4 octobre, 2019

Pourquoi les dictatures ne tombent pas

Surprise des esprits rationnels que de constater qu’il est très rare qu’une dictature soit renversée par sa population. Un régime qui nous paraît odieux, parce qu’il maltraite et tue sa population, parce qu’il provoque une faillite de l’économie, engendrant famines et restrictions, est très rarement renversé. Le Cuba communiste est toujours là et les frères Castro ont réussi à assurer leur succession. La Corée communiste de même et il est légitime de penser que s’il n’y avait pas eu l’intervention américaine de 2003, Saddam Hussein serait toujours le dirigeant de l’Irak. Maduro tient encore le Venezuela, en dépit des coups de boutoir lancés par Juan Guaido et des manifestations qui rassemblent des millions de personnes dans les rues. Qu’est-ce qui assure donc la survie de ces régimes ? Au moins trois facteurs : la sidération pour la servitude, le pouvoir de la force, l’inutilité du soulèvement.

La sidération de la servitude

La liberté est loin d’être une chose naturelle et partagée ; la servitude est davantage appréciée. La servitude retire l’obligation de la responsabilité, elle est donc plus confortable que la liberté. Elle donne une certaine routine, elle évite de se poser trop de questions, elle est moins exigeante que la liberté, déclinée sous toutes ses formes : expression, religion, politique, culturelle, etc. la servitude est réconfortante et apaisante, surtout quand elle est douce et qu’elle ne s’accompagne pas d’une répression trop forte. C’est le nouveau despotisme décrit par Alexis de Tocqueville : « Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils remplissent leurs âmes. » Les plaisirs petits et vulgaires suffisent quand la liberté vise toujours à la grandeur et à la magnanimité. Quoi qu’il en dise, quoi qu’il démente, l’homme a une inclination naturelle pour la servitude et préfère se courber aux pieds du maître. C’est la force des tyrans et cela explique qu’ils ne soient que très rarement renversés.

Le pouvoir de la force

Quand bien même certains oseraient vouloir renverser le dictateur, celui-ci dispose de la force militaire et n’hésite pas à s’en servir. Staline éliminait ses opposants politiques, tout comme Ernesto Guevarra et aujourd’hui Maduro. Tant que l’armée tient, le dictateur est certain de rester. Ce qui renvoie à l’analyse d’Étienne de La Boétie dans son célèbre ouvrage De la servitude volontaire. Certes, le dictateur peut ordonner de tirer sur des manifestants, mais encore faut-il que son ordre soit exécuté. L’officier qui commande la troupe comme le soldat qui appuie sur la gâchette sont tout autant responsables de la répression que l’homme qui en donne l’ordre. Les dictateurs tiennent parce qu’il y a en dessous d’eux une kyrielle de petits dictateurs qui organisent la terreur à leur échelle. Rien n’est pire que la bureaucratie pour asseoir un pouvoir jusqu’aux coins reculés du pays. C’est le sadisme des petits chefs et des ratés qui trouvent soudain une justification à leur vie en imposant la répression et les ordres stupides sur ceux dont ils peuvent exercer un pouvoir. Les dictatures sont remplies de ces petits fonctionnaires, gratte papiers et médiocres grisés par le mal qu’ils peuvent exercer sur les autres et qui leur donne l’illusion d’être quelqu’un.

Le communisme n’a pas tenu grâce à Staline ou à Brejnev, mais grâce aux milliers de bons Soviétiques qui ont été les mains invisibles du communisme dans les bureaux où ils ont siégé. Personne n’a donc intérêt à ce que la dictature tombe, car il faudra alors que ces personnes justifient ce qu’elles ont fait. Comme c’est une partie nombreuse de la société qui collabore avec le dictateur, la responsabilité de la dictature est partagée et diffusée dans toutes les couches de la société. Pour la renverser, ce n’est donc pas le dictateur qu’il faut abattre, mais des millions de métastases qui ont gangrené tout le corps social.

