21 novembre, 2012

Matraquage fiscal et pacte de compétitivité, revue d’analyses financières

L’Europe est en récession, c’est bien évidemment une mauvaise nouvelle pour la France qui réalise 60% de ses exportations dans la zone Euro. L’année 2013 sera terrible pour la France, nous annonce Thierry Pech, directeur de la rédaction d’Alternatives Economiques, hebdomadaire pourtant peu suspect de sympathie pour les idées libérales. Il s’attend au mieux à une croissance zéro, autour de 11% de chômeurs et un déficit budgétaire de 3,5% du PIB. Les manifestations contre l’austérité, qui se sont développées en Europe dans tous les pays où des mesures courageuses ont été adoptées, pourraient bientôt toucher la France.

 

La France, « bombe à retardement de l’Europe »

L’emploi a fortement dévissé  en France au troisième trimestre. Ce n’est malheureusement pas une surprise. L’article de John Peet  de  The Economist « La France, bombe à retardement de l’Europe » a suscité beaucoup de  commentaires. Pourtant l’éditeur Europe du prestigieux magazine britannique, se contente de faire remarquer que presque tous les autres pays européens ont fortement réduit leurs dépenses publiques, sauf la France et qu’il n’y a pas  d’autre alternative que la réforme.  Ce constat lucide a suscité le commentaire très peu professionnel d’Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement Productif  « The Economist, c’est le Charlie Hebdo de la City » !

Le pacte de compétitivité, annoncé dans le sillage du Rapport Gallois,  à défaut de choc, va dans le bon sens, mais le compte n’y est pas encore. Les chefs d’entreprise ont beaucoup de mal à comprendre, pourquoi après leur avoir asséné un choc fiscal sans précédent, le gouvernement leur propose un dispositif de crédit recherche qui relève de l’usine à gaz, pour leur en rembourser une partie en 2014 ! Personne ne sait d’ailleurs dans quel état seront les entreprises françaises après les chocs fiscaux de 2012 et 2013.

Le Rapport Gallois a eu au moins le mérite d’introduire le mot compétitivité dans le vocabulaire socialiste, ce qui est déjà une très bonne chose.

Après avoir défait sans ménagement la TVA sociale de Nicolas Sarkozy, François Hollande a fini par l’adopter.   Pendant sa conférence de presse, il a toutefois nié tout virage et réaffirmé la cohérence de sa politique, alors que son discours de la semaine dernière n’a plus rien à voir avec ce qui a été promis avant le 6 mai.

 

La recapitalisation de la BCE devrait bientôt se poser

En Grèce, les mesures adoptées depuis le début de la crise sont un échec total. Il   devient évident avec l’explosion de la dette de la Grèce, qui en est aujourd’hui à 175% du PIB, contre 130% en 2009. On voit bien que l’on sera bientôt à 200%, car actuellement l’économie s’autodétruit et les recettes fiscales s’effondrent. Il va falloir bientôt s’occuper du bilan de la BCE qui avec 80Md€ de fonds propres, possède 2500Md€ d’actif essentiellement composé de dette souveraine dont 50Md€ émise par la Grèce et qui ne seront jamais remboursés. Pour le moment le pays pourrait faire défaut sur 5Md€ à rembourser d’ici la fin de la semaine. La recapitalisation de la BCE devrait bientôt se poser comme celle de toute banque qui possède des créances douteuses à l’actif de son bilan.

L’Espagne est toujours un problème avec un taux de l’obligation à dix ans à 5,88% contre 18% en Grèce, 4,96% en Italie et …. 1,34% en Allemagne.

L’Irlande continue de se redresser. C’est une des rares bonne nouvelle en Europe. L’agence de notation Fitch a changé sa perspective de « négative » à « stable ». C’est une avancée modeste mais significative, car elle a incité des fonds américains, notammentFranklin Templeton, à se remettre à acheter de la dette irlandaise.

