4 novembre, 2013

Mal à l’aise

Les fidèles lecteurs de cette chronique doivent se souvenir que je m’attendais à un « automne chaud » dans les marchés. Mon conseil  était donc d’alléger les actions et de déployer le capital ainsi libéré dans des obligations longues du Trésor US, le but étant d’arriver à la fin Septembre à un portefeuille qui serait  investi  à  50 % en actions et à  50 % en obligations

Et bien, apparemment, je me suis trompé. Novembre est là et les actions sont au plus haut. Le temps est donc venu de réfléchir à  ce qui s’est passé depuis le milieu de l’été et que je n’aurai pas bien anticipé.

Revenons à la fin du printemps.

En Mai, monsieur Bernanke annonce qu’il va ralentir les opérations d’achat d’obligations du Trésor Américain de façon « graduelle » ( en Anglais  « tapering »).La logique est simple.

Ces achats ont distordu le niveau des taux de façon considérable et il est temps de reconduire lentement mais sûrement les taux longs aux USA vers leur vraie « valeur » pour que le système puisse fonctionner à nouveau normalement. Il est en effet difficile de faire fonctionner le capitalisme sans un prix de marché pour le coût du capital.

Compte tenu de la faible croissance aux USA,  et de la continuation des achats qu’il allait effectuer, monsieur Bernanke s’attendait à  ce que les taux longs sur le 10 ans qui étaient aux alentours de 1. 6 % montent un peu, mettons vers 2 %.

Mauvaise analyse: les taux passent en quelques semaines de  1.66 % avant l’annonce, à prés de 3 % fin août soit un quasi doublement et l’un des plus grands marchés baissiers de l’histoire pour une période aussi courte.

Du coup, les mises en chantier baissent sèchement, tandis que les marchés des actions commencent à  avoir un petit air pensif qui ne présageait rien de bon.

Et  donc le 18 Septembre, la Fed annonce aux populations réjouies et surprises que tout cela n’était qu’un affreux malentendu, que la Fed ne voulait pas la mort du pécheur et que le programme d’achat d’obligations par la banque centrale allait continuer inchangé, jusqu’à plus ample information.

Et du coup, dans le monde entier, les actions remontent tandis que le dollar baisse, ce qui apparait logique puisque nous sommes revenus dans un monde ou les taux d’intérêts US  ne sont pas des prix de marché et ou la Fed va continuer à  fournir de la Liquidité  » ad infinitum ». 

Bien mieux, la situation est encore meilleure qu’avant la date fatidique de Mai puisque la Fed a perdu ses nerfs à un moment crucial et a montré au monde entier qu’en aucun cas les prix des actifs aux USA ne seraient autorisés à  baisser. Ce qui revient à dire à tous les boursiers:  » Allez y les petits, vous ne pouvez que gagner » et voila bien une chose qu’il ne faut pas répéter deux fois à tous ces braves gens.

Voila où nous en sommes et pour être honnête je ne m’attendais pas à cette volte face de la banque centrale US. L’étape suivante est de vérifier comment mon portefeuille 50 % en actions 50 % en obligations longues a résisté à toute ces palinodies.

Le voici, base 100 un mois avant l’annonce de la Fed que rien ne changeait, ce qui changeait tout.

 

Comme le lecteur peut le voir, celui qui aurait suivi mon conseil et serait passé à  50 / 50 n’aurait pas beaucoup souffert…

Donc, pour l’instant, la stratégie « tout terrain » que j’ai recommandé n’a pas eu un coût exorbitant, bien au contraire, puisque la volatilité de ce portefeuille a été très faible, ce qui est le but recherché..

Mais il y a plus important qu’un simple portefeuille boursier car cette mini crise a laissé des traces et va continuer à en laisser.

  • Les taux longs ont certes baissé depuis le 18 Septembre, mais assez faiblement. Ils sont revenus de 3 % à 2.5 % mais à ce niveau ils sont encore trop hauts , en particulier pour l’immobilier aux USA qui a bien l’air de se gripper.
  • Les taux sur les obligations BAA, qui pour moi sont une bonne estimation du coût du capital pour les sociétés du secteur privé aux USA, restent accrochés  à 5. 3 %, ce qui est là  aussi beaucoup trop élevé et proche du niveau qui dans le passé a déclenché  des récessions (nous en sommes à 50 points de base).
  • Le dollar a baissé, ce qui accentue les pressions déflationnistes partout dans le monde et surtout en Europe en général et dans l’Europe du Sud en particulier, soumise à  la concurrence de pays émergent et du Japon qui eux ont dévalué vis à  vis du dollar  et sont donc ultra compétitifs.  Le monde a besoin d’un dollar qui monte pour se reliquidifier, et l’on nous offre un dollar qui baisse…
  • Les marchés des actions deviennent épouvantablement dangereux dans la mesure où les achats que les investisseurs y effectuent ressemblent de plus en plus à des achats « de fuite devant la monnaie ».  Or aucune banque centrale ne peut laisser se développer une telle psychologie tant la fin est connue.

