14 janvier, 2019

Présidence Macron : les ennuis ne font que commencer

J’ai cru remarquer depuis quelque temps que notre nouveau Président souffrait d’un certain désamour de la part de la population, ce qui n’a surpris que ceux qui ne connaissent pas la capacite éminente de ceux qui sortent de l’ENA et de l’inspection des finances à foutre en l’air une situation parfaitement calme. A l’origine de cette chute de popularité on trouve de la part du Président un mépris visible et total pour ce qu’il faut bien appeler le peuple, ce qui semble avoir déclenché un puissant mouvement de fraternisation des populations à la sortie de chaque ville de gens déguisés en jaune et que rien ne semble réunir si ce n’est la détestation qu’ils ont pour celui qui à l’évidence les trouve inutile dans son projet de la start-up France parce qu’ils ne comprennent rien au tableur Excel …

La mauvaise nouvelle pour monsieur Macron est que non seulement sa popularité est en chute libre, mais qu’en plus sa start-up, à la place de décoller en laissant tout le monde sur place est en train de piquer du nez et va sans doute s’écraser au sol. Comme le disait le regrettable Président Chirac : » les emmerdements, ça vole toujours en escadrille » Pour monsieur Macron, les ennuis ne font cependant que commencer. Car l’économie française est sans doute en train de rentrer en récession à nouveau, et voir un Président sans aucune crédibilité avoir à faire face à ce qui pourrait été une crise économique très grave me semble un peu inquiétant.

Fort bien va me dire le lecteur sceptique et toujours Macronien (si, si, il en reste) mais pourquoi devrions-nous avoir une récession maintenant ? La réponse est simple ; parce que les entrepreneurs/hommes d’affaires sont en train de perdre confiance,
comme le montre notre premier graphique. Et comme la croissance ne dépend en rien du gouvernement (malgré ce qu’en dit Keynes) mais en tout du moral des entrepreneurs, chacun peut voir que nous sommes vraiment mal partis.

Explications pour le premier graphique.

• La ligne rouge représente la variation du « moral » des chefs d’entreprise d’après l’INSEE sur les 12 mois précédents, et l’on voit que ce moral est passé de +2 au moment de l’élection, ce qui n’était guère fameux a -8 aujourd’hui ce qui confine au sauve qui peut. Comme le disent nos amis Suisses, les chefs d’entreprise français « n’ont pas été déçus en bien ». Si l’on en juge par les épisodes précédents, une récession quelque part en 2019 est une quasi-certitude en France, compte tenu de ce que je sais aujourd’hui.

• La ligne bleue représente les variations de la production industrielle française sur les 12 derniers mois et là aussi, on peut
s’attendre à une baisse en termes absolus de la production industrielle dans les mois qui viennent. Remarquons pour les férus de statistique que la production industrielle française est aujourd’hui plus basse qu’en 1998, alors qu’en Allemagne elle est de 40 % supérieure aujourd’hui à ce qu’elle était en 1998. Merci Delors, Trichet, merci Bruxelles, merci l’Euro…

• Et enfin, les périodes hachurées en gris représentent les moments ou l’économie française a été en récession, c’est-à-dire ceux où la richesse produite par le secteur privé se contracte d’une année sur l’autre. Tout semble indiquer que je vais devoir hachurer mon graphique en 2019…

Fort bien, va me dire le même lecteur toujours sceptique mais pourquoi cela aurait-il de l’importance ? Bonne question, et la réponse est la suivante : parce que les recessions déclenchent une baisse des marges des sociétés et que cette baisse des marges entraine une hausse du chômage quelques mois après, comme le montre le deuxième graphique.

Il est tout à fait stupéfiant de constater que le théorème dit de Schmidt (ancien chancelier Allemand) : « les profits d’aujourd’hui sont les dépenses d’investissement de demain et les emplois d’après- demain » se vérifie dans tous les temps et dans tous les pays et que les seuls qui ne soient pas au courant soient les inspecteurs des finances et les diplômés de l’ENA. Si vous voulez faire baisser le chômage, il faut et il suffit de prendre des mesures favorables aux entrepreneurs (mais pas automatiquement aux sociétés du CAC 40), ce que la technocratie française refuse de faire depuis quarante ans, parce qu’elle sait que dans un monde où les entrepreneurs sont prospères, le prestige des énarques s’effondre.

