4 juin, 2020

Pas de puissance sans bonne formation

Réindustrialisation et relocalisation reviennent à la mode. Si cela ne peut se faire sans une réforme profonde de notre système fiscal et social, il y a un autre domaine essentiel pour permettre une puissance économique, celui de l’éducation, primaire et supérieure. La puissance économique, le développement technologique, l’innovation ne seront que des rêves s’il n’y a pas en deçà de cela un solide système éducatif pour le permettre. Or nous en sommes très loin.

 

Concurrence des écoles supérieures

 

Le refus de l’université française de sélectionner ses étudiants, en licence et en master, le monopole de la collation des grades, l’infiltration gauchiste d’un très grand nombre de facs et d’écoles publiques empêche de fournir une formation supérieure de qualité. L’université se refuse à former des élites et à les faire travailler. Or il n’y a pas de pays puissant sans élite, dans tous les domaines de l’activité économique : médecine, droit, ingénieur, économie, etc. Il y a un siècle, la France était le berceau de l’automobile et de l’aviation. Cela a été rendu possible grâce à des ingénieurs passionnés et innovants et des hommes capables d’engloutir des capitaux importants dans leur passion. Nous avons besoin des mêmes conditions humaines et financières pour inventer les technologies qui seront essentielles dans les décennies à venir. Que des universités accordent des 10 systématiques à tous leurs étudiants sous prétexte de confinement est une absurdité sans nom. Comment ces étudiants peuvent croire que leur valeur sur le marché du travail sera grande après une telle farce ? Ce qu’ils ne comprennent pas non plus, c’est que la sélection se fait toujours, soit de façon ouverte soit de façon cachée. Quand on refuse, par principe, de sélectionner les élèves à l’entrée de la licence en les prenant tous, bons et mauvais, de facto on décourage les meilleurs étudiants qui vont alors choisir d’aller ailleurs. La fac sélectionne donc : elle prend les plus mauvais, elle rejette les meilleurs.

 

Le gâchis volontaire de la jeunesse

 

Jusqu’à présent, les meilleurs Terminales allaient en classes préparatoires ou en écoles post-bac. Depuis une dizaine d’années un phénomène prend de plus en plus d’importance, le départ vers d’autres pays européens des meilleurs étudiants, qui préfèrent aller en Angleterre, en Suisse ou en Belgique. Cela concerne toutes les filières : scientifiques, droit, hôtellerie, médecine. Lorsque je dirigeais un lycée, j’ai vu ainsi d’excellents élèves, admis dans les meilleures prépas parisiennes, refuser d’y aller, préférant étudier à Lausanne ou à Londres. Il est peu probable que ces éléments moteurs reviennent. Il sera plus facile de relocaliser des usines que des personnes de haute qualité parties à l’étranger. C’est un secret de Polichinelle que de nombreuses universités et écoles de province, sous-cotées et aux résultats pédagogiques médiocres, recrutent massivement leurs étudiants dans les anciens pays du Tiers-monde, officiellement pour former les futures élites de ces pays, officieusement pour remplir leurs classes et ainsi toucher subventions et prébendes. Comme me le disait un ami professeur de droit dans l’une de ces universités : « Si la sélection était rigoureuse, entre la L1 et la L2 on ne garderait pas grand monde. Mais si on le fait, il n’y a plus assez d’étudiants et nos postes vont être supprimés. Donc on garde les étudiants pour conserver nos places ». Qui pourrait le leur reprocher ? Ils ne vont pas lutter seuls contre un système universitaire absurde. L’étudiant est une marchandise, qui s’échange sur le marché mondial de l’enseignement supérieur. Les meilleures écoles sélectionnent, font payer cher, accordent de nombreuses bourses et attirent les meilleurs. Les facs poubelles captent ce qu’elles peuvent : les étrangers qui gagnent ainsi des visas d’entrée et une protection sociale, des pauvres lycéens qui n’ont pas conscience du fonctionnement du système universitaire et qui vont perdre leur temps et leurs années. Dans tous les cas, c’est un immense gâchis de la jeunesse. Quel pays peut ainsi se priver de cette ressource humaine en ne la développant pas et en ne réfléchissant pas au meilleur moyen de la former ? Quelle tristesse de voir tant de lycéens trainer depuis le 15 mars, sans avoir rien à faire, ni cours ni bac. Ne pourrait-on pas leur proposer des choses plus passionnantes que de zoner dans les rues ? Ne pas utiliser cette jeunesse à des choses positives, c’est refuser d’être une grande puissance.