Ces dictateurs invisibles ont tout intérêt au maintien du système, car par leur collaboration ils font partie de la nomenklatura, c’est-à-dire les privilégiés de la dictature. Ils vivent mal, certes, plus mal que dans un pays libre, mais mieux que toutes les autres personnes qui ne collaborent pas, ou pas assez. Pourquoi est-ce que Nicola Maduro tient ? Parce que l’armée lui est fidèle. Cette armée est financée par l’argent du pétrole, qui est en train de s’épuiser. Mais aujourd’hui elle se finance par l’argent de la drogue. Le Venezuela est devenu un État mafieux, comme si les Farc avaient pris le pouvoir non à Bogota, mais à Caracas. C’est aujourd’hui une plaque tournante du transit de la drogue d’Amérique latine qui part vers les États-Unis, via les Caraïbes. La vente de la drogue est en train de devenir l’une des principales ressources de la dictature, ce qui lui sert à la fois pour acheter des armes et des hommes pour se maintenir en place, et ce qui justifie aussi son maintien au pouvoir pour continuer à percevoir la manne financière de la drogue.

Nous sommes là face à une hybridation de la cause politique et de la cause criminelle. Chavez et Maduro ont commencé par défendre une cause politique puis, parvenus au pouvoir, ils continuent de défendre ce discours, non plus à des fins politiques, mais à des fins criminelles, vivant des trafics illicites que leur assure leur pouvoir. Au Mexique, c’est l’inverse qui se produit. Les cartels vivent du crime et de l’illicite, puis ils financent des hommes politiques pour assurer leurs marchés et leur sécurité, dérivant ainsi vers la cause politique. L’hybridation de la criminalité et du politique se retrouve en de nombreux endroits : État islamique, États africains, Amérique latine, etc. Dans tous les cas, cela renforce le pouvoir de ces groupes qui ont fait main basse sur l’État.

L’inutilité du soulèvement

Cette hybridation rend le soulèvement vain. Quand bien même on se lèverait contre le dictateur, la répression serait au bout de la révolte. Quand bien même le dictateur tomberait, il y a encore des millions de rhizomes dictatoriaux présents dans tous les secteurs de la société, qu’il est impossible d’éradiquer. Même si les Vénézuéliens faisaient tomber Maduro, il leur faudrait des décennies pour remettre leur pays sur les rails. Plus une dictature est longue, plus elle est difficile à extirper. La seule solution est donc l’exil. Ce qui s’est passé à Cuba et se produit aujourd’hui au Venezuela. Ceux qui ne veulent pas collaborer avec la violence, mais qui veulent avoir de meilleures conditions de vie n’ont pas d’autre choix que de partir. Cela renforce le pouvoir du dictateur, qui voit ainsi partir des opposants politiques. À ce moment-là, il est certain de l’emporter, car il a gagné dans les esprits.

Cruelle situation donc qu’un pays qui a cédé à la démagogie. Le temps renforce le pouvoir du dictateur et empêche tout retour à la liberté. Raison pour laquelle il faut intervenir rapidement pour le renverser, ce que firent les Espagnols en 1936 pour supprimer le gouvernement communiste du Front populaire, et les Chiliens en 1973, pour mettre un terme au gouvernement de Salvador Allende, épigone de Fidel Castro. Cela a évité à ces deux pays de devenir de nouvelles URSS. Certes, dans les deux cas un pouvoir fort s’est mis en place, parfois brutal avec ses opposants. Mais cela a permis au Chili et à l’Espagne de se développer et d’être aujourd’hui des pays de libertés et non des enclaves castristes.