Et quand les marges des sociétés baissent, il se passe un phénomène curieux, très peu étudié par les économistes français : le chômage augmente, les dépenses de l’état augmentent, le déficit budgétaire et la dette explosant du même coup. Et donc, comme le secteur privé dans notre beau pays n’est pas autorisé à se développer le poids de l’état dans l’économie augmente sans cesse, nécessairement financé par un accroissement du déficit budgétaire, et la dette en pourcentage du PIB ne cesse de monter comme le montre notre troisième et dernier graphique. Nous nous soviétisons lentement mais surement, mais heureusement Gorbatchev est au pouvoir, et va sauver le communisme.

Et donc, vers la fin de 2020, la France va se retrouver avec un taux de chômage supérieur à 10 % de la population active, un poids de l’Etat dans l’économie-hors paiement des intérêts- aux alentours de 56%, un déficit budgétaire supérieur à 4 % de son PIB et une dette par rapport à ce même PIB d’environ 110 % c’est à dire dans une situation politiquement et financièrement impossible.

Et tout cela avant que les taux d’intérêts ne remontent… ce qui sera inévitable dès que la BCE cessera d’acheter les obligations françaises parce que je ne vois pas très bien qui va en acheter en dehors de la BCE à 0. 8 % par an pour les 10 ans qui viennent.

Et donc, quelque part en 2019, monsieur Macron va devoir faire face à une crise financière qui ne peut pas ne pas avoir des répercussions politiques.

Politiquement en effet, Bruxelles va certainement demander à la France de respecter ses engagements de limitation de la dette et du déficit, faute de quoi les Italiens enverraient eux aussi leurs bonnets par-dessus les moulins (au secours, Moscovici revient…). Ce que les Allemands ne pourront pas accepter. Crise en perspective… Ce qui veut dire, financièrement augmentation des impôts et/ou baisse des dépenses de l’état, en pleine récession, (ce qui garantira que la récession se transforme en dépression, comme ça s’est passé en Grèce) et tout cela organisé par un Président sans aucune légitimité (il sera à moins de 10 % d’opinion favorables sans aucun doute) et ne comprenant à l’évidence rien à l’économie.

Les chiffres de la France de 2020 se mettent à furieusement ressembler à ceux de la Grèce de 2009…

Et le pire est que je pourrai montrer des graphiques très similaires pour l’Allemagne et l’Italie qui toutes deux semblent être aussi en train de rentrer en récession. Ce qui rendra notre récession plus sévère encore…Or l’Italie ne peut pas s’offrir une nouvelle recession.

Et tout cela, avant même que la Grande-Bretagne ne soit sortie de l’Europe, car il faut en effet se souvenir que la GB a un déficit
extérieur gigantesque avec la zone euro, qui risque bien de disparaitre si les voitures allemandes ne peuvent plus être livrées en
GB, les ports étant encombrés.

Et quand tout cela va-t-il se passer ?

Vers la fin du mois de Mai, le désastre économique devrait être visible pour tout un chacun.

Voilà qui semble annoncer une déroute aux prochaines élections européennes des anciens partis de gouvernement dans lesquels j’inclus LREM, les Républicains, et bien sur ce qui reste des Socialistes qui ont tous voté avec enthousiasme le soi-disant projet européen.

En plus, historiquement, Mai a toujours été un bon mois pour voir les étudiants lancer des cailloux sur la maréchaussée dans l’espoir que les examens soient annulés. Et si les étudiants s’acoquinent avec les provinciaux en jaune, on va avoir du mal à respirer dans les rues de Paris…

Le deuxième anniversaire de l’élection présidentielle risque d’être chaud, très chaud. C’est sans doute vers ce moment-là qu’il faudra acheter la bourse de Paris.

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

46 Commentaires

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  • michel ponchon

    29 janvier 2019

    Merci Mr Gave pour votre clairvoyance. Je vais postposer mes achats sur le cac40 en attendant mai.
    Cordialement,
    MP

    Répondre
  • Jim

    28 janvier 2019

    Cher Monsieur Gave,
    Merci pour cet excellent article.
    Une erreur de taille dans vos prévisions.
    Les taux ne remonteront pas. Aucune chance que cela arrive dans les 5 ans.
    Souvenez vous que le chef de la BCE est nommé par Macron, Merkel….
    Imaginons des taux montant de 1%, ce seraient 20 milliards de plus à trouver pour notre gay luron. Tout simplement impossible.
    Ils imprimeront jusqu’au bout pour sauver leur système.
    Von Mises et surtout Rothbard l’ont expliqué.
    A ce sujet, chacun devrait avoir lu l’extraordinaire « etat qu’as tu fait de notre monnaie ».

