13 novembre, 2018

L’Europe divisée aura du mal à gérer les dossiers du Brexit, de l’Italie, de l’Allemagne …et de la France

 

 

Les prochaines élections européennes risquent d’être un camouflet pour les partis politiques des élites. Depuis que l’axe franco-allemand ne fonctionne plus, nous allons assister selon Nick Andrews à la division de l’Europe en trois groupes dont les intérêts et les objectifs sont nettement différents : 1/ « Les pays du Club Med » avec la France, l’Espagne, le Portugal et la Grèce ; 2/ « La Nouvelle Ligue Hanséatique » avec la Suède, le Danemark, les Pays Bas, l’Irlande, la Finlande, la Lituanie, la Lettonie et la Slovaquie ; 3/ « Le groupe de Visegrad » avec la Hongrie, la Pologne, la république Tchèque et la Slovakie. Sur le plan économique, les pays du Nord de la Nouvelle Ligue Hanséatique ont des performances meilleures que celles du reste de l’Europe. L’Allemagne reste divisée sur les trois lignes qui frappent le reste de l’Europe. Quant à l’Italie, elle prend de plus en plus de distances avec Bruxelles.

 

L’Euro devrait être fragilisé par le retrait d’Angela Merkel. Pour l’investisseur européen, la couverture d’une exposition en Treasuries américains a augmenté ces dernières semaines, ce qui devrait pousser les taux allemands et les taux US encore à la hausse. Pour Charles Gave, les actions entreprises par la Federal Reserve américaine pour restaurer la vérité des prix sur les marchés auront de graves conséquences dans les pays où les prix de marché sont toujours manipulés, comme c’est le cas en Europe.

 

Un nouveau referendum sur le Brexit devient de plus en plus probable

 

En Grande Bretagne, La possibilité d’un nouveau referendum sur le Brexit se rapproche selon Anatole Kaletsky, car Theresa May est dans une impasse. Il devient irréaliste de penser que la Grande Bretagne peut quitter l’Union Européenne sans accord. D’ailleurs les informations que l’on peut avoir sur les notes techniques préparées pour l’option de sortie sans accord montrent bien que la situation à gérer sur le terrain deviendrait extrêmement complexe. Aujourd’hui, un nouveau referendum serait la meilleure chance de Theresa May de rester au 10 Downing Street. En attendant, le ralentissement de l’économie britannique au premier semestre a été plus important que prévu. La relocalisation d’entreprises sur le continent se poursuit.

 

En Italie la courbe des taux est inversée

 

L’Italie va inévitablement vers une récession. Cela se produit chaque fois que le rendement des obligations longues émises par le Trésor italien se retrouve au dessus du taux de croissance de l’économie. L’Italie n’a pas réduit sa dette dans une période où les taux d’intérêts ont été extrêmement bas. L’examen du comportement des banques italiennes en bourse n’incite pas beaucoup à l’optimisme

Pour Charles Gave, le gouvernement a clairement choisi l’affrontement avec Bruxelles. Si Pierre Moscovici, le Commissaire européen aux Affaires économiques et financières, Fiscalité et Douanes rejette définitivement le budget qui a été présenté par Giovanni Tria, le ministre des finances, il risque de provoquer la prochaine crise constitutionnelle. Cedric Gemehl pense que la confrontation va durer au moins jusqu’à l’été prochain.

L’Allemagne continuera à s’opposer à ce que la BCE participe de façon active au financement du déficit budgétaire italien.

Selon Nick Andrews, les prévisions de croissance du gouvernement ne sont pas réalistes…

 

En France, le niveau de popularité d’Emmanuel Macron a rejoint celui de François Hollande à la même époque.  Le programme de réformes se poursuit néanmoins, mais les dépenses publiques n’ont toujours pas diminué. La croissance ralentit en grande partie à cause de la pression fiscale. Elle reste inférieure à celle du reste de la zone Euro. Cédric Gemehl reste convaincu que cette croissance va néanmoins repartir à la hausse.

 

En Allemagne, les deux partis qui bénéficient de l’effritement de la CDU/CSU et du SPD sont l’AfD et les Verts. Le combat pour la troisième place ne sera pas facile. Quant au Portugal il se révèle être un des meilleurs de l’Europe du Sud. Le budget qui vient d’être adopté prévoit un déficit de 0,2% du PIB en 2019.

 

Aucun signe de récession significatif ne se manifeste

 

L’environnement économique américain se détériore marginalement. La remontée des taux est une partie de l’explication. L’autre élément est la crainte des retombées négatives d’une guerre commerciale avec la Chine. Pour le moment aucun signe de récession significatif ne se manifeste. Comme les investisseurs et les fonds de pensions n’ont aucun intérêt à s’exposer à la partie longue de la courbe des taux, Will Denyer recommande pour les portefeuilles en dollar une exposition 70% actions, 30% cash.

 

Il faut s’attendre à une escalade dans la tension entre les Etats Unis et la Chine, car Pour Arthur Kroeber, ce qui est en jeux maintenant que le nouveau traité NAFTA a été signé, c’est le « découplage » des chaines de fabrication sino américaines. Quand on regarde le cours d’Apple, la société qui serait la plus vulnérable à ce phénomène, on voit que le marché n’y croit pas trop pour le moment.

