10 septembre, 2013

Le Japon en lice pour l’or

Les réjouissances olympiques de Tokyo 2020 furent si exubérantes que nombres de commentateurs y virent avec désespoir, l’avènement d’une ère résolument « non japonaise ».

Et , en effet, c’est exactement l’effet  recherché par le premier ministre Shinzo Abe  que ce  « nouveau Japon ». Accueillir les jeux olympiques de 2020 offre en réalité une perspective politique bien plus étendue que les simples retombées économiques évidentes. Pour Shinzo Abe, il s’agit d’un véritable vote de confiance de son désormais célèbre Abenomics. Après tout, il ne serait pas le premier dans l’histoire à  faire porter la grandeur de son pays et de sa politique  par les  jeux  Olympiques.

Quelle opportunité formidable de montrer au monde entier les fiertés nationales après des décennies de déroutes économiques et un tsunami !

L’Abenomics est un jeu de Poker. Le yen faible a artificiellement accru les profits des sociétés et a étiré les marchés boursiers vers le haut tout en augmentant les valeurs relatives des biens étrangers. L’étape d’après, du moins, celle  qui est prévue et attendue étant que les entreprises et ménages choisissent de dépenser ces nouveaux actifs et non pas de les thésauriser comme à leurs ancestrales habitudes.

 

Jusqu’à maintenant, l’Abenomics a eu l’air de fonctionner tel que prévu. Le japon vient de revoir son PIB qui semble indiquer que la croissance  a dépassé les prévisions initiales. Des 2,6 % initialement prévus, on serait passé à 3,8 %. Ce qui est fort impressionnant face aux 2,5 % des USA et des 1,1% de l’Eurozone.

Mais surtout, si cette relance se formalise, le Japon serait assuré d’avoir définitivement rompu avec le cycle de déflation des 15 dernières années.

Mais voilà ou le coup de poker se joue : malgré le taux d’inflation et la dette gouvernementale, le japon doit aussi garder un couvercle sur les obligations d’Etat.

Si Abe choisissait d’être encore plus pro actif, il pourrait alors décider par exemple de mettre un terme aux taxes sur la consommation. Toutefois, il apparaît plus rationnel de penser que Shinzo Abe continuera sur sa voie entre hausse d’impôts sur les biens  à la consommation et baisse d’impôts sur les entreprises et autre stimuli monétaires.

Le Japon est sans aucun doute cette année, une affaire à suivre.

 

Auteur: idlibertes

Profession de foi de IdL: *Je suis libéral, c'est à dire partisan de la liberté individuelle comme valeur fondamentale. *Je ne crois pas que libéralisme soit une une théorie économique mais plutôt une théorie de comment appliquer le Droit au capitalisme pour que ce dernier fonctionne à la satisfaction générale. *Le libéralisme est une théorie philosophique appliquée au Droit, et pas à l'Economie qui vient très loin derrière dans les préoccupations de Constant, Tocqueville , Bastiat, Raymond Aron, Jean-François Revel et bien d'autres; *Le but suprême pour les libéraux que nous incarnons étant que le Droit empêche les gros de faire du mal aux petits,les petits de massacrer les gros mais surtout, l'Etat d'enquiquiner tout le monde.

6 Commentaires

Répondre à dede

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  • dede

    12 septembre 2013

    Je crains que cela ne modifie pas profondement mon opinion : Boris Johnson a l’air de ce rejouir que sa depense de 8.9 milliards a permis de generer un chiffre d’affaires de 9.9 milliards mais, a moins que les entreprises britaniques parviennent a generer une marge nette de 89%, cela ne me parait pas super efficace comme depense…
    Avec un taux d’IS a 23%, il va falloir generer 38 milliards de profits pour rentrer dans ses frais : vu le niveau des recettes apres un an, cela risque de prendre du temps.

