15 janvier, 2014

Le Président exemplaire et normal a fait de la France l’homme malade de l’Europe

L’Europe est en complète stagnation. La courbe du chômage tarde à s’inverser. Malgré les tombereaux de liquidités déversés par les autorités monétaires, l’inflation ne dépasse guère 1,5% dans la zone Euro et aux Etats Unis. La prochaine échéance  est très probablement une séquence de déflation, car la BCE est de plus en plus handicapée par les disparités franco allemandes…

Malgré ce tableau peu encourageant, les valeurs européennes ont retrouvé leur niveau de 2008 d’avant la crise. Rappelons que l’indice MSCI Europe avait déjà progressé de 26% en 2013 contre 32% pour le marché américain et -2,4% de baisse pour les marchés émergents. La plupart des gérants et des stratégistes répètent en boucle qu’ils croient à une poursuite de la hausse des actions puisqu’il n’y a pas d’alternative …..

Toutefois, il existe en cherchant bien quelques gérants qui sont plus prudents comme Paras Anand gérant Europe chez  Fidelity  qui anticipe une consolidation des marchés européens, ce qui signifie une baisse,  au cours du premier semestre.

 

Depuis le début de la crise en 2008, un pays qui n’était plus compétitif par rapport à ses partenaires pouvait effectuer un ajustement soit sur l’emploi,  soit sur les salaires soit sur la durée du travail. S’il le faisait, comme cela a été le cas en Irlande, Espagne, Portugal et un peu moins en Italie, il pouvait obtenir ses premiers résultats environ cinq ans après.  S’il ne le faisait pas, ce qui a été le choix de la France,  il sacrifiait les marges de ses  entreprises qui n’ont plus généré assez de cash flow pour investir, innover et créer les emplois de demain.

 

La France est donc à la traine. Depuis le début de l’année, on assiste à une tension sur les taux d’intérêts de la dette française, alors qu’ils sont en baisse pour l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Nous avons toujours pensé que la France ne pourrait pas continuer à profiter de couts de refinancement aussi bas et qu’elle serait subitement confrontée à une hausse de 100 à 200 points de base dans un laps de temps très court. Ce moment est peut être en train d’arriver.

 

La France de 2014 est l’homme malade de l’Europe. Elle croule toujours sous les déficits et la dette. Le déficit commercial s’est encore creusé en novembre. La croissance est anémique et le chômage bat des records ce qui est normal avec un investissement qui décroit depuis huit trimestres. Le CICE (Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi) ne fera que compenser une petite partie de ce qui a été demandé aux entreprises en impôts supplémentaires. Le petit surcroit de compétitivité qu’il recréait pour les entreprises est déjà perdu par la déflation espagnole. Il aurait été tellement plus facile de procéder à une baisse des charges des entreprises pour leur permettre de reconstituer leurs marges bénéficiaires.

Karine Berger économiste et députés socialiste, qui nous expliquait encore en septembre dernier dans Le Nouvel Observateur que « Il n’y a pas de pression excessive sur les entreprises en France » devra donc revoir sa copie….

 

Les effets pervers des changements de seuil sont dévastateurs pour le développement des  entreprises au delà de 50 salariés. Nous sommes malheureusement en train de décrocher par rapport à l’Allemagne, la Grande Bretagne l’Irlande et même l’Espagne.

 

On est maintenant dans un choix de société. Soit on a envie de vivre dans une économie socialisée où l’état prend de plus en plus la main sur l’économie pour aller vers une nouvelle forme de collectivisme, soit on a envie de vivre dans une économie de libertés.

 

Le moment de choisir c’est maintenant. Comme le recommande très respectueusement Didier Migaud le Président de la Cour des comptes « Il faut en finir avec les non choix ».  Cela signifie clairement que la France a besoin d’une thérapie de choc. Mais pour y parvenir il faut une majorité politique et sociologique qui sont des éléments absolument indispensables dont le Président de la République ne dispose pas aujourd’hui. Le secteur privé qui est évidemment essentiel pour remettre l’économie française sur les rails de la croissance est encore aujourd’hui numériquement et politiquement minoritaire.

 

Comme l’Allemagne ne cautionnera  jamais une politique favorisant l’inflation, Hans- Werner Sinn professeur d’économie  à l’Université de Munich considère même qu’ il faudra que des pays quittent temporairement la zone Euro pour procéder aux ajustements nécessaires.

