9 février, 2018

La volatilité des marchés est de retour

 

La correction intervenue cette  semaine rappelle utilement que les progressions sur les marchés ne sont jamais linéaires. Nous avons assisté à une forte remontée de la volatilité, jusqu’à 50, mesurée à partir du VIX qui mesure « le niveau de peur » des investisseurs sur les marchés.  De bons esprits nous expliquent depuis des mois toutes les raisons pour lesquelles la volatilité avait complètement disparu. D’ailleurs, il fallait de toute urgence vendre le fameux indice VIX à découvert, ce que n’ont pas manqué de faire certains fonds. Ils étaient tellement convaincants que plusieurs banques américaines se sont empressées d’inclure ce type de fonds dans des « produits structurés » proposés à leurs clients. Plusieurs fonds qui avaient utilisé un levier maximum ont vu la valeur de leur part baisser de plus de 90%. Encore mieux que le bitcoin qui a baissé de 70% pendant la même période ! L’ethereum, le ripple, le bitcoincash et le cardano ne se portent pas mieux….

 

 

L’économie française va mieux

 

La France est de retour nous a dit la semaine dernière Bruno Lemaire.  Avec une croissance proche de 2% les moteurs de l’activité sont bien orientés. Cela permet la création d’un niveau significatif d’emplois marchands.

La croissance de la masse monétaire mesurée par M3 dans la zone Euro est de 8% sur un an. Le niveau des investissements est revenu à son niveau de 2008.

Mais les taux d’intérêt remontent et l’Euro continue de progresser. Une hausse de 10% a pour conséquence de réduire les exportations françaises de 5 à 8% selon les produits.

 

Mais la France a toujours ses mêmes problèmes. Elle n’arrive pas à diminuer ses dépenses publiques. L’encours de la dette de l’Etat atteint  2226 Md€ ce qui représente pratiquement 100% du PIB. C’est le véritable angle mort de la politique d’Emmanuel Macron.

La compétitivité de la France ne s’améliore pas non plus. Elle continue à perdre des parts de marché et  dépense toujours beaucoup d’énergie  sur la façon de  rafistoler son modèle social totalement à bout de souffle. Au moment où le niveau de chômage reste très élevé, jamais le nombre d’emplois non pourvus, proposés par les entreprises est en augmentation. Cela montre bien tout le travail à faire encore dans les domaines de l’éducation et de la formation permanente.  Ce sont des sujets qui devrait concerner en priorité les syndicats. Ils préfèrent appeler à une manifestion pour éviter que l’on fasse évoluer les effectifs de la fonction publique !

 

Il est vrai qu’il est très compliqué d’évoluer dans un pays où l’inculture économique de la majorité des citoyens est forte. Un seul exemple. Il existe encore un pourcentage important de français  qui n’ont pas encore compris comment un pays comme le Venezuela qui était le 4ème plus riche du monde dans les années 50 pouvait aujourd’hui être totalement ruiné. Ils ne voient pas que cela s’est produit au nom de l’idéologie marxiste mélangée avec des bons sentiments et beaucoup de corruption.

 

 

Le macronisme du « en même temps » est pourtant encore difficile à comprendre. Il a permis d’arriver à une modification des lois sur le travail, d’entamer une réforme de l’Education Nationale ayant pour objectif de former des enfants sachant au moins lire, écrire convenablement et compter. Pour le reste, les chantiers sont tellement nombreux à commencer par celui de la sécurité de nombreux territoires de la république où le droit français ne s’applique plus depuis longtemps. Seuls de véritables résultats sur le terrain permettront de convaincre les français que le macronisme est la bonne stratégie pour la France.

 

Pour tous ceux qui doivent essayer de préserver le capital qu’ils ont acquis par leur travail, après avoir payé beaucoup d’impôts, il faut absolument faire évoluer l’allocation de son portefeuille. Nous avons connu  entre 2009 et 2017 une phase de croissance structurelle qui a profité d’abord aux actions américaines autour des secteurs de la technologie, de la santé, de la consommation durable et de la consommation discrétionnaire. La deuxième phase a été depuis l’été 2017 celle de la croissance cyclique. Nous y sommes toujours, car la croissance mondiale est repartie. Les marchés émergents sont dans cette période,  les principaux bénéficiaires avec les financières, l’énergie, les matériaux et surtout les sociétés industrielles.