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    • idlibertes

      12 septembre 2013

      Cher dede,

      oh mais tout à fait, mon propos était juste de demontrer que cela brassait de l’air. La rentabilité est autre chose et comme chacun le sait içi, si nous attendions des politiques de prendre des décisions rentables d’un point de vue économique, ce site n’existerait pas…

      Cdlt

      Idl

    • Jules

      12 septembre 2013

      Les Abenomics (s’inspirant de Bernanke) ne font que gagner du temps avant l’inévitable échéance dont on ignore à ce jour la nature : bail-in ? bail-out ? nouveau système monétaire ?…

      On souhaite tout de même le meilleur succès à cet admirable peuple que sont le sjaponais dans l’organisation des Jeux 🙂

      Mais en prolongement de votre très juste remarque concernant d’éventuelles « décisions rentables d’un point de vue économique », disons haut et fort que la 1ère (vitale ?) décision « rentable d’un point de vue économique » à prendre face au risque bancaire systémique croissant sera(it) de séparer « la banque de dépôts et de crédit à l’économie » de « la banque d’affaire et de spéculation » (pour le détail, se reporter à « LA CRISE N°24, Septembre 2013, « Opération Jivaro» de Henri Regnault, comme toujours c’est ludique et très bien expliqué).

      Amicalement.

    • emmanuel

      15 septembre 2013

      Merci Jules.
      Rien a ajoutter.
      La chutte finale est toute proche.
      Et les memes causes produisent les memes effets.
      Ils esperent egler une crise systemique de solvabilite mondiale avec plus de dettes et de la fausse monnaie imprimee par les banques centrales.
      Bonne chance…
      Ou devrai je dire « Hara Kiri ».
      Cordialement

  • dede

    11 septembre 2013

     » les simples retombées économiques évidentes ». Pourriez-vous etoffer un peu? Je n’ai jamais compris en quoi l’organisation des jeux olympiques pouvait etre positive economiquement a quelque exceptions pres. Typiquement, si il s’agit de faire connaitre une destination touristique (souvent le cas pour les jeux d’hiver), je vois un investissement marketing qui est peut-etre rentable (difficile a mesurer toutefois) mais dans d’autres cas, cela me parait incongru comme approche.
    Si l’on se refere a la candidature de Paris pour les jeux de 2012, on ne voit pas l’interet marketing, Paris etant une destination « revee » par un grand nombre de touristes potentiels dans le monde et si l’on considere que les investissements en infrastructure sont necessaires, je ne vois pas l’interet des jeux olympiques qui vont conduire a definir des priorites ciblees pour un mois plutot que des decenies (l’extension de la ligne 14 ou la construction d’une nouvelle piscine olympique qui ne se sont pas faites etaient-elles vraiment necessaires et le cas echeant, en quoi l’absence des jeux olympiques empeche d’investir dans ces projets?)
    D’apres moi, les jeux olympiques ne sont qu’un pretexte des hommes politiques pour augmenter la dette et prendre quelques retro-commissions au passage.

    Répondre
    • idlibertes

      11 septembre 2013

      Cher dede,

      alors en illustration,

      « Un an après les jeux Olympiques de Londres, l’heure est toujours à l’euphorie outre-Manche. En tout cas du côté du gouvernement de David Cameron. Une étude officielle assure en effet que la moisson historique de médailles britanniques s’est aussi accompagnée de retombées économiques records. 9,9 milliards de livres soit près de 11,4 milliards d’euros proviennent de nouveaux contrats commerciaux signés pour l’occasion, d’investissements en provenance de l’étranger et de ventes diverses, selon les calculs rendus publics par le gouvernement et le maire de Londres. Ces recettes seraient supérieures aux dépenses engagés par le gouvernement (8,9 milliards de livres).
      Près de 31.000 nouveaux emplois auraient déjà été créés et l’événement a également permis de redévelopper des quartiers de l’Est de Londres qui en avaient bien besoin. « Depuis l’été dernier, la capitale a connu un bond des investissements en provenance de l’étranger à hauteur de plusieurs milliards… tout cela avec une transformation extraordinaire de l’Est de Londres », s’est enthousiasmé son maire, le bouillonnant Boris Johnson.

      En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/economie/jo-de-londres-polemique-sur-le-chiffrage-des-retombees-economiques_395268.html#G04UgkYtGTIsG0Y7.99

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