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  • Curiale

    24 janvier 2019

    Superbe analyse, en particulier de l’aspect sociétal de nos problèmes (« dans un monde où les entrepreneurs sont prospères, le prestige des énarques s’effondre ») et surtout de Mr. Macron en Gorbatchev français essayant de sauver le système à grands renfort de glasnost et de prerestroika.

    Jacques Lessourne écrivait en 1998 dans son excellent livre « Le modéle français – Grandeur et décadence » que la France était une U.R.S.S. qui avait réussi. Il est plus que probable que ce diagnostic, encore trés judicieux en 1998, va s’avérer prématuré dans un avenir proche maintenant que, comme expliqué par Mr. Gave, le mur approche…

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  • Kmo

    19 janvier 2019

    1998 c’est un excellent point de référence : l’année d’avant le ministère de l’industrie a commencé à se réduire à un secrétariat d’Etat qui a systématiquement perdu ensuite les arbitrages face à l’Environnement. Les industriels français se retrouvaient face à des fonctionnaires leur demandant de dépolluer « As Low As Reasonably Achievable » i.e. tant que les marges brutes étaient positives ont pouvait « investir » dans des dispositifs ne rapportant rien, donc toute grosse société devant fermer un site commençait pas sacrifier celui qui se trouvait en France.

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  • Tonton Flingueur

    17 janvier 2019

    À corps perdu
    Il a couru
    Assoiffé
    Obstiné
    Vers l’horizon
    L’illusion
    Vers l’abject
    En accusant
    C’est navrant
    En pointant à présent
    Ses ennemis, ses haines, ses emmerdes

    Inspiration: https://www.youtube.com/watch?v=rpxGzLIghho

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  • alain pichot

    16 janvier 2019

    bonjour M. GAVE
    Vous écrivez « le secteur privé dans notre beau pays n’est pas autorisé à se développer ».

    Comment cela ?

    Que l’on ait des contraintes administratives ( dossiers, autorisations, gestion et contrôles etc.) des contraintes économiques ( coût de l’euro, trésorerie, charges etc.) et une concurrence intra et extra européenne ( produits, brevets, délais etc.), cela handicape particulièrement tout entrepreneur mais l’autorise malgré tout à essayer.

    Faut-il comprendre le second degré de votre utilisation du vocable « autoriser » ?

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    • idlibertes

      16 janvier 2019

      OUI en effet

    • Michel

      8 mars 2019

      Bonjour Mr,
      Je suis Français ayant quitté la France depuis 1993, et créé 2 entreprises prospères au Japon et en Corée.
      Dans le même temps, tous mes amis restés en France, tous les membres de ma famille, tous mes anciens camarades d’université, ayant suivi un parcours similaire au mien, n’ont jamais pu réellement développer leurs business en France. En tous cas pas au niveau de ce que je connais.
      À chaque fois que nous analysons ensemble ce constat, lors de nos rencontres de vacances, nous tombons sur la conclusion évidente que la France est bien plus communiste que la R.P de Chine, et que la responsabilité du désastre incombe bien à son élite administrative, bancaire, fiscale et judiciaire, et certainement pas à ses entrepreneurs et ses ouvriers.

      De ce fait, je peux vous confirmer que je comprends tout à fait le sens de ce qu’entend M. Gave par « pas autorisé à se développer ».

  • Mc_ben

    15 janvier 2019

    N’oubliez pas la DB !
    2019 ?
    2020 ?

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  • Pouquet

    15 janvier 2019

    Bonjour à tous…et tous mes vœux pour 2019.

    Il me semble qu’en l’état actuel des choses, la chute sera sans fin. Je souhaiterais qu’un séminaire de l’IDL sur le thème « Et maintenant, qu’est-ce que je fais pour moi, ma famille et mes amis ? » soit organisé. Même payant, il y aurait une forte affluence.

    En vous souhaitant que cette année ne soit pas pire que la précédente (on peut rêver).

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    • Patydoc

      18 janvier 2019

      Est-ce une question pertinente pour qui vit en-dehors de France ?

