7 septembre, 2017

Les livres qu’il faudrait avoir lu (3)

Régulièrement, Jean Jacques Netter, Vice Président de l’Institut des Libertés, publie les notes de son cahier concernant les ruptures économiques, les frictions géopolitiques, les fractures idéologiques et les évolutions technologiques de notre société. Cela peut permettre, essentiellement à partir de livres qui ne s’inscrivent pas forcément dans le court terme ou le politiquement correct, de regarder la réalité telle qu’elle est aujourd’hui ou de faire apparaître de nouveaux angles d’évolution…

Points de fractures idéologiques:

Le grand cycle démocratique serait menacé par l’égoïsme individuel

Démocratie : dans son dernier livre « Le nouveau monde: L’avènement de la démocratie tome IV » Marcel Gauchet montre que  le monde d’hier où la religion et le politique faisaient la loi a cédé la place à un monde où l’économie et la technocratie  règnent en maître…

D’après Raffaele Simone le cycle démocratique vieux de deux siècles serait arrivé à son terme.  Il décrit dans son livre « Si la démocratie fait faillite » l’épuisement d’une des plus belles inventions humaines. L’Union Européenne n’est pas là pour nous défendre contre les effets de la globalisation, mais se fait plutôt le valet du capital international et des banques écrit le professeur émérite de linguistique à l’Université Roma Tre… 

Antisystème : les réseaux sociaux qui fonctionnent dans la réactivité font écho à un type d’individualité qui vit dans l’événementiel et cherche à faire valoir sa propre image. Pour Jean Pierre Le Goff dans son livre « Malaise dans la démocratie », l’antisystème est une réaction symptomatique à l’ignorance et au mépris dont fait preuve une partie des élites vis à vis des préoccupations et des angoisses des perdants de la mondialisation…

Nation : Spécialiste de la Grèce antique François Hartog fait partie de ceux qui réfléchissent à l’évolution de notre rapport à l’histoire. Dans son livre « La nation, la religion, l’avenir », à partir d’Ernest Renan, il nous rappelle qu’avant la révolution, le passé éclairait l’avenir. Pour savoir où on allait on commençait par se tourner vers lui pour y voir clair. A partir du XXIème siècle on a préféré regarder le présent et partir pour l’Amérique. Renan prévoyait selon Hartog, dès cette époque « une baisse de l’esprit national face à un égoïsme individuel toujours croissant…

Déconstruction : une centaine d’historiens sous la direction de Patrick Boucheron  ont entrepris la déconstruction du roman national de la France. Il faut laisser la place selon eux aux progressistes, cosmopolites, féministes, antiracistes, multiculturalistes. Les auteurs du livre « Histoire mondiale de la France » ont du mal à sortir de leur gangue idéologique qui les amène à relativiser la grandeur du passé de la France, à n’insister que sur les heures sombres et bien sûr nier tous ses héros dans une entreprise de dissolution de la France en 800 pages…

Le mal être de la société française provient en grande partie de l’Etat providence

Etat providence : dans un monde malthusien on se battait pour répartir les places, pour niveler par le bas au nom de la justice. Dans le monde qui vient décrit par Erwan Le Noan dans son livre « La France des opportunités » l’équité exigera plutôt de lever les barrières à la mobilité pour récompenser le mérite. Le mal être dans la société française est le fruit de l’Etat- providence. Bâti après la guerre, il a évincé avec impérialisme toutes les structures sociales traditionnelles et annihilé toutes les solidarités directes entre individus… 

Conservateur : la fierté d’être conservateur est bien mise en valeur dans le livre de Guillaume Perrault « Conservateurs, soyez fiers » Il y a selon lui dans le conservatisme une défense de la dignité des gens ordinaires qui travaillent beaucoup, aiment leur pays et leur famille. Ils en ont assez de voir les ingénieurs sociaux identitaires et psychologiques chercher à les rééduquer…

Populisme : en France, l’événement fondateur de la poussée populiste a été la victoire du non  au référendum sur le projet de traité constitutionnel européen. Tel est le point de vue d’Alain de Benoist dans son livre « Le moment populiste. Droite -gauche c’est fini » Depuis 2005 le même scénario se répète, la droite dit de voter oui, la gauche dit de voter oui, tous les grands medias disent de voter oui et le peuple dit non….

