12 février, 2013

Printemps Arabe et Démocratie

Voilà une vision fascinante : tous les régimes touchés par le printemps arabe ont modelé leurs constitutions sur celle de la 5 eme République Française.

Les hommes forts de chaque pays ont définit leurs régimes comme centralisés, présidentiels et laïcs. Ils ont justifié leurs dictatures en expliquant à leurs concitoyens qu’ils étaient la seule alternative à l’Islam fondamental. C’est à peu prés le même argument que celui qui a prévalu à l’ouest. « Ne nous poussez sur le terrain des Droits de l’Homme car nous sommes le seul rempart contre les islamistes fondamentaux voire même contre le terrorisme et l’Immigration de masse ».

Ces déclarations ont été en partie prophétiques. Ayant été bercés à l’idée que la seule alternative aux dictatures était l’islamisme, beaucoup de Nord Africains se sont laissés entrainés vers cette idéologie, due aussi au dégout pour leurs propres gouvernements.

Juste après les révolutions, les partis islamistes de différents bords ont tous bénéficiés d’avoir été la seule opposition contre la tyrannie antérieure.  Un parallèle existe clairement avec la vague anti communiste de 1989. En Europe centrale et en Europe de l’Est, la chute de la nomenclature donna lieu à la renaissance de toutes les croyances qui avait été étouffées par le passé. On même vu ressurgir des tentatives de monarchies de la baltique aux Balkans. Il fut aussi soudain à la mode de se découvrir des ferveurs religieuses. En Allemagne de l’Est, on nota même une résurgence pour le néo nazisme que les Allemands et les journaux étrangers suivirent avec beaucoup d’excitation. Le point d’accroche des ces idéologies était facilement appréhendable : si les apparatchiks étaient contre les rois, les patriarches et les fascistes, certains pensaient alors qu’ils ne pouvaient pas être aussi mauvais que cela. Une certaine partie du monde arabe est en train de vivre le même processus de décompensation.

Il existe un autre parallèle avec la révolution de 1989.  Même si les leaders des pays arabes avaient formé une sorte de club des forts, comme les dirigeants des Comecon en leurs temps, leurs opposants  des différents pays eux, n’ont absolument pas œuvrés de concert.

Chaque pays semble avoir suivi sa  propre libération, les dissidents se rassemblant. Dans les deux cas, les révolutions sont arrivées en parallèles, quand des groupes sans relations les uns avec les autres  apportèrent la même réponse pratique aux mêmes évènements.Encore aujourd’hui, les nouveaux régimes semblent assez peu intéressés les uns aux autres. Beaucoup de gouvernement d’Afrique du Nord semblent inclure des partis plus ou plus islamistes. Le PJD au Maroc, les frères musulmans en Egypte et ainsi de suite.

Cependant, l’idée trop souvent répandue par les journalistes occidentaux que ces partis seraient tous une seule même branche islamiste n’est pas forcement exacte .Bien que faisant face à des batailles similaires et bien que partageant une langue commune, chacun d’entre eux est surtout concentré sur la gestion de ses affaires domestiques et a donc assez peu à voir avec ses pairs. Du reste, leurs approches de la politique sont souvent assez différentes. En effet, le plus vous en découvrez sur eux, le moins l’étiquette islamiste globale paraît une notion même vaguement envisageable.

Tenter d’imaginer une continuité entre les salafistes radicaux qui souhaitent une théocratie basée sur la sharia et des partis musulmans qui se considèrent comme des chrétiens démocrates serait absurde.