 

La faillite du primaire

 

Il y aurait beaucoup à dire aussi sur la faillite de l’école primaire et secondaire. Rappelons que ce ne sont pas les moyens qui sont en cause, ils n’ont cessé d’augmenter, mais les méthodes et le contenu des cours.

 

Évolution des dépenses intérieures d’éducation (en milliards d’euros)

 

1980 : 74.4

1990 : 96.6

2000 : 129.9

2010 : 140

2018 : 157 (soit 6.7% du PIB)

 

 

Évolution du coût moyen d’un élève, en euro

 

Année École Collège Lycée Classes prépa
1990 3740 6380 7700
2000 5270 8030 11 190
2010 5870 8500 12 060
2018 6 820 8 780 11 200 15 700

 

 

Ces chiffres sont issus du ministère de l’Éducation nationale. Dépenser tant d’argent pour des résultats si médiocres avec des professeurs si maltraités est un échec douloureux. Les dépenses d’éducation sont aujourd’hui le premier budget de l’État. Si on revenait aux dépenses de 1980, il serait possible de baisser les impôts d’autant (82 milliards d’euros de baisse, ce n’est pas rien. L’IR « rapportait » 72 Mds€ en 2016). Moins d’impôt et une meilleure éducation : ce serait déjà une voie gagnante dans la mondialisation et la compétition internationale.

 

Les difficultés de l’enseignement supérieur vont fragiliser les entreprises, qui vont manquer de cadres et de salariés bien formés, atouts indispensables dans la guerre économique. Mais le problème est le même pour le primaire et le secondaire. Des élèves qui ne maitrisent pas l’orthographe, qui n’apprennent pas le sens du travail et de l’effort, qui sont imbibés de pédagogisme ne pourront pas donner de bonnes choses. Pendant le confinement, on a vu des entreprises faire cours dans leurs locaux afin d’occuper les enfants de leurs salariés durant les journées. C’est une excellente initiative, qui pourrait se pérenniser et s’accentuer. Il y a une vingtaine d’années sont apparues les crèches d’entreprise, pourquoi ne pas aller plus loin et créer des écoles d’entreprise ? En passant par un prestataire privé, qui fournirait les professeurs, les programmes pédagogiques et les documents de cours, il est possible de fournir de bons cours avec deux fois moins de dépense. Les entreprises pourraient utiliser une partie de leurs locaux pour cela, locaux qui seraient affectés à d’autres tâches lors des vacances scolaires (4 mois sur 12). En s’affranchissant de la pédagogie de l’éducation nationale et en employant des méthodes qui fonctionnent, il est possible d’avoir des classes de 25 élèves d’âges et de niveaux différents et de bien leur enseigner. Ce serait un réel service pour les salariés et une plus-value pour les entreprises.

 

Si la France veut continuer à peser sur la scène mondiale, à affronter la guerre économique et à innover, il lui faut former des nouvelles générations qui maîtrisent les fondamentaux de la langue et de la culture. L’éducation est un élément clef. C’est ce que fit Robert Papin en 1978 en fondant HEC entrepreneurs ; un nom presque inconnu en France alors qu’il a joué un rôle majeur dans la formation des élites et des chefs d’entreprise. En abandonnant la méthode des cas pour créer celle de la formation-action, Robert Papin a permis de former les intelligences, mais aussi les vertus et les qualités humaines, tout en faisant prendre conscience de l’importance d’un sain patriotisme économique. Former des chefs d’entreprise et des cadres est un sujet hautement stratégique pour l’avenir économique d’un pays. La puissance passe par la bonne éducation. Sans rénovation de ce domaine-là, tout discours sur la puissance et la souveraineté est vain.

 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

43 Commentaires

Répondre à Perret

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  • SC

    15 juin 2020

    J’ajouterai qu’on attrape pas les mouches avec du vinaigre.
    Je m’explique, travaillant depuis pas mal d’années dans le domaine « scientifique », force est de constater que nous sommes mal payés.
    N’importe quel agent immobilier ou vendeur de voiture pas trop feignant gagne nettement plus qu’un scientifique qui doit sans cesse faire l’effort de mettre ses connaissances à jour.
    Pourquoi faire des études longues et difficiles, pourquoi s’embêter à se faire des nœuds au cerveau pour au final avoir un salaire moyen ?
    Ou alors il faut partir.