Emmanuel Macron n’a pas encore réinventé le libéralisme de gauche

Libéralisme de gauche : dans son livre, « La gauche, la droite et le marché » l’économiste anglais David Spector explique pourquoi le libéralisme de gauche ne s’est jamais implanté en France. Selon lui à gauche on continue à penser que le marché c’est de droite sauf quand il s’agit du consommateur. Emmanuel Macron pourrait selon lui pratiquer une politique sensible à la question des inégalités et favorable au marché…

Progressisme : Bérénice Levet fustige les idées progressistes et leur impute l’avènement d’une société sans mémoire incapable de transmettre le moindre héritage. Dans son dernier  livre « Le crépuscule des idoles progressistes » elle explique que l’occident souffre d’une liberté revendiquée sans fondement ni racines. Ce qui est beaucoup plus grave, selon elle c’est que Emmanuel Macron a programmé l’obsolescence de la nation française…

Droite antilibérale : Michel Winock dans son livre « La France républicaine. Histoire politique XIXème-XXIème siècle » s’intéresse aux différents avatars de la droite antilibérale qui ressurgit régulièrement, depuis le général Boulanger jusqu’au Front National en passant par les ligues  et les mouvements des années 30. Le plus intéressant selon lui est le « Parti Social Français » mouvement de masse du Colonel François de La Roque qui rassemblait 1M d’adhérents en 1939…

Antagonismes français : dans son dernier livre « Antagonismes français », Marc Crapez poursuit son combat  contre la gauche qui impose un climat sectaire où l’on ne peut plus rien dire pas même que l’on voudrait « un renouveau » total de la « pensée française » Pour lui les  citoyens de droite ne doivent pas craindre la gauche, ses médias tendancieux et ses intellos méprisants…

Le communisme a laissé la place à l’islamisme et aux extrémismes

Communisme : selon Enzo Traverso spécialiste de la mémoire d’Auschwitz et des penseurs nomades juifs allemands comme Walter Benjamin et Siegfried Kracauer, l’ancienne utopie communiste a laissé aujourd’hui la place à l’islamisme et aux extrémismes. Dans son dernier livre « Les nouveaux visages du fascisme » il montre que certains pouvaient penser que la gauche allait changer le monde. C’est le monde qui a changé la gauche. Dès qu’elle arrive au pouvoir elle ne fait selon lui que conforter l’ordre dominant du néolibéralisme.

Soft totalitarisme : le triomphe du soft totalitarisme arrive selon Natacha Polony. L’école est en berne, le néolibéralisme annihile nos identités, l’Europe détruit les états, la démocratie est en panne, Le communautarisme ronge les nations. La globalisation sans limites nous conduit à une impasse et nous vole notre liberté et notre identité. Voilà le constat fait par Natacha Polony dans son livre « Bienvenue dans le pire des mondes »…

Islamistes : Roger Scruton, chef de file d’une tendance conservatrice en Grande Bretagne s’est éloignée du thatcherisme dans son intention de rééquilibrer les questions morales par rapport à l’économie. Il explique dans son livre « De l’urgence d’être conservateur » que les islamistes qui pratiquent le terrorisme se sentent offensés par la vue des gens qui s’amusent et qui acceptent le monde. Leur religion dans sa forme extrême est un rejet du monde…

Fascisme islamique : beaucoup de musulmans sont contre l’Etat islamique mais ils ne s’opposent pas à l’idée du Califat et à la Charia. Pour Hamed Abdel-Samad né en Egypte auteur  du livre « Le fascisme islamique : une analyse », l’islamisme serait le totalitarisme de notre siècle. Un essai courageux qui dénonce les aspects despotiques de l’islam. La question de l’islamisme modéré est caduque. L’islam est né et demeure politique. Le législateur c’est Dieu pas l’homme…

L’Occident doit revoir ses rapports avec l’islam

Islamisme sunnite : pour résister à l’offensive théocratique et totalitaire dont il, fait l’objet, l’Occident doit de toute urgence redéfinir les menaces et revoir ses alliances et visions stratégiques. Dans son livre « Les vrais ennemis de l’Occident » Alexandre del Valle  du Center of Political Affairs explique que l’alliance avec l’ islamisme sunnite (Arabie Saoudite, Quatar, Koweit, Pakistan, Turquie…) est une lourde  erreur. L’Arabie Saoudite a investi 75 Md$ dans la promotion du salafisme dans le monde…

Fanatismes : philosophe et psychanalyste, figure de la gauche israélienne Carlo Strenger vient de publier un essai « Le mépris civilisé » dans lequel il exhorte les gauches européennes à défendre les valeurs humanistes face aux fanatismes et aux extémismes. Pour lui, les arguments de Badiou et de Zizek nous poussent vers un totalitarisme de gauche.

Islamisation de la France : Philippe de Villiers dans son livre « Les cloches sonneront-elles encore  demain ? » nous propose sa version de la vérité sur l’histoire de l’islamisation de la France. Pour lui, la nation est un roman d’amour fondé sur les beautés françaises. Il pense souvent à cette phrase de Romain Gary qui raconte son coup de foudre pur la France « je n’ai pas une seule goutte de sang français mais la France coule dans mes veines » …

Salafisme : Gilles Kepel chercheur internationalement reconnu et condamné à mort par les islamistes avait été évincé de Science Po par Richard Descoings qui avait supprimé le Département d’Etudes du monde arabe ! Dans son dernier livre « La Fracture » il montre que certaines municipalités considèrent que les salafistes permettent d’assurer l’ordre et de lutter contre la délinquance…

