1 mai, 2013

L’Allemagne ne doit pas être le bouc émissaire de l’échec de François Hollande

François Hollande est rattrapé par la réalité et par le Parti Socialiste. L’attaque anti allemande dirigée contre Angela Merkel, la Chancelière allemande, orchestrée par Claude Bartolone président de l’Assemblée Nationale,  représente bien le courant central du PS qui a toujours besoin de trouver un nouveau bouc émissaire pour expliquer ses échecs. Cela permet de constater une fois encore que le Parti Socialiste se révèle être le véritable parti d’opposition aux réformes. François Hollande nous expliqué qu’il avait compris  que pour créer des emplois il valait mieux s’appuyer sur les entrepreneurs et les entreprises du secteur privé. Mieux vaut tard que jamais dit le vieux dicton populaire.

Pour que le dispositif fonctionne convenablement, il faut des banquiers qui ont envie de prêter de l’argent à des entreprises qui leur en demandent ; des investisseurs qui aimeraient bien que s’ils réalisent une plus value, l’administration fiscale ne leur en prenne pas la quasi totalité; des syndicats qui comprennent, comme en Allemagne, que la flexibilité du marché de l’emploi était la seule façon de préserver et développer des emplois dans le secteur marchand.  En clair, il serait nécessaire que le Président de la République exprime clairement son désaccord avec  le Front de Gauche de Jean-LucMé lenchon  et ses alliés CGT et FO.

Il est plus que temps que les hommes politiques intègrent que parmi les sociétés du CAC 40, celles qui sont les plus efficaces ont la majorité de leurs effectifs à l’étranger : 94% des salariés de Technip travaillent hors de France, 91% pour Danone, 91% pour L’Oréal, 91% pour Publicis et 90% pour Accor

 

Parmi les mauvais signes de la semaine, le Comité Central d’Entreprise d’Air France dépose son bilan, ce qui illustre la qualité de la gestion réalisée par la CGT.  Parmi les autres Comité d’Entreprise dont les problèmes ont été de nombreuses fois signalés par la Cour des Comptes, il y a un trésorier  qui aurait détourné à son profit 230 747€ entre 1997 et 2006. On attend de voir s’il sera amnistié !

 

La faible croissance mondiale est désormais installée. Cela devrait influencer négativement les résultats des entreprises et le cours des matières premières. L’économie réelle est plombée fait remarquer Didier Saint Georges de Carmignac. Dans le monde on compte 311M de jeunes de la tranche 15 à 24 ans, dont 20M en Europe qui n’ont pas d’emploi, soit l’équivalent de la population des  Etats Unis. Tous les espoirs des marchés actions reposent plus que jamais sur les banques centrales.

 

L’Europe a plus besoin de réformes que de baisse des taux

 

L’Europe est en panne. Elle est en train d’essayer de tourner le dos à l’austérité. Une bataille a été orchestrée par le Financial Times,  principalement autour des articles de Martin Wolf  « L’austérité perd son principal soutien » dans lequel il rejoint curieusement  le camp des anti Rogoff Reinhart, les deux professeurs de Harvard qui ont brillamment démontré que l’endettement excessif d’un état , quand il était supérieur à 90%, nuisait à la croissance. Leur erreur de calcul dans une série statistiques est certes regrettable mais ne change rien ni à leur raisonnement ni à leurs conclusions. Pour Chris Giles autre plume du Financial Times « L’austérité cela fait mal, mais est ce que cela fonctionne ? ». Tout cela a conduit les marchés à anticiper une baisse des taux de la BCE. La véritable surprise comme l’écrit Anatole Kaletsky de GaveKal, serait qu’il n’y ait pas de décision prise sous la pression de l’Allemagne et des pays du Nord.

 

L’Espagne va mal. Elle a demandé deux années de plus pour revenir un niveau de déficit budgétaire de 3%. Près de un million de personnes ont perdu la quasi totalité de leur épargne en souscrivant , incités activement par l’établissement où ils détenaient leur compte, à des actions préférentielles. Ses détenteurs étaient censés recevoir un dividende fixe, comme une obligation et avoir priorité sur les actionnaires ordinaires en cas de liquidation de l’entreprise. Dans la réalité les actionnaires privilégiés passent après les détenteurs d’obligations en cas de faillite. Ils courent aussi le risque que l’entreprise n’ait plus les ressources suffisantes pour payer les dividendes prévus. Andreu Missé dans Alternativas Economicas explique bien ce qui est selon lui « Une arnaque à 32Md€ » dans laquelle les épargnants ont été trompés par leur banque sur un produit financier présenté comme « privilégié ».

