devoirs, on en a une palanqué. En ce qui concerne les prétendus « droits », ils se restreignent à se taire et à payer.

      La « Nation », c’est la fameuse religion civile de Rousseau. C’est le truc pour faire de bons soldats de l’État. Au lieu de dire au peuple « Sacrifiez-vous pour l’État », on lui dit « Sacrifiez-vous pour la Nation »… Ou Comment manipulez le peuple 101.

      Et donc,si je comprends bien, selon votre théorie, je ne suis pas le bienvenu dans votre « Nation » bien que j’y aie mes racines. Et pourquoi est-ce dans ce sens et pas l’inverse. C’est bien ce que je dis: nous sommes soumis. On conquis notre terre, puis on nous dit « si vous ne vous soumettez pas à l’idéologie officielle, alors partez » (car, les colonnes infernales, c’est quand meme dépassé).

    • idlibertes

      10 janvier 2018

      Non, ce n’est pas du tout ce que j’ai dis.

      « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. L’homme, Messieurs, ne s’improvise pas. La nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans la passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu’on a consentis, des maux qu’on a soufferts. On aime la maison qu’on a bâtie et qu’on transmet. Le chant spartiate : «Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes» est dans sa simplicité l’hymne abrégé de toute patrie.

      Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à réaliser ; avoir souffert, joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques ; voilà ce que l’on comprend malgré les diversités de race et de langue. Je disais tout à l’heure : «avoir souffert ensemble» ; oui, la souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l’effort en commun.

      Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de vie. Oh ! je le sais, cela est moins métaphysique que le droit divin, moins brutal que le droit prétendu historique. Dans l’ordre d’idées que je vous soumets, une nation n’a pas plus qu’un roi le droit de dire à une province : «Tu m’appartiens, je te prends». Une province, pour nous, ce sont ses habitants ; si quelqu’un en cette affaire a droit d’être consulté, c’est l’habitant. Une nation n’a jamais un véritable intérêt à s’annexer ou à retenir un pays malgré lui. Le vœu des nations est, en définitive, le seul critérium légitime, celui auquel il faut toujours en revenir.

      Nous avons chassé de la politique les abstractions métaphysiques et théologiques. Que reste-t-il, après cela ? Il reste l’homme, ses désirs, ses besoins. La sécession, me direz-vous, et, à la longue, l’émiettement des nations sont la conséquence d’un système qui met ces vieux organismes à la merci de volontés souvent peu éclairées. Il est clair qu’en pareille matière aucun principe ne doit être poussé à l’excès. Les vérités de cet ordre ne sont applicables que dans leur ensemble et d’une façon très générale. Les volontés humaines changent ; mais qu’est-ce qui ne change pas ici-bas ? Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera. Mais telle n’est pas la loi du siècle où nous vivons. À l’heure présente, l’existence des nations est bonne, nécessaire même. Leur existence est la garantie de la liberté, qui serait perdue si le monde n’avait qu’une loi et qu’un maître.

      Par leurs facultés diverses, souvent opposées, les nations servent à l’œuvre commune de la civilisation ; toutes apportent une note à ce grand concert de l’humanité, qui, en somme, est la plus haute réalité idéale que nous atteignions. Isolées, elles ont leurs parties faibles. Je me dis souvent qu’un individu qui aurait les défauts tenus chez les nations pour des qualités, qui se nourrirait de vaine gloire ; qui serait à ce point jaloux, égoïste, querelleur ; qui ne pourrait rien supporter sans dégainer, serait le plus insupportable des hommes. Mais toutes ces dissonances de détail disparaissent dans l’ensemble. Pauvre humanité, que tu as souffert ! que d’épreuves t’attendent encore ! Puisse l’esprit de sagesse te guider pour te préserver des innombrables dangers dont ta route est semée !