  • Francis

    15 janvier 2019

    Les entrepreneurs perdent confiance à cause de Macron ou des gilets jaunes (qui en vérité devraient être rouges)?

    Répondre
    • bibi

      15 janvier 2019

      A votre avis ?
      Petit graphique OCDE sur l’évolution de la confiance des entreprises depuis l’élection de Macron :
      https://data.oecd.org/chart/5rrs

      L’indice est en baisse depuis juin 2018 pour atteindre en octobre 2018 (avant le début du mouvement des Gilets Jaunes) une valeur inférieure à celle de mai 2017.

    • Francis

      16 janvier 2019

      Réponse à bibi

      Le graphique que vous donnez n’est pas spécifique à la France, le graphique pour l’ensemble de l’OCDE a la même allure, il baisse depuis juillet 2018.

    • Charles Heyd

      16 janvier 2019

      Tout le monde est (à peu près) d’accord pour dire que le mouvement des gilets jaunes n’est pas spécifique à la France et que la conjoncture économique se retourne non seulement dans la zone Euro mais dans l’ensemble de l’Europe et dans nombre de pays émergents et même aux USA sans parler de la Chine!

    • pturion

      28 janvier 2019

      et pourtant les GJs ne reprennent que la formule trop d’impôt tue l’impôt, la gabégie d’un état corrompu, un énorme septicisme à l’égard de l’euro et de UE, une revalorisation raisonnable du pouvoir d’achat d’une classe sociale qui consommera au lieu de thésauriser ou spéculer. et un outil démocratique (le RIC) qui nous permettrait de mettre notre grain de sel dans tout ce bordel géré par des incapables et des malhonnêtes irresponsables..

  • hoche38

    15 janvier 2019

    On peut citer Henri Guaino, dans la mesure où il en porte sa part de responsabilité, quand il nous parle de « la crise d’un système qui, À FORCE D’ABÎMER BEAUCOUP DE VIES, à force de trop tirer sur la corde, atteint son point de rupture ».

    Il ne faudra jamais oublier que ces gens ont abîmé beaucoup de vies.

    Répondre
  • Aurelien

    15 janvier 2019

    Génial.

    Question : est-il une bonne idée de s’endetter rapidement ? (Investissement immobilier locatif, à Lille quartier populaire) J’imagine que les taux d’intérêts vont exploser à la hausse… sauf si la BCE va encore plus loin dans la bêtise.

    Répondre
  • QUADRA

    14 janvier 2019

    Nous allons à la cata. Notre dette publique abyssale nous achèvera. Les prises de positions complètement surréalistes et anachronique de la gouvernance a précipité la réaction des francais qui veulent arrêter les tangages et roulis du rafiot France.

    Répondre
  • Taote

    14 janvier 2019

    Il est bon que des évidences soient dites puisque peu de personnes ont votre bon sens
    Sauf la dernière phrase
    … j ai un petit doute pour acheter le cac en mai…
    Croyez vous que ce sera le point bas?
    Fasten your seetbelt ne garantit pas qu il n y aura pas un crash du vieux Concorde…

    Répondre
  • A.F

    14 janvier 2019

    bon, après avoir lu ça, je crois que je vais prendre une deuxième bière en attendant le mois de mai …

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  • Philippe

    14 janvier 2019

    Les echeances politiques sont immediates avec Yes Brexit or No Brexit ? fin mai , le européennes, et puis octobre legislatives en Grece, Suisse , Canada. Le resultat des européenes sera exploité par Trump pour plomber un peu plus l’ euro . Macron nous fera son numero  » Je vous ai compris , donc je continue comme avant . On aura un été de gréves , car les syndicats, vont se joindre aux gilets jaunes . Les etudiants actuels n’ y comptez pas , l’ important est de trouver un joint ou une ligne pour la prochaine surboum .En Italie , Salvini fera le plein de voix , mais il ne se déclarera pas encore ouvertement anti-euro , c’ est trop tot pour lui , il doit se debarasser des huluberlus Cinq Etoiles . Je vois la crise financiére pour l’ été , aout-debut septembre. Le plongeon du CAC , vers 3500- 3800 . Donc acheter oui mais beaucoup plus bas .

