17 novembre, 2013

Parité des Pouvoirs d’achat, Elections Européennes et Oints du Seigneur

Les économistes ont une grande qualité. Ils ont une capacité remarquable à créer des noms compliqués pour décrire des choses simples, le but étant bien sur de faire croire au ‘’ vulgum pecus” qu’ils savent des choses importantes.

L’un de ces mots, qu’il m’est arrivé, hélas, d’utiliser sans le définir (mea culpa) est la “parité des pouvoirs d’achat”. Cette chronique va donc  commencer par une espèce de “fiche” que le lecteur pourra garder dans un coin pour l’utiliser lorsque qu’un quelconque Diafoirus prononcera le mot dans une émission télévisée.

La notion est simple.

Imaginons deux pays, le premier avec un taux d’inflation de zéro, le deuxième avec un taux d’inflation de 10 % par an. Pour que les entrepreneurs du deuxième pays restent concurrentiels avec ceux du premier pays, il va falloir que le taux de change du pays « inflationniste » baisse de 10 % par an en moyenne pour que le système reste à l’équilibre.

La parité des pouvoirs d’achat c’est donc le taux de change corrigé du taux d’inflation et c’est tout.   Il s’agit  bien sur d’un prix “théorique”, censé représenter l’endroit  où le taux de change devrait se trouver s’il s’ajustait parfaitement  à la réalité.

L’étape suivante consiste bien sur à comparer le taux de change de “marché” au taux de change « théorique « pour voir laquelle des monnaies est surévaluée -ou sous évaluée- par rapport à l’autre.

Voici un exemple de parité des pouvoirs d’achat entre l’Italie et l’Allemagne.

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Explications

La ligne verte, c’est notre taux de change théorique calculé à partir de la différence des prix de détail entre les deux pays. Comme le lecteur peut le voir, les prix en Italie ont cru cinq fois plus vite qu’en Allemagne depuis 1967.

Quant à la ligne jaune, c’est le taux de change de « marché » entre la Lire et le DM s’ils existaient toujours. Quand la ligne jaune monte, cela veut dire que le DM monte (la Lire baisse). On voit que sur le long terme, ligne jaune et ligne verte suivent la même évolution et que donc le prix de marché a suivi le prix théorique, sauf bien sur depuis 2000 et l’introduction de l’Euro. Dans l’ensemble, les marchés ont très bien fait le boulot qui leur avait été confié.

Quand la ligne jaune est en dessous de la ligne verte,  l’implication est que le DM est sous évalué et si la ligne jaune est au dessus de la ligne verte, la Lire est sous évaluée.

La ligne rouge (graphique du bas) est simplement le rapport entre la production industrielle Italienne et la production industrielle Allemande base 100 en 2000. Si la ligne rouge monte cela veut dire que la croissance Italienne en volume est supérieure à la croissance Allemande, le contraire étant également vrai.

Comme le lecteur peut le constater

  • de 1967 à 1973, l’Italie n’est pas compétitive et sa production croit moins  que la production en Allemagne.
  • De 1974 à 1985, la Lire est  » sous évaluée ». Et fort normalement la production  Italienne croit plus vite que la production Allemande.
  • De 1986 à 1992, la lire, redevient sur évaluée et re belote, l’Italie fait moins bien que l’Allemagne. Sortie fracassante par la Lire du SME en 1992, la Lire redevient compétitive et hop ! L’économie Italienne  fait à nouveau mieux que l’économie Allemande. Vient le drame final : la rentrée de la Lire dans l’Euro et depuis l’économie Italienne ne cesse de s’effondrer…et va continuer de s’effondrer puisque coût du travail et coût du capital sont plus élevés en Italie qu’en Allemagne…et que les Italiens ne peuvent plus dévaluer.

 

Ce qui m’amène à la deuxième partie du papier de cette semaine, la différence  entre une analyse  pragmatique et une analyse normative lorsqu’il faut faire des recommandations de politique économique.

Le taux de change n’est qu’un prix de marché parmi d’autres mais pour certaines personnes, la volatilité des taux de change est une très mauvaise chose, ce qui m’a toujours paru idiot.

Bloquer le taux de change est aussi  imbécile que bloquer le prix des loyers. Mais enfin je peux admettre qu’une décision « « politique  » soit prise de réduire, puis de supprimer cette volatilité -à terme- entre deux pays qui commercent beaucoup entre eux.

Le fait indiscutable est que l’Italie a une inflation structurelle plus élevée que l’Allemagne et ce depuis 1945 au moins, ce qui rendait nécessaire de constantes dévaluations de la Lire contre le DM.

La question  posée est donc : comment arriver à stabiliser le taux de change entre les deux pays ?

Que va dire l’économiste « pragmatique »?  Sa recommandation sera : Il va falloir que l’Italie fasse des réformes de structure pour que son taux d’inflation converge vers le taux Allemand et cela va prendre un temps fou. Quand les deux taux  d’inflation auront convergé de façon durable, on pourra alors fixer les deux taux de change l’un par rapport à l’autre…ce qui d’ailleurs ne sera plus nécessaire puisque  les taux de change de marché ne bougeront presque plus l’un par rapport à l’autre (voir la Couronne Suédoise et l’Euro).

Que va dire l’économiste « normatif » que j’appelle toujours « oint du Seigneur » 1 parce qu’il sait mieux que moi ce qui est bon pour moi.

Voila ce qu’il va dire. L’Italie est un pays gouverné par des démagogues, incapables d’effectuer la moindre réforme. Il faut donc bloquer le taux de change entre l’Italie et l’Allemagne pour FORCER ces incompétents notoires à faire les réformes nécessaires. On remarquera que l’oint du Seigneur  de base (Delors ou Trichet par exemple) n’a jamais été élu par personne, mais cela ne le dérange guère puisqu’il a une ligne directe de téléphone avec Dieu.  Le blocage a lieu, l’économie Italienne s’effondre et mes oints du Seigneur d’expliquer que décidément les Italiens, qui se débrouillaient très bien sans eux, puisque la croissance Italienne et la croissance Allemande avaient été la même de 1945 à 2000 sont encore plus nuls qu’ils ne le pensaient et qu’il faut leur envoyer un Gauleiter  de toute urgence (un autre oint du Seigneur). Ce qui est fait (Monti) et bien sur,  la détérioration s’accélère.

Le résultat net de leur intervention est simple : Avant les deux économies ne divergeaient jamais  et le prix à payer pour cette convergence perpétuelle était une dévaluation Italienne de temps en temps, ce qui me permettait d’aller passer des vacances à Rome à bon compte.

Maintenant, elles divergent constamment et de plus en plus  et nous allons vers un défaut de paiement inéluctable de l’Italie.

