7 janvier, 2020

Les livres qui défendent les libertés

Les libertés sous toute leurs formes est un sujet qui préoccupe bien évidemment en permanence « l’Institut des Libertés ». Voilà une sélection de livres de référence et d’articles de presse. Ils ne s’inscrivent pas forcément dans le court terme mais permettent de regarder la réalité telle qu’elle est aujourd’hui ou de faire apparaître de nouveaux angles d’évolution.

La liberté économique est la condition nécessaire à toute liberté politique. Telle était l’idée centrale développée par Milton Friedman, père du courant monétariste et fondateur de l’école de Chicago.  Paru pour la première fois en 1962, son livre « Capitalisme et Liberté » est l’un des ouvrages clés de la pensée économique. Il y défend et développe sa propre vision du libéralisme. Son analyse profonde, présentée sans jargon et accessible à tous, est encore et toujours d’actualité.

 

Beaucoup de gens veulent nous persuader qu’en dehors de l’Etat toute richesse est indûment acquise. Louis Pauwels dans « Les libertés économiques sont les garanties des libertés civiles et politiques » paru dans Le Figaro Magazine en 1985 rappelait que : 1/ La liberté individuelle est la valeur essentielle 2/ Il n’y a pas de droit de l’homme sans le droit à la liberté économique 3/ La prospérité économique conditionne la liberté politique 4/ La source de la richesse et de l’emploi est dans la croissance 5/ Le mythe de l’Etat bon et honnête alors que les entrepreneurs seraient mauvais et mal honnêtes est complètement faux.

 

Les pays qui s’appelaient eux mêmes socialistes empêchaient les hommes et les idées de franchir leurs frontières. Raymond Aron dans « Plaidoyer pour l’Europe décadente » s’interrogeait déjà en  1977 : L’Europe de l’Ouest est elle vouée à la décadence parce qu’elle s’obstine à croire à la démocratie et au libéralisme ? Pour lui la réponse était claire : il dépend de notre clairvoyance et de notre courage que la liberté l’emporte. Il redoutait une civilisation reniant ses fondements et reniant ses racines…. !

 

Il faut donner aux hommes la liberté sans le désordre et le bien être sans la servitude tout en réduisant autant qu’il est humainement possible l’inégalité et l’injustice…Gérard Minart dans « Jacques Rueff, un libéral français » rappelle qu’il qualifiait les déficits publics de gangrène sociale. Il voulait moderniser le libéralisme économique. Pour lui, Il s’agissait de rénover le vieux libéralisme manchestérien du laissez faire, laisser passer qui refusait toute intervention de l’Etat dans l’activité économique.

 

La liberté n’est jamais donnée, mais toujours conquise. En 1989, on pouvait croire à son triomphe. Elle venait, en un siècle, de triompher de trois guerres mondiales, de deux crises économiques et de trois révolutions – bolchévique, fasciste et nazie. C’est à ce moment qu’on a commencé à parler du déclin de la politique, et du désengagement des citoyens. L’époque est progressivement passée au désenchantement, à la solitude individuelle, à l’absence de projet. Or, la liberté est affaire de pluralité et de confrontation d’idées. Loin d’avoir été tranchées par la chute de l’URSS, l’avenir de la liberté, se pose en des termes neufs. Nicolas Baverez dans  « Les orphelins de la liberté » paru en 1999 estimait que dans cette agitation salutaire, la France restait à la traîne : institutions sclérosées, État velléitaire et impuissant, malthusianisme économique et conservatisme social envahissant. La fille aînée de la liberté avait choisi la paresse et l’esprit de rente, plutôt que la volonté et l’imagination.

 

Clin d’œil au célèbre livre de George Orwell publié en 1948 dénonçant le communisme stalinien, Olivier Babeau a publié « La nouvelle ferme des animaux » en 2016. Il propose une satire de notre système politique et du désastre économique auquel il nous mène. En prenant le pouvoir dans la ferme, les animaux souhaitent établir une république où la liberté de chacun se conjugue avec la prospérité économique. Mais à force de dérives clientélistes, de démagogie et de compromis avec les différents lobbies de la rente, la ferme entre rapidement dans une dramatique spirale d’endettement et de pauvreté. Alors que la crise de la dette publique fait trembler l’Europe sur ses bases, ce livre dénonce, sur un mode à la fois humoristique et pédagogique, la route de la servitude sur laquelle nous sommes engagés

 

Le Libéralisme est une doctrine juridique et non pas une doctrine économique. C’est ce que rappelle Charles Gave  dans « De l’état de Droit au Droit de l’Etat ».  Au début, il s’agissait de trouver une organisation politique qui permette que les petits ne soient pas mis en esclavage par les gros et que ces mêmes petits ne massacrent pas les gros dans des Jacqueries à répétitions.  Le personnel de l’Etat devait surtout être au service de tous et non pas au service de lui-même. Partout en Occident, les pouvoirs en place ont utilisé les attentats ou la crise financière comme une façon de restreindre de façon extraordinaire nos libertés Individuelles. La séparation des Pouvoirs a disparu. Comme le disait Benjamin Franklin : “Si vous abandonnez votre Liberté pour votre Sécurité, vous n’aurez ni l’un ni l’autre”. Nous sommes sur le chemin de la servitude…

 