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    • bibi

      15 janvier 2019

      Votre correcteur orthographique à fait des siennes, je me permet donc de rétablir la citation de Macron :
       » Je vous hais, compris! Donc je continue comme avant. « 

  • Alexandre

    14 janvier 2019

    « Sell in may and go away », ou existe-t-il une autre raison au mois de mai en particulier ?

    Répondre
  • Libre

    14 janvier 2019

    Le président actuel tiendra tant que l’armée et la police lui obéissent. Et que les préteurs acceptent de nous prêter à des taux bas.Quand à l’alternative elle me parait au mieux peu crédible (en dehors de la chienlit ) car aucune proposition sérieuse au plan économique à part de réintroduire l’ISF et de faire tourner la planche à billets pour rembourser la dette… Entraînant une hyper inflation sur le modèle Vénézuélien !Quand à l’appel au renversement des institutions et leur remplacement par on ne sait quoi, cela nous amènerait la chienlit à un niveau tel que cela reviendrait à faire le lit du fachisme le vrai (type junte de Videla en Argentine) …

    Répondre
  • Dubitativus

    14 janvier 2019

    Est-ce l’Euro ou les politiques économiques et sociales qui ont causé la débâcle de l’industrie française?
    En France, depuis l’introduction de l’Euro, les salaires de l’industrie ont augmenté de 35% de plus que l’inflation.
    Les taux horaires français ont rattrapé voire dépassé ceux des allemands qui dans le même temps modéraient leurs salaires, avec le même Euro que nous.
    Nous avons ainsi perdu notre avantage compétitif et la production industrielle a chuté.
    Nos turpides résultent de nos choix collectifs, pas du passage à l’Euro. Mais sans l’Euro nous n’aurions pas pu financer ces turpitudes.

    Répondre
  • Lavarda

    14 janvier 2019

    Bien que me délectant régulièrement des analyses de M. Gave sur ce site et autres supports et épousant ses idées dans une grande majorité des cas, je trouve sa critique de Keynes un peu facile et systématique.

    En effet, chez Keynes, la relance budgétaire est un moyen temporaire de limiter les effets néfastes d’une récession. Il s’agit plus d’un outil de gestion de crise n’ayant qu’une temporalité limitée que d’une ligne de conduite de la politique économique. Ce sont essentiellement les hommes politiques se réclamant du keynésianisme qui ont utilisé cet outil de façon permanente et causé les dérèglements que l’on connait. Dans ce cas là on parle davantage de politique socialiste que Keynésienne et dire que Keynes était socialiste est une imposture intellectuelle à mon humble avis.

    Je suis donc toujours favorable au débat d’idée et à l’exercice de la critique, lorsqu’ils sont exercés avec raison. Ici, la petite pique à Keynes me semble légèrement abusive.

    Répondre
    • bibi

      15 janvier 2019

      Pouvez-vous nous citer une relance keynésienne qui a fonctionné?

      Personnellement je n’en connais pas.

    • Sarcastik

      16 janvier 2019

      Quelle beauté que la quête infinie du vrai, vrai communisme, vrai islam, vrai keynésianisme…

      … vrais démons, fausses promesses d’un arbre déjà jugé à ses fruits.

    • Lavarda

      16 janvier 2019

      @Bibi Le premier New Deal par exemple. Le deuxième n’est pas une relance keynésienne mais une véritable politique interventionniste sur une période longue. Il ne faut pas confondre l’application de telles politiques bêtement nommées relances keynésiennes et ce qui réside effectivement dans les écrits de Keynes. C’est tout ce que je voulais dire. Il me semble que la moindre des choses quand on s’insurge contre l’emploi abusif de l’adjectif « libéral » est de ne pas reproduire la même chose avec le nom de Keynes. Sinon je ne suis en rien un défenseur des politiques de relances budgétaires lourdes.

    • Lavarda

      16 janvier 2019

      @Sarcastik il me semble qu’une démarche rigoureuse se doit de tenter de chercher le vrai et que c’est le fondement de la méthode scientifique. Sinon tout n’est qu’opinion. Mais il est vrai qu’il est bien souvent très facile de dire à quelqu’un avec qui on n’est pas d’accord que sa position n’est qu’un avis parmi d’autres, cela dispense alors de devoir se justifier et argumenter un minimum.