Il n’y a pas de solution médiane, car on ne peut reformer un pays en dépression.

Mes oints du Seigneur ont remplacé la probabilité de dévaluations Italiennes par la certitude d’une faillite de l’Etat Italien.

En fait, ils ont mis la charrue avant les bœufs, ce qui rend difficile de tirer son sillon. Mais tout cela va finir  bien sur par exploser à la figure des Oints du Seigneur,  et sans doute pour des raisons politiques.

Ils ont méprisé la Démocratie, elle va se venger.

Ce qui m’amène  bien sur à terminer par quelques réflexions « politiques », ce qui est loin d’être mon domaine de compétence.

La première sera que c’est un Droit essentiel pour un Pays Souverain d’être mal géré  si la majorité de la population le souhaite.

Par exemple, les Français souhaitent avoir 40 % de fonctionnaires de plus que les Allemands et si le maintien de la cohésion nationale est à ce prix, eh bien ils doivent pouvoir le faire. Entre la cohésion nationale et le taux de change, je choisirai toujours la cohésion nationale. La réalité cependant  est que  nous ne pouvons avoir 40 % de fonctionnaires en plus  ET un taux de change fixe avec l’Allemagne sans tuer tout le tissu industriel Français, ce qui est en train de se passer.

La deuxième sera que nous allons avoir des élections au Parlement Européen l’an prochain.

Que va-t-il se passer si un ou plusieurs pays envoient à Strasbourg une  majorité  de députés hostiles à l’Euro et qui donc voteraient à  Strasbourg pour sortir de l’Euro ?

Que voila une  question intéressante, à  laquelle je n’ai pas de réponses et les oints du Seigneur à Bruxelles ou là Paris encore moins !

En fait, les élections au Parlement Européen représentent la première possibilité qui va être donnée aux Peuples  Européens de donner leur avis sur l’Euro, ce Frankenstein financier  qui a détruit leurs vies. Il va donc s’agir d’un referendum, pour ou contre l’Euro et C’EST TOUT.

Dieu, que ces élections, pour une fois, vont être passionnantes !

Les Peuples vont pouvoir  enfin donner leur avis.

Saloperie de Démocratie !

 

 

1/ « Oint du seigneur » est une traduction de Thomas Sowell « the anointed »

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

48 Commentaires

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  • Vin

    14 mars 2014

    Excellent billet et bonnes explications sur la PPA.

    Répondre
  • El oso

    26 novembre 2013

    L’euro ne devrait pas être un problème pour la France, si elle était bien gérée.
    Il suffirait de réduire le périmètre de l’état et de laisser plus de liberté au secteur privé, en particulier en réduisant la fiscalité.
    La France ne manque pas de chercheurs, d’ingénieurs, d’entrepreneurs qui pourraient faire d’elle une puissance européenne au moins comparable à l’Allemagne. Il suffirait de libérer leur talent.
    Retrouver une monnaie nationale ne changerait rien à notre situation sans les réformes de structure indispensables. Nous serions encore et toujours en déclin.
    Pourquoi donc ne pas faire les réformes dans l’euro?

    Répondre
    • Charles Gave

      26 novembre 2013

      Cher El Oso
      Il est quasiment impossible de se reformer quand l’appareil productif n’est pas concurrentiel
      De Gaulle, quand il est aririve en 58 a commence par une bonne devaluation pour apurer les comptes, et nous avons eu 10 ans de tranquille jusqu’a ce ce que Mai 69 et Chirac avec les accords de Matigno foutent tout en l’air
      Il faut d’abord retablir la rentabilite des societes francaises, ce qui est impossible avec une monnaie surevaluee, et apres reformer
      Je ne connais pas d’eemple d’un pays qui se soit reforme avec une monnaie surevaluee, sauf peut etre les USA qui disposent de la monnaie de reserve et qui n’ont pas de contrainte du commerce exterieur
      Je ne suis pas partisan de la devalauation perpetuelle, je pense que le taux de change est un prix comme un autre et doit etre laisse a la disposition du marche
      Amicalement
      CG

  • GdV

    25 novembre 2013

    Non la nomination sur de bonnes relations, c’est mieux, juste les copains, les coquins, les CA, les parachutes dorées…des rémunérations acquises quelques soient la performance et l’état dans lequel on laisse l’entreprise…etc.
    Merde quoi, un fromage bien organisé, c’est pas compliqué…

    Répondre
  • GdV

    24 novembre 2013

    Je ne partage pas cet avis, toute nomination à la tête d’une entreprise, devrait être conditionnée par un investissement personnel dans cette entreprise d’une proportion majoritaire du patrimoine du nouveau dirigeant.
    Pour les banques ont pourraient demander aux dirigeants d’adopter le statut d’associé commandité.
    La rémunération serait sans limite mais la part supérieure à un certain montant serait investi obligatoirement en titres de l’entreprise.
    Je pense que ces mesures de bon sens limiteraient certaines pratiques de management irresponsables auxquelles on a assisté ces dernières années.
    Il s’agit ni plus ni moins de créer la situation dans laquelle se trouve tous les créateurs d’entreprise. Une sorte de moralisation du capitalisme. On y croit ou on y croit pas et si on y croit, on y met la plus grosse partie ( minimum 50%) de son patrimoine.
    Je ne vise en rien Denis Kessler

    Répondre
    • idlibertes

      24 novembre 2013

      « on doit » « il faut » « mesures pratiques pour limiter » « créer la situation ». Ahhhh ,libéralisme , quand tu nous tiens, n’est ce pas…. 🙂

    • GdV

      25 novembre 2013

      On s’en contentera… peut-être « associé commandité »…google
      Stammi bene rigardati

    • idlibertes

      25 novembre 2013

      Pitié non. Pas le débat sur la « commandite par action ». En plus, HS

  • Rouget

    24 novembre 2013

    Puisque que vous être membre du conseil d’administration de SCOR, vous allez peut-être pouvoir en parler à Denis Kessler !

    Répondre
    • idlibertes

      24 novembre 2013

      Cher Monsieur,

      Je ne crois pas que Denis kessler ait besoin qu’on lui explique quoique ce soit ! lol. Dans le doute, je m’abstiendrai moi.