Le libéralisme est aussi une philosophie de la liberté. Monique Canto-Sperber dans « Faut il sauver le libéralisme ? » publié en 2006 établit un véritable plaidoyer. Elle reconnaît que les accusations portées à l’encontre du libéralisme (égoïsme, individualisme outrancier, précarité salariale, pauvreté, inégalités, etc…) sont injustes et qu’il faudrait réhabiliter le libéralisme comme option politique crédible et que c’est une entreprise de salubrité publique. Et l’auteur d’énumérer ses ennemis tout en oubliant la droite classique française qui est anti-libérale, le monde médiatique et éducatif dont elle fait partie et aussi – et surtout – l’antiaméricanisme systématique de toute une partie de la société française qui nourrit l’anti-libéralisme…

 

La liberté se nourrit d’un héritage, d’une langue, d’une éthique, dont la déconstruction qui a pourtant été opérée depuis cinquante ans au nom de l’émancipation individuelle ne peut mener qu’à une aliénation définitive. Avec 57% consacré à la dépense publique on ne peut pas accabler en permanence le libéralisme. François-Xavier Bellamy dans « Les déshérités ou l’urgence de transmettre » paru en 2014 explique que  le propre de cette génération c’est son immense ingratitude.  Elle se complait à déconstruire la culture dont elle a pourtant reçu toute sa liberté.

 

Une démocratie qui invente le concept de populisme mais qui lutte par le crachat et l’insulte contre des opinions contraires montre bien qu’elle manque à sa vocation de liberté. Chantal Delsol dans « Populisme. Les demeurés de l’histoire » paru en  2015 montrait que  quand les élites progressistes découvrent que le peuple ne les suit plus, quand elles s’aperçoivent que le peuple juge qu’elles vont trop loin et n’a pas envie de se sacrifier ni pour l’humanité ni pour le règne du concept alors elles liquident le peuple…

 

L’Union Européenne est désormais divisée en deux camps irréconciliables: d’un côté une Europe libérale ouverte à l’immigration, incarnée par Emmanuel Macron. De l’autre l’Europe des démocraties illibérales incarnée par Orban et Salvini qui entend défendre la souveraineté et l’identité des peuples. Chantal Delsol  dans un article du Figaro Magazine de 2018 « Populiste c’est un adjectif pour injurier ses adversaires » explique que les populistes contrairement à ce que l’on a pu dire sont bien des démocrates, mais ils ne sont pas libéraux. Tandis que les élites universalistes comme celles de Bruxelles sont bien libérales mais elles ne sont plus démocrates. Elles ne veulent plus des votes de peuples qui limitent les libertés….

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

4 Commentaires

Répondre à Alain M

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • Alain M

    10 janvier 2020

    « triompher de trois guerres mondiales »
    Svp pourriez-vous spécifier à quelle 3e guerre mondiale vous vous référer ?

    Répondre
    • Alexis D

      23 janvier 2020

      A mon avis à la guerre froide.

  • Tk

    8 janvier 2020

    “Clin d’œil au célèbre livre de George Orwell publié en 1948 j’aurais plutôt vu un clin d’œil à la ferme des animaux du même auteur.

    J’ai lu quelques un des livres présentés, et je pense avoir une connaissance globale sur le libéralisme (don’t je suis un fervent défenseur) mais n’auriez vous pas plutôt votre top 10 des livres permettant de comprendre la bourse et les investissements?

    Répondre
  • Alexandre

    8 janvier 2020

    Les libertés économiques précèdent les libertés politiques, mais ne faut-il pas parmi cela, considérer le droit à l’oubli ?

    Avec les clefs, les cartes, les codes, les caméras de vidéosurveillance, la 5G, la 6G, les radars automatiques routiers, les boites noires, les GPS, les écoutes téléphoniques, le contrôle des données, l’implantologie biométrique et neuralink, n’est-ce pas le droit à l’oubli et le droit au mensonge que nous perdons, donc, n’est-ce pas l’essence même de l’Homme que nous perdons pour le transformer ainsi en robot ?

    Sans le mensonge le pardon ne peut exister, sans l’omission la confiance ne peut exister.

    Ce qui fait la qualité de l’Homme, c’est moins sa capacité à se souvenir du passé, que celle qu’il a à oublier ce dernier.

    Si, par le réseau informatique interconnecté le passé est « empierré », alors l’humain devient prisonnier de ce même réseau et prisonnier de son passé.

    Nulle liberté n’est plus possible dans un système où chaque Homme est condamné à continuellement porter le poids de son passé.

    Du point de vue de la physique fondamentale cet « empierrement » du passé pose même d’autres questions, car l’espace et le temps sont liés, lorsque le temps lui-même ne s’écoule pas puisqu’il est un objet..

    Le droit à la vie privée, le droit à l’oubli, la pudeur, l’intimité et le respect du jardin secret de chacun, constituent ainsi à mon sens la première des libertés que les libertés économiques ne parviennent pas à protéger.

    On met des caméras de vidéosurveillance dans les rues, pour notre sécurité, oubliant que l’insécurité est le produit même du fait que les rapports humains sont infantilisés car intermédiées par l’Etat, ce qui par « empierrement » du passé et l’impossibilité d’effacer les traces du passé, rend d’autant plus nécessaire cet Etat.

    Nous avons ainsi des tribunaux et tout un système policier qui s’alimentent des problèmes qu’ils sont supposés résoudre, du fait de l’incapacité du corps social à faire vivre son propre régime de honte à l’égard des comportements jugés immoraux.

    Une caméra de vidéosurveillance c’est l’impossibilité de faire justice soi-même et c’est l’impossibilité d’être pardonné pour ses actes immoraux, c’est aussi le droit que s’arroge donc l’Etat de déterminer ce qui est moral et ce qui ne l’est pas.

    Répondre

Me prévenir lorsqu'un nouvel article est publié

Les livres de Charles Gave enfin réédités!