30 juillet, 2012

L’arme du bazooka va être utilisée par l’Europe et la BCE

Malgré les résolutions du dernier sommet, le coût de refinancement de l’Espagne et de l’Italie est devenu intenable. C’est pourquoi, Mario Draghi, patron de la BCE,  s’apprête à violer une nouvelle fois les traités européens, en achetant des obligations d’état sur le marché secondaire,  par l’intermédiaire du fonds de sauvetage. Il a suffit que le pompier de la zone Euro annonce qu’il ferait tout pour sauver la monnaie européenne pour que les marchés s’envolent. Le bazooka est une excellente arme, mais il ne dispense pas les hommes politiques de faire leur travail essentiel, qui est de diminuer l’importance des états dans l’économie, pour libérer le secteur privé seul capable de créer des emplois durables dans le secteur concurrentiel. C’est George Soros patron de « The institute for New EconomicTthinking » qui a probablement été le catalyste des annonces de la semaine. Il a signé avec 17 autres économistes (dont Patrick Artus chef économiste de Natixis) un manifeste recommandant aux institutions d’intervenir très rapidement avant qu’il ne soit trop tard. Pratiquement sur le même ton, Mohamed El-Rian de Pimco à Los Angeles, a lancé un avertissement solennel sur le fait que les non décisions des hommes politiques des deux côtés de l’Atlantique menaient tout droit vers une dépression globale synchronisée, ce qui était bien évidemment le plus mauvais des scénarios.

Marchés actions : même l’Allemagne commence à ralentir

En Europe, l’indice PMI s’est dégradé pour le dixième mois consécutif, ce qui n’est malheureusement pas une surprise. Pour Mislav Matejka le stratégiste Europe de JP Morgan, le marché va continuer d’être écartelé entre de mauvais chiffres économiques, des résultats décevants et les effets favorables des mesures bazooka….En France, les entrepreneurs qui ont l’habitude de faire des comptes ont  maintenant bien compris que la taxe à 75 % sur les « très riches » complétée par la CSG, la CRDS et l’ISF conduira à un taux de pression fiscale frôlant les 100%. Parallèlement, comme on assèche l’épargne des ménages et des entreprises, on tue les stock options, on condamne les actionnaires,  il ne restera donc pas grand monde pour investir dans la  création d’emploi et de construction de logements… Le chômage a donc  monté en juin pour le 14ème mois consécutif.  Les hommes politiques, de droite comme de gauche, qui n’ont pas réussi à équilibrer un seul budget depuis 1973 ne sont donc  pas les mieux placés pour donner des leçons de bonne gestion aux dirigeants de sociétés industrielles. Si l’objectif de déficit zéro en 2017 est maintenu par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault Premier Ministre, il faudra expliquer que cela détruira probablement encore  165 000 emplois de plus dans les  cinq ans qui viennent. Les emplois d’avenir et les contrats de génération ne changeront pas grand chose à la situation de l’emploi. Même l’Allemagne est en train de ralentir comme le montrent bien les commentaires de Peter Löscher Président de Siemens  qui a annoncé que la dégradation de la conjoncture ne lui permettra pas d’atteindre ses objectifs 2012. Ses commandes ont baissé de 23% sur la période mars-juin par rapport à la même période de l’année dernière.

Aux Etats Unis, la situation est toujours contrastée.Pour Nouriel Roubini patron de Roubini Economics,  l’économie américaine va aller de mal en pis. Il ne faut pas croire au conte de fée : baisse des prix du pétrole, remontée des prix de l’immobilier et réindustrialisation de l’Amérique.  Un gros trou d’air devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année sur le marché américain, selon Michael Riesner et Marc Müller analystes techniques chez UBS. Si le S&P 500 casse 1325 à la baisse on irait selon eux directement à 1100. L’indice Dow Jones a entamé une séquence de baisse qui devrait durer vingt ans. Pour Richard Russell éditeur de la « Dow Theory Letter » c’est le temps qui sera nécessaire pour réparer toutes les bêtises commises au cours des cinquante dernières années.  Ces prises de position expliquent le succès rencontré par les trackers de la société Universa qui permettent de prendre une position à la baisse sur le marché américain : Horizons Universa Canadian Black Swan ETF (HUT) et Horizons Universa US Black Swan ETF (HUS). La société canadienne qui gère ces trackers bénéficie des conseils de Nassim Taleb,  professeur d’ingénierie du risque a l’Institut Polytechnique de New York University. Spécialisé dans le risque d’événements rares et imprévus, Il est notamment le créateur de la théorie du cygne noir.

