28 mai, 2020

L’étrange victoire

Depuis quelques années, les « valeurs géopolitiques » se sont complètement retournées. Jadis, le prestige reposait sur la force, sur la grandeur, sur la victoire, notamment militaire. Aujourd’hui, c’est la victimisation qui attire et qui rend victorieux. Il faut à tout prix montrer que l’on a été victime d’une avanie ou d’une injustice, que l’on a subi un massacre, que l’on a été faible. Perdre une bataille est devenu positif, car il fait de nous une victime de l’injustice et de l’inégalité. À l’inverse, la victoire militaire est suspecte. On lui reproche souvent de reposer sur l’asymétrie, ce qui la rend injuste, sans se dire que c’est aussi une victoire pour un pays que d’avoir su développer une puissance militaire et technique supérieure aux autres. Le victorieux est suspect ; le perdant est bien vu. Nombreux sont les prénoms qui sont dérivés de la victoire : Victor, Victorien, etc. ou bien Auguste et Augustin, ou encore Léo et Léon, qui vient de lion et qui symbolise la force. À ces prénoms masculins se déclinent leurs versions féminines. Il n’y a pas de prénom qui dit la faiblesse, la lâcheté, la défaite parce que cela n’était pas perçu comme des valeurs par les Romains et les médiévaux. Au rythme où va ce renversement des valeurs, on aura peut-être dans quelques années des enfants prénommés « Looser » ou « Perdant » et cela sera porté comme un titre de gloire.

 

Où est Patay ?

 

Tout le monde a entendu parler d’Azincourt (1415), terrible défaite de l’armée française où sa cavalerie a été massacrée par les archers anglais. Alors que la France a finalement gagné la guerre de Cent Ans, Azincourt est la bataille qui reste dans la mémoire collective. Il est vrai que Shakespeare en a très bien parlé dans son Henry V, mais de son côté c’est une victoire. Mais la levée du siège d’Orléans par Jeanne d’Arc et la victoire de Patay (1429) sont oubliées. À Patay, la cavalerie française a massacré les archers anglais, prenant leur revanche d’Azincourt. Jeanne d’Arc a longtemps été exaltée, autant par les républicains nationalistes que par les catholiques. En 1920, elle a reçu une double canonisation : celle de l’Église, qui l’a déclarée sainte, celle de la République, qui a fait de la fête de Jeanne d’Arc une des quatorze fêtes nationales. Pourtant, un siècle après, il y a très peu de commémorations. Jeanne est pourtant une personne qui coche de nombreuses cases contemporaines : c’est une femme qui fait le métier des hommes, elle a changé la stratégie de son époque et elle a joué un immense rôle politique. Elle est jeune (17 ans en 1429) et elle montre un grand courage tant lors des assauts que lors de son procès. Jeanne pourrait être un modèle pour toutes les jeunes filles françaises. Mais elle est victorieuse ce qui devient une infamie. Comme modèle, on cherchera une perdante.

 

Exalter les victimes

 

Le soin et l’attention légitime que l’on doit aux victimes et aux personnes fragiles a pris des proportions démesurées. On ne voit plus qu’elles et on oublie tous ceux qui ont lutté ardemment et qui ont gagné. Du reste, s’intéresser aux victimes n’est pas incompatible avec le fait de parler aussi des victorieux.

 

Ce renversement a commencé dans les années 1930. Certes nous avions gagné la Première Guerre mondiale, mais la victoire avait un goût amer au regard des nombreux morts et destructions subis par le pays. La soif légitime de paix a débouché sur le pacifisme et le pacifisme aboutit toujours à la guerre. On reproche toujours à Chamberlain et à Daladier d’avoir cédé à Hitler lors de la conférence de Munich (1938), mais ils n’avaient guère d’autres choix. Leur renoncement était la conséquence d’une série de mauvaises politiques conduites depuis vingt ans et notamment le désarmement des armées françaises et anglaises et leur retard technique. Ni la France ni l’Angleterre n’avaient les moyens de conduire une guerre en 1938. La Pologne rappelle à juste titre son invasion de 1939, mais elle oublie de dire qu’elle a profité de Munich en participant au dépeçage de la Tchécoslovaquie en envahissant la région de Teschen. Les Tchèques eux n’ont pas oublié que si l’Allemagne s’est servie sur leur dos, la Pologne et la Hongrie n’ont pas été en reste. Il faut toujours trouver quelqu’un de qui se plaindre pour se présenter comme victime.

