22 juin, 2017

Philippines et Indonésie : les autres points chauds de l’islamisme

En matière d’islamisme, nos regards se portent vers le Moyen-Orient ou les Champs-Élysées, mais pas assez vers l’Asie, et notamment l’Asie du Sud-Est. Pourtant, que ce soit en Indonésie, aux Philippines ou en Thaïlande, les mouvements islamistes sont de plus en plus présents.

 

Indonésie : fini la tolérance ?

 

L’Indonésie est le pays qui compte le plus de musulmans au monde : 230 millions, pour une population de 260 millions d’habitants. Les chrétiens sont estimés à 26 millions. L’islamisation de l’archipel s’est faite à partir de l’an mil, avec la venue des commerçants arabes dans la région. Les bateaux se rendant en Inde, dans les Moluques et en Chine, ils devaient nécessairement passer par le détroit de Malacca, devenue une ville majeure du commerce de cette zone. L’islam indonésien est notamment marqué par le javanisme dit aussi kejawen dans la langue locale et qui correspond à une manière de vivre l’islam. Cela peut s’apparenter à une forme de syncrétisme où l’islam s’est concilié avec les pratiques religieuses antérieures à l’islamisation. Si cela fournit une particularité locale, cette façon de vivre l’islam est combattue par les groupes radicaux qui estiment qu’elle n’est pas conforme à la religion réelle. Soekarno, premier président de l’Indonésie indépendante puis Soeharto (qui dirigea le pays de 1966 à 1998) s’inscrivaient dans ce mouvement de javanisme, étant eux-mêmes originaires de Java. La première charte de l’Indonésie en demande d’indépendance, en 1945, prévoyait l’application de la charia pour tous les musulmans, mais cet article fut finalement supprimé et ne fut pas adopté quand le pays devint indépendant en 1949. L’islam joue toutefois un très grand rôle de cohésion pour un pays fragmenté en des milliers d’îles et comprenant des peuples différents.

 

Un symbole passé de la tolérance

 

L’Indonésie a longtemps été le symbole de la tolérance et de l’entente entre les communautés religieuses, même si c’est le pays où est né aussi le groupe islamiste du Jemaah Islamiah. Deux grands penseurs musulmans, particulièrement réputés dans leur pays, ont contribué à pacifier les relations entre les communautés. Le premier est Nurcholish Madjid (1939-2005) qui a développé la théorie selon laquelle le paradis n’est pas réservé uniquement aux musulmans, mais que tous les hommes qui recherchent le bien peuvent l’atteindre. Une conception hétérodoxe par rapport à l’islam et qui n’est pas sans rappeler les théories bouddhistes. Abdurrahman Wahid, ouléma et président de l’Indonésie de 1999 à 2001, a développé l’idée selon laquelle l’Indonésie appartient à tous les Indonésiens et pas seulement aux musulmans. C’est faire passer la nation avant la religion ; une conception qui traverse et divise l’ensemble du monde musulman. Entre le watan (la nation) et l’oumma (la communauté des croyants) que choisir ? Les mouvements laïcs, comme le parti Baas en Syrie et en Irak, ont toujours opté pour la nation, les adeptes du califat choisissent l’oumma. Fort de ces développements intellectuels et de ces penseurs, le jésuite allemand naturalisé indonésien Franz Graf von Magnis a présenté l’Indonésie comme modèle à suivre pour les relations entre chrétiens et musulmans. Exemple qu’il réaffirma encore récemment lors d’une conférence à l’université catholique de Milan.

 

Sauf que ce modèle est lui aussi en train de vaciller. Comme au Moyen-Orient, le wahhabisme s’infiltre et les mouvements djihadistes se font de plus en plus prégnants. À Sumatra, dans la province d’Aceh, la charia est entrée en application en 2002. La police religieuse y sévit, avec répressions et châtiments corporels à la clef. À Bali, Java et Jakarta, les atteintes à la liberté religieuse se font de plus en plus sentir. Brimades, restrictions des libertés et même attentats sont désormais courants. Le 26 mai 2017, deux attentats revendiqués par l’État islamique ont frappé Jakarta causant une petite dizaine de morts (difficile d’avoir le décompte précis). Cela répond à l’appel lancé par l’EI en avril 2015 où celui-ci avait déclaré partir à la conquête de l’Indonésie. Le gouvernement estime que 500 jeunes sont partis en Syrie pour combattre avec l’EI. Pour eux aussi se pose la question de leur retour dans leur pays. Selon un rapport de l’Aide à l’Église en Détresse (AED), l’Indonésie sera le prochain pays à tomber dans l’islamisme et à combattre les chrétiens. Un changement complet de politique par rapport à la nation construite par les pères fondateurs au moment de l’indépendance.