      Je me résume, Messieurs. L’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu’exige l’abdication de l’individu au profit d’une communauté, elle est légitime, elle a le droit d’exister. Si des doutes s’élèvent sur ses frontières, consultez les populations disputées. Elles ont bien le droit d’avoir un avis dans la question. Voilà qui fera sourire les transcendants de la politique, ces infaillibles qui passent leur vie à se tromper et qui, du haut de leurs principes supérieurs, prennent en pitié notre terre à terre. «Consulter les populations, fi donc ! quelle naïveté ! Voilà bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyens d’une simplicité enfantine». – Attendons, Messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts. Peut-être, après bien des tâtonnements infructueux, reviendra-t-on à nos modestes solutions empiriques. Le moyen d’avoir raison dans l’avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé. »

    • Garofula

      10 janvier 2018

      Ce brave et honnête Ernest… L’homme dépourvu de Nation est une des menaces de notre temps. Après s’être prétendu Etat-nation, l’Etat collectiviste et globaliste voudrait bien exister en réduisant la Nation à néant, nourrissant l’espoir d’une domination sans partage pour ses dirigeants. Plus aucune limite à leur pouvoir ! Mais ils vont avoir fort à faire pour faire surgir leur homme nouveau. Les Nations existent depuis au moins aussi longtemps que la Bible. Ce n’est pas demain qu’on les fera disparaître.

    • sassy2

      10 janvier 2018

      Je ne veux pas vivre ensemble ni avec hidalgo ni avec bartelone ou autres. They have to go back.

    • Aquunch

      11 janvier 2018

      D’une part, cela correspond au texte officiel pour faire mourir et travailler le peuple pour l’État. C’est bien le contenu de la religion civile. En le baratinant que c’est pour lui, le peuple, et non pour l’État.

      Ce qui me paraît incroyable, c’est qu’on puisse trouver de la vérité dans ce texte. Que l’auteur ait divagué sous l’effet de l’opium ou de l’alcool en écrivant ce texte, soit. Mais que des personnes y adhèrent sincèrement, voilà qui me rend confus – je ne comprends pas comment on peut spontanément adhérer à ça, alors qu’il s’agit évidemment de boniments fumeux destinés à motiver le peuple et à lui faire accepter sa condition. « Bats-toi! Sinon tes ancêtres seront morts en vain. » « Travaille pour le futur commun. »

      Et surtout, en tant que peuple, la seule chose que nous avons en commun est d’avoir le même maître. Pour le reste, il s’agit de fariboles, de contes-à-dormir debout. Nous mourrons et travaillons pour le même maître. L’héritage commun et indivis est la succession des maîtres.

      Alors avoir ce maître-ci ou ce maître-là… Quel changement!
      Par contre, je reconnais l’utilité d’avoir une concurrence entre les maîtres, une compétition, ce qui sera toujours mieux qu’un unique maître global. Mais aujourd’hui, ils se sont associés et forment un cartel.

      Quant à la « gloire »… Fichtre. Je préférerais avoir la paix. Le « passé héroïque »…. Diantre. Ce qui serait héroïque serait de nous foutre la paix.
      Et puis « le programme commun à réaliser »… Que pensez-vous de la paix? De se laisser mutuellement tranquille? Ça, c’est encore un truc à mobiliser et motiver le peuple, lui faire accepter sa condition, pour lui faire faire construction de nouvelles pyramides.
      La « grande solidarité »… Je m’étrangle. C’est le mythe de Bastiat, l’État, où tout le monde essaie de vivre aux dépends de tout le monde. La grande solidarité est « meurs et travaille pour l’État, puis tais-toi ». Les mots me manquent devant l’absurdité de cette pseudo, voire aberrante, « grande solidarité ». Vraiment n’importe quoi. Le mec s’est shooté à l’alcool à 90 pour écrire ça.
      Les sacrifices encore disposés à faire? Facile: zéro. Vraiment j’vois pas pourquoi je sacrifierais quoique ce soit si j’en avais le choix.
      « fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune ». lol. Je ne sais pas si il faut en rire ou en pleurer. Comme si il y avait un choix, une alternative.
      Le reste du texte, je ne sais même pas où donner de la tête tellement c’est hors-sol.
      « agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de cœur ». Oui, et la marmotte met le chocolat dans le papier alu.
      « Le moyen d’avoir raison dans l’avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé. » Peut-être la seule vérité là-dedans, même si on a pas vraiment le choix. La bourse ou la vie.

      Peu importe. Ce n’est pas comme si quelque chose changera.