 

La campagne de France

 

Nous commémorons cette année le 80e anniversaire de la campagne de France qui pour notre pays est le prélude à sa défaite et à son occupation. C’est oublier que cette campagne n’est pas la Seconde Guerre mondiale, mais une bataille durant celle-ci. Or on ne parle que de cette bataille perdue et de plus en plus rarement de la victoire finale. Pourtant, l’armée française et ses généraux n’ont nullement démérité. Bir Hakeim (mai-juin 1942) est quasiment oublié alors que pendant seize jours les soldats conduits par le général Koenig ont tenu tête aux troupes de Rommel, beaucoup plus nombreuses et mieux équipées. Le rapport est de 1 à 10 : 3 700 hommes côtés français, 37 000 côtés allemands. Sans Bir Hakeim, les Anglais n’auraient pas pu gagner à El Alamein et les Allemands auraient pris le canal de Suez.

Le débarquement en Provence, conduit par le général de Lattre de Tassigny comme la campagne de libération de France reste des prouesses militaires et stratégiques majeures et ne furent nullement une partie facile.

 

Les combats de mai-juin 1940 furent eux aussi particulièrement violents. L’armée française déplore 60 000 morts, soit plus de 1 300 morts par jour quand la moyenne de la Première Guerre mondiale est de 900 morts par jour. Les soldats français de 1940 n’ont nullement démérité et ont infligé de lourdes pertes aux Allemands. Plus de la moitié des prisonniers français ont été faits entre le 17 et le 25 juin, soit après la signature des deux armistices. Dans les Alpes, les troupes conduites par le général Olry ont gagné de nombreuses batailles et ont stoppé l’avancée allemande et italienne.

 

Le livre de Marc Bloch, publié à titre posthume, est très juste dans son analyse des causes de la défaite de 1940, mais, ayant été fusillé le 16 juin 1944, il n’a pas connu la victoire finale. Son livre est écrit sous le coup du traumatisme de l’armistice et de l’occupation et n’évoque pas les victoires qui ont suivi. Cette étrange défaite occulte donc les indéniables victoires et c’est cela qui s’est désormais gravé dans les esprits. Cet état d’esprit n’est pas forcément propre à la France, mais il est malgré tout frappant de constater les différences de traitement dans le cinéma. À Hollywood, toute petite histoire peut devenir un mythe et une épopée et son protagoniste, un héros. En France, on attend toujours un grand film sur le général Leclerc, sur Bir Hakeim ou sur des entrepreneurs et des sportifs qui ont réussi de grands exploits. À ce titre, connaissez-vous Kevin Mayer ? Probablement non. C’est pourtant un grand champion de décathlon et le titulaire du record du monde depuis 2018. Il est pourtant presque inconnu du public français. C’est le syndrome Poulidor contre Anquetil, alors même que le premier, s’il n’a jamais porté le maillot jaune, a été un grand coureur et a gagné de nombreuses courses. Étrange victoire donc, qui semble rebuter et effrayer. On semble y préférer les défaites magnifiques.

 

 

 

 

 

 

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

33 Commentaires

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  • Kamembert

    6 juin 2020

    Cette inversion de la réalité est patente mais en cherchant un peu il est possible de lui trouver une origine, pas très lointaine mais que peu de gens osent désigner. En effet, cette situation retourne d’un choix politique : la victimisation.
    Cette victimisation a vu son basculement lors du traité de Versailles et des conséquences volontairement désastreuses qui ont été retenues à cette date.
    La SDN est le point d’orgue de ce changement d’orientation. Suivie par l’ONU qui n’a d’ailleurs rien fait pour remédier à ce problème désormais connu.
    Pour autant, cela restait au niveau des états et des conflits armés. Grâce à la presse, un retournement des valeurs a été opéré, rendant caduques toutes les études, toutes les interventions : ce fut le cas pour la baie des cochons, la guerre de la province du Biafra, de l’Angola, …
    Tout fut, comme le disent les anglais, « upside-down » que nous traduirons par cul par dessus tête, à l’envers ou marche sur la tête. Bref, rien n’était plus logique et la victime devenait d’un seul coup d’un seul le héros !
    La liste est longue où l’on peu lire l’inverse de ce qui s’est passé :
    – la ligne Maginot qui n’a pas démérité en infligeant d’énormes pertes aux assaillants italiens et raillée, tournée en dérision.
    – le débarquement américain en Normandie avec seulement 40% de troupes US.
    – la guerre d’Irak menée par les troupes de la coalition.
    – les guerres d’Afghanistan où l’on allait voir ce que l’on allait voir !

    * pire, cette vision détournée est aussi devenue la norme pour tout le reste :
    – on fait d’imbéciles ayant pris des risques inutiles, ayant été faits prisonniers, ayant engendré la mort de guides et de valeureux militaires, on fait de ces « otages » des héros alors qu’ils sont tout l’inverse.

