2 octobre, 2017

L’Allemagne face à son Destin

 

Commençons par rappeler l’un des grands classiques de la géopolitique.

Des guerres inexpiables ont toujours opposé le pays qui contrôlait la mer au pays qui gouvernait la terre. Pensons à Athènes contre Sparte, à la Grèce contre l’empire Perse, à Carthage contre Rome (Cartago delenda est…), à la Grande-Bretagne contre (dans l’ordre d’apparition) Philippe II d’Espagne, Louis XIV, Napoléon, Guillaume II, Hitler pour finir par les Etats-Unis contre l’Union Soviétique…

Depuis la seconde guerre mondiale, les USA contrôlent sans partage les mers du monde entier grâce à une marine dont la domination ne peut être mise en doute par quiconque tant elle est écrasante. Cette maitrise des mers s’est transformée en un « hégémon global » en raison de l’écroulement en 1990 de la puissance continentale qui les avait menacés depuis 1945, l’Union- Soviétique. De 1990 à l’arrivée au pouvoir de monsieur Xi, nul « challenger » ne se profilait à l’horizon et les gouvernements américains enivrés de leur toute puissance se mirent à vouloir dominer non seulement les mers, mais les terres, ce qui est autrement difficile.

Et ils sont en train d’échouer…

C’était d’autant plus prévisible qu’un nouveau pouvoir « terrestre » commence à émerger avec les capacités humaines, financières et techniques pour « dominer » au moins commercialement une grande partie des territoires émergés, et je veux parler bien sûr de la Chine.

 

Regardons une carte.

Aussi contre intuitif que cela paraisse, la Chine est en réalité une immense « île », bordée par l’océan à l’Est, un immense désert à l’Ouest et protégée par des montagnes ou des jungles impénétrables au Sud. Et arriver en Chine par le Nord, mieux vaut ne pas y penser.

Pour relier la Chine au reste du monde, les commerçants pendant des millénaires ont utilisé les « routes » de la soie, l’une terrestre passant au Nord dès l’Himalaya et l’autre au Sud, maritime, passant par les Indes, le Moyen-Orient et rejoignant l’Europe au travers de la Mésopotamie et de la Syrie.

L’arrivée des bateaux à vapeur et l’ouverture du canal de Suez ont détruit en quelques décennies ces deux routes de la soie et du coup la Chine ne contrôlait plus son commerce ni avec l’Europe ni avec le reste de l’Asie et encore moins avec le reste du monde.

Voilà qui est en train de changer.

Le plan de monsieur Xi est très simple : il veut tout simplement ré-ouvrir les deux routes de la soie.

  • Au Sud, la Chine va aider à rebâtir tous les anciens ports de la route de la soie maritime, ce qui va déclencher une forte croissance dans toutes ces régions, en raison du phénomène dit de réseaux. Imaginons que deux ports soient construits pour relier deux régions qui jusque-là n’avaient que peu ou pas de contacts. Il va falloir bâtir toute une série d’infrastructures (aéroports, hôtels, logements, télécommunications, routes etc..) et nous aurons très vite UNE nouvelle série de lignes de communications entre ces deux centres. Ajoutons un troisième port : nous aurons besoin de TROIS séries de lignes de communication. Ajoutons en un quatrième : Il faudra ouvrir SIX lignes de communications pour relier tout ce petit monde… Ajoutons en « N ».

Il faudra N*(N-1) /2 lignes de communications…

Et donc contrôler la mer va devenir de plus en plus difficile pour la marine américaine…

Et accessoirement toutes ces régions vont pouvoir se spécialiser dans ce qu’elles font le mieux et nous rentrerons dans une période de croissance sans précédent au sud de l’Himalaya, pour la plus grande prospérité de la Chine et de tout le monde autour d’elle…

Au Nord, les caravanes d’autrefois vont être remplacées par des chemins de fer qui relieront le Nord de la Chine à la Grèce et à l’Allemagne (Duisbourg).

Déjà, les autorités Chinoises ont acheté le port d’Athènes pour expédier leurs marchandises du Pirée vers toute l’Europe du Sud. Ces lignes de chemin de fer vont ramener dans le monde moderne toutes les populations du Nord de l’Himalaya qui vont petit à petit redevenir productives comme l’étaient leurs ancêtres. Et ces populations vont avoir besoin de tout, ce qui donnera des débouchés aux sociétés d’infrastructure chinoises quelque peu en sur capacité en ce moment. (Je ne saurai trop conseiller aux lecteurs d’acheter de l’immobilier autour de Trébizonde, d’où partaient et arrivaient autrefois toutes les caravanes).

Un léger « hic » cependant pour la route du Nord, la seule qui sera toujours complètement à l’abri des flottes américaines : une grosse partie du trajet passe sur des terres Russes.

Il faut donc que la Chine s’allie durablement avec la Russie, leur but commun étant de contrôler l’hégémon américain.

 

Une telle alliance devrait être le cauchemar de la diplomatie américaine pour des raisons faciles à comprendre et pourtant cette diplomatie (?) américaine fait absolument tout pour jeter les Russes dans les bras des Chinois. On songe à la France détruisant au traité de Versailles l’Autriche Hongrie (le but de la diplomatie française depuis Richelieu) pour se retrouver seule face à l’Allemagne et à la Russie en 1940 et se faire ratatiner.

Et cette alliance se renforce tous les jours, au vu et au su de tout le monde.

  • Les Chinois se mettent à acheter du pétrole Russe à la place d’acheter du pétrole Saoudien et les Russes acceptent que ce pétrole soit réglé en monnaie chinoise, le Yuan, ce qui fait sauter le monopole que le dollar avait sur les paiements du pétrole. Premier coup terrible contre le dollar…
  • Et pour ajouter l’insulte à l’injure, les Chinois créent à Hong-Kong un marché à terme du pétrole, coté en Yuanet muni d’une caractéristique intéressante. Si par exemple la Russie (ou n’importe qui d’autre, l’Arabie Saoudite par exemple) se trouvait temporairement disposer de trop de Yuan et n’avait pas envie de les garder dans ses réserves de changes, n’ayant guère confiance dans la monnaie chinoise…  et bien, la banque centrale Chinoise rachèterait ces Yuan avec …de l’or.

 

Deuxième coup terrible contre le dollar : réintroduire l’or dans le système c’est faire sauter à terme ce que Jacques Rueff appelait le « privilège impérial », c’est-à-dire la possibilité qu’ont les Etats-Unis de solder leurs déficits extérieurs avec leur propre monnaie.

Tout cela est connu et je ne décris rien de bien nouveau que je n’aurais pas décrit déjà à plusieurs reprises dans ces chroniques.

Ce qui m’intéresse à partir de maintenant, c’est autre chose : Comment va réagir l’Allemagne à l’émergence de ce condominium Sino-russe sur la moitié des terres immergées ?

L’Allemagne a toujours été un pays continental et jamais un pays maritime. Elle a été vaincue deux fois dans son histoire récente par une alliance des pays maritimes, ce qui laisse des traces.