    • GdV

      24 novembre 2013

      Moi je crois qu’il a bien compris la situation d’après le dernier interview de lui dans les échos.
      Attendons juste que les taux montent et ce sera « sauve qui peut » du style 10 mai 1940.
      « Notre solvabilité est optimale. Et la remontée inéluctable des taux d’intérêt contribuera à renforcer la rentabilité du groupe », indique Denis Kessler.
      Il a l’air d’être confiant : j’aimerai savoir qu’elle est la part de son patrimoine investi dans la SCOR

    • idlibertes

      24 novembre 2013

      C’est bien ce que je dis. Il a bien tout compris et personne n’a franchement à lui expliquer. Il doit forcement avoir des stocks options même si désormais même cette incentive est pénalisée; pour le reste , je ne vois pas pourquoi il ne diversifierait pas aussi. Les finances personnelles n’ont pas à être un choix religieux. C’est un peu comme l’amour, le porte monnaie a ses raisons que la raison ignore.

      Bon dimanche

      Idl

  • Gdv

    23 novembre 2013

    Cette analyse sur la pertinence de la politique monétaire suivie par la Fed aux US est partagée par beaucoup de monde.
    C’est tellement stupéfiant qu’on a du mal à le croire! mais on peut s’attendre à tout, même à l’impensable, l’histoire du monde occidentale regorge d’épisodes où la bêtise a atteint des sommets.
    La politique monétaire suivie est délirante car les US n’acceptent pas de prendre acte de leur déclin, la vérité est toute simple.

    Si l’euro n’existait pas, si l’Allemagne n’avait pas exigé de détenir les clés du camions (et elle a fait des concessions) imaginez un peu comment nos politiques Français, Italien ou Espagnol auraient géré la question monétaire.
    « Je sens comme un flottement dans l’assistance ».
    Aujourd’hui, devant les US, l’Europe a sa chance encore faut-il lui laisser sa monnaie ! Au royaume des aveugles les borgnes sont roi.
    Prions pour que l’Allemagne accepte le leadership et impose son efficacité, nous fournirons les artistes. Elle a une revanche pacifique à prendre et la gonzesse pour mener le combat.
    Je vous conseille d’écouter Fritz WUNDERLICH dans du Bach ou du Mozart pour comprendre que l’Allemagne ce n’est pas que de l’industrie.

    Répondre
    • idlibertes

      23 novembre 2013

      Cher Monsieur,

      On retiendra en synthése,  » A bas les USA, vive l’Allemagne ».

      « Et c’est pour cela que votre fille est muette ».

      I rest my case.

    • GdV

      23 novembre 2013

      Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
      On pouvait dire… Oh! Dieu!… bien des choses en somme…

    • idlibertes

      23 novembre 2013

      THAT has been done.

    • vivelafrance

      24 novembre 2013

      USA EN DECLIN ???? Concernant la gestion des finances publiques en ce moment même peut être.
      Mais je pense que cela n’importe peu en terme de puissance économique quand on voit comment vont les entreprises usa. D’ailleurs, sans doute que celle-ci, (alors que le gouvernement usa ou les spéculateurs militent pour une hausse du yuan) ne se réjouissent pas d’une future hausse du renminbi car elles sont implantés en Chine et exportent de la Chine vers le reste du monde, et ceux sont elles qui en tirent tous les profits c a d la quasi totalité de la valeur ajouté de tous leur produits fabriqués en Chine ou Asie.
      Je crois qu’il ne faut pas confondre le retard et les mauvais choix politiques concernant la gestion des finances publiques ainsi que les problèmes que posent la dématérialisation (lié à la révolution de la connaissance), avec les profits des sociétés usa et le chomage qui est un des gros problème à résoudre pour les politiques dans une économie mondialisée tant qu’il y aura de la main d’œuvre pas cher ailleurs et tant que certains pays comme la France par ex aura une fiscalité pénalisante.
      En gros les sociétés usa n’ont jamais été aussi puissantes et efficace alors que le secteur public est contraint de s’ajuster par la force(diminution du poids de l’état), comme en Europe et notamment bientôt en France.

  • svl

    23 novembre 2013

    L’aveu cinglant d’un architecte du QE 1, Andrew Huszar : « Je m’excuse »

    Publié le 12 novembre 2013 dans le Wall Street Journal

    Andrew Huszar a supervisé en 2009-2010 les achats de MBS de la Fed dans le cadre du QE 1, un programme d`un montant de 1,25 trillion de dollars. Contrairement à Alan Greenspan, Bernanke et cie, Huszar dispose de la lucidité et de l`ho nneur nécessaire pour dresser le constat qui s`impose : le QE n`a servi à rien, si ce n`est à renflouer les banques. La tribune de Huszar a été publiée dans le Wall Street Journal , nous le remercions pour son honnêteté :

    « Nous nous sommes lancés dans des achats effrénés d`obligations censés aider Main Street (la population américaine). Au lieu de cela, ce fut un festin pour Wall Street.

    Je ne peux que m`exc user devant tout le pays. En tant qu`ancien responsable à la Fed, j`avais pour mission d`exécuter le programme central de la tentative de redressement de la Fed, le QE. La Fed continue de présenter son quantitative easing en tant qu`outil pour aider l`économie américaine. Mais désormais, je considère ce programme pour ce qu`il est vraiment : la plus grosse opération de renflouement de Wall Street de l`histoire américaine.

    Cela fera bientôt 5 ans, en ce vendredi noir, la Fed se lançait dans une vague d`achat inédite. À cette époque, en pleine crise financière, le Congrès avait déjà approuvé le TARP (programme de rachat d`actifs pou rris) afin d`enrayer la chute d`un système financier aux abois. Cependant, derrière Wall Street, les conséquences économiques néfastes continuaient de s`accumuler. Rien que durant les 3 derniers mois de 2008, presque 2 millions d`Américains ont perdu leur emploi.

    La Fed a déclaré qu`elle voulait combattre ce fléau via un nouveau programme d`achats massifs d`obligations. Il y avait des objectifs secondaires, mais Ben Bernanke avait clairement indiqué que la motivation première de la Fed était d’aider les ménages et les entreprises en réduisant le coût du crédit, afin qu`un maximum d`Américains puisse contribuer à la relance.

    C`est alorsque je suis entré dans la danse. Alors que j`avais travaillé pendant 7 ans pour la Fed, je reçus un coup de fil inattendu alors que j`occupais un emploi à Wall Street. On me demandait de retourner travailler à la Fed, aux opérations de trading. Le poste ? Gérer la pierre angulaire du programme d`achat d`obligations massif, soit les MBS. Une tentative folle d`acheter pour 1,25 trillion de dollars de titres adossés à des créances hypothécaires en 12 mois. On me demandait tout simplement de superviser le programme de stimulation économique le plus important des États-Unis.

    C`était un job de rêve, mais j`ai hésité. Et ce n`était pas qu`une question de nervosité par rapport à la responsabilité d`un tel poste. J`avais quitté la Fed fru stré, voyant l`institution se soumettre de plus en plus à Wall Street. L`indépendance est la clé de la crédibilité de toute banque centrale, or je commençais à croire que l`indépendance de la Fed s`érodait. Les cadres supérieurs commencaient à confesser des erreurs, même publiquement, certains me disant même qu`ils voulaient réformer Wall Street. J`ai donc tenté le coup.