    • idlibertes

      11 janvier 2018

      Pour revenir aux fondamentaux, je vais partir d’Aristote, l’homme incline à vivre en société. Or, toute vie en société contient le DROIT en germe ( ubi societas, ibi jus). La régle de droit doit en elle même être obligatoire, générale et permanente. A partir du moment ou l’organisation de la vie en société va requérir un corpus, vous allez devoir avoir aussi une violence légitime pour l’en-forcer qui ne serait être tenue par un capital privé (ou sinon, bienvenue en Sicile). Vous aurez donc, à terme, la nécessité d’un pouvoir régalien, quoiqu’en disent les anarchistes/libertariens/ dont vous faîtes partis qui ne sont pas raisonnables à jongler entre utopies bien au chaud derrière des écrans, en général, sans femme et sans enfant à envoyer à l’école ou la crèche ou au parc parce que oui, encore une fois, l’homme est un animal social qui recherche des « petits copains » pour jouer aux gendarmes et aux voleurs (de la cage à poule au bitcoin)
      Vous faites dans votre développement d’autre part une confusion entre l’Etat ( l’abstraction qui prend d’une main ce qu’elle rend en partie de l’autre aprés s’être grassement servi) et la Nation( qui est la somme des individus) qui vous induit à citer Bastiat de façon contraire à sa pensée.

      Bastiat entretenait vis à vis de l’ETAT une grande méfiance (L’adminsitration politique en gros) mais aimait fierement la république et la Nation cf:J’aime la République, — et j’ajoute, pour faire ici un aveu dont quelques-uns pourront être surpris, [2] — je l’aime beaucoup plus qu’au 24 février. Voici mes raisons. Comme tous les publicistes, même ceux de l’école monarchique, entre autres Chateaubriand, je crois que la République est la forme naturelle d’un gouvernement normal. Peuple, Roi, Aristocratie, ce sont trois puissances qui ne peuvent coexister que pendant leur lutte. Cette lutte a des armistices qu’on appelle des chartes. Chaque pouvoir stipule dans ces chartes une part relative à ses victoires. C’est en vain que les théoriciens sont intervenus et ont dit : « Le comble de l’art, c’est de régler les attributions des trois jouteurs, de telle sorte qu’ils s’empêchent réciproquement. » La nature des choses veut que, pendant et par la trêve, l’une des trois puissances se fortifie et grandisse. La lutte recommence, et aboutit, de lassitude, à une charte nouvelle un peu plus démocratique, et ainsi de suite, jusqu’à ce que le régime républicain ait triomphé.

      « Mais il peut arriver que le peuple, parvenu à se gouverner lui-même, se gouverne mal. Il souffre et soupire après un changement. Le prétendant exilé met à profit l’occasion, il remonte sur le trône. Alors la lutte, les trêves et le règne des chartes recommencent, pour aboutir de nouveau à la République. Combien de fois peut se renouveler l’expérience ? C’est ce que j’ignore. Mais ce qui est certain, c’est qu’elle ne sera définitive que lorsque le peuple aura appris à se gouverner.

      Or, au 24 février, j’ai pu craindre, comme bien d’autres, que la nation ne fût pas préparée à se gouverner elle-même. Je redoutais, je l’avoue, l’influence des idées grecques et romaines qui nous sont imposées à tous par le monopole universitaire, idées radicalement exclusives de toute justice, de tout ordre, de toute liberté, idées devenues plus fausses encore dans les théories prépondérantes de Montesquieu et de Rousseau. Je redoutais aussi la terreur maladive des uns et l’admiration aveugle des autres, inspirées par le souvenir de la première République. Je me disais : Tant que dureront ces tristes associations d’idées, le règne paisible de la Démocratie sur elle-même n’est pas assuré.

      Mais pour que la République se maintienne, il faut que le peuple l’aime. Il faut qu’elle jette d’innombrables et profondes racines dans l’universelle sympathie des masses. Il faut que la confiance renaisse, que le travail fructifie, que les capitaux se forment, que les salaires haussent, que la vie soit plus facile, que la nation soit fière de son œuvre, en la montrant à l’Europe toute resplendissante de vraie grandeur, de justice et de dignité morale. Donc, inaugurons la politique de la Paix et de la Liberté.

      Paix et liberté.

      Œuvres complètes, vol. 5, p. 407.

      PS si vous avez des problèmes avec les notions dites vous pour vous simplifier que nation= Patrie. Il ne vous viendrait pas à l’idée d’écrire que la patrie est spoliatrice. La patrie étant une abstraction. L’Etat en revanche, est une abstraction devenue concrête (et de plus en plus au travers des ages), dont les employés sont des fonctionnaires et qui vivent du système de redistribution. Regrouper les deux notions pour n’en faire qu’une est donc soit une erreur intellectuelle soit une malhonnêteté intellectuelle. Vous avez le droit de considérer que la notion serait rance, soit, mais vous n’avez pas le droit de galvauder les concepts.