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  • Adam Smith

    13 juin 2020

    je pense que le probleme est mal pose, plus que d’une formation de pointe, il s’agit de liberer les conditions economique d’exercer sa profession, le bagage theorique importe certes, mais l’experience et les opportunites de vie professionnelle sont plus important, or en France, le monde du travail est totalement verrouille , par l’etat, les syndicats, les corporatismes, et les grands groupes qui dispose d’une main d’oeuvre qualifie a bas prix, (les salaires sont totalement bloques, penurie de postes), la mobilite professionnelle est inexistante en France, c’est tout le systeme qui interdit la liberte professionnelle

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  • breizh

    10 juin 2020

    C’est déjà l’éducation à la vie sociale, à la morale, à l’effort, à la concentration de l’attention, au respect des autres, de leurs biens,… qui est défaillante !

    L’intelligence devient inaccessible pour de plus en plus de jeunes… Comme dit H16, CPEF.

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  • Blondin

    10 juin 2020

    Votre idée d’école d’entreprise est intéressante, mais soulève plein de questions.
    La stabilité : que fait-on si le parent de l’élève démissionne ou est licencié en cours d’année scolaire ?
    La qualité : Si une personne veut changer d’employeur, la qualité de l’école associée deviendra un critère de décision ?
    L’équité : la plupart des entreprises n’ont pas la taille suffisante pour envisager une telle école ; les salariés de grands groupes sont de ce fait favorisés
    Etc.
    Néanmoins c’est une idée stimulante, comme le sont vos articles en général

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  • Thinker

    10 juin 2020

    Je partage votre constat : une part croissante d’étudiants de l’université ne trouve pas d’emploi à la hauteur de leurs qualifications à la fin de leurs études. Le terme de jeunesse gâche est ainsi tout à fait approprié.
    Je n’ai en revanche pas la même analyse de la cause. Les grandes écoles forment des cadres qui savent travailler sous pression, obéir aux ordres (parfois stupides) de leur hiérarchie. Les entreprises s’arrachent ces jeunes, formatés. Les universités forment des cadres autonomes, qui réfléchissent par eux-mêmes et ont un esprit critique. Les entreprises n’en veulent pas et ils se retrouvent au chômage ou avec des emplois sans mesure avec leurs qualifications.
    Est-ce la faute au système éducatif ? Est-ce la faute à la jeunesse ?
    Il s’agit de la faute des entreprises françaises, qui ne veulent pas de « talents », mais qui veulent des « moutons ». Alors qu’ailleurs dans le Monde, les entreprises recherchent des jeunes innovants et créatifs (notamment dans les économies de la connaissance, comme aux USA, au UK et en Suisse), des jeunes autonomes et organisés (notamment dans les économies industrielles, comme en Allemagne). Les managers des entreprises françaises, qui n’ont pas confiance ni en l’avenir ni dans la jeunesse, veulent de simples exécutants et non des esprits critique ni des innovants.
    Alors plutôt que de vouloir changer le système éducatif, changeons notre façon de voir la jeunesse et l’apport qu’elle peut avoir dans notre économie.

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  • Nanker

    8 juin 2020

    L’AUTRE problème va être de motiver les troupes…

    Lorsque (comme moi samedi dernier) vous voyez des grappes de jeunes de 16-25 ans agglutinés dès 15h sur les berges de Seine et DEJA défoncés au shit et à la mauvaise bière… en sachant qu’ils seront là jusque tard dans la nuit… Est-il seulement possible de remettre ces populations sur le droit chemin des études et du labeur intellectuel? J’en doute fort.
    Et « miracle » de l’égalité des sexes les filles ne sont pas les dernières pour se mettre « minable » comme on dit maintenant. Vous croyez qu’à Tokyo ou Shanghai on assiste à ce genre de spectacle?
    (NB : ma question n’est que rhétorique… je connais déjà la réponse).

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  • calal

    8 juin 2020

    « Qui pourrait le leur reprocher ? Ils ne vont pas lutter seuls contre un système universitaire absurde.  »
    Non. on ne se salit pas les mains. Ce n’est pas parce que les autres pechent, que je peche egalement.

    Evangile selon St Mathieu 5, 13-16

    « Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel s’affadit, avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors pour être foulé aux pieds par les hommes. »

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  • Henri

    8 juin 2020

    Le fond du problème, à mon humble avis, est la volonté des vieux 68tard arrivés aux affaires de ne pas se faire repasser, et le fond de système de castes à la française.

