5 novembre, 2013

Pour Changer de sujet, vue de New York

Vous avez surement relevé que depuis la “réouverture » du gouvernement américain ce pays ne passionne plus nos médias français.

Pourtant il se passe des choses outre Atlantique, notamment dans le domaine de la réforme de la santé. Cette réforme que les démocrates présentaient comme l’accomplissement majeur du Président tourne à la farce – (allez sur You Tube) –   par suite d’une gigantesque et toujours non réglée suite de problèmes de connexion, d’accès, et de fonctionnalités lorsque les candidats potentiels vont en ligne sur le site, développé à grand frais, sur spécificités des fonctionnaires fédéraux, et sont incapables d’opérer les choix.

Retour en arrière sur la couverture des dépenses de santé, avant cette réforme, la couverture des frais  médicaux, pharmaceutiques, et d’hospitalisation.

Contrairement aux idées reçues, les Américains sont bien couverts, lorsqu’ils sont employés, indigents – Medicaid – ou âgés de plus de 65 ans – Medicare – .Les couvertures des salariés sont un régime d’assurance privée, avec un menu à la carte, Medicare et Medicaid sont des régimes administrés par l’Etat, cotisations /prélèvements parafiscaux/prestations.

Les deux problèmes non réglées étaient les sans-emplois ou travailleurs indépendants, et les « pré- conditions », c’est à dire les patients souffrant de maladies graves, incurables car les primes pour eux étaient très élevées.

Le système « Advance Care » adopte par le Congrès, validé par la Cour Suprême, promulgué par le Président, fait obligation à tout résident ou national de souscrire une assurance à titre individuel – ceci concernerait potentiellement 14 millions de personnes – dont un nombre certain sont déjà couverts, et d’autres qui préfèrent s’auto –assurer..

Utilisant un argument représentatif de la philosophie « progressiste », la loi, inspirée d’un système teste au Massachusetts lorsque Mitt Romney était gouverneur, contraint tout individu âge de plus de 26 ans et moins de 65 ans à souscrire une assurance privée, sinon de devoir payer une pénalité annuelle de 75$.

Analogie avec l’assurance automobile.

Les bien portant « volontairement » assures subventionneront les conditions favorables accordées aux cas difficiles. Sans surprise, toute personne en bonne santé saine d’esprit préfère ne pas souscrire, et accepte une pénalité somme toute modeste. De plus ceux qui s’étaient assurés pré- reforme, voient leur couverture jugée non standard – le souci bien connu de protection harmonisée chère à nos planificateurs – et en  perdent le bénéfice.

Et ceux qui voudraient s’assurer ne peuvent le faire du fait des « bugs » géants.

Bref un échec complet, qui sera sans doute fixe sur le plan technique, mais procède comme le faisait remarquer très justement Dan Henniger dans une tribune du Wall Street Journal, d’une incompréhension profonde par les progressistes  américains – dont le Président Obama  est  l’archétype – de ce que des observateurs libéraux tels qu’Alexis de Tocqueville avaient appréhendé et analysé depuis près de 200 ans, à savoir l’attachement viscéral des Américains au principe de subsidiarité de l’Etat .

Dans un autre ordre d’idée, une commission bipartisane de la Chambre et du Senat, avec notamment Paul Ryan, réfléchit et travaille sur un « great bargain », réduction des déficits futurs par  une combinaison de revenus nouveaux – niches fiscales principalement – et coupes dans les dépenses non discrétionnaires – Medicare, Medicaid,  Social Security (ici les retraites) – la part des discrétionnaires étant déjà des plus réduites, 10 à 15% seulement du budget fédéral hors défense..

L’épouvantail du refus d’augmenter le plafond de la dette ayant été repoussé au 7 Février 2014, la pression est maintenant sur les démocrates qui redoutent le prochain tour de « sequester », coupes bestiales des dépenses sociales non discrétionnaires et de défense, inscrit dans la loi et qui a comme attendu ralenti la hausse des dépenses non contrôlées.

Bref le jeu de balance politique s’est inverse et les républicains pourraient avoir la main haute dans cette négociation. En dépit de leur échec récent.

Les sondages ici plus important encore que partout ailleurs dans le reste du monde font apparaitre une chute de popularité du Président, avec un peu plus de 40% d’opinions favorables – certes beaucoup s’en contenteraient – et un Congres toujours déconsidéré comme déconnecté, exagérément partisan, et corrompu..