    • Aquunch

      11 janvier 2018

      lol.
      La « Patrie », comme la nation, est un truc qui n’existe pas. Juste un machin pour faire accepter au peuple sa condition.

      Quant à votre aimable jugement à mon endroit, je ne me suis pas permis d’en faire autant (surtout que je ne vois pas le point…?). Mais je comprends qu’on fait ce qu’on peut quand on n’arrive pas à répondre au fonds et que le fonds ne correspond à notre idéologie. D’autant plus que l’idéologie a toujours une explication pour tout. Forcément, si une personne n’adhère pas à l’idéologie, c’est qu’elle est foncièrement malhonnête et malveillante. Ou idiote. Robespierre n’a pas dit mieux. Que voulez-vous, le bon peuple est trop idiot pour comprendre ce qui est bon pour lui. Une idéologie revient toujours au même point: ceux qui ne sont pas d’accord ne peuvent s’exprimer ou doivent partir (ou pire). Quelle différence avec Marx: tous ceux qui ne font pas parti du prolétariat, allez hop, zou, au goulag!

      Mon point est que la Nation/Patrie est un truc qui n’existe pas. Ce sont des balivernes. Et vous me répondez que l’État est nécessaire. Ce qui n’a rien à voir avec une prétendue « la grande solidarité » (concept déconnecté de toute réalité!). Je suis bien d’accord que, en théorie, un État est indispensable, un mal nécessaire. Idéalement, il ne devrait être qu’un outil – historiquement, ce ne fut pas souvent le cas. Et parmi les moyens de ce maître pour contrôler la population, il propage les idées vides de Nation et de Patrie.

      Je ne vous retourne pas vos compliments puisque vous me paraissez sincère dans votre croyance.

    • idlibertes

      11 janvier 2018

      Cher monsieur,

      C’est absolument faux. Je vous ai répondu strictement sur le fond; en me permettant de reciter Bastiat et justement en prenant le temps de vous expliquer que vous n’aviez pas compris une notion fondamentale.

      Je constate que vous ne pouvez ou ne voulez pas comprendre ; ce qui pour moi reviens au même.

      Rompons là.

      Been there, done that.

      Vous êtes moins interressant que vous ne le pensez, ce qui est souvent la réflexion que je me fais à propos des anar/liberariens .
      Dieu que ces gens là s’accordent de l’importance !

      Je trouve cela le comble de la vulgarité.

    • durru

      11 janvier 2018

      C’est vrai que j’avais déjà lu des libéraux anarchistes, mais la France ne me semblait pas le terreau le meilleur pour leur épanouissement. Et pourtant…
      Le fait que l’Homme soit un « animal social » me semble être une lapalissade. A partir de là, il faut bien une société (à laquelle on adhère de manière plus ou moins volontaire) dans laquelle vivre et s’épanouir. L’individualisme poussé à l’extrême n’a jamais vraiment fonctionné et je vois mal comment ça pourrait marcher avec le bagage culturel actuel. Qu’on parle de village, de quartier, de tribu ou je ne sais quelle autre unité d’organisation, il y a toujours une structure dans laquelle on s’insère et dont on accepte les règles.
      La Nation est « juste » l’assemblage de plusieurs unités élémentaires qui partagent la même langue (le plus souvent), la même culture, les mêmes valeurs. Au-delà des débats dominants-dominés, car il ne faut pas oublier que dans les sociétés occidentales le concept d’ « intouchables » n’existe pas. Je suis content d’être né en Europe et pas au Moyen-Orient, en Afrique ou au Bangladesh. Et je peux être reconnaissant envers nos ancêtres pour ça, car ce n’est pas un cadeau du ciel. Et j’ai le droit, je crois, de vouloir léguer ça à mes enfants. C’est ça la Nation, rien d’autre.
      Les ermites qui ont décidé de s’isoler complètement de la société ne sont pas nombreux et n’ont pas fait l’histoire. L’histoire est faite par des gens qui ont accepté de vivre ensemble et « faire société ». A chacun de nous de décider dans quel genre de société il veut vivre, de ne pas accepter la soumission quand cela n’est pas acceptable, etc.