    La principale concurrence pour l’élite vient du peuple, via la méritocratie. Celle ci doit donc être abattue, de sorte que les enfants des sans dents iront moisir dans des écoles et facs au rabais, tandis que le piston des élites assurera à leurs descendants des places dans de bons établissements
    Même les syndicalistes de l’éducation nationale mettent leurs enfants à l’école alsacienne… quant aux bobos, leur hypocrisie est flagrante.

    Du point de vue de nos élites, qui rappelons le vivent surtout des prébendes de l’état et du capitalisme de connivence, affaiblir le pays en réduisant ses forces vives n’est qu’un petit prix à payer pour conserver son rang et ses privilèges.

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    • breizh

      8 juin 2020

      votre dernière phrase est sans doute la bonne. Le parasite tue son hôte plutôt que de se restreindre.

  • Nanker

    8 juin 2020

    Les facs poubelles captent ce qu’elles peuvent : les étrangers qui gagnent ainsi des visas d’entrée et une protection sociale, des pauvres lycéens qui n’ont pas conscience du fonctionnement du système universitaire et qui vont perdre leur temps et leurs années ».

    Vous omettez de parler de celles qui se sont transformées en incubateurs de la haine de la France : ces facs (Nanterre, Paris-8) désormais tenues par les « indigènes » de la République alliés à ce qui reste de l’extrême-gauche et où l’on enseigne la détestation du Blanc, forcément fasciste et raciste.
    Il faudra un jour aller passer le Kärcher dans ces lieux-là…

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  • Henri

    8 juin 2020

    Cette situation est criminelle, y compris pour les étudiants.

    Issu d’une famille pauvre, je n’ai pu faire que la fac du coin (louer coûte trop cher, mes parents étaient juste au dessus du plafond pour interdire toutes les aides, heureusement que j’ai eu la bourse au mérite universitaire en maîtrise et master et que je bossais l’été).
    J’étais en fac de chimie… même là, nous avons eu le droit à la propagande gauchiste.
    Sciences humaines et sociales, c’était le pire… lors des grèves du CPE, ces amphis avaient été transformés en espèces de camps de nomades, un genre de ZAD avec la même herbe à rigoler. Ils avaient bloqué toute la fac (chimie, médecine, physique, maths, info… ne font jamais grève).

    Sorti de fac, pas de piston, la chimie qui se porte mal en France… résultat ? chômage, et déclassement social. Mon frère avec son CAP boulanger s’en sort bien mieux.

    Lors d’un job à l’étranger en labo de recherche, j’ai côtoyé des étudiants issus de fac américaines et russes. La différence de niveau était abyssale… s’ils sont tous comme ça, ils vont nous fumer.

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  • Max

    8 juin 2020

    Repas de famille ce week-end : 7 personnes. Je suis le seul à bosser, certains en arrêt au chomage ou en retraite. Je me suis même interdit de faire des enfants pour m’occuper financièrement de tout ce beau monde. Jamais vous ne motiverez une minorité de travailleur d’en faire plus pour faire fonctionner un tel système, d’autant que les actifs surévalués sont inaccessibles pour les jeunes actuellement, dévalorisant le travail et le culte de l’effort. Il ne faut pas négliger l’impact psychologique de cette situation avant d’établir des « faudrait que » au niveau éducatif et professionnel.

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  • marc durand

    8 juin 2020

    Et une bonne justice qui condamne immédiatement les casseurs. J’ai été attaque 6 fois dans mon magasin ED l’Épicier, et pas un seul n’a été condamne.

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  • Joël Michelot

    7 juin 2020

    Très intéressant et terrifiant

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  • Ockham

    7 juin 2020

    Mon opinion est illustrée par un fait. L’état tolère que des fonctionnaires de l’éducation soient ouvertement contre les partis politiques libres, ne cachent pas que la lutte violente est la voie pour accéder au pouvoir, sont pour des mesures jusqu’à la suppression de la propriété et enseignent l’économie tout en professant des idées marxiste-léninistes dont le succès se mesure par des millions de morts -holodomor- « avant » l’apparition du nazisme et non l’inverse. Le clou de l’irénisme de l’état est l’acception légale de nombreuses candidatures à la présidence de la république de ce type de personnage haineux et potentiellement criminel sans le moindre doute puisqu’ils le déclarent publiquement, tout en restant non seulement libre d’émerveiller les médias qui n’y voient qu’une parenthèse à publicité mais fonctionnaire à vie donc payé par nos impôts pour nous détruire. Et cela nous le devons à d’invraisemblables concours publics qui mènent à la sélection des meilleurs « Marat, Baboeuf et Robespierre » du plus bas niveau jusqu’au plus haut de l’administration centrale professant à vie le crime !