Mon analyse est donc toute simple : tout, je dis bien tout, montre que l’Allemagne aurait intérêt à quitter l’alliance maritime en plein déclin pour rejoindre l’alliance terrestre en plein essor.

Quelques précisions sur cette remarque qui pourrait paraitre excessive au premier abord, en se souvenant de ce qui disait le General de Gaulle : « Les nations n’ont pas d’amies. Elles n’ont que des intérêts »

  • Le quasi-totalité de la croissance économique dans les années qui viennent aura lieu autour ou à l’intérieur de cette « alliance terrestre » et toute cette zone aura besoin des produits allemands, l’Allemagne devenant de fait le producteur des biens à forte valeur ajoutée pour ces régions.
  • La zone européenne est très mal partie, étant et de loin la région du monde ayant le plus faible taux de croissance depuis 17 ans, mais aussi le plus fort taux d’endettement du secteur public, la plus mauvaise démographie et le plus fort taux de dépenses sociales. Le seul espoir (de monsieur Macron comme celui de Poincaré avant lui) est que « l’Allemagne paiera ». On peut toujours rêver.
  • La protection militaire américaine devient de plus en plus « douteuse » avec un système politique complètement bloqué outre atlantique entre des élites qui ne représentent plus qu’elles-mêmes et le peuple, laissé à l’abandon.
  • S’allier avec la Chine et la Russie, c’est contrôler la Turquie qui ne parait plus être une alliée très fiable à l’intérieur de l’Otan et donc de ce fait aider au contrôle des populations Turques résidantes en Allemagne ou désireuses de s’installer en Allemagne.
  • S’allier avec la Russie c’est aussi laisser ce pays s’occuper du Moyen–Orient, en s’appuyant sans nul doute sur l’Iran, en remettant au gout du jour la vieille alliance de revers entre Russie et Perse pour contrer la Turquie militairement. Cela veut dire favoriser la victoire au Proche Orient des chiites sur les sunnites et donc se débarrasser du terrorisme qui a de plus en plus tendance à être d’origine « sunnite » et que les USA ne veulent pas ou ne peuvent pas contrôler, tant ils sont embourbés dans leur alliance avec les monarchies wahhabites qui ont toujours financé le terrorisme. Voilà un scénario qui ne va pas plaire à Israël.

Faisons un peu de politique fiction.

Madame Merkel, est devenue ce que l’on appelle aux USA un « lame duck » c’est-à-dire quelqu’un que plus personne n’écoute puisque chacun sait que ce mandat est son dernier.

Imaginons qui plus est que l’un ou l’autre des grands pays européens (Italie, France) connaissent de graves problèmes économiques et sociaux et décide (ou soit forcé) de sortir de l’Euro. L’économie allemande et en particulier le secteur de la finance serait en quasi faillite, compte tenu des pertes à subir sur les créances de ce pays détenues par les institutions allemandes. Il ne faut pas être très malin pour penser que dans un tel moment, la Russie et la Chine proposeraient leur aide « désintéressée » pour aider l’Allemagne à passer ce moment difficile, qui serait bien sûr acceptée avec gratitude par nos voisins.

Et tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Si le lecteur pense que j’exagère, alors il doit se poser un certain nombre de questions

  • Pourquoi le gouvernement Chinois va-t-il créé à Shanghai un nouvel FMI et une nouvelle banque mondiale ?
  • Pourquoi l’Autriche-Hongrie est-elle en train de renaitre sous le nom de « groupe de Visegrad » si ce n’est pour empêcher la liaison terrestre entre la Russie et l’Allemagne ?
  • Pourquoi monsieur Trump a-t-il été offrir une alliance militaire renforcée à la Pologne lors de son discours à Varsovie, et pourquoi est-il allé à Varsovie pour commencer ?
  • Pourquoi les troupes américaines en Syrie essayent par tous les moyens d’empêcher la famille Assad de rester au pouvoir, y compris en tirant sur les troupes russes… si ce n’est pour empêcher la création d’un arc Chiite allant de Lattaquié qui contrôle l’Est de la Méditerranée à Bahreïn qui contrôle le golf Persique et où est ancrée la Vème flotte américaine ?

Bref, si l’Allemagne (comme les Saxons pendant une célèbre bataille Napoléonienne) change de camp au milieu du gué, alors la diplomatie va redevenir intéressante et je peux assurer le lecteur que pas grand-chose ne se passera à Bruxelles…et beaucoup à Berlin, Moscou ou Pékin.

Déjà, les Anglais ont décidé de prendre le large et d’abandonner l’alliance continentale en train d’échouer (l’Europe), pour rejoindre l’alliance maritime dont ils ont toujours fait partie quand les temps redeviennent durs. Ils ont à tout hasard cependant pris une participation dans le FMI et la banque mondiale chinoises tout en permettant que des émissions obligataires en Yuan aient lieu dans la City. On n’est jamais trop prudent.

 

Et la France dans tout ça ? Aucun souci à se faire, notre Chanteclerc national saute sur son tas de fumier en criant « Europe, Europe ». Me voilà rassuré. Il a tout compris.

Si j’étais un lecteur Français, j’achèterais des obligations d’état russes ou chinoises pour me diversifier. Certes, je ne pourrai pas les mettre dans mon assurance vie, mais ce que l’on peut mettre dans une assurance vie aujourd’hui ne vaudra sans doute pas grand-chose demain de toute façon. Puissiez-vous vivre dans des temps intéressants dit la vieille malédiction chinoise. 

 

A l’évidence, nous sommes en train de rentrer à toutes vapeurs dans des temps passionnants.

 

 

 

 

 

 

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

54 Commentaires

Répondre à Ockham

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  • Donatello

    4 avril 2018

    Erdogan achète une centrale nucléaire et des missiles S-400 à Tonton Vladimir :

    https://www.washingtonpost.com/world/europe/putin-and-erdogan-to-launch-turkeys-1st-nuclear-reactor/2018/04/03/ef7bb4b6-3712-11e8-af3c-2123715f78df_story.html?utm_term=.7f42022ad701

    Les Occidentaux se sont toujours alliés à la Russie ou aux Ottomans en jouant l’un contre l’autre, pour la première fois dans l’Histoire ces 2 ex-Empire sont alliés.

    La « Ceinte Alliance » ?

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  • Sylvain Remy

    15 novembre 2017

    M. Gave, Avez-vous lu McKinder? « Who rules East Europe commands the Heartland; who rules the Heartland commands the World-Island; who rules the World-Island commands the world. » C’était en 1919. Peut-être n’est-ce plus valable en raison de l’évolution des structures économiques depuis.

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  • Vincent Herriau

    28 octobre 2017

    Charles Gave,

    Vous évoquez le groupe de Visegrad autour d’un concept qui me paraît nouveau – la résurgence de l’empire austro-hongrois, devant s’opposer à une alliance germano-russe.

    Votre prévision est sans doute presciente. Mais a-t-elle un début de manifestation ?