Au Japon, le Premier Ministre Yoshihiko Noda du Democratic Party of Japan (DPJ) a annoncé la dissolution du parlement pour organiser des élections qui auront lieu en décembre prochain. Pour le moment c’est Shinzo Abe du Liberal Democratic Party (LDP) qui est favori. Même si les perspectives économiques ne sont pas très favorables, c’est le remplacement du Gouverneur de la Banque du Japon Shirakawa par un homme qui devrait s’engager dans une politique monétaire plus agressive qui incite certains investisseurs à revenir sur le Japon. Sean Darby, stratégiste de Jefferies à Hong Kong, recommande l’achat du tracker iSMSCI Japan Fund.

Aux Etats-Unis , la création d’emplois est freinée par les pertes d’emploi dans le secteur public notamment au niveau de l’Etat, des municipalités (14 000 par mois depuis 2011).

Charles Gave de GaveKal à Hong Kong, revenant sur les conséquences de la réélection de Barack Obama pour un deuxième mandat pense qu’il faut commencer à diminuer légèrement l’exposition sur le marché américain.

Les attaques palestiniennes sur le sud d’Israël ont malheureusement relancé le conflit avec l’assassinat de Ahmed Said Khalil Jabari, commandant en chef des brigades Izzadin Kassan.  Comme d’habitude, peu de médias français rendent compte objectivement de la situation. Parmi tous ceux, des deux côtés, qui essayent de trouver des solutions, il faut lire le livre de Jacques Bendelac, économiste à l’Institut Israélien de Sécurité Sociale : « Israël-Palestine : demain, deux états partenaires ». Il pense que le seul avenir de ce conflit, c’est l’entente économique. Il faut dit il, délaisser passions et fantasmes pour donner les clés d’une solution pragmatique au conflit.

 

Les Marchés ont cédé du terrain cette semaine

Les baisses ont été supérieures à 3% en Allemagne, en France au Japon et aux Etats Unis ; à 5% au Portugal, en Italie et en Espagne. Les raisons en sont : les incertitudes sur le mur de la dette (=fiscal cliff) aux Etats Unis, la crise de la dette européenne et notamment la situation de la Grèce ainsi que les perspectives de croissance mondiale.

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

5 Commentaires

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  • vivelafrance

    25 novembre 2012

    @clauz.
    Le marché ou les agences de notations sont en train d’exercer elles aussi une pression enorme sur la France et c’est pas plus mal. La seule chose que je regrette c’est que la prise de conscience n’est pas été prises plus tot.
    Mais c’est à cause des investisseurs qui ne savent plus ou mettre leur argent en sécurité donc ils continuent à investir en obligations française alors qu’avec des taux de croissance aussi bas prévu et des taux d’imposition sur le capital aussi élevé ce n’est pas tres logique.
    Finalement les marchés n’anticipent pas et prefère faire confiance en la France tant mieux pour nous évidemment sur le court terme mais ce gouvernement français faut pas compter sur lui pour baisser les impots et faire le choix d’entamer de véritables réformes structurelles.
    Et la courbe de Laffer d’ailleurs tout le monde s’en fout.

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  • ClauZ

    25 novembre 2012

    @vivelafrance
    « c’est scandaleux et les français laisse faire impuissant »
    Oui effectivement c’est scandaleux, mais si les français « laissent faire » c’est parce qu’ils ne peuvent pas faire grand chose pour le moment, tout les leviers associatifs sont contrôlés plus ou moins par l’État.
    Mais comme le prédit tout le monde, la France va rentrer dans le mur l’an prochain, et l’effet des impôts va se faire sentir à ce moment là.
    Bref un cocktail explosif!