Comme on peut le voir l’optimisme n’est pas le sentiment le plus répandu parmi les stratégistes américains. En revanche, Cullen Roche, le patron du Think Tank Pragmatic Capitalism est positif sur les Etats Unis pour quatre raisons : 1/baisse du prix de l’énergie grâce au gaz de schiste qui va libérer du pouvoir d’achat, 2/des statistiques économiques qui s’améliorent lentement, 3/des mesures de stimulation qui vont être prises dans les marchés émergents, 4/une amélioration du marché de l’immobilier qui va resolvabiliser de nombreux ménages

Secteurs : avalanche de mauvais résultats dans la technologie

Dans le secteur de la technologie les résultats de Facebook ont déçu, ce qui a été sanctionné par une baisse du cours  de 8,5%, prenant la suite dans le domaine des médias sociaux de Groupon et YelpZynga, le concepteur de jeu en ligne installés sur Facebook s’est effondré de 40%.Cela ne fera pas trop plaisir aux actionnaires de savoir que les dirigeants de l’entreprise, dont Marc Pincus le CEO,  ont vendu à 12$ en avril dernier des actions de leur entreprise qui ne valent plus aujourd’hui que 3$ !

Apple a annoncé des résultats pour son T3 inférieurs aux prévisions des analystes, ce qui s’est traduit, une fois n’est pas coutume, par une baisse de 4,5% du cours. Le ralentissement des ventes de iPhone s’est immédiatement répercuté sur les fournisseurs de semi conducteurs (Qualcomm, Broadcom, Sandisk).

Amazon a vu son bénéfice plonger de 96%. Le chiffre d’affaires a baissé pour le cinquième trimestre consécutif.  Netflix a baissé de 14%. Cisco a sorti de mauvais résultats et  Alcatel Lucent  a annoncé la suppression de  5000 postes d’ici fin 2013 soit 6,4% de ses effectifs. Seul Juniper Networks dans le cloud computing a monté de 5%. A noter de bons résultats pour Philips qui a progressé de 5% et le fait que IBM ait pu emprunter de l’argent à 10 ans à 1,875% !

Dans cet environnement compliqué Max Kamir de Louis Capital, qui reste courageusement derrière ses écrans pour surveiller l’évolution de « La guerre des tablettes » pendant que d’autres sont à la plage, recommande deux valeurs : Dialog la meilleure société européenne selon lui et Nvidia le fabricant du semi conducteur Tegra et bientôt du Miracast….

 Automobile : le « Plan Montebourg » pour l’automobile a accouché d’une souris. Une fois de plus, l’état va devoir subventionner avec de l’argent qu’il n’a pas, les français qui achèteront une voiture neuve électrique ou hybride (1% du marché actuellement). A aucun moment le mot compétitivité n’a été prononcé…Il n’est pas du tout sûr que face à Toyota, leader mondial en véhicules hybrides, la stratégie du tout électrique des constructeurs français pourra être efficace. Pour bien rappeler que le problème de PSA ne concernait pas que la famille Peugeot, il suffisait de regarder les résultats des entreprises du secteur : Renault a vu ses bénéfices reculer de 39% au premier semestre. Ford dont les résultats ont baissé de 57% a annoncé que le montant de ses pertes en Europe allait doubler. Leif Östling le patron de Scania ne voit pas de son côté de lumière au bout du tunnel….

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

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