    Pologne, Tchéquie et Slovaquie, et Hongrie s’opposent de façon claire à leur destruction annoncée, et l’Autriche est en train de les rejoindre. Les premiers partagent une tranche de vie derrière le rideau de fer, dont le second à surtout profité comme intermédiaire privilégié. Je n’avais pas encore vu le groupe de Visegrad comme autre chose qu’une alliance de peuples s’opposant à leur désintégration de la douce main de l’Union européenne.

    Depuis la chute du mur la Pologne est un allié fidèle des USA, grâce en partie à sa diaspora là-bas, et il est compréhensible que les USA soignent ce qui leur reste de soft power en Europe. Et, de fait, l’histoire tourmentée de la Pologne justifierait leur peu de sympathie pour une tutelle germano-russe. Une Pologne dont, incidemment, seul le coin sud-est a jamais fait parti de l’Autriche Hongrie, avec les Galicie et Sub-carpathie aujourd’hui ukrainiennes.

    Je pense que vous allez trop loin dans la resuscitation historique. L’émergence de linguae francae dans le monde professionnel est un fait acquis et inéluctable. Vous et moi, et tant d’autres, parlons déjà l’anglais comme le français, voire d’autres langues déjà. Une entreprise polonaise ou tchèque déjà intégrée à une supply chain qui dépasse ses frontières utilise déjà l’anglais et sans doute aussi l’allemand comme langue de travail. Mais cela n’affecte pas leur identité culturelle, qui est nationale avant que d’être austro-hongroise. L’Union européenne dans sa déraison est beaucoup plus menaçante que ne le serait un empire continental, plus respectueux des peuples que ne le sera jamais l’Union européenne. L’Union soviétique n’a pas attenté à l’identité des peuples qu’elle intégrait. On y était réellement ouzbèque ou kazakh ET soviétique.

    George Orwell may be proven wrong on one small point : what if Oceania would face an alliance of Eurasia and Eastasia, and risk devastation on its home land if it would engage in further democratic wars ?

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  • James

    17 octobre 2017

    Cher Charles,

    J’ai une question très importante à vous poser au sujet de la (prétendue) fin du dollar. Beaucoup en parlent (internautes, économistes, etc.) mais je ne comprends pas.

    Comment les chinois et autres ennemis des US vont-ils parvenir à se débarrasser et vendre tous leurs dollars pour causer sa « perte »?

    Je ne connais pas la masse totale de dollars à l’étranger mais je sais que la Chine détient 1.15 trillion de dollars en obligations américaines. Cela représente, en ajoutant la Russie, 20% du montant total des bonds US à l’étranger.

    Je suppose que la question va se poser si une crise financière éclate aux US. Mais en témoigne votre fantastique article, il semblerait qu’il y ait du boulot pour éteindre l’hégémonie du dollar.

    Je me souviens d’un de vos superbes articles écrit il y a plusieurs années qui définissait une monnaie internationale refuge. Si je me souviens bien, une devise internationale doit être celle d’une puissance économique, militaire, diplomatique, technologique, universitaire, etc. La Chine me semble avoir encore un retard immense.

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    • Jan Houttave

      29 octobre 2017

      Je crois qu’on pourra toujours utiliser les dollars pour allumer les feux de bois, comme les Reichsmarks en ’23….

  • Mlc

    9 octobre 2017

    Pour Berlin, à part une victoire de l’AfD, il est impossible de sortir de la domination anglo-américaine. La presse, les partis et de gros cartels industriels sont totalement contrôlés. Cela se comprend, ils ont perdu la guerre.

    Le Vénézuela a annoncé vendre du pétrole en Yuan à lire dans Reuters.

    Le pouvoir impérial et son summum la domination mondiale n’est pas une chose que l’on accepte de perdre sans mourir. Par ailleurs, un asiatique est prêt à mourir pour sa nation (d’où l’origine nippone du mot Kamikaze) nous allons donc droit à une nouvelle guerre nucléaire.

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  • tartuffe

    9 octobre 2017

    coco bel-oeil

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  • Raphael

    7 octobre 2017

    Cher Monsieur Gave, votre analyse géoplitique est superbe, néanmoins pourquoi des obligations russes ?
    Leur demographie est trés faible, déjà les immigrants chinois peuplent l’ Asie centrale ‘( ex-soviétique ) délaissée par les russes .
    Investir en obligations russes en roubles ou plutôt choisir l’ OR ( métallique ) dont voudront les russes qui vendront peu a peu leur territoire aux chinois conquérants pour se débarasser de leur Renminbi ?
    Merci d’ eclairer ma lanterne.
    Raphael

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    • charles gave

      8 octobre 2017

      Cher lecteur,
      Deux remarques
      D’abord la demographie Russe a l’air de se redresser
      Ensuite, parce que les obligations Russes offrent prés de 5 % en termes reels alors que la Russie n’a ni dette interieure, ni dette exterieure ni deficit des comptes courants et que la monnaie Russe me parait environ 10 % sous evaluee en parite des pouvoirs d’achat
      C’est presque trop beau pour etre vrai.
      Amities
      cg

    • Bismarck

      9 octobre 2017

      Les Russes font les enfants qu’ils n’ont pas eu durant les années Eltsine.

      https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8a/Russia_demographic_pyramid_2017-01-01.png

      Malgré l’augmentation temporaire des générations de jeunes en âge de procréer (25-40), le nombre de bambins stagne ou régresse légèrement.

      Il ne faut pas gober tout ce que raconte Yvan Blot, intellectuel stipendié par Moscou comme les cocos au bon vieux temps !

    • Raphael

      14 octobre 2017

      Merci Monsieur Gave , pour votre confirmation quant aux obligations russes . Quel est selon vous le terme d’echeance de remboursement du capital à choisir ?
      Je me souviens d’avoir lu votre reccomandation assez recente d’ obligations en pesos mexicains ( 7% annuels ) . J’aurai la meme question a vous poser .
      Merci beaucoup pour vos conseils
      Raphael

  • Denis Monod-Broca

    5 octobre 2017

    Vous juxtaposez là, cher Monsieur Gave, comme vous le dites vous-mêmes, des données fort connues, mais vous le faites avec art et le remarquable panorama géopolitique que vous nous dressez est fidèle à la réalité, je le crois.
    Et Macron en Chanteclerc, c’est bien vu !

    Mais que devrait faire la France, si elle était lucide ?

    Regarder la réalité en face, bien sûr, pour commencer, c’est bien sûr essentiel. Et ensuite ? Rester dans l’alliance atlantique, qui contrôle la mer, ou changer pour rejoindre l’alliance qui contrôle (contrôlera) la terre ? Ou prendre le parti de refuser et l’une et l’autre, c’est-à-dire choisir la voie (et être la voix) de l’universel ?

    Oui, je sais, je vais me faire traiter de doux rêveur, de bisounours, etc. Mais n’y a-t-il vraiment pas d’autre option que la recherche de la force, que l’affrontement, que le rejet de l’autre ? A quoi nous servent les leçons de l’histoire, à quoi nous sert de savoir penser ?