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  • Didier PROVOST

    7 juin 2020

    Deux mots à mettre au fronton des écoles françaises

    AUDACE et EFFORT

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  • Didier PROVOST

    7 juin 2020

    Les grandes écoles d’ingénieurs françaises sauvent le Pays du désastre.

    Il ya a beaucoup de vrai dans ce que vous écrivez. L’Université est malade de son refus d’exercer une sélection intelligente, se plaignant en plus en contradiction avec sa doctrine égalitariste du fait que les Grandes écoles d’ingénieurs et de commerce la privent des meilleurs élèves. Vous avez raison il y traîne encore des relents marxistes, et une prétention injustifiée en se targuant de faire de l’éducation et pas de la formation. J’avais même entendu un recteur d’Université ( Toulouse je crois) pérorer sur l’ingénieur théoricien que saurait produire l’université quand les grandes écoles ne produiraient que des « primaires besogneux ». Chacun sait que les meilleurs élèves de Terminale S vont en Math Sup ou en prépa HEC, ou en médecine, ou dans des écoles sans concours post bac? Le reste atterrit à l’université.
    Mais quand l’université se charge de formation « professionnalisantes », médecine, droit, avocat, architecture, etc elle le fait plutôt bien. En réalité le désastre se trouve dans les sciences molles , impasses pour les jeunes , creuses, comme sociologie, psychologie, aes, etc….

    Ce sont les grandes écoles d’ingénieurs qui « sauvent » le Pays, en l’absence d’un sous sol national généreux, X, CentraleSupélec, Mines de Paris, Ponts, Télécom, ENSTA, PC, nos vraies élites issues des sciences dures.
    Le reproche que l’on peut faire à cette élite c’est d’avoir laissé les commandes de la France aux diplômés de sciences molles, peu rompus à la maîtrise de la complexité, Sc Po , ENA, totalement surestimées. Il est vrai que cette élite vraie scientifique se consacre à faire marcher notre industrie et par suite a laissé faire cette caste qui considère les postes de commandes de l’Etat comme sa propriété. l’ENA ne sera jamais le Polytechnique des Sciences Molles, cette surestimation se démontre tous les jours quand on les voit agir.

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    • Henri

      9 juin 2020

      La fac sélectionnait avant… par élimination.
      En biologie (la plus molle des sciences dures), la moitié des effectifs de L1 dégageait.
      En L3, il ne devait plus rester qu’un quart des effectifs de départ.
      L’accès à la maîtrise et aux masters se faisait sur dossier (notamment les master pro).

      Le système des grandes écoles est très français. Partout ailleurs, ce sont les universités qui dominent.
      On voit également ce biais avec les titres universitaires : en France, être docteur en sciences est moins bien coté que d’être ingénieur, alors que c’est l’inverse partout ailleurs. Bien sur, docteur ingénieur, c’est le saint graal.

      Dans ce cas, pourquoi avoir créé des universités, et ne pas avoir laisser uniquement des écoles, en tout cas pour les sciences dures ?

      Si quelqu’un sait d’où vient cette particularité, je suis preneur.

  • Sarcastik

    7 juin 2020

    Les enseignants ne représentent que 55% de la charge budgétaire de l’éducation nationale. Oh ils ne sont pas parfaits et finalement, leur traitement n’est que le reflet de la médiocrité de ce qui est enseigné. Mais j’avais fait un calcul « à la louche », si j’était directement payé par les parents et nonobstant un petit pourcentage pour les murs et l’administratif, à coût égal de l’élève, je toucherais 8000 euros bruts par mois. Avec un tel salaire, je peux vous assurer que je me défoncerais littéralement. Pour moins de la moitié, la motivation n’est pas la même.

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  • cricri

    6 juin 2020

    Mon fils ainé termine ses études à l’EPFL de Lausanne, université avec des enseignants de très haut niveau, venant du monde entier, une sélection sans pitié, et l’exigence de fournir un énorme travail pendant les 5 années (pas seulement les 2 premières) sans répit pour l’étudiant.
    Mon autre fils rejoindra l’UNIL à la rentrée. Pas de BAC (1 ère fois dans l’histoire de l’éducation nationale); comment dire un certain dégout de l’EN voire une franche répulsion. Je lui ai offert des cours particuliers de maths et physique pour compenser et j’ai vu la différence.
    Le dernier en 5 ème n’a même pas vu la moitié du programme en maths…
    On envisage déjà un autre pays d’accueil pour lui afin de l’extraire de cet univers décadent.