La prochaine phase devrait être plus défensive. Pour préserver son portefeuille il existe un premier niveau de protection autour des obligations émises par des pays de l’OCDE, des services publics, des sociétés de télécommunications, les valeurs de consommation durables et la santé. Mais il sera peut être nécessaire d’aller plus loin en se repliant sur le cash, l’or et le yen japonais….

 

Comme il est pratiquement impossible de déterminer le jour J pour effectuer ces rebalancements, il vaut mieux le faire progressivement. En effet la prochaine crise viendra probablement du marché des changes. La faiblesse du dollar va stimuler l’inflation. La hausse de l’Euro va toucher les exportations des sociétés européennes. Le yen est la monnaie qui est sous évaluée par rapport à sa parité de pouvoir d’achat. La hausse de la Livre contre dollar va en revanche modérer la hausse de l’inflation en Grande Bretagne….

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

8 Commentaires

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  • Ch Legros

    12 février 2018

    Il faut manier le paradoxe à un niveau élevé pour oser écrire ici que la politique de Macron est à suivre. C’est tout à fait contradictoire avec le reste de l’article comme avec ce qui se dit généralement sur ce site. Macron ne fait que poursuivre la politique de ses prédécesseurs car il n’est que le représentant non pas des banquiers, mais de la haute administration énarchique, qui consiste à augmenter sans cesse le poids de l’état et à faire des réforme à la marge. C’est ce que j’appelle la politique de la réforme par l’impôt. A l’arrivée, nous aurons un sacré mal de tête, et la dégringolade va évidemment continuer. Et je ne parle même pas des risques sociétaux …

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  • sassy2

    11 février 2018

    Un livre!
    Jouer sa peau, Jouer sa peau, le nouveau livre de Nassim Nicholas Taleb
    https://www.youtube.com/watch?v=pzBdTV8Qwo8

    attention il semble qu’il soit agrégé aussi en poujadisme / boulangisme. sujets que vous connaissez bien

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  • cini

    9 février 2018

    Bonjour , vous parlez du yen pour diversifier son cash, mais qu’en ait il du franc suisse de la livre er du rouble?

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  • sassy2

    9 février 2018

    inflation suite:
    https://twitter.com/SriKGlobal/status/961704702432878592

    et la BCE proteste vigoureusement envers les US
    pourquoi dévaluer encore plus si l’inflation était le problème US numero 1?

    Pour en revenir à la date politique de cette correction, constatons que DB et CS trinquent beaucoup plus que les autres.
    Deux banques à capitaux aussi chinois et qataris comme leur nom ne l’indique pas.

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  • sassy2

    9 février 2018

    inflation:

    La Vélocité vient de faire un plus bas.

    Mais on a effacé rien que sur le SP, 365jours de PIB de la France, >2T? en UNE semaine.

    Et à mon avis la date de cette baisse -entièrement justifiée- s’explique plus par la politique que par des raisons d’Inflation (=+- un équivalent du shutdown de goldman sachs + maiden lane numeroX + derp state…)

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  • Roger

    9 février 2018

    Comme il est fait mention du PPA pour y rappeler la sous évaluation du Yen, je profite de l’occasion pour demander si un contributeur pouvait m’expliquer la différence entre les données « PPA et taux de change : PPA de la consommation individuelle effective » et « PPA et taux de change : PPA de la consommation privé » récupérable sur les bases de données de l’OCDE ?

    Merci pour la réponse.

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    • sassy2

      9 février 2018

      salut,

      aucune idée, cela est beaucoup trop compliqué pour moi.
      Et si ces chiffres concernent des biens de consommations commercialisés par des multinationales alors ils sont inutiles (big mac, iphone ou tesla ou kangoo..).
      En effet les cie utilisent des prix de transfert qui variant selon la fiscalité du pays.

      D’où la puissance géniale d’envisager la PPA (ou PPVente lol) selon les chiffres de l’inflation

    • idlibertes

      9 février 2018

      PPA c’est la ou il devrait être (Expectation)

      le taux de change c’est là ou il est (versus reality)

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