 

L’Allemagne dépend beaucoup moins pour sa croissance de la zone euro qui ne représente plus que 36% de ses exportations. La crise a révélé la puissance économique allemande ce qui a fait ressurgir chez certains hommes politiques français quelques idées violentes contre une Allemagne accusée de « vouloir imposer son modèle aux autres ».

 

En Grande Bretagne, malgré les succès déjà enregistrés, il n’y aura pas de pause dans l’austérité. Le gouvernement prévoit 72Md€ d’économies sur quatre ans et une baisse des aides sociales.

 

Aux Etats Unis l’optimisme sur la poursuite de la hausse du marché est toujours là.

La hausse du dollar qui devait se produire au début de l’année n’a pas eu lieu.

L’optimisme a été tempéré  par les mauvais chiffres de décembre où les créations d’emplois ont été au plus bas depuis trois ans.

 

En Asie du Sud Est on assiste à une baisse des marchés. Après avoir baissé d’environ 20% par rapport à leur plus haut de 2013, l’Indonésie, les Philippines, la Thailande, et la Malaisie ont encore  un Price/Earnings Ratio autour de  15X contre 6,3x pour les valeurs chinoises côtées à Hong Kong. Dans les grands fonds internationaux les ventes de marchés émergents en faveur des marchés développés ont donc l’air de se poursuivre.

 

 

 

Les cours des matières premières de plus en plus difficiles à décrypter

 

Le cuivre envoie des signaux difficiles à interpréter. La tonne pour livraison à 3 mois à 7460$ est au plus haut depuis 7 mois. Ce qui en temps normal serait interprété comme un signal positif. Dans une période de taux d’intérêts très bas et de « quantitative easing » il faut être plus prudent car les achats importants de la Chine sont plus la conséquence d’une stratégie financière que d’une demande industrielle….

 

L’or est à son plus haut depuis trois semaines en raison d’une forte demande asiatique. cette remontée se produit au moment où de nombreux papiers expliquant qu’après 25% de baisse en 2013, la chute allait se poursuivre….

 

Le Pétrole  devrait baisser un peu. La production des Etats Unis devrait satisfaire l’essentiel du surcroit de la demande mondiale….

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

12 Commentaires

Répondre à Collin

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  • Poutine7

    16 janvier 2014

    « On est maintenant dans un choix de société. »

    En effet :

    – « la meilleure médecine du monde ». Il suffit d’aller faire un tour aux urgences et comparer au service dans une clinique privée.
    – L’Education « nationale », ça fait bien longtemps que l’on a « externalisé » cette activité fondamentale aux syndicats – résultat : un désastre. D’un côté une masse nullissime, à l’autre extrême des « zélites » malthusiennes qui se prennent pour des Dieux (ENA (Hollande-etc) – Berger/Attali/NKM (X)). Heureusement des rescapés qui entreprennent encore
    – La « culture » (budget de 12 milliards/an) pour subventionner spectacles cathophobes et autres spectacles célébrant la « différence » (7000 mariages/an sur 66 millions d’hab)
    – La presse de « référence » qui intéressent étrangement les lobbys industriels malgré sa rentabilité négative évidente
    – sa « diversité » …

    L’économie considérée comme « sale » mal enseignée dans le secondaire est peut-être aussi une conséquence de tout cela. Je ne crois pas que quelques tours de passe-passe (ou de win-win comme dirait Moi Président) suffiront à redresser la barre et donner un cap.

    Wait n’ See, Sell in May and Go Away …

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  • Collin

    15 janvier 2014

    Nous sommes gouvernés par des gens qui n’ont jamais été salariés d’une entreprise privée, vous savez celles qui créent des emplois…, ou bien des avocats. C’est vrai qu’un avocat ou un fonctionnaire ont une légitimité pour diriger, non, couler un pays.
    Triste bilan.
    A noter également le déficit de formation à l’Economie dès le plus jeune âge en France.

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    • Nicolas

      16 janvier 2014

      Surtout Hollande date de mai 68 : il n’est pas intelectuellement au niveau pour 2014..