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  • vivelafrance

    23 novembre 2012

    matraquage fiscal ? et c’est pas terminé puisque des projets sont en cours pour taxer l’épargne ou le patrimoine des français.
    Massacrer par l’impot l’épargnant ou le rentier ? comme si si ces gens ne consommaient pas et ne servaient pas au financement de l’économie.
    C’est n’importe quoi: hauuse d’impot sur dividende; forcer les gens à detenir des obligations qui ne rapporte rien ou des actions qui ne rapporterons certainement rien non plus (PEA) dans une economie mondialisée; augmentation de l’ISF!! l’impot le plus pervers sur le patrimoine des français; etre surtaxé si l’on ne possedent pas 10% de capital de l’entreprise quel idée encore!!!! Il faut avoir le coeur bien accroché en france auj avec les taux d’imoositions que l’on a ……..c’est scandaleux et les français laisse faire impuissant et certains ont peur d’etre montré du doigt

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  • BA

    22 novembre 2012

    Jeudi 22 novembre 2012 :

    Zone euro : l’activité continue de se contracter fortement en novembre (PMI).

    L’activité du secteur privé dans la zone euro a continué de se contracter en novembre, dans le secteur manufacturier comme dans les services où la situation s’est nettement dégradée, laissant penser que l’Union monétaire va s’enfoncer dans la récession au 4e trimestre.

    Selon une première estimation du cabinet Markit, le PMI composite s’est inscrit à 45,8 en novembre contre 45,7 en octobre, qui était son plus bas niveau depuis juin 2009.

    Lorsque l’indice PMI est au-dessus de 50 points, cela signifie que l’activité progresse, tandis qu’elle se contracte s’il est inférieur à ce seuil.

    Si le PMI composite a très peu évolué en novembre, « la dégradation du secteur privé se poursuit à un rythme alarmant, la zone euro restant ancrée dans la plus sévère phase de récession observée depuis le milieu de l’année 2009 », souligne Chris Williamson, chef économiste chez Markit.

    Ces données suggèrent, selon lui, que la zone euro va s’enfoncer dans la récession au quatrième trimestre avec un recul de son Produit intérieur brut de 0,5%.

    http://www.romandie.com/news/n/Zone_euro_l_activite_continue_de_se_contracter_fortement_en_novembre_PMI99221120121101.asp

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  • BA

    21 novembre 2012

    Mercredi 21 novembre 2012 :

    La Grèce de nouveau sous pression de l’Europe.

    Autre sujet d’inquiétude, la dette qui devrait s’envoler l’an prochain à 189,1% du PIB, soit 346,2 milliards d’euros, contre 175,6% attendu en 2012.

    http://www.boursorama.com/actualites/la-grece-de-nouveau-sous-pression-de-l-europe-79837ab43be348b862e91518f5d1673b

    En 2013, la dette de la Grèce atteindra 346,2 milliards d’euros. En 2013, les contribuables de la zone euro vont payer non pas une addition, mais trois additions différentes.

    1- Première addition : la BCE détient 45 milliards d’euros de dette grecque. Quand la Grèce fera défaut, la BCE subira des pertes. Les actionnaires de la BCE devront alors recapitaliser la BCE. Les 17 banques centrales nationales paieront : concrètement, les contribuables de la zone euro paieront.

    Ils ont l’habitude. Déjà, en décembre 2010, les contribuables ont été obligés de payer 5 milliards d’euros pour recapitaliser la BCE.

    2- Deuxième addition : le FMI a prêté des dizaines de milliards à la Grèce. Quand la Grèce fera défaut, le FMI subira des pertes. Le FMI est financé par les contribuables des Etats-Unis, par les contribuables du Japon, par les contribuables de l’Allemagne, par les contribuables de la France, etc.

    Les contribuables paieront donc cette deuxième addition.

    3- Troisième addition : les prêts bilatéraux accordés par les Etats européens, et aussi les garanties accordées par les Etats européens.

    Prenons le cas particulier de la France : quand la Grèce fera défaut, la France subira une perte de 50 milliards d’euros.

    France : le Parlement s’inquiète de l’accumulation des engagements pris pour soutenir la Grèce.

    Dans son rapport, le député Christian Paul (PS) chiffre à 50,8 milliards d’euros les prêts à la Grèce devant être garantis par la France dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière.

    Source : lesechos.fr, mardi 7 août 2012.

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