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  • Loic KABELAAN

    5 octobre 2017

    Très cher Mr Gave, vos articles font sensation jusque dans Libération, vous êtes à deux doigts de la mise à l’index, je tremble pour vous, mais continuez à nous éclairer, un fidèle lecteur, nous continuerons vaille que vaille à nous échanger vos pamphlets sous le manteau.

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  • Pierre Frugier

    5 octobre 2017

    Bülow, rare échantillon, car Bismackien et catholique, donc exception au Kültürkampf, n’écrivait-il pas déjà dans ses mémoires que la Pologne était le thermomètre des relations germano-russes? Comme certaines espèces marines qui deviennent terrestres en substituant une respiration pulmonaire à la respiration branchiale, nous vivons bien sûr une mue de l’hegemon. Or pour relier l’Allemagne par le rail, les chinois n’ont pas vraiment besoin de créer de liaisons nouvelles, celles qui existent avec les ramifications du transsibérien entre Pékin et Irkoutsk via Harbin ou Oulan-Bator n’ayant besoin que de renforcement. Pour ce faire sur mer, le passage maritime du grand-Nord via la Corée, Sakhaline, la mer d’Okhotsk et le Kamtchaka, le Behring et le littoral russe septentrional, le belomor canal, n’attendent que la fonte supplémentaire de quelques glaçons polaires pour acheminer sans croiser la US NAVY tous les containers de la terre à Hambourg. On verra peut-être passer un convoi, puis deux, puis dix, puis 200, etc… Mais puisque l’on parle de l’Allemagne en Français, on se demande si ces routes ne feront de soi que faire transiter des marchandises, et si, selon l’adage qui veut que la prospérité engendre la puissance et que la puissance dévore la prospérité, la Chine ne va pas penser un jour à concevoir un plan Schlieffen à l’échelle eurasiatique… Et envoyer ses troupes aller prendre un bain de pied à Brest. En tous cas des silos de missiles nucléaires dans l’Oural ont été construits au cas où cette idée tournante et trébûchante leur vienne un jour à l’esprit. Un organisme respiratoire pulmonaire peut-il retrouver son atavisme branchial?… Tout en restant les pieds sur terre? Les chinois gardent encore la mémoire de la paix sino-russe signée sur l’île d’Olkhon du lac Baïkal. Wassilief écrivit un ouvrage polyglotte « Byzance et les Arabes », intéressant à lire. Le rapport du baron Mannerheim de sa mission entre Tachkent et Pékin il y a un siècle est aussi instructif, de même que les autres opus de la même collection. Un aperçu de la carte de la région par Bourguignon d’Anville nous fera lire assez tard des appellations longtemps taries. Les esprits des marchands ne rêvent pas de trônes.

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  • Alexandre

    4 octobre 2017

    Et voilà comment Astana est devenue la Capitale du nouvel, nouvel ordre mondial..

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  • Camino78

    4 octobre 2017

    Tant que l’Allemagne disposera sur son territoire (sans en disposer réellement, bien entendu) de quelques dizaines de têtes nucléaires, elle sera très gênée aux entournures pour bouleverser ses alliances séculaires.
    Cela peut-il changer ? Rien n’est moins sûr (ce que je regrette, pour d’autres raisons).

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  • jemapelalbert

    4 octobre 2017

    A Xavier : Merci pour ce lien vidéo de 2015, extrêmement intéressant, en effet , le choix de l’Allemagne risque d’être déterminant pour le futur au moins de l’Europe sinon du monde.

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  • Un pauvre exilé

    4 octobre 2017

    Cher M Gave,

    Tout d’abord un immense merci pour cette leçon fulgurante de géopolitique.

    Exilé à Singapour, l’un des deux endroits du monde avec la Birmanie, où la Chine rencontre physiquement l’Inde, banquiers dans la Cité-Etat, contrebandiers sur la route de Yangoon à Muse/Jiegao, je ne peux qu’observer d’ici la lutte d’influence de ces deux mondes, qui se dessine très clairement en Ocean Indien.

    La Chine, pour sécuriser la voie maritime de sa Route de la Soie, certes secondaire si j’en crois vos analyses, s’est engagée dans une strategie d’encerclement tout à fait transparente de l’Inde, soutenant notamment le Sri-Lanka, plus anecdotiquement les Maldives, et surtout le Pakistan.

    Donc alliance indirecte et contre-nature entre l’Iran et le Pakistan, alors qu’Inde et Iran sont les alliés naturels dans la region, commerçant de gouvernement à gouvernement autour des embargos. Joli cassse-tête chinois en perspective…

    M Trump a-t-il compris pour les USA l’importance de forger une alliance avec l’Inde ? Pas si sûr.

    Il a pourtant très clairement compris celle de la Pologne, Hongrie et Roumanie, à fins doubles de casser l’union des républiques socialistes européennes et de restaurer le cordon sanitaire des années 20.

    Quelle place dès lors pour la France ?

    Au plaisir de lire la suite de vos réflexions

    Un pauvre exilé

    Répondre
  • Ockham

    3 octobre 2017

    1 -Très intéressant mais très compliqué.
    2 – Quand les conteneurs chinois arriveront à Duisburg beaucoup de prix vont changer: grands marées des coûts. Avec les systèmes actuels de trains de marchandises ultra rapides en Allemagne, l’arrivée cadencée de tous ces biens dans le plus grand port fluvial de toute l’Europe va avoir un impact important. Toutefois au 10 juillet 2017 ce type de voie supportant des trains de marchandises rapides (environ 250 km/h) draine effectivement aujourd’hui toute la Chine mais s’arrête à Urumqui donc près de la frontière avec le Kazakhstan. Ce dernier pays est totalement plat. Il est possible de construire une nouvelle ligne. Ce n’est pas un problème pour le géant chinois. Si i) oui , alors après tout ira vite si , ii) , Moscou se laisse attendrir. Cela fait deux « si » au moins. L’ancien premier ministre allemand est déjà prépositionné au conseil d’administration du gazier russe et va apporter sans aucun doute une plus-value d’abord à l’Allemagne en matière d’intelligence économique mais si cette ligne apparaît alors tous les riverains du Rhin dont l’Alsace jusqu’à la Suisse sont concernés.
    3 – Alors les territoires de l’ancienne Allemagne de l’est vont se réveiller, autrement dit la Prusse, actuellement dans un cul de sac. Que va pouvoir faire la Pologne entre Prussiens et Russes tombant d’accord? Tout le monde connaît l’histoire. Certes il ne s’agit plus de territoires mais de travailleurs, des Polonais qui vont travailler pour des entreprises germano-russes et finiront par parler allemand comme les anciens bo-russes devenus prussiens puis allemands car toutes les notices seront en allemand. Ils vont voter avec leurs pieds comme les Français faisant des queues interminables aux portes du Luxembourg, au pont de Kehl et aux portes de la Suisse chaque matin.
    4 – L’important en France c’est de taxer ces effrayants personnages au nombre 40 qui possèdent une voiture de luxe rouge étrangère, puis 60 un yacht et quelques dizaines un jet privé. Au nom de l’égalité dirait le grand tribun c’est inadmissible malgré un fisc déjà confiscatoire qu’ils survivent… et le parlement s’émeut. Faut-il faire une loi ? Le premier ministre ? Que pense-t-il. Il faut faire payer les riches ? Il y en a encore quarante, c’est de trop jure la populace prête à démonter une fois de plus une Bastille imaginaire, toujours vide du reste. Tous les médias s’y mettent, des centaines de journalistes sur les radio, les télés privés et d’état. Il y a tant de journalistes? Au fait cela rapporte tant que ça?
    5 – Étonnant pays la France !