Un cas à part : l’URSS

L’unique dictature qui soit tombée, et de surcroît de façon pacifique, c’est l’Union soviétique, alors même que tous les observateurs, à l’orée des années 1980, prévoyaient sa victoire. Pourquoi cette chute ? Ce n’est pas la guerre d’Afghanistan, ni l’explosion de Tchernobyl, ni la faillite économique qui ont permis cet effondrement. Cela a été un facteur aggravant et favorisant, mais non déclenchant. Le facteur premier de ce renversement réside dans le sursaut spirituel et culturel des peuples vivant sous le joug soviétique. C’est parce que des personnes, mues par leur foi et par leur culture, se sont levées, esseulées d’abord, de plus en plus nombreux ensuite, provoquant un effet d’attraction et de mimétisme, que les rouages du système soviétique se sont bloqués. Ces personnes ont des visages et des noms : le père Jerzy Popieluszko, assassiné par la police politique en 1984, Mgr Sigitas Tamkevicius, évêque en Lituanie, les militants de Solidarnosc et bien sûr Jean-Paul II. Ils ont drainé avec eux des milliers d’anonymes qui ont osé se lever contre la dictature communiste en défendant leur langue, leur histoire, leur culture. C’est en défendant les nations et la culture de chaque peuple que ces hommes de bien ont montré que le communisme était étranger à leur pays et qu’ils ont ainsi pu contribuer à en détacher une partie de plus en plus importante de la population. Un mouvement silencieux, mais profond et fructueux, qui a empêché ensuite les autorités communistes de réprimer les manifestations de 1989 et 1990. Voilà comment tombent les dictatures : par le réveil des hommes de bien, qui défendent leur culture et leur histoire. Une arme fragile, mais qui peut être plus redoutable qu’un fusil.

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

29 Commentaires

Répondre à jean SEGUR

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  • JYM

    7 octobre 2019

    Je voudrais dire à M NOE dont j’admire l’immense culture et érudition qu’il se trompe à propos de l’URSS.
    Cette dictature est certes tombée de façon pacifique mais parce qu’elle a été etouffée économiquement par REAGAN qui a contraint l’Arabie Saoudite et les émirats à maintenir les volumes élevés de production du pétrole alors que les prix etaient au plus bas en 1985 (relation inverse avec le dollar qui etait au plus haut ). Ceci a permis de maintenir les prix entre 10 et 13 $ de 1985 à 1990 ce qui a ruiné les recettes de l’URSS provenant presque excusivement à l’époque de son pétrole.
    Ceci a été confirmé par GORBATCHEV lors d’un entretien retransmis il y a quelques années sur la Cinq, il a parlé d’un « coup de poignard dans le dos » .
    Sans cette intervention extérieure , le système soviétique aurait perduré pour les raisons que vous expliquez très bien dans votre article . Ceci tend à prouver que les systèmes politiques comme les systèmes biologiques ne peuvent évoluer que si et seulement si il y a une intervention exterieure qui modifie l’environnement en forçant ce système à s’adapter.
    REAGAN aurait dû recevoir le prix NOBEL de la paix plutôt qu’OBAMA !

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    • Nox

      7 octobre 2019

      On a également avancé une troisième cause de l’effondrement de l’URSS, c’est la « guerre des étoiles ». En relançant la course aux armements REAGAN, eh oui encore lui, a totalement surclassé le régime soviétique dans le domaine militaire. En quelques années il est devenu clair pour les dirigeants soviétiques qu’ils avaient perdu la guerre froide et qu’ils n’arriveraient jamais plus à rattraper l’armée américaine, que ce soit dans le domaine nucléaire ou dans le domaine conventionnel. Dès lors l’objectif messianique de répandre le communisme dans le monde était définitivement perdu et l’Union soviétique a perdu toute influence sur la scène internationale. Ce n’est pas suffisant à lui seul pour faire tomber le régime, mais c’est un sacré coup dur.
      Cela dit des trois causes identifiées, la ruine économique par la disparition des revenus pétroliers et la perte de la confrontation militaire avec les USA n’étaient pas suffisantes pour entraîner la chute de la dictature. La Corée du Sud et Cuba nous démontrent amplement qu’une dictature peut survivre même dans la misère la plus noire.
      Je pense quant à moi que seul le sursaut populaire, à caractère culturel et religieux, a réussi à saper de l’intérieur les fondements de la dictature. Peut-être aussi que les communistes de 1989 étaient un peu las et n’avaient plus la motivation sanguinaire d’un Lénine ou d’un Staline.