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    • Didier PROVOST

      7 juin 2020

      L’EPFL est une bonne école suisse mais son recrutement n’est pas aussi qualitatif que celui des meilleures grandes écoles françaises.
      Aucun élève dans le monde n’a le niveau scientifique d’un élève français de Math Spé qui se présente au concours.
      Tous les élèves de grandes écoles françaises qu’on envoie à l’étranger dans des cursus « croisés » se baladent…. c’est une réalité, même au MIT, même à Stanford, au Caltech, etc. La vraie richesse française est là.

  • pythagore

    6 juin 2020

    désolé de vous décevoir mais vous êtes en train de nous démontrer que la terre est ronde … mais nos gouvernants de tous bords ( voir de tous poils) sont dans le dogme de la terre plate … ils savent pertinemment que vous avez raison mais leur credo c’est l’Etat à tous les étages et le pedagogisme et ils n’en démordront jamais jusqu’à l’effondrement type URSS …

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  • Perret

    6 juin 2020

    400 ou 300 € par mois soit 4000 ou 3000 € par ans, excusez l’imprécision !

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  • Perret

    6 juin 2020

    Excellent article. Cependant, je suppose que l’auteur a voulu dire, à propos des formations à bac+ 4 et 5 que la très forte sélections des masters les meilleurs amenaient les autres mastères à prendre n’importe qui pour exister.
    L’école hors contrat est la solution. En gros, une année scolaire au primaire hors contrat coûte 400 € par élève à Paris, 300 en province. Rien par rapport à la Fabrique des Crétins. S’en remettre pour une part aux entreprises pourrait être une partie de la solution. Mais cela ne règlera pas la question nationale. En 1997, dans une association universitaire nationale, un diplômé à bac +5, Picard « de souche », formé dans le meilleur lycée d’Amiens, m’entendant parler religion catholique avec une amie, m’a dit « accepterais-tu de m’expliquer ce qu’est le catholicisme car au collège et au lycée, on ne m’a appris que l’islam ». Donc il faut recréer un enseignement catholique hors contrat qui donnera aux élèves la compréhension de l’âme de la France. Les Russes, qu’ils soient orthodoxes, musulmans, bouddhistes ou athées admettent que l’âme de la Russie est chrétienne. Pourquoi pas nous ?

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  • Sangmelima

    6 juin 2020

    100 % d’accord avec l’analyse de l’auteur de cet article… mais il a oublié un élément fondamental qui, s’il fait défaut à tout étudiant, sabotera de facto le projet d’un souverainisme économique, industriel et technologique relocalisé… cet élément c’est l’amour de soi et par conséquent, du pays dans lequel on est né ou à tout le moins venu vivre et travailler.

    Or, toutes nos « élites », gauche imbécile et droite émasculée, ont tout fait au cours des 30 dernières années pour installer une auto détestation surréaliste dans l’esprit et le cœur de la plupart des étudiants. Sans ce sentiment d’identité, vous pouvez être certain que l’étudiant, même s’il a reçu une formation de meilleure qualité, ira se vendre ailleurs au nom de… l’enrichissement rapide et important ! L’idée de servir son pays lui paraitra toujours secondaire, si ce n’est ringard, en regard de son ascension personnelle.

    Regrettable, certes, mais c’est aussi le constat douloureux que l’on fait un peu partout. Les français ont honte d’être français et la notion de patriote leur paraissent dépassée… ils ont été biberonnés au lait de la « citoyenneté mondiale », énorme arnaque fabriquée pour perdre tout individu dans les vents délétères d’une non identité. En un mot, on leur a vendu un concept de citoyenneté propre au « storytelling » de l’artifice consumériste perpétuel qui a besoin de consommateurs voraces en gadgets et colifichets censés précisément leur conférer une…. identité.

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    • breizh

      7 juin 2020

      vu qui nous gouvernent et les résultats depuis 40 ans, cela devient difficile d’en être fier…

  • NODRALG

    5 juin 2020

    espérer l’homme providentiel qui n’apparait qu’après…. que tout est détruit. Mais pour y arriver il faut trouver un fédérateur pour déclencher une révolution.
    Il y a eu par le passé deux exceptions, Le Portugal avec Mario SUAREZ et un gouvernement d’homme de vrai citoyens, le second est Vaclav HaveL qui tous les deux ont été capable de réformer leur pays sans une goute de sang versée.
    Chez nous il est probable que seul une nouvelle nuit du 4 Aout serait de nature à nettoyer les écuries d’Augias.
    La grande différence entre nous, c’est qu’en france depuis 1981 chaque élus l’est POUR…. se servir le plus rapidement et le plus possible. Entre autre il y a deux ans de cela est il certain que la priorité des priorités était de changer toute la vaisselle pour 500 000euros du palais.
    Cordialement.H.G.