    Le monde de la presse et celui de la politique ont ainsi distordu et modifié la vision naturelle des responsabilités.
    L’agressé qui se défend devient un horrible fasciste, la femme violée a bien du le chercher, …

    Il est loin le monde où la logique prévalait.
    A l’époque médiévale, la police ne courrait pas vraiment après les voleurs car il y en avait peu, relativement à la richesse du pays. Non, la police avait pour rôle d’assurer la qualité des transactions sur la marchés en vérifiant la durée du marché, le bon poids, le bon prix et veillait à ce qu’il n’y ait pas de stock injustifié : la nourriture devait être disponible.
    Ce sont les bourgeois du règne de Louis XVI qui ont organisé le stockage abusif afin d’amener à une pénurie totalement injustifiée tant les stocks étaient importants.
    Cette main mise à troublé la société mais a démontré le pouvoir de ceux qui détiennent l’argent.
    Ainsi les banques ont cru, finançant et encourageant les guerres et cela jusqu’à nos jours.

    * Il ne suffit pas d’avoir raison pour remporter l’adhésion pourtant logique des avis. Il faut concéder au triumvirat pouvoir politique, banques et presse, de pouvoir forger des vérités qui n’en sont pas mais que les organisations internationales reconnaissent pourtant comme telles.

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  • Pat

    3 juin 2020

    Bonjour,

    Je commente rarement, et loin de moi d’avoir la prétention de rivaliser avec le niveau de connaissances des commentateurs ; et encore moins, en toute sincérité et modestie, avec vous-même, Monsieur Noé.

    J’ai lu un certain nombre de vos articles, et force est de constater que vous avez une connaissance pointue et un grand bagage de culture générale et historique qui vous honore ; et comme dit plus haut, le mien n’est malheureusement pas au même niveau (loin s’en faut).

    Bref, je me classe volontairement dans les « idiots » (du moins au niveau des connaissances « académiques »), ce qui ne m’empêche cependant pas d’avoir probablement un certain esprit d’analyse et parfois (le « Dîner de cons » peut en être témoin) débattre avec des crétins peut, peut-être, vous faire prendre conscience d’un angle d’analyse que vous n’auriez pas eu vous-même.
    Si tel était le cas suite à la lecture de mon commentaire, cet exercice n’aura finalement pas été vain. (Dans le cas contraire, j’aurais au moins pris plaisir à formaliser à l’écrit ma pensée et vous remercie de m’y avoir en quelque sorte « poussé »).

    Vous semblez décrire un processus qui prendrait racine depuis un temps historique relativement court (quelques décennies tout au plus), où le rôle de « victime » serait, tout à coup, devenu vertueux et où les victoires militaires seraient mal vues, car -forcément ?- l’apanage du fort sur le faible. Et vous insistez sur l’idée que cette dénaturation des rapports de force serait d’une conception assez récente.

    C’est là où je ne vous rejoins pas. L’idée de glorification victimaire remonte, selon moi, à bien plus loin (sans rentrer même dans des concepts tels que l’étude « sacrificielle » de « victime victimaire » chère à l’anthropologue Lacans).
    En réalité l’apologie de la victime peut trouver racine dans la construction même de notre identité culturelle Judeo-chrétienne : ne pourrait-on pas considérer que la première glorification de « la victime en tant que victime » serait le sacrifice de Jesus Christ ?

    Si oui, il apparaitrait donc que cette conception n’est en rien nouvelle et que, au contraire, elle s’inscrirait intégralement dans la construction de nos sociétés (du moins Européennes) depuis au moins 2 millénaires ? L’on serait assez loin d’une « idéologie » récente.

    Qu’en pensez-vous ? Comme je vous l’ai dit, je n’ai certainement pas votre bagage culturel, mais toutefois, je ne pense pas que mon opinion soit « totalement idiote »…

    Cordialement.

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    • Jean-Baptiste Noé

      4 juin 2020

      Vous avez raison quant au fait que la victime est valorisée dans la culture chrétienne, notamment depuis le sacrifice du Christ. Cela, René Girard le montre très bien. Mais cela n’empêche pas non plus de valoriser le victorieux et la réussite. Or ce qui est nouveau depuis quelques décennies, c’est que le vainqueur est systématiquement mal vu.
      A cela s’ajoute aussi des considérations politiques d’électorat politique et de gains financiers.

    • Pat

      11 juin 2020

      Bonjour M. Noé,

      Je tenais simplement à vous remercier pour avoir pris le temps de répondre à mon intervention ; une des plus élémentaires formes de politesse qui a -malheureusement- tendance à disparaitre de plus en plus des forums internet.

      Cordialement.