A ce point de la lecture, le lecteur aura compris que je me sens mal à  l’aise. Nous sommes devant une situation ou les banques centrales engagent toutes leurs ressources et leur crédibilité pour faire croire que le monde est revenu à la stabilité. Or il n’en est rien.

Il suffit qu’elles mentionnent qu’elles vont peut être se retirer, un jour, dans le futur lointain… pour que des craquements  sinistres commencent à apparaître (certains pays émergent, immobilier ici ou là ..)

Nous sommes donc dans le plus grand jeu de chaises musicales que le monde ait jamais connu.Je suis assis sur une chaise avec 50 % d’actions et 50% d’obligations

Suis-je heureux?  Non.

Mais c’est ce que j’ai trouvé de mieux.

Mais Dieu, que je me sens mal à l’aise…

 

 

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

18 Commentaires

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  • BA

    5 novembre 2013

    Pour relancer l’économie réelle, Mario Draghi pensait avoir une idée géniale : le LTRO. En décembre 2011 et février 2012, la BCE a prêté 1018 milliards d’euros aux banques européennes. Durée : 3 ans. Taux d’intérêt : 1 %.

    Résultat : avec cet argent, les banques européennes ont massivement acheté des obligations d’État. Leurs achats ont augmenté de 26%, soit une augmentation de 550 milliards d’euros.

    Dans le même temps, les banques européennes ont réduit de 9 % leurs prêts aux entreprises privées ! Cela correspond à une baisse de 440 milliards d’euros !

    Depuis deux ans, les banques européennes ont de moins en moins financé l’économie réelle. Ces centaines de milliards d’euros de liquidités n’ont pas servi l’économie réelle. La dette des Etats européens a explosé. La dette des ménages a explosé. Le chômage en Europe a explosé.

    Le LTRO est un échec total.

    Mario Draghi est un neuneu.

    Mardi 5 novembre 2013 :

    Les banques européennes ont réduit de 9% leurs prêts aux entreprises en 2 ans.

    Les 16 plus grandes banques européennes ont augmenté leurs investissements dans les obligations d’État au cours des deux dernières années, pour leur faire atteindre 26%, soit 550 milliards d’euros.

    Dans le même temps, elles ont réduit les prêts qu’elles ont accordés aux entreprises de 9%, soit de 440 milliards d’euros, rapporte Reuters.

    C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par Fitch Ratings, qui confirme que les règles de Bâle III, qui devront être effectivement appliquées par toutes les banques à la fin de l’année 2018, ont déjà impacté la gestion du capital des banques, leur stratégie de crédit et leur exposition au risque. Selon cette réglementation, entre autres, les banques ne seront pas obligées de limiter les prêts qu’elles accorderont aux Etats souverains à une fraction de leurs capitaux, comme elles le seront avec les dettes des agents privés.

    Le papier de Fitch indique que ces nouvelles règles pourraient avoir pour effet pervers d’encourager les banques à plus prêter au secteur public, aux dépens du secteur privé.

    Récemment, Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, a vivement critiqué le traitement préférentiel qui sera appliqué sur l’exposition à la dette souveraine dans une nouvelle réglementation en préparation dans un article d’opinion paru dans le Financial Times. Selon le président de la Buba, ce traitement de faveur risque d’inciter les banques à souscrire massivement des obligations souveraines, notamment celles de leur pays, ce qui risque de dissuader en retour les Etats les plus fragiles de mener des réformes, puisqu’ils ne rencontreront plus de difficultés pour refinancer leur dette.

    Weidmann rappelle que les Etats peuvent aussi faire défaut, réfutant l’hypothèse courante qui voudrait que les obligations d’État soient sans risque. « L’hypothèse de l’actuelle réglementation selon laquelle les obligations d’Etat sont sans risque a été infirmée avec ce qui s’est passé récemment. Le temps est venu de s’occuper de façon règlementaire au traitement appliqué aux expositions à la dette souveraine. Sans lui, je ne vois aucune méthode fiable pour briser le lien entre les banques et les Etats », écrit-il.

    http://www.express.be/business/fr/economy/les-banques-europeennes-ont-reduit-de-9-leurs-prets-aux-entreprises-en-2-ans/198035.htm

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    • david

      5 novembre 2013

      Bonjour,
      Je ne dirais pas que Draghi est un « neuneu ».
      dès le départ il ne devait pas viser l’économie réelle, son objectif principal étant d’éviter la faillite des banques pendant la période ou elle devrons se recapitaliser, le tout en tenant les taux souverains le plus bas possible.
      L’économie réelle n’ayant certainement jamais été un objectif, on ne peut pas parler d’échec.

