23 février, 2016

Le mal n’est plus dans la finance mais dans la politique

Le monde de la finance semble être de plus en plus capable de reconnaître  ses erreurs. Adam Parker stratégiste de Morgan Stanley a ainsi admis  que ses clients auraient mieux fait de faire le contraire de ce qu’il avait recommandé au début de l’année !

Après la forte baisse des marchés intervenues depuis le début de l’année, le baril de pétrole a regagné 3% cette semaine, ce qui a permis à l’Europe de progresser de 8%, l’Asie de 4% en moyenne avec +8% pour le Japon,  +7% pour les sociétés chinoises offshore, +4% pour la Corée du Sud et +3% pour l’Inde…

 

Le monde de la politique n’en est pas encore là. Les banques centrales nous entrainent dans un engrenage infernal avec des taux d’intérêts négatifs qui sont assez inefficaces pour faire repartir la croissance. Ce dont on est sûr, c’est que ces politiques tuent l’assurance et les retraites. Ceux qui subiront l’essentiel des  pertes ce sont les épargnants. Ils ont bien compris que « l’euthanasie » des rentiers était en marche. Rien n’est entrepris pour enrayer ce mouvement qui mène tout droit aux populismes…

 

L’OCDE a jeté un froid  sur l’économie mondiale en annonçant que la croissance de décollera pas cette année, surtout en France. On aurait presque envie de penser le contraire, car dans l’histoire économique, on n’a encore jamais vu de récession déclenchée par une forte baisse du prix du pétrole. Il faut donc conserver un portefeuille équilibré.  L’exposition action doit être « protégée » par une allocation en cash, obligations et un peu d’or.

 

En France, l’opération de rafistolage gouvernemental est un échec

 

Rappelons que le taux de pression fiscale en France  est de 66,6% si l’on prend en compte l’ensemble des dispositifs. Au palmarès de la fiscalité, nous occupons la neuvième place derrière des pays dont l’économie va mal ou très mal, comme l’Argentine (137% d’imposition pour 100% de revenus !), Bolivie, Tadjikistan, Colombie, Algérie, Mauritanie, Brésil et Guinée. Cela devrait inciter à la réflexion. François Hollande en taxant le capital comme le travail s’est comporté en bon marxiste en ne reconnaissant aucun mérite aux apporteurs de capital et en considérant que la plus value réalisée quand elle se produisait, revenait en quasi totalité « aux ouvriers » …

 

La situation financière de l’assurance chômage se détériore rapidement. C’est l’une des plus généreuse mais aussi une des plus chère. Il y a très peu de suivi des chômeurs

En Espagne les réformes ont permis de doper les embauches en CDI

 

Le droit du travail est complètement obsolète.  Il y a un pré-projet de loi préparé par Myriam El Khomri la ministre du travail. Il a pour objectif de modifier la législation en profondeur.  Alors que certains points vont dans la bonne direction le document de 180 pages se heurte déjà à l’opposition d’une grande partie de la gauche et des syndicats. Cela rappelle 1986 avec  Henri Krasuki secrétaire général de la CGT qui disait « La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat ». C’est ce jusqu’au-boutisme syndical qui a largement contribué au déclin de l’industrie française. Il faudrait, comme tout le monde le sait, que l’Etat cesse d’aider ces organisations en pratiquant notamment  le « détachement » de fonctionnaires qui ne sont juridiquement que des emplois fictifs. Il faut enfin reconnaître que la gestion paritaire est une fausse bonne idée qui fonctionne dans une grande opacité pour le plus grand bénéfice de syndicats considérés comme « représentatifs ». A tout cela s’ajoute les nombreuses irrégularités commises par les comités d’entreprise de grandes entreprises publiques….

Pour Laurent Berger numéro un de la CFDT « le texte est très déséquilibré »

Il faudrait pourtant réfléchir rapidement sur la fin d’une partie du salariat pour donner leur chance aux travailleurs indépendants. Il faudrait aussi faire accepter dans la société française l’idée qu’il est plus intéressant de travailler que de vivre de minima sociaux…

 

Concernant la crise agricole qui frappe les producteurs de lait et de viande, Stéphane Le Foll est revenu bredouille de Bruxelles où conformément à la tradition, il était allé demander des passe droits et de l’aide de l’Europe..

En Allemagne le dernier indice ZEW sur les attentes des entrepreneurs est stable.

 

La Grande Bretagne se met en ordre de bataille pour le « Brexit ».