 

En Allemagne les attaques du Parti Socialiste français contre Angela Merkel,   renforcent la mouvance sécessionniste qui prend forme. Avec le développement d’un parti anti Euro « Alternative für Deutschland (AfD) », on aurait tort de prendre ce parti à la légère, car il pourrait obtenir 5% des voix aux prochaines élections et affaiblir l’Union Chrétienne Démocrate d’Angela Merkel.  Le dernier indice IFO a été décevant

 

En Italie, on a un vieux président Giorgio Napolitano, un nouveau premier ministre Enrico Letta mais toujours les mêmes problèmes. Sylvio Berlusconi sort gagnant du bras de fer politique qui vient de se produire

 

Aux Etats Unis, l’activité est moins dynamique que prévu

 

Aux Etats Unis, la croissance du PIB pour le premier trimestre (+2,5%) a été en dessous de ce qui était attendu (3%). La confiance des consommateurs a également reculé au mois d’avril pour le troisième mois consécutif. Parmi les sociétés du S&P 500, 51% ont annoncé leurs résultats du premier trimestre. Un pourcentage de 40% d’entre elles ont fait mieux que les estimations des analystes….

 

Au Japon, l’indice Topix a progressé de 50% depuis le mois de novembre dernier, +33% depuis le début de l’année  et 4,2% dans la semaine. Les investisseurs internationaux sont sous pondérés. Chris Wood de CLSA continue de recommander à l’achat le marché.

Il estime que les sociétés exportatrices profitant de la baisse du Yen ont déjà beaucoup monté et préfère recommander les sociétés de distribution comme : Sugi Holdings (drugstore), Tsuhura Holdings (drugstore), Welcia Holdings (drugstore), Lawson (convenience store),

La popularité de Shinzo Abe le premier ministre est à 76%, quasiment l’inverse de celle de François Hollande.  Cela devrait permettre au nouveau gouvernement japonais de procéder enfin à des réformes structurelles (marché du travail, travail des femmes, privatisations…)

 

 Le secteur de la chimie française est menacé

 

Dans le secteur de la chimie, Philippe Goebel président de l’Union des Industries Chimiques-UIC a expliqué cette semaine que  les entreprises basées en France payent maintenant leur énergie 3 à 4 fois plus cher que les entreprises américaines avec le gaz de schiste et leur électricité 47€ le mégawatt heure contre 37€ en Allemagne. Cette situation qui illustre une fois de plus tout le travail qui reste à faire pour que les entreprises françaises retrouvent de la compétitivité. En attendant les gérants préfèrent acheter des sociétés allemandes notamment : BASF , Bayer Brenntag (spécialités pour peinture, cosmétique, pharmacie et traitement de l’eau) ainsi que Lanxess (polymères). En France, la faillite de Kem One ex filiale d’Arkema qui fabrique du PVC pourrait en trainer 1300 licenciements et menacer environ 10 000 emplois chez les sous traitants.

 

Auteur: Romain Metivet

Romain Metivet est économiste et dirigeant d'une entreprise dans les nanotechnologies.

13 Commentaires

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  • Pochet

    6 mai 2013

    Vous dîtes qu’un million d’Espagnols ont été ruinés, volés………comment se fait-il qu’il n’y ait pas eu d’émeutes ? On tue pour moins que ça dans les « quartiers »…….

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  • iclair

    3 mai 2013

    La suggestion aujourd’hui de taux negatifs dans la zone Euro par Mario Grassi est suffisante pour decider toute personne intelligente de fuire. « The writing is on the wall ». Ne devenons pas des grenouilles cuites sans s’en apercevoir.

    P.S. Pardonnez s’il vous plait mes fautes d’hortographe. J’ai quitte la France il y a 40 ans. J’adore la France et son genie maid je suis desespere par la maleducation economique de la plupart.

    Bien a vous

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  • BA

    2 mai 2013

    Vers une nouvelle monnaie européenne.