  • Charles Heyd

    1 juin 2020

    La victimisation ne marche que dans des pays où les « victimes » ont assez d’influence (politique) pour se présenter en tant que telles: les Algériens ou Marocains colonisés, tous les pays mis en esclavage par la France comme si on était le seul pays à ce moment là (entre le 17ème et 19 siècles), et j’en passe et des meilleurs! M. Macron n’est-il pas aller raconter au « sénile » Bouteflika que la France a commis des crimes contre l’humanité en Algérie alors que notre intervention au 19ème siècle, n’avait comme but principal que la fin des « gentilles » razzias des barbaresques sur nos côtes méditerranéennes! Combien de Français et surtout Françaises n’ont pas été réduits en esclavage alors.
    Ensuite se plaindre des « loosers » comme Poulidor face à des « vainqueurs  » comme Anquetil! Où cherchez vous ce genre d’inepties? Poulidor n’était pas une victime, il était second sur un podium! Heureusement que les mots, et le ridicule, ne tuent pas!
    Bref, ce billet est probablement le plus mauvais de la part de votre plume!
    La victimisation, Zemmour en parlait encore ce soir sur Cnews, a encore de beaux jours devant elle!

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    • Ockham

      2 juin 2020

      Vous faites bien de le souligner. Il est effectivement scandaleux que le fait de razzier les Européens pendant 3 siècles pour les vendre à Salé, Alger, Tunis et Tripoli dont d’ailleurs notre grand Européen Miguel de Cervantés, n’ait pas l’objet d’un échange d’écrit clair et précis sur les torts des uns ou des autres. Pour le prouver les archives ne manquent pas et tout historien, sorbonnard de gauche ou pas, le sait. Depuis la Reconquista, la Royale, celle de sa Majesté britannique ainsi que celle des États-Unis d’Amérique peuvent attester qu’elles ont du détruire en partie la Casbah d’Alger comme le fort turc de Karamanlis à Tripoli pour récupérer des marins et des civils européens par milliers dans un état pire que des bêtes maltraitées par des sadiques. Il est loisible d’ajouter que la bataille de Lépante à permis de libérer 12 000 esclaves chrétiens enchaînés aux galères turques. Nous ne sommes pas des enfants de cœur mais il y a des limites à l’hypocrisie et à l’irénisme de nos fonctionnaires-politiques à vie. Très justement il serait loisible que nos gouvernants attendent des excuses des autorités musulmanes de ces pays puisque politique et religion ne font qu’un dans ces pays ! Les portes de la miséricorde devraient s’ouvrir à deux mains.

  • Nodralg

    31 mai 2020

    Je me demande si beaucoup se souviennent que nous sommes en 2020 et qu’en 2020 le monde entier nous taille des croupière industriellement parlant, dans un silence de cathédrale. Il est certain que La vente d’Alstom, de ,Pechinet de Technip, Lafarge, Latécoère, Renault, sont indiscutablement de très haut fait de ….. désastre tant nous sommes les meilleurs.
    Ainsi nous continuons à nous regarder le nombril et à nous auto encenser sur la base de faits d’y il y 800 ans pour occulter l’actualité. Merde comment ai je pu vivre dans tant d’ignorance.
    Notre grand timonier penseur, n’a t’il pas dit que nous étions en guerre et vous nous parlez de Vercingétorix ???
    Bien venue dans le monde du Bisou nours!
    Une grande partie de ma famille, à l’image d’autres, s’est expatriée, soit en Suisse, aux U.S. ou en Allemagne. Ce sont surement tous des ânes.
    Cordialement.
    H.G.

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  • Homo Orcus

    31 mai 2020

    Monsieur Noé, j’apprécie vos analyses mais
    « à quand un film sur Leclerc ?  »
    Leclerc n’est qu’un soldat d’opérette, la danseuse de De Gaulle.

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    • Robert

      1 juin 2020

      Leclerc un soldat d’ opérette ? Humm… Je ne voudrais pas être désobligeant mais j’ ai des doutes sur la qualité de votre jugement…

    • breizh

      1 juin 2020

      la légende a sans doute dépassé la réalité historique.

  • Steve

    30 mai 2020

    Bonsoir M. Noé
    Dans notre roman national, la « France » entre dans l’histoire par la défaite d’Alésia, Ainsi, c’est grâce à la défaite que la civilisation gréco- romaine a pu s’implanter durablement chez nous.
    Longtemps je me suis couché de bonne heure, Vercingétorix jetant ses armes aux pieds de Jules César…. les premières phrases des romans donnent le ton , et deux mille ans après Alésia, la défaite de 1940 nous ramène les nouveaux romains . Et Poulidor est préféré à Anquetil le vainqueur. Cette tendance de civilisation l’emporte sur nos héroïsmes ponctuels de Roland à Leclerc, et seuls ces actes d’héroïsme rééptés tout au long de l’histoire nous sauvent de la défaisance. Hélie Denoix de St Marc et non Messmer.