    Durant les presque 100 ans de son histoire, la Fed n`avait jamais acheté de MBS. Tout à coup, nous en achetions tellement que nous courions chaque jour le risque de faire exploser les prix, et donc la confiance dans les marchés financiers. Nous faisions tout notre possible afin de maintenir l`illusion que la Fed savait ce qu`elle faisait.

    Il n`a pas fallu longtemps pour que mes vieux doutes refassent surface. Malgré la rhétorique de la Fed, mon programme n`améliorait pas l`accès au crédit pour les Américains. Les banques prêtaient de moins en moins. Pire encore, le peu de crédit rendu disponible était encore plus cher qu`auparavant. Il se peut que le QE ait diminué le coût du crédit pour les grandes banques, mais celles-ci ont empoché la différence.

    De l`intérieur, d`autres managers de la Fed ont commencé à suggérer que le QE ne fonctionnait pas comme prévu. Nos avertissements sont tombés dans l`oreille d`un sourd. Dans le passé, les leaders de la Fed, même en cas d`erreur, se seraient tracassé en cas d`une initiative d`une telle ampleur qui ne rapporterait pas à la hauteur des investissements consentis. Aujourd`hui, la seule obsession semble être la dernière enquête sur les attentes des marchés financiers, ou les retours directs des grands banquiers de Wall Street ou des gestionnaires de fonds. En ce qui concerne le contribuable américain…

    Lorsque le premier QE prit fin le 31 mars 2010, les résultats ont montré que Main Street n`avait quasi pas bénéficié du programme. Par contre, ce fut un festin pour Wall Street. Non seulement les banques ont profité d`un coût du crédit moins cher, mais aussi de l`augmentation énorme de la valeur de leurs actifs, sans parler des grosses commissions qu`ils ont empoché en exécutant la plupart des transactions du QE. Wall Street a connu en 2009 l`une des années les plus profitables de son histoire, et 2010 avait également très bien commencé.

    On penserait que la Fed aurait tiré les leçons de l`expérience. Eh bien non. Quelques mois plus tard seulement, après une baisse de 14 % de la bourse et de nouvelles faiblesses du côté du secteur bancaire, la Fed a annoncé le second round : le QE 2. Le ministre allemand des finances a immédiatement qualifié l`opération de « n ulle ».

    C`est à ce moment-là que j`ai compris que la Fed avait perdu toute capacité à penser de façon indépendante de Wall Street. Découragé, je suis alors retourné vers le secteur privé.

    Où en sommes-nous aujourd`hui ? La Fed continue d`acheter pour environ 85 milliards d`obligations par mois, en ne cessant de reporter une diminution de ces achats. En 5 ans, elle a acheté pour 4 trillions de dollars. De façon incroyable, dans un pays censé être régi par le libéralisme, le QE de la Fed est devenu la plus grosse opération d`intervention sur les marchés de l`histoire du monde.

    Pour quel impact ? Même en utilisant les prévisions les plus roses de la Fed, un QE agressif conduit pendant 5 ans n`a généré que très peu de croissance. Un analyste indépendant comme Moham ed El Erian de Pimco suggère que ces 4 trillions de dollars ont généré une croissance de 0,25 %, soit 40 milliards de dollars. Que l`on prenne en compte la Fed ou Pimco, le constat est le même : le QE ne marche pas.

    À moins que vous ne soyez de Wall Street. En ayant empoché ces subsides déguisés, les banques américaines ont triplé leur capitalisation boursière depuis mars 2009. Les plus grandes banques sont devenues un véritable cartel, 0,2 % des banques contrôlant plus de 70 % des actifs des banques américaines.

    En ce qui concerne le reste de l`Amérique, bonne chance. Car si le QE a injecté sans cesse de l`argent dans les marchés financiers pendant 5 ans, il a également empêché Washington de faire face au véritable problème : une économie américaine structurellement défaillante. Oui, les bourses ont explosé, redonnant vie aux 401 (épargne pension), mais pour combien de temps ? Des gens comme Larry Fink, de Blackrock, parlent de bulles. En attendant, le reste du pays reste beaucoup trop dépendant de Wall Street pour assurer la croissance économique.

    Même lorsqu`il reconnaît les faiblesses du QE, le président Bernanke réplique en disant que c`est mieux que rien (ce qui est également l`opinion de Yellen, qui lui succédera). La Fed va donc continuer de compenser les dysfonctionnements de Washington. Mais en le permettant, c`est donc la Fed qui est au centre de ce dysfonctionnement. Car elle a fait du QE le nouveau programme de Wall Street « too big to fail ».

    Répondre
  • gilbros

    23 novembre 2013

    bonjour,

    je ne sais pas où poster cette information qui me semble intéressante…

    C’est une note d’étude de Natixis n° 828 du 20 novembre 2013.

    20 novembre 2013 – N° 828

    Voici le lien : http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=73799&utm_source=AUCOFFRE.COM+List&utm_campaign=dbd87c26a8-Invitation_Rencontre_Annuelle_07_11_2013&utm_medium=email&utm_term=0_4e738f8804-dbd87c26a8-41788469

    Sur des bases purement
    macroéconomiques, l’Allemagne devrait
    sortir de la zone euro
    RECHERCHE ECONOMIQUE

    Rédacteur : Patrick ARTUS

    Il existe bien sûr de nombreuses raisons non économiques (politiques, géo-stratégiques…) pour former une union monétaire. Mais nous nous limitons ici aux arguments purement macroéconomiques, qui conduisent à penser que l’Allemagne devrait sortir de la zone euro :

    • asymétrie des cycles entre l’Allemagne et le reste de la zone euro ;

    • liens économiques s’affaiblissant entre l’Allemagne et le reste de la
    zone euro;

    • asymétries structurelles entre l’Allemagne et le reste de la zone euro
    (structure sectorielle de l’économie, comportement d’épargne et démographie, règles du marché du travail);

    • besoins différents de l’Allemagne et du reste de la zone euro en ce qui
    concerne la politique de change;

    incapacité de la zone euro hors Allemagne à réaliser des «dévaluations internes ».

    Flash 2013 – 828

    Asymétrie des cycles

    On sait qu’une des conditions pour que des pays aient la même monnaie est l’absence d’asymétrie des cycles économiques.
    Quand on regarde la croissance et le chômage en Allemagne et dans le reste de la zone euro (graphiques 1a-1b), on voit une forte asymétrie des cycles :
    croissance forte dans la zone euro hors Allemagne de 2000 à 2005 qui a une croissance faible ; l’inverse depuis 2006.