 

Condamnation politique

 

Le 9 mai 2017, le gouverneur de Jakarta a été condamné à deux ans de prison. Celui-ci, chrétien, est extrêmement populaire dans le pays et était candidat à la présidence de la république avec, semble-t-il, de bonnes chances de pouvoir l’emporter. Ahok (son surnom) a été accusé d’avoir offensé l’islam lors d’une réunion politique tenue en septembre 2016 lors de la campagne électorale pour l’élection du gouverneur de Jakarta. Les propos incriminés sont les suivants : son rival (musulman) a affirmé lors d’un meeting qu’il était écrit dans le Coran qu’un non-musulman ne pouvait pas gouverner des musulmans. Ahok a réfuté cette thèse en expliquant que celle-ci n’était pas coranique. D’où des polémiques, des attaques dans les journaux, des dénonciations et le procès. Ahok a perdu les élections au profit d’un musulman radical et a vu ses chances de l’emporter à la présidentielle ruinée, alors même qu’il avait été le vice-gouverneur de Jakarta de Joko Widoda, l’actuel président de la République.

 

Aux Philippines, la guerre est déclarée

 

Des Philippines, on connaissait les méthodes particulières du président Duterte pour éliminer la consommation de drogue : création d’escadrons de la mort chargés d’exécuter les consommateurs et les dealers. Une méthode expéditive loin d’être efficace. Celui-ci doit désormais gérer aussi le développement de l’islam radical et la venue de l’État islamique dans son archipel.

 

Le 23 mai 2017, le groupe djihadiste Maute a pris d’assaut la ville de Marawi (190 000 habitants), située dans l’île de Mindanao (sud du pays). Cela faisait suite à une expédition militaire menée par le gouvernement central pour arrêter un chef de l’État islamique. Environ 500 djihadistes prennent la ville d’assaut, brûlant les bâtiments officiels (hôpitaux, écoles…), décapitant et égorgeant de nombreux civils. La loi martiale a été appliquée (le président a ordonné de tuer toute personne qui refusait de se rendre) et l’armée est intervenue. Le nombre de morts civils est encore inconnu et probablement minoré.

Le 24 mai, les djihadistes ont attaqué la cathédrale de Marawi, enlevant quinze chrétiens, dont un prêtre.

Lancée le 23 mai, la bataille de Marawi est toujours en cours au 20 juin. Certes, l’armée philippine est peu habituée au combat urbain, mais il est tout de même effrayant de savoir que 500 hommes peuvent tenir plusieurs quartiers d’une ville de près de 200 000 habitants (le gouvernement dit qu’ils contrôlent 20% de la ville). Cela interroge sur la capacité de l’EI à former des troupes et à lancer des combats urbains et sur la possibilité des armées régulières à soutenir le combat dans les villes. Par comparaison, Marawi a la même population que Rennes. Financés par l’Arabie Saoudite et inspirés et formés par les islamistes indonésiens, les islamistes philippins rêvent de déstabiliser la zone et d’y installer un califat.

 

Thaïlande : un pays fragile

 

La Thaïlande est essentiellement bouddhiste, sauf dans la partie sud du pays où les musulmans forment une forte minorité.

Le 19 avril, plusieurs attaques ont été perpétrées près de la frontière avec la Malaisie : attentats à la bombe, coups de feu, explosions. Les motivations sont à la fois séparatistes et religieuses. Le 9 mai, toujours dans la même région, ce sont deux voitures piégées qui ont explosé sur le parking d’un supermarché, blessant une cinquantaine de personnes. Cette région appartenait autrefois à la Malaisie et n’a été rattachée à la Thaïlande qu’au début du XXe siècle, lors de tractations de l’époque coloniale. Les populations locales n’ont pas accepté ce détachement et souhaitent revenir en Malaisie. Bien que marqué par l’islam, cet indépendantisme n’a, pour l’instant, pas de lien avec le terrorisme islamiste international. Mais face à la monté de celui-ci dans les pays environnants, il est à craindre que les groupes lui fassent un jour allégeance, ne serait-ce que pour bénéficier de son aura et de son soutien logistique.