    Quoi de neuf sous le soleil?
    Cordialement.

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  • ;

    30 mai 2020

    Bonjour monsieur, sans lire les autres commentaires, pour ne pas en subir l’influence, je me réjouissais de découvrir la suite de votre rédaction.
    En effet votre introduction me laissait présager une tribune dans l’esprit de Saint-Exupery qui dit:  » Ont ne se bat pas CONTRE …. des idées, mais POUR …! ».
    Quel choque, votre rédaction est digne de celle d’un comptable.
    Pascale Bruckner que j’adore lire , écrivait:  » il faut ré-écrire l’histoire de france « , dans le sens que vous rédigez.
    Là également quelle déception.
    Hélas, depuis deux siècles et demi la fameuse france ne vit sur les acquits du siècle des lumières, celle dont ont parlais la langue de Saint-Pétersbourg à San Fransisco et de la Libye (jusqu’en 1956) aux frontières du Canada) et que depuis, elle n’a plus rien réalisé en autonomie.
    Relisez les historiens Allemands, Anglais, Africains, Australiens, Canadiens,qui vous commenterons dans le détail ce que furent les français durant ces époques là.
    L’un des accélérateur de la deuxième guerre mondiale sont bien les français ( G. Clémanceaux (socialiste ) mandaté par la france pour refuser un allègement des sanctions) qui dans le traité de Versailles avaient exigé de mettre plus bas que terre le peuple Allemand qui n’était loin s’en faut pas adhérent au troisième Reich.
    En résumé, fort avec les faibles ( le générale Bugeau et autres spécimens métropolitains les le Pen et autres ayant gravé avec et dans la sang leur ignominie ) et faible avec les forts.
    Il faut, sauf erreur de ma part ne rien connaitre ou être un vaillant zélé de la makronie pour avoir le toupet de ré-écrire de façon aussi péremptoire et ignorante l’histoire.

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  • CA

    30 mai 2020

    Je pense que la Victoire de Guerre est partiellement indigne de commemoration. Le sang d’innoncent (riverains) étant parfois mêlé aux combats parfois légitimes.

    La commération des défaites a un sens pour les combattants ayant donné leur vie (pour une victoire non obtenue finalement). C’est une compensation qui encourage Les gens de l’armée dans leurs engagements héroïaues (il faut le rappeler).

    La Victoire qui Sera digne d’être célébrée sera celle de la Guerre sans mort. Ce sera une stratégie et un exploit tel qu’il fautdra bien s’en réjouir et s’en inspirer fréauemment.

    Je ne crois pas aux noms de faibles (je sais que vous tirez le trait) parce que les victimes cherchent la Victoire (par l’attention, la compensation financière ou même le renversement de situation…). Je crois plus à l’arrivée de noms liés aux péchés capitaux (on le voit déjà dans les noms d’entreprise) mais c’est un autre sujet 🙂

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  • Alexandre

    30 mai 2020

    Est-ce aux vainqueurs d’écrire l’histoire ?

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  • Sangmelima

    30 mai 2020

    Merci encore une fois au site de Charles Gave et à ses collaborateurs rédacteurs…
    Je suis ravie de lire cet article et ravie également de constater que mes propres observations (de bon sens et de curiosité d’histoire approfondie) sont confirmées par l’auteur.
    Oui, on vit une époque, et plus particulièrement en France, immergé dans un goût plus que douteux pour la victimisation.
    Moi-même, agressée très sérieusement trois fois dans ma vie (viols dont un à main armée de révolver) ai toujours refusée d’être affublée du qualificatif de victime ! Ce qui n’empêcher nullement de dénoncer et de se batailler si nécessaire pour que ce genre de méfait soit définitivement punis à l’aune de sa gravité. Mais se présenter avec un écriteau « je suis une pauv’e victime, plaignez-moi ! » me révulse.
    Et bien entendu, le cirque de font les néo féministes fait plus de mal aux femmes que la dignité courageuse qui invite à se battre mais sans jérémiades.
    La victimie est indiscutablement une manipulation politique à visée de gains parfaitement inverse à ceux qu’attendent justement les victimes avérées…
    Salutations et soutien