    Elle vient des différences entre les structures des économies (voir ci-dessous), des différences entre le rôle du crédit pour soutenir la demande entre l’Allemagne et le reste de la zone euro (graphique 2).
    Il résulte de cette asymétrie des cycles le fait que la politique monétaire
    commune n’est pas adaptée à l’ensemble de la zone euro (graphique 3).

    De 2002 à 2007, elle est trop restrictive pour l’Allemagne, aujourd’hui pour le reste de la zone euro;
    de 2002 à 2007 elle est trop expansionniste pour la zone euro hors Allemagne, aujourd’hui elle l’est pour l’Allemagne.

    Liens économiques s’affaiblissant entre l’Allemagne et le reste de la zone euro
    Plus des pays ont des liens économiques et commerciaux importants, plus il leur est facile d’être dans une union monétaire.
    La crise de la zone euro a poussé l’Allemagne à développer son commerce extérieur vers le Monde hors zone euro, ce qui lui a permis de conserver son excédent extérieur (graphique 4a).

    Graphique 1a
    PIB en volume (GA en %)
    Allemagne
    Zone euro hors Allemagne
    Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS

    Ceci implique que les liens commerciaux entre l’Allemagne et le reste de la
    zone euro ont faibli (graphique 4b), ce qui rend la fixité du change moins
    nécessaire.
    Asymétries structurelles entre l’Allemagne et le reste de la zone euro
    Les asymétries structurelles, comme les asymétries cycliques, rendent
    difficile l’utilisation de la même politique monétaire.
    Or les asymétries cycliques entre l’Allemagne et le reste de la zone euro sont nombreuses :

    (a) structures sectorielles différentes de l’économie,
    avec en Allemagne le poids nettement plus élevé de l’industrie manufacturière et des services liés à l’industrie (graphiques 5a -5b):

    35% du PIB en Allemagne, 20% du PIB dans la zone euro hors Allemagne;

    (b) comportement d’épargne;
    avec le vieillissement démographique plus rapide et plus violent en Allemagne (graphique 6a)
    et les coupes dans l’Etat providence réalisées au cours de la décennie passé, le taux d’épargne des ménages allemands est plus élevé que celui des ménages du reste de la zone euro (graphique 6b), ce qui explique la différence structurelle des situations des balances courantes (graphique 6c) ;

    Ils développent ce que dit Charles Gave depuis longtemps…..
    Et si Natixis en parle à leurs clients….

    Répondre
  • GdV

    23 novembre 2013

    Cher Monsieur,
    vous avez parfaitement raison, pour l’instant !
    Ni la France, ni l’Italie (mais déjà un peu l’Espagne) n’ont engagé des réformes sérieuses. Le pays s’enfonce dans le marasme, la politique suivie est ridicule.
    En matière fiscale et notamment sur la fiscalité de l’entreprise, nous atteignons des sommets de stupidité. Les entreprises se tirent des boulets proprement scandaleux, elles se défendent comme elles peuvent, les grandes s’occupent d’arbitrer l’apparition du résultat sur des territoires à la fiscalité raisonnable, les petites pratiquent l’évasion à tour de bras. On rentre dans la combine et le désordre, l’Etat se discrédite un peu plus tous les jours.
    Effectivement le coût des sources des financements est bas, une anomalie due à la protection de l’euro certainement mais faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ?
    Je ne pense pas que l’euro soit responsable de la crise, je pense que dans le cadre mondial, sur le secteur de l’économie concurrentiel, nous ne sommes plus compétitifs. Nous supportons la charge croissante d’une partie non ou peu productive de la population, de souche ou extérieure, il suffit de se promener en Afrique du Nord ou central pour comprendre que la notion et la qualité du travail varie suivant les peuples auxquels ont s’intéresse (il n’y a strictement rien de raciste dans ce propos, rien qu’un constat de bon sens et aucun jugement de valeur).
    Mais les politiques monétaires accommodantes aurons une fin, cela vous en conviendrez, le coût du financement va s’envoler un jour et il faudra réduire la dépense. Dans quel état sortira le pays, les citoyens auront ce qu’ils méritent.
    Les ajustements auront lieu, le modèle social Français aura vécu, la vie se durcira pour cette population Française dont la majorité souhaite mettre leur enfant à l’abri dans le secteur public. Mais de grâce, préservons cette Europe qui seul peut encore faire rêver nos enfants. J’en ai un à New York depuis 7 ans.
    Dans sa classe préparatoire à H4, ils sont 4 sur NY ! des gens bien formés et pragmatiques vous pouvez me croire. Des guerriers au sens économique du terme qui ne laisseront plus jamais un sou d’impôt à nos chers fonctionnaires Français et qui se moquent bien du boulet, dettes, retraites par répartition.
    Mais, il suffit de lire le dernier Goncourt pour se souvenir que les générations précédentes ont payé un prix bien plus lourd à la stupidité de notre classe dirigeante qui est passé d’un patriotisme ridicule au discours bisous-nounours des « curés » socialistes et démagogues….Ils ont envoyé se faire massacrer des jeunes de 20 ans alors avec eux, on peut s’attendre à tout.

    Répondre
  • Gdv

    22 novembre 2013

    Cher Monsieur,
    vous m’invitez à lire beaucoup de littérature et je vous en remercie.
    Laissez-moi vous conseiller Clausewitz !
    Vous vous reconnaissez dans Sarkozy et dans Hollande, moi pas, je vote pour Merkel. (avec un peu de provocation, je vous l’accorde)
    L’approche nationaliste n’est pas aujourd’hui très réaliste sauf à proposer aux Européens de renoncer à tous jamais à ce qui fait l’essence même de leur civilisation.
    La culture Européenne ne saurait se passer d’une seule pièce du puzzle et si vous intéressez à la peinture, à la littérature, à la musique, à la sculpture ou à l’opéra, vous comprenez que nous avons une maison commune et des racines communes. Que nous sommes un ilot de culture sans équivalent dans le monde et qui si nous nous étions pas déchirés et massacrés au XX siècle, nous serions l’Europe dominante.
    L’Italie, l’Espagne, la Hollande, l’Allemagne et la France sont irremplaçables dans cette approche culturel, humaniste de l’Europe.
    Vous vous réclamez de l’efficacité économique mais vous oubliez une règle économique de base, la spécialisation. Elle va s’organiser dans le cadre Européen et les meilleurs proposeront les meilleurs produits.
    Tirer à boulets rouges sur l’euro, c’est faire le jeux des US et accessoirement celui des Anglais, c’est vouloir confier les clés du pouvoir monétaire à des dirigeants discrédités pour la compétition économique mondiale à la quelle nous sommes confrontées. C’est refuser le libéralisme, le vrai, celui qui consacre la compétition entre les agents économiques comme garant de l’efficacité.
    Vous ne partagez mon point de vue, moi je partage le votre dans le souci d’agir pour la liberté individuelle mais pas dans votre critique de l’euro (si politiquement correct).
    Cordialement

    Répondre
    • idlibertes

      22 novembre 2013

      Cher Monsieur,

      je connais bien clausewitz mais surtout son analyse par Raymond Aron et Réné girard. Du reste, nous en avons parlé en ce lieu au moment du pb syrien.