    Sur son blog, l’économiste Yanis Varoufakis souligne l’importance historique du document de la Bundesbank publié dans le journal Handeslblatt. Ce document de la Bundesbank montre que l’Allemagne est en train de suivre une Grande stratégie :

    l’Allemagne souhaite créer une nouvelle monnaie, qui réunirait tous les pays situés à l’est du Rhin et au nord des Alpes.

    La monnaie actuelle, l’euro, resterait la monnaie des pays d’Europe du sud et de la France.

    Lisez cet article :

    Faites votre choix, cher lecteur : voyons-nous une Grande erreur de la Bundesbank ? Ou alors une Grande stratégie, dont l’objectif est d’aboutir à une nouvelle monnaie à l’est du Rhin et au nord des Alpes, nouvelle monnaie inutilisée par les pays en déficit et par la France ? Je sais sur quelle interprétation je parierais de l’argent.

    You take your pick, dear reader: Do we behold a Bundesbank Grand Error or a Grand Strategy, the purpose of which is to bring about a new hard currency east of the Rhine and north of the Alps, unencumbered by the deficit countries and France? I know which interpretation I would place money on.

    http://yanisvaroufakis.eu/2013/04/27/intransigent-bundesbank-mr-jens-weidmanns-surreptitious-campaign-to-bring-back-the-greater-deutsch-mark/

    Rappel des chiffres du chômage en Europe :

    1- Médaille d’or : la Grèce. 27,2 % de chômage.

    2- Médaille d’argent : l’Espagne. 26,7 % de chômage.

    3- Médaille de bronze : le Portugal. 17,5 % de chômage.

    Et les pays qui ont le moins de chômage ?

    24- Pays-Bas : 6,4 % de chômage.

    25- Luxembourg : 5,7 % de chômage.

    26- Allemagne : 5,4 % de chômage.

    27- Autriche : 4,7 % de chômage.

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    • jepirad

      2 mai 2013

      Il a souvent des inexactitudes dans les chiffres. Exemple pour l’Allemagne en avril 2013, l’Agence fédérale pour l’emploi donne 6,9% le taux de chômage corrigé des variations saisonnière, alors que selon vos sources ce serait 5,4% ce qui fait un écart conséquent. Finalement on finit par douter de tout.

    • jepirad

      3 mai 2013

      Je ne souhaite pas engager une bataille de chiffres. Vous indiquez bien vos sources. Le problème est qu’officiellement l’Agence fédérale allemande compétente dit 6,9%! et d’ailleurs cette valeur est constante de le début de l’année.
      Alors où est la vérité?

  • BA

    2 mai 2013

    MEDIAPART, Paul Jorion : « La zone euro est à deux doigts de l’éclatement », le 30 avril 2013.

    Mediapart : Un économiste grec, Yanis Varoufakis, considère sur son blog que le mémoire de la Bundesbank est un acte de guerre et annonce la fin de la zone euro telle que nous la connaissons. Partagez-vous cette analyse ?

    Paul Jorion : Les conclusions de Yanis Varoufakis au billet alarmiste qu’il poste sur son blog sont probablement bonnes, mais pas pour les raisons qu’il avance. Entre la Grèce, Chypre, le Portugal, il est clair que c’est l’Allemagne qui tient la zone euro. Elle a commencé à faire les comptes. L’addition devient de plus en plus lourde et les risques aussi, comme le traduit Target 2 (système de compensation intra-européen qui montre que l’Allemagne est créditrice à hauteur de 700 milliards d’euros à l’égard du reste de la zone euro). Enferrée dans sa position d’exportateur net, elle devient de plus en plus en risque. Les Allemands sont devenus les seuls répondants. La zone euro est devenue un fardeau beaucoup trop lourd pour eux. L’intérêt calculé de l’Allemagne est de couper le cordon.

    Mediapart : Peut-elle décider de le faire ?

    Paul Jorion : La raison voudrait que l’on arrête la politique du chacun pour soi, qu’on rebâtisse un ordre monétaire international, dont l’absence depuis 1971 entraîne tout le monde par le fond. Au niveau européen, la construction telle qu’elle a été faite montre toutes ses lacunes et ses erreurs. Il faudrait aller vers plus de fédéralisme, afin qu’un système budgétaire et fiscal commun vienne compléter la monnaie unique. Mais si cela se fait, ce sera contre les opinions publiques. Celles-ci ont décroché du projet européen : elles souhaitaient une Europe des citoyens, elles n’ont que l’Europe des marchands. À ce stade, il y a toutes les raisons d’être pessimiste. Nous sommes dans une période très critique. La zone euro est à deux doigts de l’éclatement. Le système est dans une telle situation de fragilité que la moindre étincelle peut le faire exploser.