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  • Anonyme

    2 octobre 2017

    Pensez-vous que les americains cederont le controle du detroit de Mallaca (Singapore) aux chinois?

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    • sassy2

      3 octobre 2017

      Les américains aiment bien les détroits.
      Mais ce n’est pas grave car ils ont je pense me souvenir une part de 80% de la puissance militaire navale mondiale.
      (chiffres stratfor circa 2008?)
      Un de leur porte avion coûte 50% du budget UK naval.

      Ce qui est intéressant est que si les produits sont chinois ou autres, le transport ne peut se faire sans USNavy+ satellites US: Chine et MOrient pour le moment sont obligés de vendre aux US, car ils peuvent tout fermer y compris l’artique ou la bassin d’arcachon.

  • Garofula

    2 octobre 2017

    Il y a quand même loin de la coupe aux lèvres. Quand les Russes voudront convertir en or leurs yuans dévalués et qu’ils se feront gentiment éconduire par les Chinois, au prétexte qu’ils n’ont pas bien lu les termes du contrat, l’alliance risque d’en prendre un coup derrière la nuque et la route de la soie s’en trouver soudainement coupée, avant même d’avoir été construite.

    La consommation annuelle de pétrole en Chine représente la valeur de 6000 tonnes d’or. 6000 tonnes, chaque année. Une fois ce chiffre en tête, on comprend que la conversion des yuans en or s’annonce quelque peu fébrile et la promesse paraît pour ce qu’elle est, du vent. Les promesses chinoises n’engagent que les Russes, et les autres pigeons peuplant le monde, qui les écoutent.

    Le problème de l’ambition chinoise, c’est son propre régime politique. Aucune chance que sa croissance se prolonge longtemps en l’absence de réforme politique. La croissance ne tient déjà plus qu’aux mensonges statistiques éhontés et surtout aux injections monétaires démentielles de la PBoC. Ceux qui encaissent aujourd’hui des yuans à l’international pleureront bientôt sur leurs pertes. Il faut savoir écouter les Chinois eux-mêmes qui fuient le régime et son yuan de Monopoly, pour trouver refuge en zone dollar ou, pour les plus désespérés, dans le bitcoin.

    Coté américain, l’attitude évidente consiste à procéder à une réévaluation massive du dollar, en prenant le monde par surprise, pour couper l’herbe sous le pied à toute velléité monétaire concurrente. Couplée à un protectionnisme de bon aloi dont les Américains ont le secret chaque fois que c’est nécessaire, la contre-attaque monétaire serait imparable.

    Répondre
    • Tadaïma

      3 octobre 2017

      @Garofula

      En revanche, je comprends moins cette position que vous décrivez.

      D’une part, en ce qui concerne les américains, si le dollar augmente, alors cela réduirait les exportations (et favoriserait les importations). Si ils mettent en place des mesures protectionnistes, c’est-à-dire des taxes à l’importation, cela réduirait les importations. Par ces deux mesures, le commerce extérieure se contracterait et les US se retrouveraient alors dans un isolationnisme commercial, dont je ne saisis pas bien l’intérêt. En outre, quel serait l’objet de leur armée alors? Car l’intérêt de l’armée américaine à travers le monde est liée au commerce extérieur:
      – Assurer la paix des routes commerciales (des «routes de la soie»), aussi bien à l’importation qu’à l’exportation, et en particulier pour le pétrole. C’est là que les US sont de facto un empire. Un empire commercial, où c’est leur imperium qui règne. Et bien sûr, c’est leur monnaie qui est utilisée sur ces routes de la soie et du pétrole. Et comment est payée cet imperium, cette paix du commerce? Par le privilège impérial. Le privilège impérial consiste à pouvoir casser la règle de la balance commerciale: elle doit toujours revenir à zéro. Le détenteur de la monnaie impériale n’a pas à solder ses déficits commerciaux; il les paye en devise impériale, point barre. Le prix de cette protection du commerce, de cette paix, est le solde commerciale déficitaire de l’empereur. (Le mot «privilège» est bon pour frapper les esprits, mais inadéquat car il correspond à un service rendu. Peut-être que ce prix est trop élevé, mais c’est une question en soi.)
      – L’armée US sert aussi à voler les richesses des autres pays («voler» est un mot bien faible compte tenu des crimes qui sont commis afin de perpétrer ces vols).

      En faisant de l’isolationnisme économique, l’armée US n’aurait alors plus d’utilité impériale, puisque les US n’importeraient ou n’exporteraient plus, et n’auraient plus de déficits extérieurs à combler. Bref, l’armée US deviendrait un truc qui coûterait cher pour une utilité nulle. L’isolationnisme économique entraînerait ipso facto un isolationnisme militaire et donc politique, et donc un isolationnisme tout court.

      Bref je ne vois pas très bien ce que vous voulez dire.
      Déjà, il me semble évident qu’ils continueront à importer du pétrole, lequel pétrole sera payé par le privilège impérial.
      Ensuite, je les vois mal empêcher les exportations. Vraiment, je ne vois pas très bien l’intérêt de la hausse du dollar. Empêcher les importations afin de favoriser le tissu économique local (le «mittelstand» US), oui, cela a du sens (Trump a été élu par le MidWest). Et c’est bien ce que font les chinois. Et c’est l’analyse que font Trump-Bannon: «nous sommes en guerre économique avec les chinois». Je pense surtout que nous assisterons à un rééquilibrage économique entre les US et la Chine, ce qui me paraît sain (sauf si, comme indiqué par Bismarck ci-dessous, Trump deviendrait un second JFK (dans cette hypothèse, il est fort probable qu’on se dirigerait alors vers une guerre civile aux US)).