    • Aquunch

      12 janvier 2018

      Tant de haine et tant de mépris. Belle preuve d’empathie envers ceux dont les moyens intellectuels sont insuffisants pour adopter votre idéologie. Je suppose que c’est cela la « grande solidarité ».

      Décidément, il y a une significative différence entre les articles de hautes volées (Charles Gave, JB Noé…) ici publiés et le stagiaire modérateur.

      Durru,
      Je suis d’accord avec la majeure partie de votre texte. Le seul point que le mentalement déficient que je suis rejette est la Nation/Patrie. Comme si c’était quelque chose qui serait venue du peuple alors qu’il fut imposé d’en haut. Et ce que vous écrivez me plaît beaucoup plus que la « grande solidarité » – je ne vois pas comment je peux être en désaccord, bien au contraire.

      A propos d’ermite, le pape Célestin V était un ermite. Il formalisa le processus d’abdication des papes (afin de pouvoir lui-même abdiquer et retourner à sa vie d’ermite).

    • durru

      12 janvier 2018

      Je crois qu’on s’égare… Je reprends. Au commencement, il y avait plein de « familles élargies » qui ont réussi, malgré les faibles moyens de l’époque, à s’approprier pratiquement toute la Terre.
      Les diverses découvertes ont permis à ces premiers hommes de mettre de côté, de « capitaliser ». Ce qui a permis à certains d’acquérir des pouvoirs plus importants que d’autres, ce que vous appelez « d’en haut ». Mais, « en même temps » (pour rester dans l’air du temps), ces mêmes individus ont pris des responsabilités supplémentaires au sein de leur communauté. Ce qui leur a donné la légitimité d’imposer « d’en haut » certaines choses. Dont l’Etat. Qui est apparu à peu près partout entre autres parce que, on le sait très bien, « homo homini lupus » (petite parenthèse, les civilisations sans Etat ont été les premières à disparaître). Et donc au départ l’Etat était une forme de solidarité, ne vous en déplaise. Et la Nation s’est construite sur la base de cette solidarité, certes imposée d’une certaine manière. Et ces liens de solidarité n’ont eu de cesse de se tisser. Vouloir les rompre soudainement est un risque que certains n’ont pas peur de prendre. Ce n’est pas pour autant qu’ils n’existent pas.
      Demandez-vous plutôt pourquoi ce qui marchait pas trop mal il n’y a pas si longtemps ne marche plus aujourd’hui. Je crois pour ma part qu’il s’agit de la perte d’un élément essentiel parmi ceux présentés dans ma courte histoire ci-dessus: la responsabilité. Les « responsables » ne sont plus responsables de l’avenir et du bien-être de leurs semblables. Lesquels ne se sentent plus liés par un quelconque contrat avec ceux qui prétendent les diriger. Je comprends donc votre chagrin, mais ce n’est pas pour autant que je partage votre avis.
      Les Nations existent bel et bien et ce ne sont pas quelques illuminés en quête d’un millénium illusoire qui vont les faire disparaître. Malgré leur indéniable puissance temporelle. Car « Mon royaume n’est pas de ce monde », comme disait l’autre…
      On ne détruit pas des millénaires de civilisation et de construction de structures sociales et sociétales en quelques années, même à notre époque de progrès technologiques fulgurants.
      P.S. C’est pas bien de reprendre mes vannes pourries (il n’y a pas de stagiaire chez IDL).

    • idlibertes

      13 janvier 2018

      Merci merci.

      @aquunnche . Je suis très économe avec mon mépris en raison du grand nombre de nécessiteux. Encore une fois, vous vous accordez trop d’importance.

      La brutalité de vos propos démontre que vous êtes justement incapable de prendre de la distance face à ce que vous prêchez. Je veux bien discuter avec des gens, admettre que j’a tort sans problème car j’ai admis depuis longtemps que je n’étais jamais qu’à une étape dans un monde de connaissances infinies mais je ne peux pas discuter avec des « affirmants ».
      Seuls les Chiffres peuvent se marteler.
      En revanche, l’Histoire, écrite par les vainqueur est par essence empreinte de notre subjectivité humaine.
      Même remarque des sciences politiques .

      Donc, affirmer que votre conception de la Nation serait par essence la bonne (en ce qu’elle n’est pas) est pour moi, le summum encore une fois de la vanité.