 

 

En Chine il faudrait toujours privilégier l’investissement en obligations Renminbi

 

La pression sur le secteur de la technologie en Chine va se poursuivre. Le camp des dures de la Maison Blanche préférerait ne pas arriver à un accord pour contrer les ambitions expansionnistes du président XI.  Arthur Kroeber estime que Donald Trump pourrait préférer un accord général qui lui permettrait de se prévaloir d’une grande victoire. Dans ce cas le front de la bataille serait déporté vers des secteurs à commencer par celui de la technologie.  Will Denyer croit plus à un ajustement qui se produirait à partir d’une dépréciation contrôlée de la parité Reminbi/Dollar. Chen Long observe de Pékin que la banque Populaire de Chine a l’air de vouloir mettre en place une politique d’intervention flexible autour de 7 RMB pour un US Dollar.

 

 

Le marché obligataire chinois reste au cœur de la stratégie des autorités chinoises beaucoup plus que celui du marché actions. Depuis la crise de 2008, il s’agit de pouvoir financer le développement des exportations chinoises à partir du Renminbi pour échapper à la dollarisation de l’économie mondiale imposée par les américains. Les ingrédients du succès sont d’abord de convaincre les marchés que le Renminbi est une monnaie solide, ensuite d’assurer la stabilité et la liquidité du marché obligataire. Aujourd’hui, les obligations en Renminbi constituent une classe d’actif offrant un des meilleurs retours risque investissement

 

L’algorithme Trackmacro donne un signal 100% risk off

 

TrackMacro est le logiciel quantitatif de Gavekal suivant l’évolution des marchés action dans le monde. Développé par Didier Darcet et son équipe, il est opérationnel depuis juillet 2015. Il associe sept règles macroéconomiques fondamentales de Charles Gave et une technologie contrôlée par intelligence artificielle. TrackMacro constate à fin octobre 2018, une dégradation significative des conditions d’investissement sur les marchés des actions dans les 40 pays suivis. Cela faisait plusieurs mois que les paramètres inflation/croissance se détérioraient. Quand cela se produit avec une reprise de l’inflation, cela entraine une baisse de la croissance réelle. Ensuite on a constaté une diminution de l’offre de dollar disponible qui s’est produite en même temps que la la contraction du bilan de la fed et de la remontée du prix du baril de pétrole.

Dans cet environnement le paramètre du commerce international était le seul à rester positif. Cela s’expliquait par le fait que l’on, assistait à des comportements de surstockage en anticipation d’un Brexit sans accord.

 

L’allocation d’actif dans des environnements très instables

 

L’allocation d’actif peut être bien évidemment réalisée de plusieurs façons dans des univers déstabilisé. Une des stratégies consiste à établir quatre portefeuilles composés à partir des concepts suivants :

 

1/Croissance structurelle en identifiant sur le long terme des sociétés qui sont clairement sur un rythme de croissance élevé pas encore apprécié par le marché.

 

2/ Croissance cyclique à partir de sociétés sensible au retournement du cycle économique, à l’évolution du cours des devises dans lesquelles elles facturent et au niveau des taux d’intérêts

 

3/ Défensif autour de sociétés présentant des cash flow positifs, des dividendes stables et des « low beta »

 

4/ « Contrarian » sur des sociétés que les investisseurs en viennent à détester de façon excessive. Cela fait partir des approches de type « retour à la moyenne » ou « value »

 

Si vous souhaitez entrer dans les détails des univers d’investissement mentionnés dans cette lettre (actions, secteurs, thèmes, ETF, expositions ou Fonds d’investissement) n’hésitez pas à envoyer un mail à Jean Jacques Netter (jnetter@gavekal.com) ou appeler Pierre Chevallier (06 24 48 35 66) qui seront ravis de vous présenter Gavekal Allocator, le “Schumpeterian Portfolio Construction Tool” développé ces dernières années par l’équipe de Gavekal Paris.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

2 Commentaires

Répondre à Charles Heyd

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  • Raskolnikov

    16 novembre 2018

    Une erreur de recopiage en début de texte: dans la Nouvelle Ligue Hanséatique on retrouvera l’Estonie plutôt que la Slovaquie.

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  • Charles Heyd

    13 novembre 2018

    Un point de désaccord: « Les prochaines élections européennes risquent d’être un camouflet pour les partis politiques des élites. »
    Certes en en disant « risquent » vous ne prenez pas beaucoup de risques!
    Les Français et autres Européens ont tellement été, et le sont toujours, conditionnés par le martellement que seule l’Europe est possible que rien n’est joué (d’avance); ensuite, que nous proposent les opposants, y compris les plus crédibles mais quasiment inaudibles (bon, M. Dupont-Aignan se décarcasse dans les médias, mais cela sera-t-il suffisant?)!
    Ensuite, une consternation: « Un nouveau referendum sur le Brexit devient de plus en plus probable »!
    On (nous) avons déjà joué à ce petit jeu-là pour les traités européens! Le résultat: effectivement les prochaines élections risquent d’être un camouflet pour les élites. C’est d’ailleurs un des arguments que devraient mettre en avant les eurosceptiques: « si vous votez mal, on n’en fera rien et on vous fera revoter, na! »;

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