    Répondre
  • Rara29

    29 mai 2020

    Merci Monsieur Noé pour ce nouvel article. Le livre d’Erwan Bergot sur la bataille de Bir Hakeim nous fait vivre la préparation et la bataille de l’intérieur, avec des anecdotes sur des héros ordinaires, aussi bien que sur des personnalités comme Messmer. Si mes souvenirs sont exacts, un français qui a été fait prisonnier lors de la fameuse sortie, a combattu jusqu’à la dernière balle et a jeté son pistolet de rage à terre devant des Allemands admiratifs. J’aimerai tellement un film sur cette bataille, sur celle de Camerone, et tant d’autres ! Kevin Mayer est en effet extraordinaire, quel champion ! Cizeron et Papadakis ont aussi un palmarès impressionnant en patinage, mais sont peu connus du grand public. Pourtant, ils surclassent les autres en terme de créativité notamment. Leurs concurrents directs s’inspirent clairement d’eux pour essayer de leur ravir la première place. Je recommande à tous de regarder leur performance lorsqu’ils ont remporté leur premier championnat d’Europe, puis du monde, avec le concerto pour piano numéro 23 de Mozart.

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  • Yann L.

    29 mai 2020

    Bonjour Monsieur Noé,

    votre analyse est convaincante et les exemples sur notre histoire nationale sont très éclairants. Plus récemment, la participation de la marine française aux commémorations de la bataille de Trafalgar le 28 juin 2005 rentre parfaitement dans cette triste logique. Comble de l’histoire, une semaine après, Londres était désigné ville hôte des jeux olympiques de 2012 coiffant Paris au poteau dans des conditions plus que discutables. On pourrait aussi ajouter la discrétion de la représentation française au plus haut niveau de l’état aux commémorations de la victoire d’Austerlitz toujours la même année. Étant dans le début de la vingtaine à ce moment là et patriote dans l’âme, je me souviens très bien du sentiment d’humiliation et de ce qu’il faut bien appeler de ressentiment envers la trahison de nos élites à ce moment là. Le temps fait son oeuvre mais ces éventements sont révélateurs de l’esprit d’une époque. Celle d’une France d’un Chirac mal réélu qui après nous avoir redonné un sursaut de fierté nationale en n’entraînant pas les troupes françaises dans le fiasco irakien en 2003 avec un panache gaullien, enchaîne une fin de règne dans un ambiance brejnevienne. Le parallèle avec nos voisins britanniques rayonnant dans ce qu’on a appelé la cool britania au même moment est frappant.

    Pour les comparaisons sportives, je reste plus perplexe. Si le souvenir de Poulidore est recevable mais je garde en mémoire la cruauté envers Aimé Jacquet avant la coupe du monde de football victorieuse de 1998. Certes l’homme semblait mal à l’aise devant les caméras et son élocution et ses phrases alambiqués n’aidaient pas la cause. D’ailleurs, le journal l’Équipe ne lui pardonnera jamais sa victoire. Prenons aussi l’exemple du traitement ignoble réservé à Marie-Jo Pérec aux jeux olympiques de Sydney. Après les éloges mérités pour ses victoires aux jeux d’Atlanta 4 ans auparavant, la voilà jetée aux lions sans vergogne. Dernier exemple en tête, je suis convaincu que le sort réservé à Didier Deschamps si la France n,avait pas gagné la dernière coupe du monde aurait été bien différent. Échaudé par la jurisprudence Aimé Jacquet qui invitait à la retenue, j’ai l’intime conviction que nos journalistes sportifs ce seraientt fait un malin plaisir de lâcher les chiens et tirer sur celui qu’il considère comme une sorte de cul-terreux à la dentition malheureuse et l’entretien négligé. Bref, s’il nous arrive de louanger l’éternel second Poulidor, nous avons aussi cette fâcheuse tendance a lâcher et lyncher nos vrais gagnants.

    Par contre, vivant depuis 15 ans au Québec, j’ai eu le plaisir amer de lire les récits de certains journalitses étrangers en France qui observaient avec amusement et perplexité, l’entousiasme un peu loufoque de nos compatriotes pour des records du monde un peu insignifiants. Qui ne se souvient pas du sourire radieux de Claire Chazal ouvrant son J.T. de 20h00 sur l’exploit de tel ou tel français ayant réussi des exploits comme ayant grimpé la tour Burj Khalifa à Dubai en 12 minutes 23 secondes ou le record de la traversée sur un filin entre deux tours ou encore le plus long lancé de petites cuillères au sommet des Alpes. Bon j’exagère un peu naturellement mais c’est pour illustrer notre fâcheuse tendance à nous enthousiasmer pour de fausses victoires, des sortes de médailles d’or du pauvre comme si nous n’étions plus capable de vrais victoires en nous réfugiant dans l’encensement exagéré de drôle de gagnants.