    • breizh

      8 octobre 2019

      A cette chute de revenus due à cette manœuvre pétrolière, on peut ajouter le montant exorbitant des dépenses militaires (plus de 10 % du PIB à l’époque).

  • Normandie

    7 octobre 2019

    Une citation lue sur le site « témoignage fiscal », le bruit des bottes fait mal, le bruit des chaussons fait encore plus mal ».

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  • Steve

    6 octobre 2019

    Bonsoir

    Que faut-il pour qu’une dictature tombe?
    D’abord que chacun la reconnaisse comme telle; puis, que chacun s’arrache à sa peur et se lève, au risque du goulag, de la perte de ses biens et de sa vie. Combien son tils à pouvoir le faire? Combien y a t’il eu de résistants actifs en France durant l’occupation nazie? Il est sage et normal d’éprouver de la peur lorsque l’on songe à se lever contre une dictature qui possède le monopole de la violence…. C’est parfois difficile de se dire que certes, nous sommes en dictature et de constater ensuite que notre peur nous empêchera d’agir…. Et comment vivre ensuite en se disant que l’on est un lâche?
    la solution la plus plus simple devant cette difficulté est de ne rien voir, de ne rien entendre alors on dévalue la dictature en régime certes autoritaire mais qui somme toute nous protège et que cela ira mieux quand l’ordre et la paix seront rétablis….
    C’est une boucle de rétroaction mentale qui fonctionne aussi pour les idéologies: on croit, on milite des années pour une « cause » et un jour, on vous annonce que cette cause a causé en fait ruine et malheur et que les théories qui la soutenaient étaient fausses! Combien alors peuvent supporter le fait qu’ils se sont laissé avoir et qu’ils ont passé leur vie à se tromper pour rien? Alors ils décident que si ça na pas marché, c’est que la cause a été mal appliquée ou dévoyée par quelques uns ou à cause de ses ennemis ….
    C’est une faiblesse bien humaine. Pour s’en libérer, ils y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Inutile de dire que l’on a ce qu’on mérite: c’est une forme de mépris et tépigne d’une méconnaissance de l’humain.
    Pourquoi croyez vous que la première adresse de Jean Paul II fut « N’ayez pas peur! » C’est la première étape nécessaire pour se lever. Les dictatures, militaires ou marchandes, le savent, c’est pourquoi elles cherchent avant tout à nourrir les peurs par tous les moyens.
    Cordialement

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  • Bebas

    5 octobre 2019

    Sujet tres interessant qui me plonge, comme bon nombre de vos lecteurs je suppose, dans une profonde reflexion. Je partage votre avis pour la periode post guerre d’Espagne.
    Concernant le Mexique, la donne a completement changee puisque le systeme politique que vous evoquez et qui etait lie aux cartels, a ete, l’an dernier, chasse PACIFIQUEMENT du pouvoir par le urnes. et il a perdu toutes les majorites dans les institutions / assemblees , et la Presidence de la Republique.
    Bien a vous.