Puis, le 22 mai, une bombe a explosé dans un hôpital militaire à Bangkok, causant 25 blessés. Ici, les motivations semblent différentes des deux premiers cas. Mais le gouvernement, fragilisé par plusieurs coups d’État, communique peu sur ces drames et ne fournit que peu d’informations.

 

Dans tous les cas, il ne faut pas omettre de regarder vers l’est de Suez.

 

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

18 Commentaires

Répondre à Ockham

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • phil

    24 juillet 2017

    Où que l’islam se trouve, on y voit le même visage, les mêmes atrocités, les mêmes faits…

    Maltraite de la femme, criminalisation de l’apostat, prescription des droits des autres religions ou des athées, fanatisme, violence, obscurantisme, mépris de la science, lapidation, dérive dictatoriale, charia…

    Et on continue à en faire venir massivement en pensant qu’ici, ce sera différent, avec la bénédiction de la gauche qui dénonce de plus en plus d’islamophobie ceux qui refusent ces penchants de l’islam…
    Comme si les migrants abandonnent à la frontière la part de leur culture responsable de ces problèmes… Comme s’ils adhéraient tout d’un coup aux valeurs démocratiques, humanistes et libérales de l’Europe…

    Répondre
  • Ockham

    27 juin 2017

    L’attitude du Japon et de la Chine vis à vis de cette grande religion est paraît-il originale. Dans un autre ordre d’idée, -à propos leurs cargos passent par Malacca… Il ne faut pas oublier que ce détroit est stratégique. En arrière plan les Philippines et l’Indonésie pourraient après élimination des espions chrétiens fournir des ressources de combattants. L’Islam est une grande religion militaire qui a su organiser d’immenses caravanes de millions de tonnes sur des milliers de kilomètres pendant un millier années sans être pillées avec une gendarmerie (arabe puis turque) sobre et entraînée en toute saison à l’endurance à la soif et la faim dés l’adolescence sous des climat très rudes pour Sapiens avec un appel dans la grande cour le matin, midi et soir! Récemment, pour le canal de Suez ce fut provisoirement raté de peu. Tout n’est pas perdu. Il suffit de faire confiance dans l’élite européenne qui va insister pour un rétablissement de la démocratie … alors cela se fera tout seul. Calais ? Quelle confusion! Aucun rapport à moins que…Toutefois avec les efforts des marines européennes allant chercher les immigrés par dizaines de mille à la sortie du port de Tripoli, il y a aussi un bon espoir que la ligne Calais-Douvres à Malacca soit enfin dans les mains d’une nouvelle organisation au grand dam des Japonais et des Chinois! C’est bien sûr de la politique fiction. Pour ceux qui ont de la mémoire, Kadhafi avait beaucoup investi dans la formation des Philippins musulmans … De quelques dizaines , ils sont bien devenus bien nombreux car d’autres ont pris le relais en attisant les feux à plein régime. Enfin le multiculturalisme de l’élite européenne saura mettre dans le même lit la charia et les droits de l’homme. Voyons qui va tirer le maximum de couverture! Les Japonais auraient-ils déjà compris? Sacrés européens!

    Répondre
  • André Jolivet

    24 juin 2017

    La Thaïlande est un pays très homogène et stable. Les conflits jaunes vs rouges qui se passent là bas sont très exagérés vus d’ici. Quant aux musulmans, ils sont une petite minorité et localisés dans le sud à la frontière malaisienne. La Thaïlande est à 95% bouddhiste praticante, et les gens reagissent de façon forte et unie. Je ne crois pas du tout qu’il y ait un problème musulman à la même échelle.

    Répondre
  • sassy2

    23 juin 2017

    Merci!

    Champs Elysées
    = Qia harrods estate …
    = aussi intérêts oligarques français frappés au portefeuille (ainsi que le modèle parc attraction hidalgo)
    => c’est maintenant que les choses vont devenir intéressantes.

    Philippines, « la venue de l’État islamique dans son archipel » avec préalablement& probablement la venue d’entités cia pas encore reprises en mains + soros …
    Et si Assange avait été parisien en 2017, surement il aurait sauté les grilles pas très hautes de l’ambassade de l’ineffable Président Dutertre.

    Répondre
  • Agree_to_disagree

    22 juin 2017

    S’il est possible à 500 individus de prendre le contrôle d’une ville de la taille de Rennes, imaginez le nombre potentiel de recrues en banlieue parisienne… Désormais seul ceux qui se bouchent les oreilles peuvent ignorer le « tic tic », amplifié chaque jour, de la bombe à retardement…

    Aux armes citoyens, formez le bataillon qu’ils chantaient…

    Répondre
    • Jean-Baptiste Noé

      23 juin 2017

      La guerre urbaine est l’une des hantises des militaires parce que très difficile à mener.