  • orsu

    15 janvier 2014

    L’heure n’est malheureusement plus à quelques replâtrages de façade, les tensions sur les taux français arrivent et elles ne vont plus s’arrêter, malheureusement le gouvernement n’a plus de munition ! les 18 mois de détente sur les taux ont été dilapidées alors qu’il aurait fallut renforcer l’économie par de véritables reformes !
    Quel est le principal problème aujourd’hui, ce n’est pas le chômage, la dette, les taux, ce ne sont que des conséquences !
    le Problème est le manque de compétitivité des entreprises françaises tant sur le marché intérieur qu’a l’international.
    Un seul moyen : reconstituer immédiatement les marges.
    Donc transférer des charges payées par les entreprises non pas sur les particuliers ils sont à saturation, ni sur la technostructure (état, collectivités) elle a déjà dépassé le taux d’endettement maximal admissible en terme de remboursement futur de la dette et de ses intérêts !
    Non, le seul moyen, faire financer les réductions des charges par les entreprises étrangères !
    Or les droits de douanes ne sont plus du ressort des états.
    Ne reste qu’une hausse significative de la TVA, vu que l’inflation est proche de 0 !
    Et voila on en revient a la TVA dite « sociale » nom qui est en soit une absurdité !
    Donc 18 mois de perdus uniquement pour des motifs idéologiques et d’incompétence !
    Transférer une partie de l’allègement des charges sur la TVA, procéder à des coupes budgétaires pour diminuer le coût de fonctionnement de l’état central, supprimer les départements et céder leurs biens immobiliers pour alimenter les besoins de trésorerie des régions dans le cadre du soutien aux PME.
    Diminuer voire annuler la TVA sur les produits de première nécessité pour soulager les français les plus démunis.
    Augmenter, de plus, la TVA d’une valeur équivalente à l’impôt sur les revenus et supprimer ce dernier, source en France de la principale inégalité sociale, supprimer les postes de fait vacants à la DGI.

    Voilà ce que j’aurai aimé entendre hier soir !!!! mais la vie est tout autre, Noel est déjà passé et ce n’était ni ma fête ni mon anniversaire !!!

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    • Nicolas

      16 janvier 2014

      « Non, le seul moyen, faire financer les réductions des charges par les entreprises étrangères ! »

      Apple repercute illico toute nouvelles taxes sur ses produits..

  • FrancisC

    15 janvier 2014

    Vous dites: « On est maintenant dans un choix de société. Soit on a envie de vivre dans une économie socialisée où l’état prend de plus en plus la main sur l’économie pour aller vers une nouvelle forme de collectivisme, soit on a envie de vivre dans une économie de libertés ».

    A-t-on vraiment le choix? Où et qui sont les leaders politiques défenseurs de l’ « économie de libertés » ?

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    • idlibertes

      15 janvier 2014

      Bonjour,

      Pensez vous que l’economie doivent forcement en passer par le politique? je veux dire en dehors des subtiles « relance keynésienne » :-)?

    • Nicolas

      16 janvier 2014

      Lorsque l’alcoolique fait finalement un malaise, il se retrouve KO à l’hopital, et là, finis de se souler qu’il le veuille ou non..

  • stefano

    15 janvier 2014

    Karine Berger « économiste » ? idéologue voulez vous dire.
    Quant au président normal, il a été professeur d’économie à Sciences Po.
    Qu’a t il donc bien pu enseigner ? La haine de la finance ?
    Les élèves et professeurs de cette école qui trustent les plateaux des medias ont vraiment une compétence indiscutable.
    Quand on pense qu’il a fallu deux ans d’exercice à celui qui se prétend président pour reconnaître, sans en tirer les conclusions, que c’est l’entreprise qui crée des emplois….

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    • idlibertes

      15 janvier 2014

      Petite pensée émue pour Cécile duflot, diplômée d’histoire geo qui nous a longuement parlé des retombées de Fukushima dans l’hémisphère Sud.
      Il est certain que toutes ces allaince de compétences font rêver.

    • Nicolas

      16 janvier 2014

      Ne pas oublier Aubry exposant l’horreur ultra liberal de.. la NHS britanique !

      C’est sur que c’est loin la GB et son systeme de santé lorsqu’on  » a fait » l’ena.

    • Marius

      16 janvier 2014

      Karine Berger… déjà « l’économiste socialiste » énerve en temps normal… mais alors là… avec une dose d’arrogance pareil… on frôle le pétage de plomb chaque fois qu’on la voit à la TV.

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