    Je tire de tout cela le sentiment d’un pays déboussolé ne sachant plus à quels saints se vouer le tout sur fond de trahison des clercs. Commémorations de défaites, gênes à célébrer nos victoires, enthousiasme pour des éternels seconds ou de faux premiers et finalement une hargne envers de vrais gagnants, tout cela dessine le portrait d’un peuple porteur de terribles querelles internes et sans boussole nous portant naturellement vers un pessimisme duquel nous devons nous garder. En effet, nous avons été capables de revirements tout aussi heureux qu’inattendus dans notre histoire qui pourraient nous porter vers un optimiste tout aussi trompeur. Qui aurait pu imaginer cette vieille fripouille de Talleyrand sauver la France au congrès de Vienne mais surtout de Gaulle qui a transformé une défaite en victoire. C’est sur deux citations de ce dernier que j’aimerais terminer ce long commentaire. Tout comme Churchill et son fameux ‘black dog’ qu’il a combattu toute sa vie, de Gaulle a faillit croire que tout était foutu. Ces deux hommes avaient le sens du tragique chevillé au corps mais aussi une incroyable capacité à le conjurer par une volonté extraordinaire. À nous français il disait de nous  »Vieile France, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau ! Vieil homme, recru d’épreuves, détaché des entreprises, sentant venir le froid éternel, mais jamais las de guetter dans l’ombre la lueur de l’espérance ! » espérance envers celui ou ceux que nous célébrerons car ils savent ‘qu’on ne fait rien de grand sans de grands hommes, et ceux-ci le sont pour l’avoir voulu’.

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  • ADRIAN

    29 mai 2020

    Dans une époque efféminé où les mâles se rasent les aisselles et autres, la société change de cap, de sadique elle devient masochiste. Dans une société où le femmes s’amusent criant « viol » dans tous les coins de rues et les hommes répondent Amen, il ne faut pas s’étonner que la défaite s’appelle victoire et vice versa. On marche sur la tête jusqu’au moment du réveil quand le matriarcat devient à nouveau patriarcat.

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  • Isabelle

    29 mai 2020

    Pour une fois j’agrée votre travail. Regardez le « sort » des otages : ce sont par exemple des gens qui ont volontairement fait abstraction des recommandations gouvernementales, qui ont été attrapés par des « rebelles », dont le guide est mort, qui ont occasionné des pertes dans les rangs de nos troupes ET POURTANT ils sont reçus par les autorités, auréolés par la les écolosocialocitadins, encensés par la presse…
    Ce monde à l’envers ne me plait guère…

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  • Koui

    29 mai 2020

    Je partage le point de vue de l’auteur ayant observé le phénomène au cours de ma vie. On est passé de l’exaltation des héros de la Résistance, de la lutte anti-coloniale et des luttes ouvrières, au culte des victimes de la collaboration pétainiste, du communisme, du nazisme, de la pauvreté, du racisme… En fait, nous avons besoin d’exemples positifs à imiter plutôt que de rancœurs rances à remâcher et à cracher. Le meilleur moyen de s’éloigner du mal est encore d’avancer avec décision vers le bien.

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  • EMMANUEL DVDH

    29 mai 2020

    En lien avec votre excellent article, lire Les Pages de Gloire de Pierre Nord, un livre qui parle de l’héroisme francais comme il n’est pas enseigné a l’école, un livre important de notre histoire, sur le sacrifice, le courage et la victoire avec nos vrais héros. Pour répondre a Breizh, je pense en effet que la culture de l’excuse de la gauche et la haine de soi qui a été institutionalisée depuis des décennies sont fortement responsables de ce culte de la défaite.

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  • Tib

    29 mai 2020

    Victimisation, culpabilisation, expiation, pénitence, défaitisme. Pourquoi toutes ces notions tiennent-elles le haut de l’affiche ? Et même mieux, quels intérêts cela sert-il ? Dans l’Étrange Défaite, que vous évoquez, Marc Bloch nous donne, il me semble un début de réponse :

    « A vrai dire, que les partis qualifiés de « droite » soient si prompts aujourd’hui à s’incliner devant la défaite, un historien ne saurait en éprouver une bien vive surprise. Telle a été presque tout au long de notre destin leur constante tradition : depuis la Restauration jusqu’à l’assemblée de Versailles. »

    « La haute bourgeoisie se plaignait volontiers d’avoir perdu tout pouvoir. Elle exagérait beaucoup. Appuyé sur la finance et la presse, le régime des « notables » étaient toujours en poste. »