    • durru

      12 janvier 2018

      J’avais oublié l’histoire de l’ermite… Vous ne faites qu’abonder dans mon sens. Célestin V a laissé un héritage justement au moment où il n’a pas (plus) agi en ermite, mais en membre de la société.

    • Charles Heyd

      12 janvier 2018

      Je réponds à #durru quand il écrit: « Demandez-vous plutôt pourquoi ce qui marchait pas trop mal il n’y a pas si longtemps ne marche plus aujourd’hui. »;
      ce qui marchait effectivement avant c’était, et je n’aime pas cette définition, mais elle veut bien dire ce qu’elle veut dire, c’était le « vivre-ensemble » et ce qui est sous-jacent;
      il y a cent ans des paysans « analphabètes », pour reprendre un vocable de notre président élu, par compagnies entières (des centaines d’hommes) sortaient de leurs tranchées sur un coup de sifflet pour se faire hacher menu par les mitrailleuses allemandes;
      aujourd’hui, trois soldats se sont fait tirés dessus, mais sans un seul mort, au Mali, et cela fait la « une »;
      quelqu’un vous a expliqué pourquoi ces hommes ont été blessés (au Mali)?
      est-ce que c’était pour leur « patrie » ou leur « nation » alors que les poilus tombaient en général dans les tranchées en Lorraine ou en Champagne plutôt que dans des terres désertiques sahariennes?
      question ardue et quand un anar (comme #Aquunch, et là je suis tout à fait d’accord avec IDL – #Aquunch est de la pire espèce des aveugles ou des sourds, c-à-d ceux qui ne veulent pas entendre ou qui ne veulent pas voir) aura trouvé la solution on pourra (peut-être) aller un peu de l’avant!

    • durru

      13 janvier 2018

      Oui, peut-être, mais une bonne centaine d’années auparavant d’autres « paysans analphabètes » ont laissé leur sang un peu partout en Europe et pourtant, à l’arrivée, ont accueilli leur « bourreau » en liesse pour ses cent derniers jours et ont répondu présent pour un dernier carnage, à Waterloo.
      Il doit y avoir autre chose, si vous voyez ce que je veux dire…

    • Alexandre

      14 janvier 2018

      Je trouve vos débats légèrement désincarnés par manque d’esprit pratique ou d’explications concrètes, ils tranchent radicalement avec le poste de Charles Gave.

      Ainsi, vos commentaires sont parfois semblables à des tests de Rorschach dans lesquels le contradicteur ne pouvant y lire que le miroir de sa propre opinion, répondra ainsi lui-même par d’autres tests de Rorschach.

      Et c’est pour cela que vous en arrivez finalement sans raisons à un conflit d’égos, à cause de la forme, lorsque sur le fond vous êtes potentiellement tous d’accord.

      Sur le fond,

      Les nations sont avant toutes autres choses, le fruit de la géographie et des différences de biotopes qui en résultent.
      La dérive des continents n’existe pas sur les autres planètes du système solaire et il est peu probable qu’elle existe sur les exoplanètes de notre galaxie.
      Car la dérive des continents fut probablement causée par l’énergie cinétique résiduelle qui émanait de l’impact du corps céleste qui induisait la création de la lune (la lune étant un éjecta des débris de la terre suite à cet impact), ce qui génère donc sur terre des montagnes, des océans etc. qui n’existent pas sur les autres planètes et probablement par sur les exoplanètes.

      Les « nations » sont donc probablement une spécificité terrienne que ne connaitraient pas d’éventuels habitants d’autres planètes, qui dès l’aube de leurs civilisations auraient formé une seule et même nation planétaire.., puisqu’ils ne connaitraient pas les barrières naturelles qui existent sur terre (montagnes, océans etc.)..

      A cela, il faut ajouter que ces barrières naturelles sont la cause de profondes mutations du patrimoine génétique humain, les populations s’adaptant à leur milieu..

      A cela, il faut encore ajouter l’émergence d’atavismes propres aux conditions de la survie dans chacun des biotopes.. ces atavismes ayant eux-même une influence sur le patrimoine génétique humain..

      Une nation est donc constituée d’un patrimoine génétique, d’atavismes et d’un biotope relatif.