  • david

    4 novembre 2013

    Je complete mon post, en recollant cette illustration que j’aime bien

    http://www.immobilier-danger.com/IMG/etapes-evolution-bulle-speculative.jpg

    Et comme new paradigm, on est pas mal :
    http://www.capital.fr/bourse/actualites/les-banques-centrales-sont-en-train-de-changer-d-adn-885159

    Je me rappelle très bien du nouveau monde qu’on nous promettait au plus haut de la bulle internet en nous expliquant que ce n’était pas une bulle et que cette fois ci c’était différent.

    Je me rappelle aussi, en 2007, comment on nous « démontrait » que les marchés étaient efficients et qu’ils allaient atterrir en douceur car ils intégrées la vraie valeur des actifs. Et puis il parait que c’était différent car la finance était régulée par des outils prodigieux et que rien ne pouvais arriver de fâcheux.

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  • david

    4 novembre 2013

    Bonsoir Mr Gave,

    Petit graphique de ma conception sur le SP500

    http://i55.servimg.com/u/f55/14/59/25/40/bulles10.png

    Bien sur, c’est la fin d’une bulle qui indique qu’elle en était une.
    Mais la, franchement, elle en a toute la morphologie.

    Je pense que vous avez juste un petit peu anticipé.

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  • Libre

    4 novembre 2013

    J’ai l’impression que la fin des « politiques non conventionnelles » en gros planche à billets n’est pas pour demain…

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  • P.M

    4 novembre 2013

    Je vous conseille de lire parfois. Bruno Bertez
    Dans son édito de dimanche
    http:/leblogalupus.com/2013/11/04/ledito-du-dimanche -3-novembre-2013-de-2009-a-2017-survol-de-la-bourse-et-de-la-crise-par-bruno-bertez/
    Malgré mes réticences ,mes grosses lacunes,je suis reste en actions car quand on arrête de pédaler on tombe
    Je ne mettrai pas un kopeck pour l état quel qu il soit …

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  • jcgruffat

    4 novembre 2013

    Pour ma part, je suis essentiellement inconfortable car je ne vois comment la Fed sortira de ses achats de Papiers gouvernementaux et hypothecaires sans provoquer un krach obligataire.
    Le « tapering » est peut etre bien reporte dans le temps, et la « forward guidance » reaffirmee jusqu’en 2015, il n’en demeure pas moins que detenir du papier a taux fixe est une strategie risquee..
    Quant aux actions, la selectivite est plus que jamais la regle mais je laisse ce secteur aux experts, avec toutefois un avis de prudence sur le secteur bancaire et financier dont le modele de rentabilite est en train d’etre altere en profondeur.

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    • Jules

      5 novembre 2013

      Cher Mr Gruffat, Mr Gave, IDL et amis lecteurs de ce blog, c’est tout à fait par hasard que je viens d’enchaîner ce soir la lecture de plusieurs articles sur le futur grand marché commun US/EU … Et mon petit doigt me dit – oui, canard je fus et j’aime le chocolat … – mon petit doigt me dit que ce nouvel eldorado se réalisera de façon précipitée dans les 12 mois qui viennent, prenant tout le monde de court et envoyant aux oubliettes « QE » & « Tapering » ! Quant à ma fille, elle est bien entendu tout à fait muette !
      Amicalement.

  • xavier

    4 novembre 2013

    Bonjour M Gave, encore merci pour ce tour d’horizon.
    Permettez moi de vous titiller , et même vous agacer, sur votre allocation d’actif actuelle :
    Est il d’après vous utile de rester en partie Cash, et même d’acheter un peu d’or (si si, je vous ai vu pousser un soupir….;-) ) autour de 1000$, prix grosso modo de son coût de production ?
    Bien respectueusement,
    Xavier

    Répondre
  • Yves Couvreur

    4 novembre 2013

    Il suffit de regarder le Dow Jones sur 40 ans pour voir le précipice devant nous, en lévitation, car par la fenêtre, chacun voit un monde réel angoissant qui ne correspond pas au monde de Monoply qu’essaient de nous vendre Obama-Bernanke, Draghi-Hollande, ….
    Que penser de Roubini qui propose d’acheter une ferme et des armes… et des boîtes de conserves? L’or?