      En résumé,L’argument pour l’Euro était que cela allait forcer les Francais ou les Italiens à se reformer
      De fait, nous n’avons aucune reforme et ces pays utilisent les taux très bas pour s’endetter de plus en plus tandis que le rentier francais (le fonctionnaire) beneficie d’un pouvoir d’achat absolument non mérité pendant que l’entrepreneur se fait massacrer.

      Au moins si l’Euro n’existait pas, le rentier francais paierait pour les imbecilités francaise du style 35 h immediatement et le peuple Francais foutrait les politiciens responsables dehors très rapidement.

      « La ligne Maginot ne marche pas parce que nous avons utilisé un mauvais ciment, mais le principe était bon » tel est leur argument

      D’accord, d’accord, on va réfléchir,

      Bien à vous,

      Idl

  • GdV

    21 novembre 2013

    Peut-être pourriez-vous regarder les choses autrement, Monsieur le sachant.
    Comment expliquez-vous que les Grecs aient accepté une baisse de pouvoir d’achat de 40% à titre d’ajustement. Ils auraient pu demander à leur créancier de s’asseoir sur leurs créances (ce qu’ils ont fait en partie).
    Par ailleurs il vous a probablement échappé que les allemands ne semblent pas avoir une approche comptable à court terme de l’euro du moins les classes dirigeantes, ils semblent qu’ils considèrent l’euro comme un investissement, comme un instrument qui leur permettra d’assurer une domination économique sur le continent européen.
    Leur stratégie est coûteuse, certes, mais infiniment moins que les guerres qui ont ravagées le continent au XX siècle.
    Ils ont bien sacrifié une bonne partie de leur pouvoir d’achat pour absorber l’Allemagne de l’Est. Regardez bien Merkel quand elle s’adresse à Hollande et vous comprendrez mieux où est le dominant, vous comprendrez mieux pourquoi l’Allemagne a renoncé à sa monnaie et quelle contrepartie en terme de pouvoir elle a obtenu!
    La France se réformera, car elle est dépendante économiquement de ses créanciers, le reste c’est de la littérature.

    Répondre
    • idlibertes

      21 novembre 2013

      C’est votre avis . Ce n’est pas le mien.

      Quant à savoir quoi penser de l’euro, on a pas mal écrit depuis 2001 sur la question et sur ce site ainsi je vous invite à regarder plus avant;

      https://institutdeslibertes.org/petite-lecon-deconomie-appliquee-a-chypre/

      https://institutdeslibertes.org/quand-les-technocrates-tuent-la-croissance-en-europe/

      et le graphique , puisque comme le disait Napoléon « un petit croquis vaut mieux qu’un long discours »

      Le graphique dit:

      -2,5% de croissance en europe de 1975 à 2000 (passage de l’euro) (statistique globable des pays)

      -0% de 2000 à nos jours depuis

      https://institutdeslibertes.org/wp-content/uploads/2013/02/Indice-de-la-production-industrielle.png

      Alors, on peut ergoter sur la valeureuse action des grecs à ceci ou cela mais est ce VRAIMENT LA Question? Je ne crois pas.

      La question est et demeure: combien de temps encore va t-on continuer sur ce chemin qui nous a directement amené dans le mur.

      Ensuite, que l’Euro soit un mode de domination allemande, c’est possible je n’en sais rien mais cela ne change rien à NOTRE affaire en tant que Français. Cela rajoute juste l’offense à l’injure, si je puis dire puisque outre que l’euro ne fonctionne pas en tant que monnaie pour toutes les raisons évoquées plus haut, vous pensez que c’est en plus un instrument de domination.

      Donc, je ne vois pas pourquoi puisqu’il existe deux caveat, vous pensez que l’euro doit être maintenu? Mais quelque chose m’échappe peut être?

      Cordialement

  • Robert Marchenoir

    19 novembre 2013

    Toujours aussi limpide et brillant.

    Et si on n’est pas d’accord avec le « consensus » français qui veut la pléthore fonctionnariale, qu’est-ce qu’on fait ? On se casse ?

    Répondre
    • GdV

      21 novembre 2013

      Monsieur Charles Gave ne souffrirait pas d’une dissolution de l’euro, il aurait juste à gérer des positions de change un peu plus complexe et il pourrait bénéficier d’opportunité sur les marchés extrêmement intéressantes (volatilité).
      Le Français moyen si ! et surtout l’épargnant qui bénéficie d’une épargne en euro, il assisterait sans pouvoir rien faire (contrôle des changes immédiat) à un transfert massif de l’épargne privé vers la dette publique. Restituer le pouvoir monétaire aux politiques et à l’administration Française qui nous gouverne, en voilà une brillante idée.
      La solution ne serait-elle pas de réformer la gouvernance des pays du Sud en leur imposant la rigueur ?
      Cela ne marchera pas dit Monsieur Graves, le populisme prendra le pouvoir et demandera la dissolution de l’euro. En est-il bien sûr ? Comment expliquer que les Grecques aient acceptés de voir leur pouvoir d’achat baisser des 40% entre 2008 et 2012 sans quitter l’euro !
      Vous avez vu ce qui est arrivé à Aube dorée, le FN est une coquille vide, il disparaitra comme par hasard s’il devient vraiment gênant.

    • idlibertes

      21 novembre 2013

      Cher GDV,

      Charles Gave a dénoncé l’Euro dés sa création, en 2000 donc, car dans son fonctionnement, la chose est mal pensée. Il n’y a rien de personnel dans cette optique. Un ingénieur vous dirait « Vous savez, des chaussures avec les talons devant est ce vraiment une bonne idée »?

      Ce à quoi vous pourriez alors lui répondre « oui mais c’est un scandale vous, (monsieur l’ingénieur) vous en avez des bonnes chaussures avec les talons derrières alors que le peuple lui risque de se retrouver sans chaussure »

      Certes, certes.

      Ou alors, on pourrait aussi TOUS dire tout fort qu’on préférerait des p******@$$$ de chaussures AVEC LES TALONS DERRIERE !!!!!