      Les nations sont toujours le produit des opportunismes (je peux annexer mon voisin si mon voisin est faible.. je peux voler son eau s’il ne sait pas la défendre..), des atavismes qui dépendent des conditions initiales de la survie (les conquêtes islamiques par exemple : pour compenser la pauvreté du désert, il fallait justifier les percées territoriales en dehors du désert.., ce qui nous lègue aujourd’hui un atavisme islamique désincarné au regard de sa raison d’être initiale.. ou encore la guerre d’Algérie initialement née du conflit entre l’agriculture vivrière et les grandes exploitations agricoles importées sur le modèle de la planification..) etc.

      Alors,

      Les nations deviennent obsolètes à mesure que l’Homme moderne devient un trans-humain, urbain tout d’abord, assisté ensuite, puis génétiquement modifié (GPA, PMA, Utérus artificiels, qui ne sont que le début de ce que la science pourrait rendre possible..), enfin, l’Homme moderne devient un idiocrate globalisé.

      Cet idiocrate globalisé, affranchi des conditions de sa propre survie (du moins le croit-il dans sa bulle), devient un ennemi pour lui-même.
      Affranchi de la sédentarité, il s’affranchit des devoirs à l’égard de son biotope, puis à l’égard de son propre corps et finalement, par les manipulations génétiques, croyant s’améliorer ou se guérir, il pourrait causer la dégénérescence génétique de son espèce ou même son extinction.

      Enfin, rebelle pour lui-même, l’humain encore préhistorique hérite la croyance atavique que la guerre serait l’état normal des choses et aucun consentement offert par un humain n’est donc jamais gratuit.

      L’humain consent à son Etat sous la contrainte, sans laquelle il vivrait comme un sauvage préhistorique, l’humain n’est pas encore capable de consentir gratuitement au bien commun.

      Mais le timing n’est pas bon, car nos sciences progressent plus vite que nos attributs comportementaux ou nos atavismes et déjà les « armes proliférantes » sont annoncées aux USA..

      Demain et peut-être même dans les secondes qui suivent, n’importe qui sur terre sera en capacité de détruire toute la terre, par ces potentielles « armes proliférantes ».

      Les sciences ne nous mènent plus au progrès, mais à des sortes de bombes atomiques du pauvre, des armes sans limite théorique à leur capacité destructrice, qui ne nécessiteraient pratiquement rien pour être fabriquées.. et dans cette « société de la connaissance », conserver le secret, faire régresser les connaissances, mentir, est impossible.. on ne peut que retarder l’échéance et il faut le faire..

      Quelle peut-être l’issue ?

      L’utopie ou la mort !

      Un nouvel age d’or ou l’extinction de l’humanité dans moins de 30 ans.

      Ou un entre-deux qui passerait par une théocratie mondiale assistée par des prodiges technologiques que les idiocrates croiront devoir imputer à dieu (télépathie, hologrammes atmosphériques, ovni salvateurs etc.)..

      La religion n’est pas l’opium du peuple, c’est un outil de pouvoir.

      Et pour gérer tous ces trans-humains idiocrates, pour éviter que l’un d’eux ne fasse exploser la terre, quelle serait la meilleur stratégie, si ne celle consistant à créer une nouvelle théocratie justifiée par les prodiges causés par des technologies dont les civils ignorent l’existence ?

      Et quoi de mieux, lorsque les scientifiques civils eux-mêmes deviennent par crédulité le relai de ce projet (Philippe Guillemant, Jean-Jacques Charbonnier.. etc.) ?

      Attendez-vous à entendre dieu vous parler par télépathie, à voir des anges ou la vierge Marie dans le ciel, à rencontrer des dieux venus d’un autre monde..

      Cette planète entière pourrait devenir un vaste cinéma cognitif, pour justifier une théocratie bouddhiste-new-age, qui permettrait d’appesantir les foules pour qu’elles ne brûlent pas le palais.. et jusqu’à ce qu’on trouve le moyen pour que l’Homme consente de lui-même gratuitement et sans se rebeller, au conditions de la vie elle-même.

    • durru

      15 janvier 2018

      @Alexandre
      Vous ne faites que nous présenter un millénium de votre choix. Ce n’est pas parce qu’on y croit que cela va arriver, c’est bien plus compliqué que ça. Et d’ailleurs vous le dites vous-même: « nos sciences progressent plus vite que nos attributs comportementaux ».
      Je vous conseille de lire Asimov, ses Robots et sa Fondation sont des approches bien plus réalistes des possibles évolutions de la race humaine.
      Par ailleurs, les montagnes sur Mars sont bien plus hautes que sur la Terre…

    • Alexandre

      16 janvier 2018

      @Duru :

      Oui, le Mont Olympus qui fait 25km de haut sur Mars.. mais en dehors de cela, la planète Mars est plutôt plate.. puisqu’il n’y a pas de dérive des continents sur Mars, pas plus que sur les autres planètes du système solaire.