    • Sarcastik

      16 janvier 2019

      @Lavarda : quand une pensée se trouve systématiquement déformée dans son application, on est en droit d’en suspecter un vice caché. Que la simple relance ponctuelle ne soit pas assimilable dans son principe à la construction d’un ordre social-démocrate, je veux bien vous l’accorder mais elle n’en reste pas moins le prêt des clefs de la cave à un poivrot éhonté.

    • Lavarda

      17 janvier 2019

      @Sarcastik, je suis d’accord avec vous mais c’est alors aux hommes politiques se réclamant de Keynes et non à l’auteur qu’il faut adresser le reproche.

      D’ailleurs, pour l’anecdote, en 1944 et après la lecture de « La route de la servitude » de Hayek, dénonçant l’économie administrée, Keynes envoya à ce dernier une lettre dans laquelle il disait: « Moralement et philosophiquement je me retrouve en profond accord avec vous. »

      Ainsi, Keynes a hérité d’une assez grande influence libérale qui se retrouve dans ses écrits mais l’émergence de sa théorie a été une aubaine pour les hommes politiques de l’époque qui cherchaient à freiner l’expansion du communisme. Ils ont alors teinté le keynésianisme de socialisme pour ne pas se faire emporter par la vague rouge. Aujourd’hui, on assimile Keynes à ce genre de politique, ce qui est presque aussi erroné que de dire qu’Hollande menait une politique libérale. .

  • Patydoc

    14 janvier 2019

    Il y a une petite contradiction au début l’article ; selon les préceptes libéraux  » l’entrepreneur est certainement la personne la moins bien placée pour savoir ce qui va se passer pour son entreprise  » (puisque c’est le marché avec sa myriade d’agents économiques qui va déterminer l’avenir de sa production); en conséquence, la  » confiance des producteurs » ne me parait pas un indicateur pertinent . Un exemple amusant : en l’an 2000, le P-DG de Picogiga annonçait : « notre société connait une croissance dans la croissance » ; 2 ans plus tard c’était la faillite !

    Répondre
  • Achylle

    14 janvier 2019

    Ou au contraire ce sera le prétexte à plus d’autoritarisme, fin du modèle social-bidon-d’endettement Français, arrimage définitif à l’Allemagne. Voire même aussi EU réformée avec acceptation par l’Allemagne de plus de dérives monétaires, et d’endettement étatiques. Car pour les multinationales l’endettement publique c’est OK.

    Répondre
  • Steve

    14 janvier 2019

    Bonjour

    Je ne puis résister au plaisir de partager avec vous ce que je viens de trouver sur le site du Fig concernant la lettre d’E. Macron au bon peuple de France:
     » Le Figaro revient sur son usage grâce aux éclairages de l’académicien Frédéric Vitoux, du linguiste Bernard Cerquiglini et du lexicologue Jean Pruvost. »

    Donc, si vous ne disposez pas, sur votre rond-point, d’un académicien, d’un linguiste et d’un lexicologue pour vous aider à décrypter le billet doux du président, je crains fort que le malentendu avec les Lites ne fasse qu’empirer.

    Comme le dit si bien ce vieux dicton tourangeau:  » Pour sur, ‘nous f’rons jamais tant rire qu’y nous font ch..r! »
    Il semblerait que l’intelligence aussi entre en récession!
    Cordialement

    Répondre
  • Bilibin

    14 janvier 2019

    Merci Charles Gave, j’attendais un nouveau billet sur le sujet avec impatience compte tenu des développements récents et vous dites comme toujours des choses intéressantes qui apportent un éclairage nouveau.

    Thierry Ardisson avait dit de manière assez crue que nous étions gouvernés par des « stagiaires » et des « puceaux ». La phrase m’avait beaucoup fait rire et illustre de manière originale l’idée désormais très répandue que notre gouvernement est d’une incompétence et d’un amateurisme effrayants.
    Si de Gaulle était encore là, Macron pourrait-il le regarder dans les yeux?

    Ils ont tout fait de travers depuis le début. C’était à celui qui mettrait le plus d’huile sur le feu. Alors quand dernièrement Macron dit que le problème de la France actuellement c’est qu’une partie des français a oublié le sens de l’effort, on hésite entre le désespoir et l’éclat de rire… Il a fait quelques progrès sur la forme, c’est vrai, mais au fond il traite toujours les français de fainéants. N’a-t-il donc rien appris? Est-il complètement stupide, ou cela fait-il partie d’un plan plus élaboré (mais fort douteux) pour que la situation dégénère et qu’il se présente en « sauveur de l’ordre républicain »? Les forces de l’ordre commencent elles aussi à en avoir assez et, à défaut de désobéir ouvertement, se mettent en arrêt maladie. Cela s’annonce de plus en plus difficile pour Macron…

    Les anglophones appellent cela « lighting a fire under your ass ».