      On estime qu’il faut 10 soldats pour fixer un assaillant, ce qui met de suite l’armée sous tension.

    • Agree_to_disagree

      24 juin 2017

      Dans ce cas la résistance ne pourra pas se faire sans milices de civils. Problème, nous autres citadins n’avons pas d’armes.

    • sassy2

      24 juin 2017

      Agree_to_disagree

      pas la peine!
      Il faut d’abord se demander à qui profite cette situation politiquement et financièrement.

      Par exemple:
      Si quelques députés ou une banque centrale favorisent cette situation pour assurer leur élection sinon impossible et leur salaire de 10000e ou roupies,
      ainsi que le maintien au pouvoir de la banque, alors il suffit de les mettre au pas.
      (10000e voyez le ridicule de la situation!)

      En cas de guerre urbaine, il peut aussi suffire de demander de l’aide à la chine à l’inde (et pourquoi pas aux us et à la russie à terme) pour régler le problème en très peu de mois (voire jours)

      Dutertre est dangereux pour le système : il peut nier la Déclaration des droits de l’homme* opportunément et montrer le mauvais exemple.
      (*rédigée par Roosevelt Truman eisenhower… et des gratte-papiers français = globalistes illuminés après nuremberg, dont certains ont construit Staline. Cette déclaration des droits de l’homme devant s’appliquer surtout aux autres)

      Si le politique le dit à l’armée alors le ratio n’est plus 10 / 1, mais 1 / 1000 ?
      par exemple:
      https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Stroop_Report_-_Warsaw_Ghetto_Uprising_03.jpg

      Ne peuvent s’envisager qu’à domicile (légitimité: par ex ni Vietnam ni guerre d’Algérie… )

      Ce sont des techniques qui sont favorables en nbre de vies au numérateur mais aussi au dénominateur.

      Déglobalisation oblige, je pense vraiment que nous allons assisté à une deuxième implosion de la SDN (=*), dont le but est d’ailleurs avant tout commercial.

    • sassy2

      24 juin 2017

      Plus, ces histoires sont fondamentalement ridicules.
      Preuve que ce sont des événements décidés d’abord par des cartels politiques et financiers.
      La hype « islam » a perdu dés le départ. Et économiquement bien entendu, le nerf de la guerre.

      https://twitter.com/KTHopkins/status/878132408310280194

      Et je mise 0 sur les politiciens qui ont misé là dessus.
      macron+merkel est évidemment vulnérable à des variables qui le dépassent:

      1/son système bancaire (la décision sera US à 100%)
      pour ce qui nous intéresse:
      2/une partie de son électorat et de son corpus (dépend de décisions moyen orient+US), à qui, en cas de trouble, il devra couper les allocs+ fermer les mosquées+ raccompagner à la frontière & je ne parle pas de 10 000 fichés S, et bcp plus que https://www.ice.gov/removal-statistics/2016

      Voici par exemple un cartel en action.
      Si vous connaissez Louise mensch (troll de murdoch = le danger de trump = WR Hearst, peut influer sur des guerres notamment au m-orient mais aussi sur des événements en France)

      AVANT
      https://www.youtube.com/watch?v=jxOhPtSinOE

      APRES
      http://www.salon.com/2017/05/26/troll-vs-troll-dont-believe-milo-yiannopoulos-claim-that-louise-mensch-is-trying-to-fool-liberals/

  • Citoyen

    22 juin 2017

    L’article a ceci d’intéressant, c’est qu’il montre que partout (en Asie ou ailleurs) où l’islam s’est installé, même depuis longtemps, les fondamentalistes (ou arriérés mentaux (au choix)), arrivent à déstabiliser ces pays dans leurs pratiques, au seul argument qu’ils pratiquent la même religion … mais pas selon leur convenance …
    A méditer, pour touts les pays où cette religion veut se sédentariser …
    La seule voie qui parait raisonnable, est de ne pas tolérer son implantation …