      Ensuite, concernant la Chine. La Chine a deux ambitions:
      – Créer une zone de stabilité et de prospérité asiatique, de déconnecter l’Asie des US et de ses caprices. Ce serait déjà un fort vecteur de croissance. Cela se ferait en se débarassant du US dollar comme monnaie inter-asiatique et en utilisant le RMB. Il faudrait alors voir comment ils organiseraient la police. On voit mal les japonais, les coréens, et tous les autres accepter une police chinoise, chacun ayant un contentieux historique avec un autre, et avec la Chine en particulier. De plus, cela signifierait la perte d’indépendance de facto de Taïwan. Bref, une police chinoise me paraît tout à fait à improbable. Ils s’organiseront autrement (une sorte de police multi-polaires, multi-latérales?). Et dans ce cas, les chinois ne pourront pas profiter du privilège impérial. Leurs comptes courants devront toujours être équilibrés. Donc c’est très bien de parler des importations chinoises en pétrole, mais les chinois exportent aussi. Et si conversion en or il y a, ce serait du solde déficitaire. Ainsi, pour créer cet espace de stabilité asiatique en remplaçant le US dollar par le RMB, ils ont déjà HK et son droit; ils promettent de ne pas faire de déficits commerciaux, et le cas échéant ils promettent de convertir ce déficit en or. Moi, il me semble que nous sommes sur de bonnes bases. Reste à régler le problème de la police des routes commerciales inter-asiatiques. Compte tenu de la volonté politique, je ne suis pas inquiet sur le fait qu’une solution sera trouvée (le plus gros contentieux étant Taïwan, sur lequel la Chine devra inévitablement lâcher du lest – cf. l’amitié de Trump avec la présidente de Formose). Cette ambition me semble en bonne voie et ne me semble qu’une question de temps.

      – La 2e ambition chinoise, assez inattendue pour ma part, est de challenger l’imperium commercial américain. Si cela me paraît pertinent, j’ai un peu peur que cela soit un peu tôt et que les chinois aient trop d’omelettes sur le feu. C’est sans doute pour ça que les américains font un tel cinéma, un tel ramdam, contre la Corée du Nord.
      Donc la Chine veut créer de nouvelles routes commerciales (des «routes de la soie»), mais non maritimes mais terrestres. Le problème des routes terrestres a toujours été que leur sécurité est plus difficile à assurer. En outre, il est hors de question que la Chine envahisse la Russie. La sécurité sera donc partagée. Ainsi, de facto, la Chine, bien que instigatrice, ne jouïra jamais du privilège impérial. Pékin sera juste le chef de file d’un imperium commercial partagé. Néanmoins, la monnaie chinoise sera la monnaie de cet empire commercial. Seulement, les coûts de cet empire seront calculés et partagés, et donc point de déficits commerciaux soldés par les rotatives. C’est la règle du jeu pour établir cet empire commercial terrestre. D’ailleurs, Pékin n’en sera pas la capitale, mais 香港/HK; toute tentative de mettre un capitale administrative et légale ailleurs échouera. Les chinois ont tout intérêt à conserver le statut particulier de HK/香港; c’est un don du ciel (anglais) inestimable (le prix du m2 à Central n’a pas fini de grimper).
      Par ailleurs, l’AIIB a bien été établie dans ce but: financer les infrastructures des nouvelles routes commerciales terrestres, des nouvelles routes de la soie (curieux que le siège de l’AIIB soit à Pékin et non à Hong Kong; cela aurait aidé à créer de la confiance).

      Tout cela est politique. Avec un peu de bonne volonté de la part de chacune des parties prenantes, tout cela se fera. (Vraiment, pinailler sur des micro-clauses serait absurde; et est toujours un raison formelle dont la raison réelle est politique.)
      La Chine doit juste montrer qu’elle a les reins financiers, légaux, politiques, militaires solides. La confiance prend du temps à être créée.

      Pour revenir au sujet initial de l’article: la Prusse. Les chinois ont besoin d’un terminal dans leur route. Plutôt que Moscou, Minsk ou Le Pyrée (Athènes), Berlin (Hambourg) serait un meilleur choix. Dans cet optique, il paraîtrait cohérent par la Chine de proposer aux Teutons de perfuser temporairement leur système financier.

      Entre la Chine, les US, et la France, la destinée germanique ne me semble pas écrite (même si elle est instinctivement attirée par cette alliance terrestre).

      Merci.

    • sassy2

      3 octobre 2017

      swap RMB/ Or:
      moins si l’or* est réévalué à 5000 dollars l’once par la FED. (cf reflation de FDRoosevelt 1932(?))

      *ou une monnaie souveraine blockchain qui jouerait ce rôle à la place de l’or de 1932, afin de reflater le système et dont d’aucuns pensent inconsciemment que cela sera le rôle du bitcoin (ndlr: LOL)

      Sinon, à mon avis, s’il y avait un blockchain souverain alors le FMI voudra qu’il soit adossé aux SDR, ce qui le ferait foirer à terme.

    • Richard Coeur

      4 octobre 2017

      Taidama:

      Vos accusations sans base contre les soldats de mon pays sont insultantes, dégoutantes, dégueulasses et nauséabondes.

      Vous devriez avoir honte de vos préjudices marxistes.

      Les G.I.s vont ont libérés et gardes libres depuis 1944.

      Sans doute prefereriez-vous une bonne dictature Communiste.

      Ce site n’est plus l’Institut des Libertés, mais l’Institut de l’Anti-Américanisme Marxiste.

      Bonne chance a imiter vos modèles Staliniens et Maoïstes.

      Quelle tristesse, Mr. Gave, de voir la mort intellectuelle de ce site prometteur…

      Adieu Institut des Libertés.

    • idlibertes

      5 octobre 2017

      Bonjour Monsieur et bienvenu parmi nous car c’est la première fois que l’on vous y voit.

      Si vous avez un pb avec un intervenant, plutôt que de jeter des gants à tout va, tenter la parole avec des faits et autre chose que du montage sur vos grands chevaux @Ben hur

  • Philou

    2 octobre 2017

    Le groupe de visegrad c’est la grande pologne et pas l’empire austro hongrois. Dans le grand echequier, ZB parle du renouveau polonais afin de contrer la Russie. L’ukraine devant donc a terme integrer la grande pologne.

    Répondre
  • Jeanluc

    2 octobre 2017

    Mr Gave,
    Investir en ETF sur les obligations russes et chinoises vous semble t’il etre une bonne solution?
    Merci

    Répondre
  • candide

    2 octobre 2017

    Bonjour M Gave,

    comme toujours, vous nous proposer une analyse riche, qui pose plus de questions qu’elle n’en résout.
    A cet égard, j’aurais deux interrogations.
    Avec cette stratégie chinoise explicitement anti-américaine et une présence de ces derniers dans beaucoup d’endroits clés, dont l’Allemagne, n’y a-t-il pas là tous les ingrédients d’un conflit militaire majeur ?
    Quelle pourrait-être, quelle devrait être, l’attitude de la France pour tirer le meilleur parti de la situation (ou limiter la casse, si l’on est pessimiste) ? Notre nation a toujours été tiraillée entre une logique continentale et une logique maritime. Ce dilemme non résolu est d’ailleurs à l’origine de bien des déboires.