Sous les dictatures, rien de même proche d’un parti démocratique musulman, c’est à dire inspiré par des valeurs religieuses mais soutenant un pluralisme, un parti pour qui une personne dévote serait capable de voter tout en continuant de  soutenir un état laïc ne pouvait exister. Les gens avaient le choix entre deux sortes de radicaux : ceux de gauche (socialistes, parti national arabe, Ba’athists ainsi de suite) et ceux qui remettaient en cause le fondement démocratique de l’état.  Le champ d’écart que l’on appelle généralement à tort ou à raison, conservatisme modéré, était fermé. J’arrive juste à isoler deux partis qui, tout en ayant un fondement islamiste, réussirent à soutenir une démocratie laïque et libérale. Ils sont à l’opposé géographique l’un de l’autre, un au Maroc et l’autre en Turquie. Les deux s’étiquettent « Parti de la justice et du développement » (PJD au maroc et AK en turquie) et tous les deux maintiennent des gouvernements en place. Dans les deux cas, leurs répercussions dépassent leurs valeurs morales. Ils ont promu l’idée de marché libre et ouvert la partie oligarchique de leur économie à la compétition .La plupart de leurs soutiens provient de la communauté entrepreneuriale et en particulier des petites entreprises. Les deux partis sont ouvertement  pro Occident (dans le cas de la Turquie pro Otan) dans leurs politique étrangères ; ainsi, aussi étrange que cela puisse paraître, une des théories commune les plus entendue de la gauche dans les pays arabe est que les islamistes seraient des marionnettes dans les mains des Américains. Koert Debeuf, un représentant des euro libéraux situé au Caïre compare ainsi les frères musulmans au parti républicains Américain. Le parallèle est évidemment grotesque, en grande partie imaginé pour insulter le GOP. Cependant, il existe de pires ambitions que celles visant à encourager les frères musulmans à devenir un peu plus comme le partie républicain, c’est à dire un parti dont les votants sont en grande partie religieux mais qui ne souhaitent par pour autant un état qui le soit.

Je n’ai aucune idée de l’effet à long terme du printemps arabe et encore une fois je ne saurai mettre plus d’emphase sur les différences qui existent entre chaque pays. Les perspectives de la Tunisie m’apparaissent bien meilleures que celles de l’Egypte qui elle même m’apparaissent meilleures que celles de la Libye. Une chose est certaine en revanche, tous ces pays bénéficieraient grandement du développement d’un parti musulman mainstream basé sur le modèle marocain ou Turc.  Un observateur du dehors ne peut pas le faire. En revanche, une contribution que les conservateurs pourraient apporter serait de travailler avec une partie de la droite de ces régions. Peu d’entres nous aiment entendre de la part d’un étranger ce que l’on devrait faire dans notre pays mais l’on apprend souvent des exemples d’ailleurs et les conservateurs occidentaux sont assez bien placés pour démontrer la différence qu’il peut exister entre avoir une politique de valeurs et un gouvernement religieux. Autre chose, vous pouvez être certains que les commentaires qui suivront ce billet seront remplis de notions telles que « Il n’existe pas d’islam modéré » et de «  Il ne manquerait plus que les janissaires reviennent encore aux portes de Vienne » .Un nombre impressionnant de personnes passent ainsi leurs journées à fureter sur le net pour trouver des articles contenant le mot Islam afin de pouvoir commencer à trôler. Paradoxalement, ceux qui défendent l’idée que l’Islam serait incompatible avec la notion de démocratie pluraliste renforcent les arguments des djihadistes. Rien ne saurait plus pousser des musulmans vers l’extrémisme que d’entendre répéter qu’ils voudraient renverser la société.

Ces déclarations, comme je le mentionnais plus haut, sont en grandes parties prophétiques.

 

 

Daniel Hannan

Traduction Libre

Sources

 

http://blogs.telegraph.co.uk/news/danielhannan/100201891/western-conservatives-need-to-engage-with-democratic-islam/

 

 

 

Auteur: idlibertes

Profession de foi de IdL: *Je suis libéral, c'est à dire partisan de la liberté individuelle comme valeur fondamentale. *Je ne crois pas que libéralisme soit une une théorie économique mais plutôt une théorie de comment appliquer le Droit au capitalisme pour que ce dernier fonctionne à la satisfaction générale. *Le libéralisme est une théorie philosophique appliquée au Droit, et pas à l'Economie qui vient très loin derrière dans les préoccupations de Constant, Tocqueville , Bastiat, Raymond Aron, Jean-François Revel et bien d'autres; *Le but suprême pour les libéraux que nous incarnons étant que le Droit empêche les gros de faire du mal aux petits,les petits de massacrer les gros mais surtout, l'Etat d'enquiquiner tout le monde.

1 Commentaire

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  • Nouri

    15 février 2013

    Malheusement -pour eux- Je constate que Certains Media et Politicens -surtout francais- ne comprenne pas ou ne veule pas addmetre les specificites de chaque mouvement ou partis politique , voire certains d entre eux les denigrer et prendre partie contre tous * les islamistes * en bloc est risible sinon mesquin .

    Répondre

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