      Comment expliquer que les grecs etc etc? Et bien parce que justement on leur explique que la seule possibilité autre est « pas de chaussure » et donc les gens continuent de marcher avec des chaussures à la paul reynaud (« levez l’epaule, baissez le menton, mettez du papier au bout, vous voyez ça va très bien… »)

    • GdV

      21 novembre 2013

      Cher ID,
      vous ne répondez pas au fond, je sais que les propos de Charles Gave sont paroles du Christ, mais vous prenez les grecs pour des imbéciles…
      S’ils avaient pensé que la sortie de l’euro allait leur ouvrir la voie de la prospérité, ils n’auraient pas hésité.
      Je partageai votre inquiétude sur l’euro au moment de la crise grecque mais j’ai constaté que l’affaire était infiniment plus solide que vous ne le pensez.
      Les peuples du Sud, je parle des citoyens, du moins de tous ceux qui ont une épargne, ne veulent en aucun cas revenir à des monnaies nationales vouées à dévaluer. Je pense que vous sous-estimez grandement cet état de chose.
      Contrairement à Charles Gave, je pense que l’euro est une formidable protection pour l’épargne des citoyens des pays du Sud et un garde fou assez solide pour nous protéger des hommes qui nous gouvernent.
      Si vous voulez rendre le pouvoir à nos politiques rendez leur le pouvoir monétaire…il semble que vous fassiez diablement confiance à Monsieur Hollande ou à Monsieur Sarkozy, moi non.

    • vivelafrance

      21 novembre 2013

      Bonjour monsieur, je partage vos craintes de devoir payer pour rembourser la dette publique (cela a déjà commencé)
      Peut être bien que si la France se réformait dans la douleur en pratiquant de la dévaluation interne (comme l’Espagne par ex), alors des ajustements pourraient avoir lieu, d’ autant plus si, en même temps, l’Allemagne accepte de réduire des excédants de commerce extérieurs en augmentant la demande intérieure.
      Cependant, je pense que le gouvernement français ne semble pas avoir encore prit conscience (hélas pour nous français) de l’importance d’agir vite en engageant de vrais réformes structurelles.
      Je n’ai certainement pas envie d’attendre que les taux montent et voir la dette et service de la dette en France augmenter.
      Visiblement Charles gave avait raison, nous risquons auj de rentrer en déflation à la Japonnaise, si cela n’a pas déjà commencé.
      Il aurait fallu d’abord créer une union politique, fiscale, et bancaire avant de créer l’euro.
      Je suis tres inquiet pour tous les français entrepreneurs dont beaucoup font faillite, épargnants notamment en assurance vie, ou investis en action ou obligations à l’intérieur de la zone euro et en euro.
      Ce qui est particulièrement frustrant, c’est que nous n’avons jamais su tirer profit des avantages que nous avons (situation géographique pour les échanges, tourisme qualité des produits etc etc…)
      Nous souffrons simplement d’une tres mauvaise compétitivité cout (charges sociales impot trop élevé) et de blocage de prix.
      Meme les mesures prises pour réduire les couts (CICE) ne sont pas efficace puisque ces mesures ne servent pas aux marchés à l’exportation.

    • GdV

      21 novembre 2013

      Cher Monsieur,
      la France se réformera, elle n’a pas le choix, ce n’est pas négociable.
      Dans quel état risque-t-elle d’en sortir, je n’en sais rien mais elle se réformera, cela j’en suis certain. La pression est extrêmement forte et la dévaluation n’est plus possible.
      Mettre nos difficultés sur le dos de l’Euro, je laisse cela à Marine…et si je partage totalement les idées libérales de Monsieur Charles Gave, je ne comprends pas sa vision du verre à moitié vide à propos de l’euro.
      L’Europe est directement en concurrence avec le pouvoir National et je préfère voter pour Angela Merkel que pour François Hollande.
      En guise de clin d’œil sachez que je viens d’adhérer au mouvement « nous citoyens », le discours de Denis Payre nous change de ceux de nos politicards habituels. Et puis l’homme a toujours besoin de rêver…..et j’en ai assez de voter avec mes pieds.

    • idlibertes

      21 novembre 2013

      Mais évidemment, si j’étais grecs aussi, je serai tout à fait d’accord pour que les allemands fabriquent des voitures que je peux , grâce à l’euro, leurs payer en euros facilement acquis.

      La seule question n’est pas que les grecs ne veulent pas sortir de l’euro , la question est :pourquoi en plus de tout le reste à t-on juger utile de faire entrer dans la zone euro en pays qui n’a jamais tenu un équilibre économique depuis les début du 20 eme siècle.

      Encore une fois, qui prend à Paul pour donner à Pierre est très très populaire auprès de Pierre. Alors OUI, EVIDEMMENT que les grecs sont contre la sortie de l’euro!!!! Ils ne sont pas plus bêtes que mal habillés ! lol

  • JEPIRAD

    19 novembre 2013

    Votre démonstration est limpide. Merci pour le cours.
    S’agissant de quitter le zone euro, c’est une autre paire de manche, car il faudrait pour cela quitter l’UE. Pour un pays donné rien ne peut être décider à Bruxelles, cela est de la compétence de ce pays. Ainsi même si au niveau du parlement européen, les extrêmes prenaient la majorité, il ne se passera rien.
    Nous sommes dans l’UE et donc dans la zone euro pour des décennies encore, à moins que le traité soit modifié.

    Répondre
  • CHS

    19 novembre 2013

    il serait peut être utile de rappeler que les conséquences de l’inflation et des dévaluations compétitives dans le cas français s’avèrent être des » marais » dans lesquels on s’enlise et dont on ne sort que très difficilement

    si l’on suit les chemins et exemples de la IVème puis de la Vème République PS début des années 80, c’est à dire celui des dévaluations à répétition dites compétitives on récolte déficits, endettement, retraite à 60 ans, embauche pléthorique de fonctionnaires, immigration, produits industriels et services bas de gamme, etc…
    dévaluer c’est en France pour s’éviter de réformer , s’abstenir des mesures indispensables nécessaires et masquer les effets de notre gestion étatique lamentable mais payant politiquement c’et à dire électoralement avec une molle alternance ,
    cela nous a coûté et nous coûte de plus en plus cher,et a accentué fortement la pente du déclin
    le mérite de l’euro était et est de nous contraindre aux réformes, que la mondialisation exige par ailleurs et que le PIB marchand demandent,

    nous n’avons majoritairement pas voulu non seulement l’accepter mais surtout le comprendre, l’approche de la « sagesse corrézienne « a prévalu malgré ( les références multiples à deux Premiers Ministres britanniques cités par complaisance et pour se donner bonne conscience…

    la majorité des français refuse ces réformes , il lui faudra alors en tirer les conséquences et sortir de l’euro, l’étatisation, la socialisation sous couvert d’égalitarisme et du « pour tous » sociétal se renforceront,

    dans notre situation d’aujourd hui sortir de l’Euro est le plus sûr moyen de préserver la détérioration assurée de ce Pays, sauf à être couplé avec un programme électoral sérieux de réformes, je n’en vois aucun… est il concevable d’être élu avec un tel programme….