 

Pour le moment les sondages indiquent que 36% des britanniques sont favorables à une sortie de l’UE contre 34% pour un maintien. Dans le camp des « In », David Cameron le Premier Ministre est en train de « sanctuariser » le statut spécial de son pays. Dans le camp des « Out », le choix de Boris Johnson le maire de Londres est en train de transformer le référendum sur l’UE en primaire pour les élections pour le leadership du parti conservateur.

Pour que le camp du « Out » l’emporte il faudrait  que les concepts de souveraineté et de patriotisme l’emportent sur les perspectives de croissance économique et de création d’emplois dans l’industrie et  les services. La peur des incertitudes devrait l’emporter sur l’idéalisme romantique de la sortie de l’Europe. C’était ce qui s’était déjà passé en 2014 sur le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse.

 

La croissance des salaires est toujours faible mais les ventes de détail pour le mois de janvier ont été plutôt bonnes. Une prochaine hausse des taux par la Banque d’Angleterre est peu probable. Le déficit budgétaire continue à se réduire. C’est peut être le moment d’augmenter les positions en valeurs anglaises pour profiter du cours attractif de la Livre Sterling

 

En Europe, la baisse des marchés pèse sur le niveau de confiance. La balance des paiements courants est toujours excédentaire et joue en faveur de l’Euro contre le dollar. Il en est d’ailleurs de même pour le Yen et le Renminbi.

 

La hausse du dollar n’a pas eu lieu

 

Aux Etats Unis, la hausse du dollar que de nombreux investisseurs attendaient ne s’est pas produite. Depuis la première hausse de ses taux par la Fed le 16 décembre dernier, le dollar a baissé de 6,5% contre le Yen et de 1,9% contre l’Euro. Les chiffres sur la production industrielle sont toujours décevants et les résultats des sociétés américaines seront moyens.

Les perspectives d’inflation remontent. En dehors de l’alimentation et de l’énergie, les prix ont progressé de 2,2% sur un an, rythme qui se compare aux 1,6% de la fin 2014.

La perspective d’une récession est faible mais elle existe toujours. La rentabilité du capital investi dans le secteur privé reste encore supérieure au coût du capital.

 

En Chine la surcapacité de production nourrit la déflation. Le problème du moment est d’enrayer la fuite des capitaux car depuis dix huit mois on peut estimer que 1000 Md$ sont sortis du pays. Même si le niveau de réserves de change par la Banque Centrale Chinois est encore confortable, les autorités ont besoin d’enrayer ce mouvement.  Ensuite il faut prendre des décisions courageuses pour diminuer les pertes des entreprises étatiques qui ne sont pas rentables. Depuis quelques mois les autorités ont laissé certaines d’entre elles faire faillite. Cela a été le cas de Chaori (panneaux solaires), Baoding Tianwei (équipements électriques) et Hidili Industry International (conglomérat côté à Hong Kong)

 

Au Japon, la banque Centrale a annoncé quelle allait désormais acheter des ETF sur le marché. Il faudra que ces trackers  soient investis dans des sociétés qui procèdent à des investissements productifs. On ne peut pas dire que les décisions de la Banque du Japon aient été très efficaces jusqu’à maintenant. Le panier représentatif de ces valeurs a progressé de 8% depuis le début de l’année.

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

8 Commentaires

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  • riz

    29 février 2016

    La Chine me rappelle la crise asiatique de 97-98 , ils ne voulaient pas dévaluer leur monnaie alors que les capitaux fuyaient …. et il a bien fallu se résigner .
    Le vix indice de la peur du sp 500 est à 19 (c’est le prix de la peur des options de couverture face à la baisse) mais il est parallèlement de 29 sur le vcac (cac 40) , on croit toujours que l’Europe est à l’abri que la bce nous protège bah c’est pas ce que pensent les marchés .Alors quels sont les problèmes à venir de ce « havre de paix européen immunisé par la bce », ralentissement aux us puisque l’on est 2 fois plus ouverts qu’eux à l’export et commerce bcp avec les usa (premier partenaire commercial de l’Allemagne) on est censé trinquer , puis ralentissement à venir en Chine et petite dévaluation dans un contexte déjà déflationniste , crise des émergents du fait du bas prix des matières premières … et oui l’euro cesse de baisser , le pétrole aussi comme les taux qui ne peuvent guère aller plus bas .
    Espagne , Espagne mais quel est le pays qui a le plus souffert depuis l’entrée dans l’eurozone et a fait bien pire que la Grèce en croissance du pib par habitant depuis 1999 ? La Grèce a fait comme Icare depuis 99 et a touché son zénith en 2007 puis s’est ratatinée pour revenir sous la case départ , a contrario l’Italie s’est mise en mode plongée de sous-marin et n’ a cessé de couler depuis pour faire bien pire que la Grèce .L’euro tue l’Italie à petit feu et quand les bad banks de défaisance seront renflouées par l’Etat à combien se portera l’endettement de l’Italie avant 2020 , probablement plus de 150% (10% du fait de la bad banque et 6% du fait de l’accroissement d’endettement de l’Italie) . Oui mais 2/3 de la dette est détenue par les autochtones l’inverse de la France qui sera le prochain candidat naturel quand l’Italie se fera attaquer .