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  • Scardanelli

    5 octobre 2019

    Des réflexions profondes, judicieusement étayées, comme d’habitude sur l’Institut Des Libertés.
    Cela dit, quoi d’étonnant à ce qu’un esprit rationnel s’étonne de la rareté avec laquelle les populations renversent leurs dictatures ?
    Une fois remis de son étonnement, pour peu qu’il donne libre cours à son honnêteté, à sa rigueur et à ses investigations, bref pour peu qu’il ne vive pas sous une dictature, cet esprit rationnel a tous les moyens d’analyser les causes d’un tel paradoxe.
    S’aventurer vers ce genre d’analyses de l’intérieur même d’une dictature, c’est la garantie d’un passeport pour le goulag. N’y pensons plus. D’ailleurs chacun voit bien que nous ne vivons pas en dictature.
    Monsieur Gave souligne que depuis des décennies notre pays a été gouverné par un capitalisme de connivence qui pratiquait une politique gauchisante, quelque fût le résultat des élections.
    Or ; d’une part, nul ne conteste l’étendue du désastre ; d’autre part, nul n’estime que ces élections fussent truquées. Jamais, les panzer n’ont circulé dans les rues. Désormais, l’escale de De Gaulle à Baden Baden passe pour une paillassade et non pour un « coup d’état permanent ».
    Une question qu’il conviendrait de soumettre à la perspicacité de tout un chacun est :
    POURQUOI DES DÉMOCRATIES QUI MARTYRISENT LEURS POPULATIONS RESTENT-ELLES EN PLACE ?
    Chacun sera assailli par une batterie de réponses. Il en est une qui ne cessera de revenir à l’esprit, à savoir que les populations ont les démocraties et les destinées qu’elles méritent. Pour être aussi insistante, cette réponse n’est pas sans fondements historiques. Pour l’écarter, il faut s’en remettre à Spinoza, penseur rationnel et démocrate par excellence. Lorsque plusieurs réponses apparaissaient face à une difficulté, il recommandait d’écarter celles qui engendraient la tristesse.
    Quoiqu’il en soit, notre démocratie n’est peut-être pas aussi authentique que nous voulons bien le croire. Dès lors, il s’avère urgent d’analyser les blocages aux renversements des dictatures.

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    • breizh

      5 octobre 2019

      démocratie et liberté sont deux notions différentes.

      l’étendue du désastre du capitalisme de connivence est largement contestée, voire ignorée par tous ceux qui en profitent ! C’est d’ailleurs ainsi que cela tient !

  • Francis

    5 octobre 2019

    Merci pour cet excellent article.

    Il me semble qu’on ne verrait pas toute la portée de votre article si on se contentait de regarder d’en haut les dictatures que vous citez. Dans son avant dernier livre, Houellebecq nous montre comment la population française pourrait bien s’accommoder d’une république islamique…..mais c’est de la fiction.

    Répondre
  • Philippe

    5 octobre 2019

    Merveilleux article plein d’optimisme et qui montre la voie à suivre.

    Répondre
  • Arsene Holmes

    4 octobre 2019

    Des suggestions pour l’Iran?

    Répondre
    • Charles Heyd

      4 octobre 2019

      L’Iran est une république, certes islamique comme dirait Zemmour, mais république; des élections y sont organisées régulièrement; je n’ai pour l’instant pas entendu beaucoup de nos démocrates dire qu’elles sont truquées; tout au plus tout le monde ne peut pas s’y présenter, mais c’est un peu la même chose chez nous!
      En plus ils (les Iraniens) ont un guide « suprême »! D’ailleurs le premier de ces guides, Khomeni, a été gentillement coaché par la France après une dictature, celle du shah, probablement moins sanguinaire que celle des islamistes actuellement. Donc, il faudrait déjà savoir ce qu’est réellement une dictature avant de glosser sur sa fin plus ou moins hypothétique!

    • Morne Butor

      5 octobre 2019

      Complètement d’accord avec Charles. Et c’est la même chose avec le Vénézuéla qui a même un pouvoir indépendant de l’exécutif, du juridique et du législatif qui est uniquement chargé d’organiser les élections au Vénézuéla. Qui dit mieux ? même Jimmy Carter a dit que c’était le meilleur système d’élections du monde (bon je ne me souviens plus des mots exacts, mais c’est l’idée.)