Immigration : Rome a été confrontée à la fin du IVème siècle à un afflux de réfugiés fuyant la guerre.  Pour Michel de Jaeghere dans son livre  « Les derniers jours, la fin de l’empire romain d’Occident », ses intellectuels et sa classe politique de l’époque y ont vu l’occasion de présenter cette immigration sous les apparences de la bienfaisance et d’une chance pour l’Empire romain. Ils n’avaient pas mesuré les conséquences pour l’équilibre du monde romain.… 

Femme : Le très courageux Kamel Daoud vient de publier « Mes indépendances. Chroniques 2010-2016 » C’est un recueil de 180 textes parus dans le Quotidien d’Oran. Il décrit très bien la situation de la femme : « Dans le monde d’Allah, la femme est  niée, refusée, voilée, enfermée ou possédée, vous êtes donc islamophobe si vous êtes contre l’invention horrible de la burka comme linceul vivant ». Au fil des jours le scalpel réjouissant de Daoud charcute partout où ça fait mal…

Antiracisme : Aujourd’hui, en France on a peur de parler à visage découvert. C’est bien ce que fait avec courage Georges Bensoussan dans son livre « Une France soumise. Les voix du refus ». Pour lui, L’antiracisme ce combat légitime a été progressivement dévoyé en religion de l’antiracisme et en instrument de terrorisme intellectuel qui est devenu le meilleur vecteur du nouvel antisémitisme déployé par les officines organisatrices du camp décolonial. Ce n’est plus seulement l’institution scolaire qui est confrontée à l’antisémitisme, à l’islamisme et au sexisme, c’est toute la société. Poursuivi en justice pour provocation à la haine raciale après  avoir dénoncé l’antisémitisme arabo musulman, l’historien a tout de même été relaxé…

Identité : c’est un concept vague qui n’est pas défendable. Telle est la théorie défendue par Hervé Le Bras, historien et démographe dans son livre « Malaise dans l’identité ». Le premier coupable selon lui est Nicolas Sarkozy qui a entraîné la France dans une quête aussi vaine que nauséabonde de « son identité nationale ». L’identité d’après Hervé Le Bras doit être ouverte aux influences extérieures et aux identités des autres… 

Autorité : le Général Bertrand Soubelet, sanctionné il y a deux ans pour son franc parler  est un ancien n° 3 de la gendarmerie nationale. Il lance dans son dernier livre « Sans autorité quelle liberté ? » un cri d’alarme sur la situation de la justice et de la sécurité en France. Réquisitoire implacable sur la situation politique et sociale de notre pays. Toutes les atteintes à la laïcité nous arrivent d’une religion qui n’a pas de fondement historique dans notre pays…

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

6 Commentaires

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  • jimmi19

    10 septembre 2017

    Grève et SNCF c’est un pléonasme voire une tautologie…

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  • Aljosha

    7 septembre 2017

    Kamel Daoud, le bien nommé, vient aussi d’écrire un roman, « Zabor ou les psaumes », que je lirais probablement.
    En résonnance, comme guidé par le hasard, je me suis retouvé à (re)lire dans la Bible les psaumes de David, tehelim, al zabûr …
    Pratiquant « freelance », l’Islam me donne grandement envie de lire la Bible. Et tout le reste.

    Répondre
    • idlibertes

      7 septembre 2017

      Question à vous alors: pourquoi est ce qu’à chaque fois que l’on parle de religion avec un musulman, vous demande t- il en allez, seconde question si vous avez lu le Coran?

      Aucun Juif ne m’a JAMAIS demandé cela. Bon OK, nous avons en gros le même ancien testament mais quand même.

    • Aljosha

      7 septembre 2017

      Persuadé qu’il est, peut-être, de la beauté et de la force imparable du texte.
      N’étant pas touché par cette grâce, je m’attache à la sincérité de la foi des gens qui se disent pieux.
      Et pour ma part, je demande de quelle sourate la personne tire sa référence; et alors, je vais lire la sourate.
      Comme je reste très souvent perplexe, je me dis que décidément ce n’est pas ma culture.
      Je ne dis pas que c’est bien ou mal 😉
      Simplement, par effet boomerang, ceci me renvoie vers mes racines et traditions au sens large.

    • Charles Heyd

      7 septembre 2017

      Je suggérerais en effet à M. Netter mais bien sûr sans intention de donner une leçon mais plutôt comme un clin d’œil de rajouter à sa liste très intéressante de livres à lire la Bible;
      il pourrait même rajouter le Coran, c-à-d. le dernier testament, mais la Bible ce serait déjà pas mal!
      On se passera des textes bouddhistes, shintoïstes ou autres car il y a déjà beaucoup de lectures et le temps du farniente sur la plage est passé!

    • idlibertes

      8 septembre 2017

      Oui mais pensez à tout ce temps libre que nous allons avoir d’içi peu avec les gréves de la SNCF qui nous pendent au nez?

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