      Et puisqu’il n’y a vraisemblablement pas de lune sur les exoplanètes que nous découvrons, la vie qui se trouve peut-être sur ces exoplanètes ne constituerait alors qu’un seul et même biotope sur un seul et même continent, contrairement à la terre, puisque sur ces exoplanètes il n’y aurait pas non plus de dérive des continents..

      La dérive des continents est probablement un cas rarissime dans l’univers.

      Cela ne nous permettra pas de nous enrichir en bourse sans travailler, mais cela permet au moins aux exobiologistes de penser ce qu’est peut-être la vie sur ces exoplanètes qui se trouvent dans la zone de l’eau de leur étoile..

      Comme quoi, le concept de nation mène à tout..

    • durru

      17 janvier 2018

      « La planète Mars est plutôt plate. » Peut-être bien: http://www.europe1.fr/international/video-mars-et-ses-montagnes-vues-du-ciel-1691155
      Pour ce qui est des satellites d’exoplanètes, ce n’est pas qu’il n’y en a pas, c’est plutôt que les techniques connues ne permettent pas de les identifier formellement. Un rapide coup d’oeil sur Wikipédia permet d’en savoir un peu plus: https://fr.wikipedia.org/wiki/Lune_extrasolaire
      En gros, « je sais que je ne sais rien ».

  • Robert

    8 janvier 2018

    Oui M. Gave : l’ Euro est en train de tuer l’ Europe des nations. Je pense que c’est l’objectif recherché, mais que les peuples (en particulier d’ Europe de l’est)ne laisseront pas faire…
    Bonne année à vous.

    Répondre
  • Dyr

    8 janvier 2018

    Bonjour et bonne année IDL

    Depuis un certain nombre d’année, et encore plus depuis que je connais l’IDL, je ne cesse de me dire que j’aurais du aller en filière économique plutôt qu’en IUT pour faire mes études.

    On vous l’a déjà dit mais vous seriez un excellent enseignant d’université, même si vous vous y seriez ennuyé avez vous dit, de par le fait qu’on passe plus de temps à se confronter à ses homologues. Et moi j’aimerais remonter le temps pour avoir une place dans vos amphis.

    Démarrer la journée en lisant IDL en petit-déjeunant, parce que la télé n’est physiologiquement plus possible pour moi, rien n’est plus gratifiant !

    Tous mes voeux pour cette année 2018 M. Gave
    Puisse elle vous être fructueuse

    Bien à vous

    Répondre
  • Alf

    8 janvier 2018

    Bonjour,
    Et si la BOJ décidait de prolonger dans le temps et en volume le QE, j’imagine que ce ne serait pas sans impact sur la valeur du yen.
    Bien cordialement
    A.

    Répondre
    • LAROSE

      8 janvier 2018

      Dans la continuité de la question de Alf, beaucoup disent que le Yen ne vaut plus rien après plus de 30 ans de QE, que la dette japonaise est maintenant détenue majoritairement par la BOJ et non plus les japonais et que la démographie japonaise est sinistrée.Merci d’avance de nous donner des clefs pour comprendre

    • idlibertes

      8 janvier 2018

      Cela n’empêche pas le yen d’être sous évalué :-)) parce que tout ce que vous évoquez, gentillement je le dis, mais je crains que les marchés ne soient au courant, depuis un moment…

    • jemapelalbert

      8 janvier 2018

      Pour Alf :Un article est paru dans IDL à ce sujet

    • CharlesM

      8 janvier 2018

      Bonjour,
      Vote question sous-entend que le QE peut créer de l’inflation, donc dégrader le pouvoir d achat de la monnaie. Or l histoire récente nous montre que les différents QE n’ont pas réussi à créer cette inflation, au grand désespoir des banquiers centraux. Est ce que l’inflation va accélérer plus vite au japon qu’aux US ou qu’en Europe? Ca n’en prend pas le chemin. Les QE et les taux zéro qui les accompagnent ont plutôt tendance à dissuader les épargnants de toucher à leur bas de laine et à freiner la circulation de l argent. De plus, le vieillissement est déflationniste, en termes ce consommation

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