    l’Euro est en fait surtout une une chance pour la majorité des francais adeptes du déclin et partisans de l’Etatisation, car ils auront la satisfaction de pouvoir en sortir en raison du caractère intenable de la situation à laquelle nous sommes arrivés ….le coût en sera et justifiera +d’état , + de socialisme et + de multiculturalisme « pour tous » sur le plan sociétal

    cela constitue une opportunité fructueuse de politique d’investissement pour les gestionnaires avisés long et short : taux/actions/monnaies, c’est là la seule consolation du lucide libéral

    Répondre
  • oneyrat

    18 novembre 2013

    Il reste cependant un problème pratique, comment exercer ce droit de vote ? Les formations anti euro en France étant surtout populistes et contre le libéralisme qui nous est si cher.

    Répondre
    • P.M

      19 novembre 2013

      REM ACU TETIGISTI
      Il y a un moment il ne faut pas faire comme le président il faut choisir….

  • P.M

    18 novembre 2013

    Merci Mr GAVE,
    Une démonstration de plus pour montrer que l euro est idiot.
    Ceux qui veulent sortir de l euro sont aussi d après leurs préjugés politiques des idiots.
    En ce moment,s il y a une coupe du monde des idiots,sommes nous les favoris?

    Répondre
  • riz

    18 novembre 2013

    Bonjour,

    on pourra bientôt remplacer l’Italie par la France .Lenglet dans le Point de cette semaine parle d’un déficit public de 4.5% pour 2013 (lapsus? pas sûr car dés lundi Cazeneuve rapplique avec un déficit supérieur de 5.5 mds) .
    Les ventes de logements neufs ont chuté de 34% depuis 2011 à un plus bas de 25 ans et quasi historique à population comparable à 70 000 pour 2013
    Pareil pour les automobiles plus bas d’au moins un quart de siècle à population comparable cette année dans les 1 750 000 ( niveau de 97 mais avec 10% de pop. en plus ,2 309 000 en 90).
    Pareil également pour l’emploi salarié où l’on vient d’enfoncer le dernier bottom de septembre 2009 à 15 920 000 contre 15 911 000 en septembre 2013 .
    Nous avons cassé les plus bas historiqueS en auto , logements neufs et emplois salariés avec un déficit public pas loin de 4.5% alors que l’on parlait de 3%
    en début d’année .L’austérité va se poursuivre en 2014,2015,2016,2017 c’est une certitude tant que l’on aura pas rejoint les 3% au plus .
    Oui mais il y a une crise tous les 10 ans que je ramène à tous les 6 ans du fait de l’euro , la dernière crise ayant eu lieu en 2008 on risque de récupérer la prochaine crise aux alentours de 2018 à un ou deux ans près .
    Achille devrait courir après la tortue des déficits sans jamais la rattraper.
    Ce n’est plus la fin de l’austérité mais l’austérité sans fin .
    On le voit la population salariée diminue alors que le pb numéro 1 est le vieillissement de la population équation difficile à résoudre: tjs plus de retraités = toujours moins d’actifs , est-ce bon pour les retraites et les systèmes de santé tout cela ? A ce rythme il est clair que l’on est pas près de réduire les déficits et que l’on sera confronté à des problèmes sociaux d’ici la fin de la décennie ce qui risquerait en France de rajouter de l’huile sur le feu .

    Répondre
  • Gerald Muller

    18 novembre 2013

    Il est vrai que les européens considèrent les élections au parlement européen comme pas très importantes et qu’ils peuvent se lâcher. par exemple, voter FN en France, ce qu’ils ne feraient pas forcément avec autant de légèreté s’agissant d’une élection nationale, d’autant que le programme économique du FN est franchement socialiste/étatiste.
    Je ne suis pas certain, en revanche, qu’il y ait ailleurs beaucoup de partis ant-euro qui aient autant de potentiel par effet de repoussoir. UKIP en Angleterre ne dépassera guère 25%, tout comme Alternative für Deutschland. En Espagne ou Italie, je ne suis pas certain non plus que les partis anti-euro dépassent les 25-30%.
    Bref, les députés anti-euro seront beaucoup plus nombreux qu’aujourd’hui, c’est certain et Nigel Farage, brillant orateur, ne sera plus une voix isolée, mais la probabilité qu’ils représentent une majorité me semble bien mince.

    Répondre
    • idlibertes

      18 novembre 2013

      Cher Gérald,

      Daniel Hannan avance aussi en GB et il ne faut jamais présager des urnes. (On ricane encore de « Melenchon, l’homme du deuxiéme tour).
      Il est certain que assistons de plus en plus à une réelle séparation entre le monde des gens qui oeuvrent et ceux occultent. De la même façon, il est bien evident que beaucoup ont à coeur d’expliquer que tout est la faute de la « finance » (et non pas evidemment de la structure de l’euro).

      Laisser passer encore et toujours l’information est encore aujourd’hui primordial.

  • Le corbeau

    18 novembre 2013

    Toujours clair et ô combien instructif…merci M. Gave !

    Répondre
  • Hugo

    18 novembre 2013

    Quand je pense que dans les Medias français on associe politique de deflation à liberalisme ca me rends dingue cette manipulation et création de fausses informations.

    Répondre
  • Dudu

    18 novembre 2013

    Aux urnes,Citoyens ! heu, faites gaffe à vous et lisez bien ce qui suit !!!!!!
    Vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous a pas avertis !!!

    Répondre
  • Aaron

    17 novembre 2013

    Comme le dit si bien l’article, une dévaluation permettait de rétablir l’équilibre dans les échanges commerciaux.Ce n’est plus le cas avec ce satané euro, apparemment surévalué.

    Répondre
    • yoyo6963

      18 novembre 2013

      surévalué pour certains, sous évalué pour d’autres… c’est bien le drame de cette construction économiquement stupide d’être complètement décorrélée des différentes réalités économiques…

  • Jaedena

    17 novembre 2013

    Cher monsieur Gave,

    Que pensez-vous d’une application de la démocratie directe « à la Suisse » en France ?

    Répondre
    • de Cachard

      18 novembre 2013

      La République Helvétique est fédérale.

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Les livres de Charles Gave enfin réédités!