    Répondre
    • Garofula

      2 octobre 2017

      L’attitude saine pour la France serait de se transformer en une vaste Suisse dont les produits, la science, la culture, les arts et surtout la monnaie seraient avidement recherchés partout et par tous, indépendamment des alliances et des conflits tiraillant le monde. C’est ainsi qu’on tire avantage des situations nouvelles, peu importe le sens de leur évolution.

      Mais cela impliquerait de prendre un virage à 180° dans les mentalités politiques, économiques, sociales, culturelles, de mener des réformes et un désendettement d’une ampleur sans précédent, de poursuivre l’effort sur plusieurs décennies sans discontinuer, de remettre en cause profondément des avantages acquis de nombreux groupes d’influence parasitaires qui ne se laisseront pas faire et qu’il va falloir désarmer sans hésitation ni regret, et enfin d’appliquer une démocratie réelle qui n’a jamais vraiment existé dans notre pays jusqu’à présent.

    • Charles Heyd

      2 octobre 2017

      Pour #Garofula;
      Ce virage à 180°, effectivement cela en ferait des changements dans notre pays!
      Remarquez, on peut toujours rêver;
      D’ailleurs Macron devrait se poser cette question: pourquoi la Suisse n’est-elle ni en Europe et encore moins en zone euro?
      Se poser cette question c’est (déjà commencer à) y répondre!

    • Anonyme

      2 octobre 2017

      @Garofula

      +1

    • sassy2

      3 octobre 2017

      garoufoula

      +100

      mais la suisse pre-2008 (sans ubs, sans bns, pas de migrants…) et avec son 5ième amendement

    • Arsene Holmes

      3 octobre 2017

      @Garofula Transformation France en Suisse

      Très bonne idée.

      Malheureusement, en France il y beaucoup de Francais dont l’une des caractéristiques majeures est la jalousie qui est déguisé sous le label égalité.

      Personne n’a le courage de supprimer l’ISF qui détruit la France depuis 36 ans. Macron fait un geste dans le bon sens et regardez ce qui est entrain de se passer avec l’IFI. C’est pathétique. Les Francais sont vaiment des c… envieux et lamentables

  • Marm

    2 octobre 2017

    Il faudrait envoyer cet article (ou celui paru sur ZeroHedge) à Mme Merkel, car il parait très improbable qu’elle ait cette vision globale, toute accaparée qu’elle peut l’être par l’UE.
    Ou alors ce serait un peu comme croire qu’un changement va se produire après un G8 ou un G20 !

    Merci en tous cas pour cet éclairage remarquable, comme d’habitude.

    Répondre
    • sassy2

      2 octobre 2017

      Vous le savez, Merkel hillary macron sont des suiveurs/agitprop pas des leaders.
      Suiveurs avec un sacré temps de retard.
      Schroder le leader (haartz IV), suivi par merkel, est passé par gazprom puis maintenant est chez Rosneft.

    • Bismarck

      2 octobre 2017

      Merkel est tenue par des dossiers (passé dans la Stasi, mais elle n’avait pas trop le choix) comme l’était d’ailleurs Gunter Grass, l’inspecteur Derrick ou Benoit XVI dans les SS ou jeûneuses hitlériennes qui eux aussi n’avaient pas le choix …

      Pour Clinton, ce n’est pas des dossiers mais des armoires entières …

      Macron, lui, c’est pire, il n’est RIEN, il est carrément le jouet de Rothschild, Attali et Drahi.

      A propos de la tuerie de Las Vegas, notre ami Donald Trump REFUSE d’obéir aux « hommes de Davos », et donc le « deep State » organise une tuerie devant ses casinos avec un « électeur typique de Trump » (Blanc de 60 ans), après quoi le « tueur » est suicidé, mieux que Lee Harley Oswald en tout cas, c’est un dernier avertissement avant le meurtre à la Kennedy.

      New-York et Las Vegas, hôtels et casinos, meurtres pour menacer indirectement … ça me rappelle Le Parrain …

      Trump a bien reçu le message et se pliera devant le « deep State » !

      Erdogan a aussi eu droit (attentat suicide par un « russe », puis quelques jours après Coup d’Etat !), il a survécu …

      Tourner le dos à la CIA pour Poutine n’est pas sans risque ! La CIA vendra chèrement sa peau … Trump a d’ailleurs TOUT compris puisqu’il s’entoure de généraux en espérant qu’il pourrait y trouver un relai dans l’appareil militaire américain pour le protéger !

      Finalement, il vaut mieux s’intéresser à Mario Puzo, Machiavel, Scorsese pour comprendre réellement les coulisses de la politique.

      Ah non la théorie du complot, c’est le niveau 0 de la politique a dit Revel, et si c’était Revel le niveau 0 ?

      Vous qui aimez Balzac :

      « . Vous ne me paraissez pas fort en Histoire. Il y a deux Histoires : l’Histoire officielle, menteuse, qu’on enseigne, l’Histoire ad usum delphini(133) ; puis l’Histoire secrète, où sont les véritables causes des événements, une histoire honteuse. Laissez-moi vous raconter, en trois mots, une autre historiette que vous ne connaissez pas. »

      Illusions perdues

    • Bismarck

      2 octobre 2017

      https://www.24heures.ch/monde/Trump-va-recevoir-le-chef-de-la-junte-militaire/story/30687842

      Monsieur Trump doit s’entretenir avec le chef de la junte militaire thaïlandaise pour le réintégrer …

      Mais voilà qu’un Monsieur avec une amie des Philippines (ils n’ont peut-être pas trouvé avec une Thaï) se met à fusiller des gens depuis un hôtel avec un thème de décoration « Asie du Sud-Est » dans le fief trumpien de Las Vegas.

      Ils sont violents à la CIA, vous qui connaissez la région mieux que moi, je m’incline pour une fois sur un sujet, qu’est-ce que le deep State voudrait obtenir de Trump ?

      Je sais que la Thaïlande a des coups d’Etats militaires bizarres avec une monarchie bizarre aussi, le pays a fait faillite en 1997 de façon mémorable mais depuis ?

      Trump voulait-il laisser la Thaïlande aux Chinois ? Voulait-il laisser en place la junte contre accords commerciaux ?

    • Bismarck

      2 octobre 2017

      « But analysts have told me that it’s likely the president’s rhetoric on trade may well be a way for him to pressure General Prayuth to take a harder line on North Korea. »

      […]

      North Korea sanctions
      US officials, like Secretary of State Rex Tillerson, have already pressured Thailand to cut funding to North Korea.
      Bangkok is home to a North Korean embassy, which many experts believe is a way for Pyongyang to earn foreign revenue. Thailand was also one of the main suppliers of goods to North Korea in 2015.
      Bilateral trade has dropped substantially since then – by almost 90%, according to Thai officials. But, reportedly, many North Korean businesses still operate out of the country – although not in any significant fashion and certainly not in any way that would flout sanctions.

      […]

      It doesn’t do Bangkok any favours to keep trading with North Korea in light of President Trump’s aggressive stance on the issue, so it’s likely that General Prayuth will be happy to provide the US with the diplomatic support President Trump is looking for – whether he can deliver on clamping down on illicit businesses will be another matter however.