Le deuxième mandat Obama est en panne, voir Advance Care, fiasco syrien , scandale de Benghazi, écoutes non des étrangers, ceci ne fait pas problème ici, mais des Américains, et audit fiscaux des opposants conservateurs.

Situation fluide et susceptible de retournements, mais néanmoins figée.

Pour les New –Yorkais dont je suis, après une campagne décevante, les sondages donnent gagnant pour la mairie – succession de Michael Blooomberg et Rudy Giuliani – un activiste démocrate d’extrême gauche, ex pro sandiniste, sans aucune expérience de gestion publique ou privée, face à un républicain compètent mais  sans charisme.

Pièces maîtresses de son programme, faire payer les riches pour reformer le système défaillant des écoles publiques et limitation des interventions de la police sur les minorités.

Bref une rentrée morose, sentez-vous moins seuls, mes chers compatriotes.

 

 

 

 

 

 

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

14 Commentaires

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  • jcgruffat

    8 novembre 2013

    Cher duff,

    En effet, depuis la quasi faillite de NY dans les annees 70, les cordons de la bourse sont a Albany, capitale de l’Etat, dont le gouverneur Andrew Cuomo, bien que lui meme tres « liberal progressiste », doit pour se faire reelire avoir les voix de la campagne, qui pense differamment.
    Il est donc peu vraisermblable qu’il soutiendra une nouvelle hausse d’impot direct.
    Mais Bill de Blasio a ete elu avec les suffrages des syndicats des employes municipaux, et leur doit son election avec une participation de l’ordre de 25%.
    Ceci nous ramene a la derniere experience democrate a NYC, David Dinkins entre 1988 et 1992, et a l’epoque j’habitais New York, et nous avions deux problemes, la securite dans la rue, et les deficits..
    Bill de Blasio commencait alors sa carriere politique comme un junior de cette equipe…
    Les electeurs qui viennent de le porter au pouvoir n’ont aucun souvenir de cette epoque.

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  • Duff

    6 novembre 2013

    Le gauchiste l’a emporté… On se sent peut être moins seuls mais je doute qu’il puisse faire autant de dégâts que ce qu’Hollande en a déjà fait et peut encore en faire pendant plus de 3 ans!

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  • GdV

    6 novembre 2013

    Il y a aujourd’hui plusieurs Etats qui compte plus de 30% d’obèses.
    Quand Rome dominait le monde auriez-vous pu rencontrer un légionnaire obèse ? Ils sont certainement sur le déclin mais leur 315 millions d’habitants fédérés représente encore quelque chose.
    Il suffirait de fédérer les Etats Européens pour porter un coup fatal à leur domination heureusement que les anglais veillent…et les quelques guignols qui nous gouvernent aussi.
    Remplaçons notre population par celle en provenance d’Afrique et vous verrez, cela améliora les choses…voilà le plan génial qui nous est proposé.

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  • jcgruffat

    5 novembre 2013

    Les Anglos sont deja minoritaires…
    N’oubliez pas qu’ici on a le droit de compter, meme si on peut refuser de l’etre, et tous les questionnaires vous demandent de definir votre ethnicite, je suis « white caucasian »..

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  • jcgruffat

    5 novembre 2013

    Cher TK,
    Excellente question, reponse absolument.
    Echec Advance Care, politique etrangere catastrophique, enlisement en Afghanistan apres le retrait d’Iraq, et j’etais au Pakistan fin Septembre dernier, rencontrant entre autres les autorites americaines dont l’Ambassadeur a Islamabad, le pire est a craindre apres le depart des troupes et les elections presidentielles d’Avril 2014 pour la solution Karzai.
    De maniere plus generale essayez d’identifier un allie americain au Proche Orient hormis Israel? Sur la Syrie, nous sommes a la remorque des Russes, et sur la negociation nucleaire avec l’Iran, beaucoup de naivete.
    Les sanctions marchent…
    Toutefois n’oublions pas qu’aux Etats Unis le role du secteur public notamment au plan economique est bien moindre qu’en France. Et bon nombre de decisions sont au niveau des etats federes dont 30 sur 50 ont des gouverneurs republicains dont un certain nombre sont d’excellents administrateurs et pourraient etre de bons candidats en 2016, Chris Christie dans le New Jersey, Bobby Jindal en Louisiane, Scott Walker dans le Wisconsin…

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    • P.M

      5 novembre 2013

      N oublions pas que les USA d aujourd’hui et a plus forte raison de demain ne sont pas ceux des années 70, comme la population française actuelle n est pas celle des années 50….
      Les WASP sont? Seront? Minoritaires…je sais en France c est ….

