24 mai, 2012

Le moment de vérité

La  pauvre créature que j’ai souvent comparé à Frankenstein dans ces pages, je veux dire bien sur l’Euro est peut être en train d’entrer en phase d’ agonie.

Ce monstre monétaire créé par des gens qui n’ont jamais rien compris ni à l’économie ni à la finance, c’est à dire par des hauts fonctionnaires et des politiques surtout Français d’ailleurs   à fait des dégâts immenses, comme on pouvait s’y attendre.

Tous les systèmes bancaires Européens sont en faillite, les marchés des actions sont à 50 % de la où ils étaient  au moment de la naissance de l’Euro, le chômage atteint des records historique à peu prés partout en Europe (sauf en Allemagne), le chômage des jeunes est supérieur à 50 % dans tous les pays du Sud du vieux continent qui n’ont plus accès aux marchés financiers pour la première fois dans l’Histoire, tous les traités solennellement signés sur la façon dont la BCE devait fonctionner ont été violées sous la pression des circonstances , un parti ouvertement nazi reçoit 8 % des votes en Grèce, bref le désastre, bien qu’annoncé et  largement prévisible  est total.

Nous sommes à l’évidence devant une situation qui ne peut pas durer.

Il va falloir faire des choix, sinon la révolte des Peuples contre ses élites, qui a commencé en Grèce pourrait se développer  comme un feu de paille.

Quels sont les choix ? Il y en a deux

·         La première branche de ce choix est de considérer que les problèmes de l’Euro proviennent du fait que jamais une zone monétaire n’a pu exister sans un Etat central, disposant du monopole légal de la violence et prélevant des impôts sur sa population. Il nous faut donc de toute urgence, créer cet Etat, détruire ce qui reste de nos souverainetés nationales, ce qui a toujours été le grand projet de Delors ou de Trichet et enfin arriver à une structure étatique ou les talents de nos hauts fonctionnaires que personne n’a élu pourront s’exercer à plein.

·         La deuxième est plus pragmatique et consiste à dire que l’Euro a été une invraisemblable erreur  (que j’ai souvent comparé à la ligne Maginot, soutenue à l’époque par toute l’intelligentsia française). Les responsables de cette  erreur ? Nos chères (oh combien) élites, qui ont bâti ce monstre  contre la volonté des peuples. Un jour ou l’autre il va  falloir abolir cette monnaie qui n’en est pas une pour retourner aux monnaies nationales flottantes… le vrai danger est que cette destruction ne  se fasse dans le désordre et que l’Europe que nous aimons. c’est-à-dire celle de la Liberté ne soit la victime collatérale de la fin de notre Frankenstein  Pour être clair, la disparation de l’Euro serait une merveilleuse nouvelle  à condition que cela n’entraine pas la disparition du marché commun…

Le choix est donc simple : soit nous donnons plus de pouvoir à ceux qui nous ont mis dans la situation ou nous sommes, ce qui revient à donner les clés de la cave à un sommelier alcoolique, soit nous leur retirons le pouvoir et reprenons notre liberté

Dans le premier cas, de pessimiste que j’ai été sur l’Europe depuis un certain temps,  je deviendrai carrément dépressif. La plupart des pays Européens, le notre y compris, sont en train de crever économiquement en raison de l’hypertrophie étatique (le notre y compris) couple a un manque de compétitivité causée par une monnaie commune  et la solution a  nos problèmes serait …de créer une structure étatique de plus, accompagnée de son inévitable cortège d’impôts, de réglementations, de contraintes et de passe droits, tout en gardant l’outil monétaire  qui empêche toute adaptation …Le cauchemar…

Dans le second cas, je deviendrai extraordinairement optimiste sur tous les investissements en Europe, puisque le capital à la place de diriger en fonction de directives émises par nos chers fonctionnaires à la BCE  sera alloué à nouveau en fonction de la rentabilité marginale du capital investi.

Le marché haussier commencera immédiatement, partout sauf sans doute en Allemagne, pour des raisons que chacun comprend. Bref, nous arrivons dans des temps historiques.

Ou l’Europe retourne à ses racines de subsidiarité et de liberté  et il faut se bourrer d’actifs Européens, comme il fallait acheter la Suède en 1992  ou le Canada en 1994, ou l’Europe choisît de sauver ses banquiers au détriment de ses entrepreneurs en laissant l’épargne des Européens à la disposition de Bruxelles et la BCE , et nous rentrons inexorablement dans le scenario Japonais.

Dans ce second cas, il faut n’avoir des actifs financiers ou immobiliers qu’en dehors d’Europe

Ce que je dis  est donc tout simple.

Depuis quelques années, j’ai toujours essayé pour les lecteurs de trouver une solution qui leur permette de rester en Europe tout en limitant les dégâts du style « valeurs exportatrices Européennes »

Je crains que  nous n’arrivions a la fin de ces atermoiements.
Dans les quelques mois qui viennent il va falloir soit tout avoir en Europe, soit ne rien avoir.
Attachez vos ceintures, nous rentrons dans une zone de turbulence et il va peut être falloir changer de pilote en plein vol…

Charles Gave

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

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