    Que peut-on y voir ? Les régimes qui développent ces idées sont ceux qui arrivent après une période ou des évènements révolutionnaires dans lesquelles le peuple a été un acteur majeur. La Restauration est une période où un régime monarchique est imposé par la coalition européenne qui a vaincu Napoléon. La monarchie de juillet qui lui succède, se met en place suite à un hold up sur la révolution de 1830. Le régime de Vichy prend place après les années 20 et 30 où des mouvements populaires avaient mis en place le cartel des gauches puis le front populaire. On pourrait prendre des exemples remontant à l’Antiqué avec la fin de l’empire romain en occident ou les cités grecs face à Rome. Tous ces exemples ont en commun que les classes dirigeantes ont cessé de croire en leur patrie (et qu’une part substantielle de leurs intérêts en est en dehors) et ne peuvent espérer se maintenir à terme que par une intervention étrangère. En conséquence, le seul ennemi contre lequel il convient de lutter c’est son propre peuple. Et donc quoi de mieux pour que le peuple se tienne tranquille que d’entretenir dans la mentalité populaire toutes ces notions que j’évoquais au début. C’est vrai à quoi bon tenter qqchose, se révolter puisque il n’y a que l’échec au bout. Autant accepter son sort, ça évitera : du sang et des larmes. Comme certains disent de nos jours…

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    • Passim

      29 mai 2020

      Ce que vous décrivez, en un mot, c’est la cosmopolitisme.

    • Vincent P

      29 mai 2020

      Dans votre réécriture de l’histoire, Tib, on dirait que c’est les pouvoirs en place qui déterminent la pensée populaire, comme s’ils étaient touts-puissants et mentalistes, comme si il n’y avait qu’une seule pensée populaire, qu’une seule dynastie de puissants et aucun dynamisme dans les systèmes (changements de camps, prises ou pertes de pouvoir, etc.)

    • Tib

      29 mai 2020

      Vincent P, maintenant que vous le dites, en me relisant on pourrait le croire. Je vous rassure tout de suite les pouvoirs en place ne sont en rien tout puissant et mentalistes pour moi. Ils semblent plutôt bêtement répétés les même schémas. L’essai, Le secret de l’Occident de David Cosandey indique clairement à mes yeux qu’il y aurait une certaine cyclicité des évènements (à des échelles variées) et pratiques à travers le temps.

  • frederic

    29 mai 2020

    Bonjour,
    Merci pour cette analyse.
    Parfois , les résultats finaux, les palmarès importent peu. Une autre chose se dégage au delà du résultat ou du palmarès … etc
    Autres exemples pour illustrer votre belle article:
    – La bataille du 30 avril 1863 à camerone, symbole ultime de la détermination et du courage de la LÉGION ÉTRANGÈRE .
    – Le footballeur Tomas « trinche » Carlovich, considèré comme l’un des plus grands footballeurs et véritable icône en Argentine alors qu’il n’a joué que 4 matchs en pro. A sa mort, il y a de cela quelques semaines , Maradona a dit : « il était meilleur que moi »….
    Bonne journée

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  • breizh

    29 mai 2020

    Merci monsieur Noé. Est-ce l’influence du marxisme (le pauvre prolétaire exploité par le capitaliste) ?

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    • Robert

      29 mai 2020

      Tib. + 1

    • Vincent P

      29 mai 2020

      Cette image est très marxiste en effet mais l’influence me parait discutable puisqu’il y a chez Marx et Lénine une forte notion de valeur et de pensée gagnante. Je ne vais sans doute pas plaire à l’auteur d’un libéral nommé Jésus mais je vois des racines de la victimisation dans le nouveau testament. Beaucoup de passages des évangiles vont dans ce sens, et quand on lit les théologiens des premiers siècles, il y a parfois des passages où la victimisation est flagrante (notamment chez Tertullien).

    • Vincent P

      29 mai 2020

      Je complète ma pensée en disant que la lutte contre les hérésies est souvent liée à la victimisation (nous sommes victimes des hérétiques qui perdent nos enfants). Je ne dis pas ça pour critiquer les chrétiens, puisque je pense que la lutte contre les hérésies et la victimisation a changé de camp. Je dis simplement qu’il y a une racine à analyser.

  • Thierry Balet

    29 mai 2020

    Joli papier effectivement. Ai-je tord de prétendre que nous avons créé avec le temps une société faible, préférant ainsi l’éloge de la faiblesse? Il me semble parfois que la fin d’une société dite « patriarcale » au profit d’un « féminisme » ambiant nous rend justement moins courageux……..

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  • Xavier L

    29 mai 2020

    Je ne vous conseille pas le travail, mais la lutte. Je ne vous conseille pas la paix, mais la victoire. Que votre travail soit une lutte, que votre paix soit une victoire !

    Nietzsche – Ainsi parlait Zarathoustra

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