      […]

      What the General won’t be able to provide is any assurances to the US that Bangkok won’t move closer to Beijing. While the US counts Thailand as its oldest treaty ally in South-East Asia, relations turned colder under the previous Obama administration.
      The Thai military’s coup in 2014 was frowned upon by Washington and as a result, as author Benjamin Zawacki points out in this piece: « The US suspended military assistance, cancelled a series of visits and downgraded its level of engagement. »
      The US is also lagging behind China in terms of investments in Thailand. Beijing is courting Bangkok with the One Belt One Road initiative, and they are working on a $5bn rail link connecting China to a number of South East Asian countries – including Thailand.
      Against this backdrop it’s hard to see how President Trump will follow his predecessor’s lead in trying to get General Prayuth to account for a realistic timetable for free and fair elections in Thailand, and to restore democracy in the country.

      Realpolitik wins again.

      http://www.bbc.com/news/business-41467620

      Le « deep state » a lu votre article et a décidé de taper fort à propos de la Thaïlande.

      Comme le dit la BBC :

      « Realpolitik wins again »

  • alex

    2 octobre 2017

    « Et arriver en Chine par le Nord, mieux vaut ne pas y penser… »

    Surtout si l’on arrive à pied par la Chine.

    (Dans cette déliquescence sans-cesse rappelée, au moins nous reste-t-il l’art millénaire de la contrepèterie.)

    Répondre
    • Dany Quilp

      2 octobre 2017

      LOL !

  • Xenephon

    2 octobre 2017

    Petit souci de traduction depuis l’anglais dans l’article
    to add insult to injury
    se traduit par
    ajouter l’insulte à la blessure

    Répondre
  • Gerldam

    2 octobre 2017

    Petite remarque: l’expression américaine classique « add insult to injury » ne se traduit pas par « ajouter l’insulte à l’injure » comme vous le fîtes. A moins que vous ne créeiez une nouvelle formule.
    Ensuite, le gros problème de la Russie est qu’elle manque d’hommes pour deux raisons: l’une démographique (les russes ne font guère plus d’enfants que les allemands), l’autre spécifique à la Russie, l’ivrognerie permanente d’une partie de la population masculine. A telle enseigne qu’en Russie orientale (Khabarovsk par exemple), ce sont les chinois qui remplacent de plus en plus les hommes russes manquants ( cela tombe bien: les chinois ont fait plus de bébés mâles que femelles) et épousent les femmes russes devenues seules.
    Je ne vois pas bien comment un équilibre de long terme pourra s’établir entre un pays de 1400 millions d’habitants et un de bientôt 100 millions seulement, répartis sur des étendues gigantesques.

    Répondre
    • idlibertes

      2 octobre 2017

      Certes, il aurait pu, comme Romain Gary ajouter « le préjudice à l’affront ». Mais si c’est une expression empruntée, et pour autant qu’elle ne soit pas traduite à bon escient injury étant blessure, injure est plus fort qu’insulte.

    • Aymeric

      2 octobre 2017

      Le problème démographique russe me semble moins important qu’en Europe. Il font aujourd’hui plus d’enfants, et la tendance demeure plutôt à la hausse (1,75 enfant par femme en Russie, 1,5 en Allemagne, 1,6 en Europe).
      Le taux de mortalité lié à l’alcoolisme, les suicides etc. sont en baisse continue. L’Etat a repris le contrôle d’une bonne partie des usines d’alcool pour contrôler la quantité, éviter les alcools frelatés et augmenter le prix ce qui de fait limite la consommation et diminue l’impact sur la santé.
      Le plus gros problème à mon avis demeure à terme l’épidémie de Sida dans les régions de l’est, dont le contrôle n’a guère été aidé par l’afflux massif d’opium d’Afghanistan suite à la guerre. Mais somme toute, ce pays me semble avoir retrouvé des « pulsions de vie ». Je ne peux en dire autant du nôtre.

  • Alméric

    2 octobre 2017

    Tiens, notre excellent Charles Gave vient de découvrir que, finalement, l’or servait à quelque chose.
    L’or est à l’économiste ce que le préservatif est au curé (citation de moi-même, tous droits réservés).

    Répondre
  • Robert

    2 octobre 2017

    Analyse très intéressante. Si on y adhère, on ne peut qu’être sceptique sur l’avenir de l’ Europe(et de l’ Euro)sous sa forme actuelle… Oui, l’ Histoire est en marche.

    Répondre
  • Badtimes

    2 octobre 2017

    Bonjour Monsieur,

    Merci pour cette explication géopolitico économique brillante. Si j’ai bien compris votre raisonnement les pays continentaux vont dominer à l’avenir les pays maritimes: je suis surpris que la Grande Bretagne choisisse les perdants. Elle a toujours été du côté des gagnants en général il m’a semblé. Et la France toujours au milieu du
    gue. Comment l’expliquez vous?

    Répondre
    • Charles Heyd

      2 octobre 2017

      Si vous le permettez je mettrais aussi mon grain de sel;
      j’ai compris que la domination des grands pays continentaux par la puissance maritime (les USA) serait plus ardue que la domination des petites nations maritimes dont font maintenant partie la France et l’Angleterre; cela saute aux yeux d’autant plus que la puissance navale américaine s’est réduite aussi ces dernières années;
      mais réduire la Chine à une puissance continentale est en effet très réducteur; les Chinois sont en train de construire la deuxième flotte militaire au monde derrière les USA; les flottes russes et même japonaise, pourtant conséquentes, seront très vite supplantées, si elles ne le sont pas déjà!
      Djibouti, comme le rappelait encore récemment M. Noé sur ce même blog, est déjà un point d’appui plus important que notre propre base navale et la Chine cherche par tous les moyens de renforcer sa mainmise sur la Pacifique occidental et pas seulement sur la mer de Chine!
      Dans ma vie de 30 ans de marin (fin 2000) je n’ai jamais rencontré un bâtiment militaire chinois en Atlantique ou même dans l’Océan Indien; maintenant ils (les Chinois) font la police des mers dans le golfe d’Aden!

  • rogger

    2 octobre 2017

    Comme vous y allez! Acheter a Trébizonde alors que la Turquie nest plus 3fiable » comme vous le dites vous même!
    Ok mais pour un tout petit ticket loto alors!
    Dans le cadre des routes de la soie, mieux vaut poser ses jetons plus a l’Est!

    Répondre
  • Aljosha

    2 octobre 2017

    Perspectives très intéreressantes.
    L’Inde, au sud de l’Himalaya, devra trouver sa place : la route de la soie ou l’empire maritime (sans marine ni port ?).
    Je crois, mais je peux me tromper, que notre président a très bien compris ces enjeux.
    Et, avec une vista bien sentie, il a choisi d’adosser Alstom à Siemens, pour la conquête ferroviaire de l’Est, de Brest à Vladivostok, comme dirait Olivier Rolin.
    Et les îles Sakhalines.

    Répondre

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