    Répondre
  • Steve

    22 juin 2017

    Bonjour M. Noé
    Il me semble bien que les indonésiens ont conservé l’usage de la consommation de porc qui fait partie de l’histoire de l’Asie, et ce serait, à ma connaissance, le seul pays musulman permettant encore pour un temps, cette consommation.
    (il faut bien dire, par ailleurs, que le voile est une composante moyen orientale bien antérieure à l’islam; il faudra un jour que les musulmans, à l’instar des indonésiens, différencient la religion des coutumes ancestrales de l’arabie s’ils veulent perdurer.)
    Dans la région, il y a aussi la Malaisie qui est un cas intéressant, c’est une république fédérale qui comporte trois grandes communautés: les malais d’origine, musulmans, qui détiennent le pouvoir politique mais, à part la classe dirigeante, occupent les emplois subalternes. Puis viennent les communautés hindoues et chinoises,toutes deux environ 25% chacune de la population, qui génèrent la richesse du pays. L’islam est religion d’état mais l’importance vitale des hindous et des chinois pour l’économie du pays fait qu’il y a une coexistence à peu près paisible en général entre les trois groupes. Cependant, la violence n’est jamais bien loin: la dernière fois que j’y étais, un soupçon de conversion au christianisme d’une famille a rapidement dégénéré en quasi lynchage, attisé par la presse. Et les chinois s’estiment souvent offensés car les usages malais ne sont pas toujours en accord avec les usages chinois. La Malaisie est importante en raison de sa position géostratégique, de son industrie développée et de ses ressources…

    Peut être que l’Europe pourrait être une chance pour l’islam: en le mettant en situation de laïcité et de démocratie, sans parler de notre approche du fait religieux par les sciences sociales, nous avons peut être les moyens d’aider les musulmans à entamer leur aggiornamento, de séparer enfin leur métaphysique d’une certaine arabité dans laquelle certains voudraient confiner cette approche du fait religieux. On conçoit que toutes les dictatures se justifiant par la religion puissent s’ opposer par tous les moyens à cette voie….Au fond, l’islam n’est peut-être pas très éloigné du christianisme arien….

    Mais en nous attaquant aux seuls régimes, aussi peu engageants soient-ils, à peu près séparés de la dictature de la religion islamique, nous n’avons été que les idiots utiles des fondamentalistes totalitaires.
    Cordialement

    Répondre
    • Agree_to_disagree

      23 juin 2017

      Reality check… j’ai travaillé avec un indonésien qui un jour à la pause déjeuner m’a fait cadeau de pots de yaourts à la fraise, qu’il avait acheté au supermarché avant de s’apercevoir qu’ils contenaient de la graisse de porc.

    • Franck

      23 juin 2017

      A Bali qui fait partie de l’Indonésie mais qui n’est pas musulmane, la spécialité est le BabiGuli. C’est un porc cuit à la broche. Cette île a subi le terrorisme islamique il y a quelques années où un attentat dans une boîte de nuit a tué plus de 200 personnes.

    • Jean-Baptiste Noé

      23 juin 2017

      Merci pour l’information sur la consommation de porc en Indonésie. Je n’en n’ai pas entendu parler. Le cochon est très consommé en Asie, notamment parce qu’il se nourrit de peu.

    • Agree_to_disagree

      24 juin 2017

      @Jean Baptiste Noé
      Précision qui peut avoir son importance, le collègue était bac+10, pas un peintre illettré… aussi respectueux que sa religion lui permettait de l’être, il était extrêmement gêné lorsqu’un soir, coincés dans un bouchon, il m’a demandé s’il pouvait prier dans ma voiture, je n’aurais jamais pu dire non… Il a tout de même fini par rentrer dans son pays, et m’a confié avant son départ qu’être musulman en Europe était devenu difficile. J’ai eu une pensée pour lui en lisant votre article, il est maintenant maître de conférence dans une université près de Jakarta.

  • Guillaume_rc

    22 juin 2017

    Merci une fois de plus pour vos « papiers ».

    Je ne connaissais pas les deux penseurs indonésiens. très intéressant.
    Mais qu’il est triste de voir ce pays sombrer peu à peu.

    A méditer pour tous ceux qui nous expliquent que le wahhabisme ou le salafisme peuvent être quiétistes et pas dangereuse.

    Répondre
  • Jimmie19

    22 juin 2017

    Ouh le vilain!

    Oser dire qu’il y a le moindre rapport entre un grand ami de l’Amérique (l’Arabie Saoudite bien sûr, royaume de l’égalité, de la liberté d’opinion, des sexes et des élections libres ; contrairement à Cuba d’après l’inénarrable Trump) et le wahhabisme à l’origine d’Al-Qaïda et de Daech !! Quelle horrible viol de la novlangue de bois française!

    Répondre

Me prévenir lorsqu'un nouvel article est publié

Les livres de Charles Gave enfin réédités!