9 octobre, 2012

Le combat entre les talibans de l’austérité et les économistes keynésiens se poursuit

La route de la sortie de crise est encore longue, ce qui ne signifie pas que les marchés ne vont pas continuer de progresser. Explication.

L’Occident n’a plus le monopole de la croissance molle puisque la dynamique des pays émergents s’essouffle. Cela va avoir pour conséquence de faire baisser les résultats des entreprises.

Combler les déficits principalement par la hausse de la fiscalité comme le fait la France,plombe la croissance,  dit Jean Michel Six Chef économiste de Standard & Poor’s. C’est pourquoi, selon lui, le pire reste à venir.  Des générations d’étudiants en économie ont pourtant appris qu’une forte taxation des plus riches n’augmentait pas les rentrées fiscales, au contraire. La « courbe de Laffer » modélise une notion simple « trop d’impôts tue l’impôt ». Tout à l’air de se passer comme si nos dirigeants avaient oublié leurs cours d’économie !

Le « bal des banques centrales » vise à s’opposer à la tendance de l’économie, puisqu’il consiste à inonder les marchés de liquidités. Nous sommes donc dans une phase de consolidation des marchés pense Andrew Garthwaite du Crédit Suisse. C’est, depuis 2002,  le quatrième plus long  mouvement de hausse boursier sur le marché américain sans avoir connu une correction de 5%.

Etats Unis : les indicateurs économiques s’améliorent

 Mitt Romney est ressorti nettement vainqueur de son premier débat télévisé avec Barak Obama. Cela a constitué une surprise pour la majorité des medias européens qui sont systématiquement favorables au candidat démocrate.

 Trois indicateurs importants sont passés au vert : l’indice ISM manufacturier et l’indice ISM Services en septembre publiés lundi dernier après trois mois de contraction ; le taux de chômage de la population active en recul à 7,8%. Cela n’empêche pas le débat sur l’efficacité du QE3 de se poursuivre.

Le QE3 ne peut que produire une nouvelle récession, car des taux d’intérêt négatifs permettent de maintenir en vie artificiellement des sociétés non compétitives.  Pour Charles Gave de GaveKal cela encourage surtout les détenteurs de liquidités à investir dans des actifs improductifs comme l’or, l’art ou la terre. Henri de Casties président d’Axa a lui aussi expliqué publiquement cette semaine que le niveau des taux d’intérêt ne permettait plus de valoriser correctement les différentes classes d’actif.

Europe : le budget 2013 de la France restera comme une occasion manquée pour engager la reconquête de la compétitivité

Même si la liste des mauvaises surprises possibles reste très longue (retrait de l’Allemagne sur l’ESM, élections en Catalogne débouchant sur la sécession, nouvelle décision de retarder les interventions de la Troïka en Grèce etc…) Peter Oppenheimer « Chief Global Strategist » de Goldman Sachs pense que les niveaux de valorisation en Europe sont à des niveaux  beaucoup trop pessimistes.

En France, le budget 2013  est  un budget politique et non pas économique. Les marchés ont bien compris qu’il était avant tout destiné à satisfaire la clientèle électorale du PS.  C’est une occasion manquée pour engager la reconquête de l’attractivité du pays. Le déficit structurel de la France s’élève à 4% du PIB, c’est déjà plus que la limite des 3%. Rappelons que le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) obligera les signataires à s’astreindre à la règle d’or budgétaire limitant à 0,5% du PIB le déficit structurel sous peine de sanction!

L’austérité ne peut être qu’une réponse provisoire, car pour surmonter l’obstacle il faut plus de compétitivité pas plus de fonctionnaires. Comme le fait remarquer Hans-Peter Keitel président de la Fédération allemande de l’industrie « La France est un pays où l’on organise la croissance à partir de l’Etat ». Or, avec 47% de taux de prélèvement obligatoire et près de 57% de dépenses publiques par rapport au PIB, l’économie française est de plus en plus collectivisée, ce qui l’éloigne du profil de ses principaux concurrents. Ce n’est probablement pas en surtaxant les créateurs d’entreprise  et en permettant le rachat d’usines devant fermer, par des coopératives ouvrières que l’on dynamisera beaucoup le tissu industriel français.

Si les politiques keynésiennes étaient efficaces, la France serait en pleine expansion aujourd’hui. C’est pourquoi comme le recommande Eric Le Boucher des Echos, depuis de nombreuses semaines, il faudra savoir couper dans les dépenses de l’Etat Providence. Le passage entre les gouttes espéré par le gouvernement ne fonctionnera pas dit il.

 Le marché des CFD (Contract For Difference) se développe depuis que le gouvernement a eu la mauvaise idée de taxer les transactions financières à 0,2%. Les CFD sont des produits dérivés permettant de suivre la variation à la baisse et à la hausse d’une action, d’un indice, d’une devise ou d’une matière première. Les déçus de l’achat de titres en direct vont de plus en plus sur ce type de produits. Voilà comment on diminue l’attractivité du marché français pour les investisseurs étrangers.

Le plafond du Livret A et du Livret de Développement Durable(LDD) ayant été relevés à 2,25% net d’impôt sont en train de devenir les meilleurs placements pour le court terme. Rappelons à cette occasion  qu’en 1978,  la Loi Monory du nom du Ministre de l’économie de l’époque qui était un ancien garagiste. Souhaitant encourager les français à acheter des actions  il avait instauré une  détaxation de l’épargne des particuliers investie en actions. Cela a été à l’époque un très grand succès, ce qui a permis à de nombreuses sociétés de lever en bourse l’argent dont elles avaient besoin pour leur développement.

En Espagne, le feuilleton continue après que le gouvernement ait relevé à la hausse le déficit 2011 (9,4% contre 8,6%) ainsi que  l’objectif de déficit pour 2012 (7,4% contre 6,3%). Selon les derniers « stress test »  réalisés par Olivier Wyman les prix de l’immobilier en Espagne devraient continuer de baisser, ce qui devrait encore peser sur la solvabilité des caisses d’épargne espagnoles.

Secteurs : l’écologie ne peut se dispenser de gérer sérieusement les secteurs dont elle a la charge

L’énergie solaire est un bon exemple de gaspillage d’argent public puisque pratiquement tout ce qui a été dépensé a profité aux fabricants de panneaux et de cellules chinois, américains ou allemands. La filière française est exsangue, c’est pourquoi le gouvernement vient d’accepter une hausse du tarif de rachat de l’énergie photovoltaïque.

La fraude à la TVA sur le marché du carbone est un autre bon exemple de gaspillage. Elle  aura coûté 1,6Md€ à l’état français. Il s’agissait de lancer une bourse européenne du carbone créée pour lutter contre le réchauffement climatique. La négligence des autorités de tutelle chargées de réguler ce marché est confondante !

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

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