15 mars, 2016

Les taux administrés ne font que soutenir pour un temps l’endettement des États

En Europe, Mario Draghi va désormais payer les banques pour qu’elles prêtent de l’argent à des entreprises, le QE (Quantitative Easing) est porté à 80Md€ par mois. On va donc continuer à vivre avec des taux d’intérêts qui sont faux et des taux de change qui sont manipulés. Le capitalisme ne peut pas vivre sans coût du capital. Les taux d’intérêt trop bas, trop longtemps, cela produit de la fausse croissance qui incite à une mauvaise allocation d’actif et se termine toujours par une bulle. En attendant les marchés oscillent en permanence entre l’espoir et la peur d’une prochaine action des banques centrales.

 

L’Europe va toujours mal sur le plan économique, mais heureusement,  il y a de très belles valeurs qui font encore de la croissance : Automobile & Equipementiers: Peugeot; Banques : Natixis; Matières Premières : UPM Kymene; Construction : Actividades de Construccion y Servicios , Wienergerger; Services financiers: Intermediate Capital Group; Produits industriels & Services: Adecco, DSV, ISS, Randstad, Smurfit Kappa Group; Media: Mediaset Espana Communication, Mediaset SpA , Shibsted, TF1 ; Pétrole : Eni, OMV; Immobilier : Gecina, Unibail Rodamco, Wereldhave; Distribution : Metro; Technologie: Atos; Telecommunications: Deutsche Telekom, Telecom Italia ; Tourisme: Acccor, Deutsche Lufthansa, Easyjet, Ryanair

 

Le nouveau recul du gouvernement français est un échec très grave

 

En France, la loi El Khomri,  censée être un exemple de la capacité du Président et de son premier ministre à réformer l’économie française sera un échec de plus, tant le texte sera dépouillé de toutes ses dispositions qui introduisaient un peu de flexibilité dans le monde du trvail. Il ne devrait en effet pas rester  grand chose du texte initial.

 

La démission de deux dirigeants à l’EDF et à la SNCF permet de montrer les que les instructions contradictoires de leur actionnaire l’Etat, ne permettent absolument pas de gérer convenablement ces entreprises. .

EDF et la SNCF sont les bastions de la résistance à la réforme. Le meilleur exemple est probablement leur régime spécial de retraite qui pompe la caisse des salariés du privé comme un parasite gourmand avec la complicité de l’Etat. Cela permet de pérenniser les privilèges exorbitants dont ils bénéficient : calcul de la pension sur les 6 derniers mois de traitement ; garantie du montant de la pension garanti ; départ dès 50 ou 55 ans pour près de 94% des agents (la réforme reportant l’âge de départ à 52 ou 57 ans ne recevra un début d’exécution qu’à partir de 2017.

 

La fameuse Caisse des Activités Sociales (CCAS) qui est le comité d’entreprise d’EDF perçoit 1% du chiffre d’affaires de tous les producteurs d’électricité et de gaz en France  331M€ en faveur de l’EDF, ce qui représente 8% de la masse salariale. Dans le secteur privé la contribution des entreprises est d’environ 0,2% de la masse salariale ce qui représenterait 8M€. L’économie réalisée serait donc de 323M… Le premier ministre fait face aux syndicats, aux divisions du PS et aux étudiants…Pour tenter d’amadouer les syndicats qui ne représentent pour l’essentiel que les fonctionnaires,  leur point d’indice va être significativement augmenté.

 

En Allemagne, la Chancellière Angela Merkel est sur la corde raide. Les trois élections régionales du 13 mars avaient une valeur de test. Sa politique d’accueil des migrants en coopération avec la Turquie a sapé sa popularité. Elle a confié les clefs de l’immigration en Europe à la Turquie. Ce qui est vécu comme une sorte de trahison.

 

Les sociétés US avec un bilan solide sont recherchées

 

Aux Etats Unis, les sociétés qui offrent un bilan solide font partie de celles qui sont le plus appréciées par les gérants. Parmi les valeurs américaines figurent :  Technologie: Facebook, Alphabet (ex Google), Master Card, Texas Instrument, Accenture ; Santé: Intuitive Surgical, Regeneron, Bristol Myers Squibb; Consommation: Michael Kors, Starbucks, Nike, Colgate Palmolive, Estee Lauder Companies , Sysco, Costco Wholmesale ; Industriel: 3M Co ; Energy: Schlumberger, Exxon Mobil ; Telecommunications: Verizon, AT&T

 

La Chine est le premier bénéficiaire de la baisse de l’énergie

 

La Chine réduit la voilure dans l’acier et le charbon. L’acier chinois paie le prix du coup de frein de l’économie. Dans les infrastructures il faut fermer des excédents de production qui se trouvent pour l’essentiel en Chine du nord.  ArcelorMittal  en Europe est véritablement laminé par la crise. Fortement endetté, le leader mondial de la sidérurgie doit procéder à une augmentation de capital. Sa capitalisation ne représente plus que 8Md€ soit trois fois moins qu’en 2006 au moment de la fusion entre Mittal Steel et Arcelor.