    • Tk

      7 novembre 2013

      Bonjour M. Gruffat,
      je suis honoré que vous ayez pris la plume pour me répondre, je ne m’attendais pas vraiment à une réponse, mais plutot à faire réfléchir les lecteurs.
      Je suis néanmoins moins optimiste que vous, car je distingue dans les républicains 2 genres : ceux dit modérés, et ceux issue des tea party.

      Les premiers me font penser au mandat de Sarkozy, de droite, tout en promulgant pas mal d’idée et de taxes de gauche, ne faisant que décéléré la déscente.

      les seconds qui pourraient faire remonter la pente mais qui ne sont soutenu ni par les républicains, ni par les médias les taxant d’extremisme.

      j’en veux pour preuve Chris Christie, réelu au new Jersey, publiquement contre les Tea Party, le chomage est resté le même au NJ depuis qu’il y est, les dépenses (et les taxes) n’ont pas baissé. Et il pratique tout aussi bien le clientélisme qu’un démocrate en touchant les subventions du gouvernement fédéral.

      Nous voyons également la défaite de Cuccinelli, issue des Tea party, non soutenu par les républicains, et détesté des medias.

      Je pense que les USA, sont au même points au niveau des idées que la France.
      – Des Medias de gauche
      – Des démocrates avec le vent en poupes (au niveau des idées)
      – Des républicains qui se veulent modéré (centriste sans idées)

      2 différénce neanmoins, la France n’a (malheureusement) pas de Tea Party, et l’amérique chute de plus haut.

      Si vous avez des contrepropositions donnant de l’espoir, je suis le premier preneur 🙂

  • Tk

    5 novembre 2013

    Les USA pourront-ils se relever après 2 mandats Obama ?

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  • Poutine7

    5 novembre 2013

    Bonjour,

    Il suffit de lire Time Magazine pour voir à quel point les Etats Unis sont sous la pression d’un « progressisme » politiquement correct qui fait vraiment penser à un monde orwellien : féminisme, théorie du genre, gay-friendly et lobby immigrationniste agressifs sous le masque de la « non-discrimination », secte écologique antinucléaire et pro-gaz de schiste sous le masque prétendument « nouvelles » énergies renouvelables, droit-de-lhommisme conquérant qui démolit tout ce qui représente une forme quelconque de fierté/culture nationale (Russie, Iran, Japon etc) s’opposant aux produits mondialisés Apple, Starbucks etc des sweat-shops d’Asie du sud-est.

    Bref, Bull-shitism. Vivement le retour des républicains et de leur « conservatisme »

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    • Nicolas

      6 novembre 2013

      Dans une democratie, les plus cinglés sont aussi les plus fanatiques et parviennent donc a imposer leur vues à la fameuse majorité silencieuse..

      Avant tous ces gens aurait passé leur vie dans un couvent, monitoré par l’Eglise, sans casser les pieds des autres.

  • GdV

    5 novembre 2013

    Il semble que les qualités de gestionnaire de l’homme politique ne soient pas la qualité première recherchée par les électeurs des pays occidentaux.
    Le peuple prendrait-il ses décisions sur la capacité des « guignols » à le faire rêver ? La démocratie est-elle un mythe qui ne peut déboucher que sur la décadence ? Comme dit l’auteur, que l’on remercie pour cet article intéressant, on se sent moins seul avec nos démagogues, mais cela ne nous rassure pas !

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  • Gerald Muller

    5 novembre 2013

    C’est quand même fascinant de voir que, même aux USA, le populisme de gauche (comme le FN ici) risque de gagner une ville comme New York.

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  • david

    5 novembre 2013

    C’est quand même désespérant de voir les ratées techniques de ce système quand on sait que ce pays « héberge » Google.
    En terme de data center, bases de données et IHM, ils ont le meilleur mondial sur place… et ils se plantent.

    Répondre
    • Bugbreeder

      5 novembre 2013

      Google est privé, Obamacare est public et le fruit d’une pure magouille politicienne, ça t’étonne que ça soit une daube monstrueuse et un raté phénoménal, genre plan calcul en France ?

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