    Répondre
  • Anna POTHIN

    5 juin 2020

    Tout ça est la vérité, mais… comment changer cet état de choses ? Comment modifier l’ opinion publique ? Alors que la gauche refuse d’entendre raison ? Ecrire des livres, des articles que la gauche ne lira pas… est-ce la solution ? quoi faire ?
    Trouver une ruse…?! pour atteindre l’opinion publique.. Par ou commencer ?

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    • Sangmelima

      6 juin 2020

      Rien n’est jamais perdu ! Certes, les changements urgents ne se feront certainement pas en quelques mois ni même en quelques années, mais ils adviendront forcément.
      D’abord, il faut rappeler que tant qu’on essaie de convaincre par l’opinion on se casse les dents. Simplement parce que l’opinion est tout sauf une idée et par conséquent ne débouche jamais sur un projet concret.

      L’éveil sera long parce qu’il est question d’une élévation de la conscience de chaque personne. Et pour cela, il faut d’abord en avoir vraiment envie et ensuite il faut accepter que le chemin est long, déjà à un niveau personnel.

      C’est seulement lorsque l’ensemble de l’humanité aura fait un progrès dans sa conscience, individuelle et collective, que les changements fondamentaux pourront advenir. Le reste n’est que tendance éphémère et manipulations idéologiques de surface.
      L’inévitable temps long de tout éveil n’en discrédite nullement la faisabilité. Reste juste à voir si entre temps l’humanité n’aura pas pris une ou plusieurs bombes sur le pif et ça… ce n’est pas juste un danger piqué dans un jeu violent en vidéo, c’est une vraie possibilité. Les belligérants qui ont déjà déclenché plus de 250 guerres et conflits graves dans le monde sur une période de 270 ans d’existence (les EU…et leurs esclaves otanesques) sont capables de tout. N’avaient-ils pas envisagé le lâchage de 50 bombes nucléaires (historique !) sur la Corée du Nord à l’époque où ils constatèrent que ce dernier pays résistait à leur agression et exigence d’alignement ?

      Toujours commencer par sa propre conscience avant d’espérer constater du meilleur chez autrui 😉

  • Vauban

    4 juin 2020

    Mon fils de 15 ans à la maison, nous l’avons inscrit à des cours en ligne vraiment excellents. L’éducation nationale a du mouron à se faire… Le statut de la connaissance a changé avec internet, bien sûr ça ne remplace pas un enseignement en laboratoire par exemple, mais cela permet d’être bien préparé à en tirer le maximum !

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    • Opale

      7 juin 2020

      Sans faire de publicité, pouvez-vous indiquer quels sont les cours en question ? Merci !

    • breizh

      7 juin 2020

      bonjour,
      je serai intéressé pour savoir lesquels.
      merci

  • NODRALG

    4 juin 2020

    pour tenter de répondre à votre question qui est de savoir qui à fait élire un gamin à l’Élysée, je vous proposerai une réponse , c’est le si fameux « microcosme parisien du marais « , celui pour lequel il faut impérativement cocher trois cases que vous pouvez aisément imaginer.

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  • Un ancien des hopitaux

    4 juin 2020

    En médecine, a été supprimé l’externat dans les années 1970. Cela veut simplement dire le compagnonnage avec une personne plus qualifiée au lit du malade. quelques mois plus tard avec petit à petit d’autres responsabilités au fur et à mesure de la progression de l’étudiant. L’externat était un concours facultatif qui donnait l’avantage de gagner une année d’étude en supprimant le stage interné de 6° année à l’étudiant. Il se passait fin 1° année de médecine où pendant la 2°année. le motif? Résultat des course, manquant d’habitude d’écouter un malade et surtout de prendre une décision, le praticien débutant hésite à s’installer en médecine générale où hospitalise des personnes totalement ambulatoires par peur de commettre une erreur… sans réellement accroître son expérience…. Voila une des raisons de la disparition du médecin généraliste de nos campagnes et du déclin de la médecine française.