    • Jacques Ady

      6 octobre 2019

      Il me semble que c’est la combinaison des trois causes avancées par l’auteur de l’article : sidération de la servitude, pouvoir de la force, inutilité du soulèvement. Le « pouvoir de la force » me semblerait d’ailleurs mieux défini par la corruption généralisée : il faut qu’une proportion notable de citoyens du pays trouvent leur intérêt (en termes de pouvoir, mais aussi sonnants et trébuchants) dans la dictature pour que celle-ci se maintienne. Auquel cas, on peut dire, notamment dans le cas des régimes islamiques, que ceux-ci sont l’émanation de la mentalité de la population. Ce qui rejoint le propos de Charles Heyd rappelant que les dirigeants iraniens sont élus par la population (même si les candidats aux élections doivent préalablement passer le filtre de l’approbation de leur candidature par le Guide de la Révolution, en l’occurrence Ali Khamenei)…

  • Steve

    4 octobre 2019

    Bonjour M. Noé
    En 1976 Emmanuel Todd avait attiré l’attention sur l URSS prévoyant un effritement ou un effondrement survenant entre 1986 et 2016.

    Par ailleurs, j’aurais tendance à penser que les dictatures ne tombent pas ou sont remplacées par des régimes aussi dictatoriaux en raison des représentations du pouvoir qui ne changent pas: la chute de la monarchie française n’a que peu changé le mode d’exercice du pouvoir, il y a eu transfert de l’absolutisme de la caste au pouvoir sur l’administration. En fin de compte, l’Etat français, malgré ses transformations et ses évolutions a toujours dans on patrimoine « génétique » les gènes de ses origines: une armée d’occupation ( qui vit donc sur le dos des indigènes ) celle de l’empire romain: la l’élimination des Girondins par les Jacobins , la terreur contre les chouans, la répression des mineurs en 1947 , les munitions spéciales plus dures et blessantes commandées par le pouvoir central pour réprimer les gilets jaunes sont les descendants directs de l’écrasement des révoltes gauloises par les légions romaines.
    Le renversement d’une dictature par la violence ne peut que nourrir une autre violence, fille de la précédente. Seule peut être le refus simple tel que celui démontré par le Christ ou plus tard par Gandhi, peut éventuellement générer un changement notable. Cependant, comme nous sommes plus proches de Pan Troglodytes que de Pan Paniscus, le chemin sera long…
    Cordialement

    Répondre
  • Lucie Clavijo

    4 octobre 2019

    Merci pour cet article bien instructif. Il rappelle la tirade impressionnante et définitive de Brigitte Gabriel, sur les majorités silencieuses qui ont laissé les minorités (qu’elles soient nazies, communistes ou islamistes) faire à chaque fois basculer les peuples dans la dictature et la barbarie.

    Répondre
  • jean SEGUR

    4 octobre 2019

    Bonjour,
    Il nous faut aller au delà de la servitude , et aborder la soumission économique.
    Et de plus le facteur du temps . Les individus au service des pouvoirs politiques ont l’œil
    braqué sur leurs fin de mois, et n’ignorent pas les difficultés en tous genres du ‘ petit peuple ‘.
    Leurs soumissions organiques est crollé à un sacrifice accepté pour un avenir économique
    dont le point d’orgue sera une retraite.
    Plus les sociétés rencontreront de difficultés économiques et plus cette servitude, ou soumission,
    sera plus présente et plus forte.
    Un bel avenir.

    Répondre
  • DIDIER

    4 octobre 2019

    De mémoire, une étude universitaire a été faite sur le sujet.
    Elle montrait qu’il suffit de 8% d’une population supportant un régime totalitaire pour que ce dernier perdure.

    Répondre
    • Jacques Ady

      6 octobre 2019

      Tout à fait : Einstein aurait dit que « le monde est dangereux à vivre, non pas tant à cause de ce qui font le mal mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. »
      Une minorité déterminée, si elle atteint un % minimum de la population, peut imposer sa loi à une majorité indécise et/ou lâche.
      La conquête du pouvoir par les nazis en Allemagne, ou par les bolcheviks en Russie, l’illustre très bien : une minorité violente et déterminée soumet une majorité indécise.
      Cela dit, on peut souvent considérer que la minorité en question est une sorte d’émanation de la majorité, comme dans les pays musulmans, qui accouchent tous de régimes plus ou moins (en général plus) dictatoriaux et fortement islamisés.