    Ca commence à sentir le brûlé…

    Répondre
  • Artiste

    14 janvier 2019

    Arsouile de Vichy ?

    Répondre
    • Bebas

      14 janvier 2019

      Mitterand

  • Da Silva

    14 janvier 2019

    Bonjour M. Gave. Merci pour cet excellent article. Que pensez-vous de ce grand débat national du moment?

    Répondre
  • duff

    14 janvier 2019

    A ce brillant tableau on pourra ajouter les couacs sur le prélèvement à la source. Les médias ont commencé le SAV de cette formidable réforme indispensable or il se trouve qu’il semble impossible de joindre l’administration pour corriger, demander des rectifications etc. Des mois d’attente avec un interlocuteur sourd et muet, ça ne va pas arranger les choses…

    Répondre
  • Denis Monod-Broca

    14 janvier 2019

    Par son courrier d’hier Emmanuel Macron nous demande ce qu’il doit faire. Nous allons, en réponse, tout simplement, le lui indiquer. Donc tout risque est écarté. Récession, crise, dette, épuisement des ressources, fin du pétrole… envolées ! Tout va très bien !
    La politique n’est-elle pas un jeu d’enfant ?

    Répondre
    • Steve

      14 janvier 2019

      Bonjour
      Comme le disait Edouard Herriot, qui fut Président du Conseil et précéda le Francisque à la mairie de Lyon, « la politique c’est comme l’andouillette, pour que ce soit bon, il faut que ça sente un peu la m….e, mais pas trop! »

    • Richard HANLET

      14 janvier 2019

      Il faudrait peut-être commencer par autoriser enfin les Français à s’assurer où ils veulent pour la maladie, comme dans les autres pays civilisés. Ça ferait au moins 10 % de pouvoir d’achat en plus du jour au lendemain, et dans le strict respect de l’UE, en plus… D’accord, ça forcerait quelques milliers d’inutiles à se trouver un vrai boulot. Mais ça ferait de la demande !

  • Ockham

    14 janvier 2019

    Exact. Il va falloir garder des liquidités.
    Il est difficile de faire comprendre que le profit ne vient pas des pauvres. Beaucoup de ces fonctionnaires-politiques-à-vie confortent le peuple dans cette idée de clerc. Le peuple ravi de ces tirades édifiantes ne comprend pas que la fortune de tel ou tel « indécemment riche » divisée par la population leur donnera au plus un enjoliveur ou un pneu! Qu’importe, aux élections, les candidats-fonctionnaires en France, balancent des invectives sur la finance et la nécessité du social pour le social: et ça marche. Résultat pour l’impétrant « intelligent » 16000 euro par mois plus les cumuls. Les déceptions suivent et on recommence. Les votants paye le vin de la soirée « offert » finalement de leur poche et le brodequin du fisc continue sa pression. Inexorablement sur 40 ans. Et cela fait beaucoup sourire dans les palais car le gueux gigote!
    Comme vous le dites justement nous n’avons pas encore touché le plancher. Ils ont fait fort nos fonctionnaires-politiques-à-vie depuis le brillant Giscard renforcé par l’arsouille de Vichy et toutes les promotions de cette école de la réussite personnelle aux frais du contribuable lequel devient minoritaire car ils ont réussi à mettre au biberon plus de la moitié de la population! Au fait ce n’est pas ce qu’ils coûtent qui est une honte mais ce qu’ils font manquer en opportunités car un peuple plus libre fiscalement pourrait faire énormément mieux. Allez encore un tour. Il crie; c’est qu’il vit! Foutu protestant,avoue ton hérésie économique!

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  • juhel

    14 janvier 2019

    Bonjour Monsieur Gave

    une petite question sur la production industrielle francaise.
    D’apres l’insee l’indice de production francaise etait en 1998 de 102.
    Il est en novembre 2018 à 102.53.

    peut etre que votre graphique de production industrielle n’a t il pas la meme base que celui qu’on peut trouver sur bloomberg de code FPIPI ?

    Merci pour vos eclaircissements

    Cordialement

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