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=52999

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    • JohnS

      2 mai 2013

      Franchement venir poster du Jorion sur un site sérieux…

    • Bugbreeder

      2 mai 2013

      D’accord en général, toutefois son analyse sur ce point précis est certainement correcte, il est évident que l’Allemagne paie pour tout le monde sans aucun avantage en contrepartie, l’UE sous sa forme actuelle va exploser d’une manière ou d’une autre.

  • iclair

    2 mai 2013

    Mon modeste commentaire sur le titre de ce papier-

    1). Il est evidant que Francois Hollande, comme chacun, est responsable en premier parce qu’il est le commander in chief.. En fait pour avancer toute societe, chacun doit etre responsable de ses actions meme si un tiers a foutu le bordel. La prise personnelle de responsabilite est primordiale si nous voulons construire l’avenir et arriver a notre vrai potentiel en temps que societe. Cette notion doit etre universelle.

    2) D’un autre cote je trouve le titre de l’article pervert. Si F. Hollande a faute, cela ne doit pas, meme indirectement, suggerer que l’Allemagne est clean. L’Allemagne inflige sa vision au reste de l’europe et le reste de l’europe est incapable de suivre et souffre beaucoup. (au moins les pays du sud).

    Pour resumer je pense que la France doit s’affranchir de l’Allemagne. Une europe federale veut dire une hegemonie allemande et c’est probablement bon pour personne – meme pas pour les allemands.

    Bien a vous

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    • longkris

      5 mai 2013

      L’Allemagne a été capable de prévoir et de faire tous les efforts indispensables il y a 10 ans pour vivre avec un budget sérieux.
      Pendant ce temps toutes les cigales chantaient en Europe du sud et nous sommes au sud, grâce a de l’argent emprunté.
      S’ils ont été capables de le faire pourquoi ne pourrait-on pas le faire ??
      Ah oui chez nous tout se termine dans la rue, tous les priviligiés assités que sont les fonctionnaires vont bloquer le pays puisqu’on leur a laissé les clefs des moyens de pression tels que le transport public, une grande part de l’énergie……
      Comme il est plus facile de nous noyer sous des impôts nouveaux que de toucher à ces clans mafieux, on va couler à cause de ces hausses de prélèvements, dans un pays avec une économie basée sur la consommation, c’est du suicide que de la freiner.

  • Duff

    1 mai 2013

    Il m’est difficile de comprendre comment les entreprises allemandes paient moins cher leur électricité qu’en France. Le coût en France – sans tenir compte des frais de démantèlement d’une centrale nucléaire largement sous-évalué – de l’énergie nucléaire serait-il supérieur à celui d’un pays qui a fait le choix d’un mix énergétique réduisant la part du nucléaire? A ma connaissance, l’Allemagne ne s’est pas lancée tête baissée dans le gaz de schiste, comment alors expliquer une pareille différence?

    Sachant que l’hydroélectrique est aux limites en France, que l’éolien n’est qu’une facétie écolo-irresponsable, la géothermie et le solaire d’autres farces écologiques, comment expliquer donc cet écart? La Russie vendant à perte son gaz à l’Allemagne? J’ai du mal à y croire…

    Serait-ce EDF qui serait incroyablement mal gérée? J’aimerais lire votre avis sur ce point parfaitement crucial sur le plan économique. Une forte croissance ne peut pas se produire tant que le coût énergétique reste anormalement élevé avec des pays voisins et concurrents, c’est presque une question de stratégie à 20 ou 30 ans!

    Cordialement

    Répondre
    • JohnS

      2 mai 2013

      Je ne suis pas spécialiste du sujet mais il me semble bien que l’Allemagne bénéficie de tarifs très avantageux sur le gaz russe au prix d’une relation très spéciale entre les 2 pays sur ce sujet. Si je ne m’abuse le terminal gazier russe pour l’Europe se termine en Allemagne.

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