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  • Mazeres Maryse

    4 juin 2020

    Désolée pour mon message que je n’ai pas pu relire, le site ne permet pas de visionnage en entier. il est donc très brouillon sur sa forme, mais le fond reflete ma pensé.

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  • Danielle

    4 juin 2020

    En particulier : en primaire il n’y a plus de livres mais des feuilles photocopiées. Conséquence pour les parents, les enfants : aucun repère sur le programme et la progression annuelle. Quand l’élève est malade c’est la galère.

    Au collège, dans certaines disciplines, les enfants copient encore leur « leçon » inscrite au tableau noir, vert ou projeté sur écran. Ou bien on leur dicte. S’il y a des fautes : ils les apprennent …

    L’élève devrait avoir un manuel pour lui à la maison et un autre à l’école ( une lot pour la classe avec un livre pour un ou deux élèves).

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  • PHILIPPE LEGRAS

    4 juin 2020

    Je suis tout à fait d’accord

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  • Bernard Scaringella

    4 juin 2020

    Le premier poste de dépenses de l’état ce sont les entreprises, à hauteur de 200 mrds par an en « subventions » (rétro-commission ??), soit la totalité de la … TVA !! Sacrée marge de manoeuvre. Le problème reste le même, rendez leur argent aux pauvres, mais non les riches et puissants préfèrent les guerres et les génocides, c’est tellement plus fun.

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  • Philippe Lecomte

    4 juin 2020

    En complet accord avec cet article.
    J’ai eu la chance d’être élevé dès 1946 en primaire dans une communauté chrétienne, ensuite dans un lycée breton aux épais murs de granit, laïque, égalitaire et républicain, tenu par des professeurs exigeants, de toutes tendances politiques qui ne faisaient pas grève en donnant l’exemple et en entraînant leurs étudiants à hurler des slogans simplistes dans les manifestations . Ces bases m’ont permis d’intégrer une grande école de commerce et de vivre ma vie libre et responsable.
    J’ai donc toujours pensé que l’éducation est le bien principal d’une nation après la défense du territoire et la sécurité des personnes. Le niveau de qualité de l’éducation en France n’a fait que diminuer continûment depuis mai 68 et les bassesses démagogiques d’Edgar Faure, Ministre de l’éducation Nationale à l’époque si j’ai bon souvenir, personnage si distrayant par ailleurs. Malheureusement un pays qui se veut grand ne vit pas que de facéties. La France ne s’élèvera jamais plus haut que son niveau d’éducation. Si la tendance se relève, il y en a donc pour plusieurs générations car cela commence à l’école primaire. Je doute que le niveau de défiance générale de notre peuple permette actuellement de relever un tel défi. C’est dommage pour ceux qui nous suivent.

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  • Yves Jusserand

    4 juin 2020

    Complètement d’accord ! Le problème de l’éducation nationale vient de sa sempiternelle bureaucratie, de son pédagogisme qui sévit depuis plus de 40 ans, ainsi que de la souffrance et des salaires des enseignants, qui démissionnent de plus en plus de cette « institution »; les écoles intégrées aux entreprises sont l’avenir, bien évidemment.

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  • Jacques Peter

    4 juin 2020

    Absolument. Il faut redresser le niveau de l’enseignement. Pour cela il paraît nécessaire de privatiser au maximum. Les pays qui soignent la qualité de leur enseignement (Corée, Singapour, Suisse, Allemagne…) seront ceux qui résisteront le mieux à la concurrence mondiale et qui permettront à leur population de bénéficier de la prospérité. Cela semble évident partout, sauf en France, pays champion de l’incohérence intellectuelle.

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    • Mazeres Maryse

      4 juin 2020

      la cause du problème est très profonde, et occulte, bien sur, très complotiste, la france est « habitée » par une énergie très médiocres, et oui, je pense que c’est voulu, mais par qui? qui a intérèt de vider notre pays de ses cerveaux, l’asservir le peuple en lui inculquant la peur de la maladie, alors que nos voisins Anglais, allemands, hollandais belges ont une relation à l’humain, bien plus saine que nous. Qui a fait élire Macron avec l’argent? Rotschild l’a biberoné, a trouvé un homme malade pour nous gouverner. Pourquoi nous a t on défavorisé quand à la parité de l’Euro? etc etc.

  • jean SEGUR

    4 juin 2020

    Bonjour, il n’y a plus de jours , de semaines à décrire le délabrement de ce pays. Tout y passe, éducation, économie, société. Un titanic en perdition

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