    • Takemusu

      8 octobre 2019

      C’est le taux de syndicalisation dans la fonction publique. C’est pour cette raison que nous sommes en régime communiste en France depuis 50 ans.

  • leopold

    4 octobre 2019

    Article intéressant. Cependant, je m’interroge sur la fin de la dictature franquiste en Espagne, celle ci n’est-elle pas tombée du fait de facteurs internes, ce qui irait à l’encontre de la thèse de l’auteur, à savoir qu’une dictature « n’est pas renversée par sa population » ?

    Répondre
    • Jean-Baptiste Noé

      4 octobre 2019

      Le régime franquiste était fort et autoritaire et la liberté d’expression restreinte, mais cela n’a jamais atteint le niveau des dictatures communistes. Il n’y a pas de massacres de masse et le niveau de vie des Espagnols s’est amélioré entre 1936 et les années 1970. Ce qui rend le régime plus supportable.
      Une partie de l’élite espagnole a réussi à assurer la transition, avec Juan Carlos, et à évincer les durs du régime. Cette transition a été permise par Franco lui-même, qui la soutenue (ou ne s’y est pas trop opposé, ce qui revient un peu au même). Ce qui en fait un cas à part.

  • Morne Butor

    4 octobre 2019

    Qu’est-ce qui vous fait dire que Maduro élimine ses opposants politiques ?

    Répondre
    • Charles Heyd

      4 octobre 2019

      M. Noé a dit qu’ils (les opposants) préféraient partir en exil; de plus, la police vénézuelienne tire dans la foule; regardez les infos d’il y a quelques mois et le décompte de morts mais, c’est vrai, on n’en parle plus beaucoup, peut-être la démocratie est revenue là-bas!

    • Morne Butor

      4 octobre 2019

      L’histoire récente du Vénézuéla reste encore à écrire. Démêler la propagande de la réalité prend du temps. Mais, j’ai eu l’impression que ceux qui quittent le pays ne le font pas particulièrement pour des raisons politiques, mais plus parce qu’ils pensent mieux vivre ailleurs. Et puis en comparaison de la répression organisée stalinienne, les purges et morts dues à Guevara sont ridiculeusement peu nombreuses, quelques centaines sans doute, peut-être un millier. Quant à Maduro, je ne prend pas grand risque à dire qu’il y a certainement eu plus d’une mort pour raison politique, mais aujourd’hui il est difficile de prétendre pouvoir les compter faute de preuve. C’est pourquoi associer ces trois noms dans la même phrase me semble très cavalier de la part de son auteur.

    • Morne Butor

      4 octobre 2019

      J’ajoute que s’il y dans cette même phrase trois noms mis au même niveau, il n’y a alors aucune raison de ne pas y ajouter celui de Mitterrand, car l’histoire malheureuse du Rainbow Warrior a bien été initiée pour des raisons politiques. La cible était certes une ONG, mais il y eu mort tout de même.

  • Charles Heyd

    4 octobre 2019

    Eh oui, c’est cela! Je cite: « Le facteur premier de ce renversement réside dans le sursaut spirituel et culturel des peuples vivant sous le joug soviétique. C’est parce que des personnes, mues par leur foi et par leur culture, se sont levées, esseulées d’abord, de plus en plus nombreux ensuite, provoquant un effet d’attraction et de mimétisme, que les rouages du système soviétique se sont bloqués. »
    Est-ce que vous n’y voyez pas une ressemblance avec ce qui se passe en ce moment dans notre Europe « démocratiqe »? C’est d’ailleurs notre seul espoir de ne pas sombrer dans une Eurss.
    PS: Comparer Franco et Pinochet à des sauveteurs de la démocratie et Allende et Castro à des dictateurs, je sens que vous allez vous attirer des ennnuis avec la bien-pensence!

    Répondre
  • mercadier gérard

    4 octobre 2019

    Encore un bon article de l’Institut des Libertés.Merci Jean-Baptiste Noé.

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