Tout cela ne doit pas cacher le bon comportement économique de la Chine du Sud.

Si le marché chinois est en baisse de 19,2% depuis le début de l’année, ce n’est pas le cas de plusieurs marchés émergents comme le Brésil (+12,2% en monnaie locale et + 20,2% en USD), la Thailande (+8%), la Colombie (+ 12,3%).

Quand on souhaite être exposé à la Chine il vaut mieux le faire via des valeurs européennes, américaines et Japonaises qui réalisent une partie importante de leur chiffre d’affaires avec la Chine.

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

4 Commentaires

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  • Herve Ragagnon

    18 mars 2016

    Bonjour,
    J’apprécie vos analyses et vos idées d’investissement mais je souhaitais faire deux remarques. Vous soulignez à juste titre l’artificiel régime des taux d’intérêt organise par les banques centrales alors comment justifier votre choix de sociétés immobilières telles Unibail dont la valorisation est soufflée par le dit régime ? Elle vaut 125% de son actif net… Ensuite, pardonnez moi mais j’ai failli avaler de travers a vous lire citer Natixis en tant que belle valeur!
    Je rajouterai à votre liste les sociétés suisses majeures injustement frappées par la force du franc suisse; cela maintenant plus d’un an et les comparaisons de chiffres vont cesser d’être aussi défavorables. Franchement Nestle ou Novartis avec des Equity yields de 5% et des rendements de 3.5, 4%, cela a une autre allure que les emprunts d’Etat, non?

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  • Roger Duberger

    17 mars 2016

    Cher Monsieur, je vous remercie pour votre billet, ainsi que Mr Gave dont je lis aussi tous les articles. Mon avis n’a que peu d’importance car je ne suis pas un économiste. Je trouve que ce que vous écrivez me parait cohérent. Il y a une chose que je ne comprends pas : Où passe l’argent du quantitative easing ? Je ne crois pas que cet argent aille dans l’économie réelle ? Peut-être reste t-il dans les banques pour s’investir sur des produits financiers (dérivés, ETF ?). Ou est il prêté aux états pour leurs dépenses de fonctionnement ? Pouvez-vous m’éclairer ?
    Merci

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    • idlibertes

      20 mars 2016

      Bonsoir,

      L’argent est en grande partie utilisé pour servir la dette des Etats. une sorte de serpent qui se mort la queue.

  • riz

    16 mars 2016

    En Allemagne notons aussi que l’économie ralentit , l’ocde vient de downgrader la croissance 2016 de 1.8% à 1.3% gros coup de frein donc ce n’est pas une petite révision à la baisse .
    Au Brésil c’est la bombe à retardement de l’Amérique du Sud , la Grèce de ce continent .Je m’attends à 100% d’endettement d’ici 2020 mais avec leurs taux d’î c’est intenable , déjà 45% du budget fédéral va à la dette , la dernière fois avant le boom des matières premières qui les a sauvé , ils étaient assez fortement endettés mais avec la déplétion des commodities , la hausse des taux à venir aux us dorénavant c’est mort , le Brésil c’est à surveiller comme le lait sur le feu probablement l’un des pays les plus fragiles et systémiques de la planète .On se souviendra du Mexique au début des années 80 qui avait mis la bronca .

    La Chine va mettre à la porte 5 millions de personnes des entreprises d’Etat dans le charbon et l’acier, le béton , pour l’acier c’est une perte de production donc de pib , et pour le charbon si on remplace 3 millions de personnes par 2 ou 3 centrales nucléaires le compte n’y est pas .Dans ces secteurs ils vont y perdre en pib au final .
    Arcelor Mittal est au bord de la faillite , il y aura des licenciements importants en France .L’acier chinois y est pour beaucoup .La Chine est un monstre de la production et un vent de surproduction chez eux c’est la tempête en Europe, on se souviendra des panneaux solaires il y a 4 à 5 ans maintenant c’est l’acier avec arcelormittal , vallourec etc …. après ce sera ….
    Si tous les grands pays d’Europe ont réformé autour de nous leur marché du travail , il ne s’agit pas d’être libéral ou marxiste mais si vous ne le faites pas les investisseurs étrangers se détourneront un peu plus de la France or on ne peut faire l’impasse sur les investissements étrangers quelle que soit l’économie .

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