    Répondre
  • john

    4 novembre 2013

    Personellement je ne crois pas nos dirigeants responsables ou courageux. Je n’ai donc pas été surpris du volte face de la Fed. Tout plutôt que de causer une nouvelle crise. Tout plutot que d’admettre leurs responsabilité dans la catastrophique accumulation de dette et l’inflation monétaire.
    Dès lors, il semble logique qu’il choisissent la voie qui puisse les dédouaner auprès du peuple, ignare en matière monétaire. Ne rien changer, continuer aussi longtemps que possible, jusqu’a ce que la bulle obligataire explose. Mais là c’est les monnaies papiers qui sautent. Et une hyperinflation mondiale sera atroce. Le seul avantage, c’est que l’inflation, on peux toujours accuser les spéculateurs, l’étranger, etc … Bref tous sauf les responsables. Sans compter que ceux qui ont compris que ca sera comme ca pourront se tailler des royaumes de gain en bougeant avant.

    Répondre
  • Poutine7

    4 novembre 2013

    Bonjour M. Gave, bonjour IDL,

    Les résultats trimestriels ont été globalement en dessous des attentes.
    « On » nous avait annoncé +10% sur les bénéfices en début d’année et nous en sommes à zéro … et on nous ressert la soupe pour 2014.

    Y aurait-il d’autres alternatives aux 50 % de T-bounds d’un pays qui pourrait se déclarer … insolvable (nouveau blocage du Tea-Party) ?

    Merci

    Répondre
  • Marc

    4 novembre 2013

    Bonjour,

    votre billet du jour conforte à merveille ma remarque de hier: Libérez-vous de votre épargne et vous serez bien plus à l’aise

    bonne journée
    Marc

    Répondre
    • idlibertes

      4 novembre 2013

      alors il dit « viens et suis moi »

      On est d’accord. Si seulement la vie était si simple; enfin si nous choisissions de la rendre si simple. Maintenant, pour ceux qui ne voudraient par faire ce choix, l’idée est de leur donner la possibilité de bien le vivre aussi. Chacun son salut devant l’Eternel.

  • david

    4 novembre 2013

    Cher Mr Gave, Cher Jules
    Un truc amusant sur le « changement d’ADN des banques centrales ».
    dans toute bulle, quand on est au sommet on a ce qu’on appelle la naissance d’une « nouveau paradigme ».
    C’est le moment ou des prophètes apparaissent et nous expliquent que nous sommes rentrés dans un monde nouveau, que les choses ne serons plus comme avant, et donc que la bulle n’en est pas une.
    On a très bien vu ça au plus haut de la bulle internet, ou quelques mois avant la gamelle des subprimes.
    Rien n’assure que ce nouveau ADN des banques centrales soit ce paradigme, mais il m’y fait quand même sacrément penser.
    Cordialement.

    Répondre
    • Jules

      5 novembre 2013

      Cher David, vous visez juste en parlant de ce si commode « changement de paradigme » : j’ai surpris plusieurs SciencesPo, Hec, PwC et même un ancien camarade d’Hollande sur les bancs de l’Ena, abuser de cette expression toute faite… Après tout, l’essentiel n’est-il pas de donner l’impression qu’on sait comment amener une situation à « sortir par le haut » … 🙂

  • Jules

    4 novembre 2013

    Mals à l’aise, cher IDL, cher Mr Gave, nous le sommes tous à constater en effet ce que certains nomment ces jours derniers « un changement d’ADN des banques centrales »… Les oints du seigneur et autres diafoirus puissent-ils avoir les moyens politiques inversement proportionnels au niveau de leur courage !.. Il est malheureusement permis d’en douter : la lévitation ne pouvant, pour des raisons physiques, ne devenir la norme… @ suivre…
    Amicalement.

    Répondre
  • vieux dinosaure

    4 novembre 2013

    merci pour ce mea culpa tres lucide. La tendance actuelle ( croissance molle aux US et reprise au Japon) a tout l’air de vouloir continuer encore quelque temps. Par contre, la nouvelle donne cette fin d’annee et debut 2014 sera le ralentissement de l’economie Allemande. Tous les indicateurs sont passes a l’orange et certains au rouge. La devaluation du Yen fera encore beaucoup de degats en Europe.
    La question qui se pose est : quel sera l’impact du fort ralentissement en Allemagne sur l’Europe? Accepteront ils l’emission d’ Eurobonds? Quantitative easing? une parenthese dans la reduction des deficits? Une relance fiscale ?
    ou bien plus d’orthodoxie monetaire et fiscale? l’enjeu sur l’Europe sera capital.
    meilleures salutations.

    Répondre

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