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  • Durand

    24 février 2016

    Bonjour,
    Je souhaiterais vous exposer mon point de vue sur l’Espagne et sur que vous appelez les embauches en CDI ; en effet le nombre de contrat augmentent mais ils ne font que créer des travailleurs pauvres.
    Les employeurs s’amusent à ne donner que des 50%,il faut voir la situation des gens .
    Dans les régions les plus riches que soit le pays basque ou la Catalogne on le voit aux annonces immobilières qui sont de plus en plus nombreuses et qui restent de plus en plus longtemps .
    Et surtout ces régions génèrent de l’argent car ce sont des régions limitrophes ou le trafique de stupéfiant et la prostitution règnent.
    Par contre ceux qui sur c’est que la classe politique espagnol est moins discrète que la française car elle se fait prendre systématiquement la main dans le sac.
    Peut-on réellement parler de mieux ou se contenter juste de « les embauches en CDI ont augmentées?

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  • mantelier

    24 février 2016

    merci pour ce billet

    comment calculez vous la pression fiscale à 66%?

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  • SVL

    24 février 2016

    Election piège à Co…..n

    Les français choisissent, et s’ils se font berner qu’il réagissent…

    Rien de plus simple que d’éviter de donner toutes crédibilités à une caste qui ne font que solliciter leurs egos.

    Comprendra qui voudra !

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  • TYLOLO76

    24 février 2016

    Merci Mr Netter, vivement la fin de l’horreur, même si je pense que le système va continuer à survivre encore longtemps (QE et autres inventions monétaires), beaucoup se battre lors de l’effondrement (la faute au capitalisme et bla bla, heureusement que nous, l’Etat, nous sommes là), et on peut même parier que nous retrouverons les mêmes aux commandes après.

    Une quesion, où trouvez-vous des données sur le coût du capital et son rendement ?

    Merci encore pour ce billet.

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  • David Petitjean

    24 février 2016

    Billet intéressant, que je trouve malgré tout oriente.
    66,6% d’imposition en France ne veux pas dire grand chose si la distinction
    entre imposition sur le capital productif (salaires, la plupart des entreprises voire obligations d’état) et sur le capital de rente(immobilier, monopoles protégés bloquant l’innovation, obligation d’états manipulant leur taux d’intérêt,riches rentiers,etc…)

    L’imposition des premiers nuit a l’innovation, a la création de richesse et a la liberté en général. L’imposition des seconds permet de juguler la corruption de l’état par des individus fortunes ou monopoles(taxis G7 en France, Super PAC aux USA)pour servir leurs seuls intérêts et leur rente au détriment des autres citoyens (ce genre d’individu est très bien décrit par Ayn Rand).

    Si il est incontestable que l’imposition en France est trop élevée, vivant actuellement en Australie, je peux vous assurer que les couts de l’université, de l’assurance maladie et de l’absence d’assurance chômage (qui implique l’établissement d’un fond d’urgence qui peut être très important si votre métier devient obsolète et qu’il faut vous reformer) sont intégrés aux impôts en France.

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  • Roger Duberger

    23 février 2016

    Merci pour ce billet. La situation politique n’est pas réjouissante, et elle tient l’économie captive. Je suis entièrement d’accord avec votre analyse et celle de Charles Gave. L’économie est aux mains des oints du seigneur.Ils n’arrivent pas à relancer l’économie qui se porterait mieux s’il y avait moins de règlements (et d’interventions). Ils achètent des voix avec une économie sous perfusion et la « fabrique d’assistés ». Le capitalisme est banni. Les entrepreneurs plutôt mal aimés (surtout s’ils réussissent). A présent, la faute est aux rentiers, et surtout les épargnants que l’on va plumer avec des taux négatifs. Tout le système bancaire est sous contrôle et il va être difficile de retirer des espèces….et pourtant c’est ce qu’il faudrait faire avec des taux négatifs !
    Le monde financier a parié des milliers de milliards avec des produits dérivés, je crois que ce sont surtout les banques qui ont pris ces risques et si la bulle explose, elles ne pourront pas couvrir leurs pertes, et les épargnants devront éponger… Bien cordialement

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