13 décembre, 2018

La subsidiarité, remède à la crise sociale

 

 

Plusieurs facteurs expliquent la révolte des gilets jaunes, qui est une crise à la fois géographique et sociale, donc pleinement géopolitique. Si l’élément déclencheur en a été la hausse annoncée de la taxe carburant, le moteur a été la réduction de la vitesse à 80 km/h. Une mesure refusée par le ministre de l’Intérieur de l’époque et dont Emmanuel Macron a reconnu la bêtise devant des maires des Yvelines qu’il a rencontré le vendredi 7 décembre. Cette mesure a été imposée par le Premier ministre qui, visiblement, a empêché que le Président revienne dessus comme le bruit courait pourtant. Pourquoi cette mesure est-elle est le déclencheur réel de la crise ? Parce que le motif invoqué, la baisse du nombre de morts sur les routes, est un faux motif, donc un mensonge. Le vrai motif est que cette mesure permet de remplir les caisses de l’État ; c’est donc un impôt, une sorte de nouvel octroi. Le nombre de voitures sanctionnées a d’ailleurs explosé depuis juillet dernier. La révolte naît de là : un mensonge émis par le pouvoir exécutif où la justice est invoquée quand il s’agit en réalité de répondre à des besoins budgétaires. Cette mesure touche directement tous ceux qui circulent tous les jours et qui ont dû modifier leurs habitudes de conduite. Non seulement ils passent plus de temps en voiture, car ils sont contraints de rouler moins vite, mais en plus ils payent de lourdes amendes avec le risque de perdre leur permis de conduire. Et pour une immense partie de la population, ne pas pouvoir conduire, c’est ne pas pouvoir travailler. Le nombre très important de radars automatiques détruits a démontré les causes profondes et réelles de cette révolte. C’est d’autant plus injuste que la mortalité en voiture est due d’abord à de très forts taux d’alcoolisme, mélangés à des drogues, et que les graves accidents ont souvent impliqué des conducteurs étrangers (notamment des bus de tourisme). Les Français ont donc payé pour des fautes commises par d’autres.

 

Un remède à la crise : la subsidiarité

 

Le mensonge d’un côté, l’inégalité géographique de l’autre ne seront pas résolus par les annonces faites lundi soir. La crise va donc demeurer et s’aggraver. La solution, l’école libérale française la possède et la défend depuis ses origines ; cela s’appelle la subsidiarité. On peut exprimer cette notion de différentes manières. À la façon d’un Vincent de Gournay, avec l’expression « Laissez-faire les hommes, laissez-passer les marchandises », ou bien selon les mots plus directs de Georges Pompidou « Arrêtez d’emmerder les Français ». L’idée est la même : la subsidiarité consiste à laisser faire ceux qui savent et à n’intervenir que si l’échelon inférieur est incapable de faire. Il ne faut pas la confondre avec la décentralisation qui, telle qu’elle est pratiquée en France, consiste à créer de petites féodalités locales où les collectivités dépensent goulument l’argent de l’impôt pour s’acheter des voix et s’assurer des votes. D’où l’explosion de la dette des collectivités locales et l’accroissement démesuré de leurs personnels administratifs. Il y a quatre domaines où la subsidiarité devrait s’appliquer, ce qui résoudrait beaucoup de problèmes de la crise sociale actuellement traversée :

 

1/ Mettre en place le salaire complet

2/ Établir le chèque éducation

3/ Permettre le libre choix des assurances sociales

4/ Interdire les subventions aux associations

 

Le salaire complet : la transparence et la confiance

 

Alors que l’on parle beaucoup de transparence, quasiment aucun salarié ne sait vraiment combien il gagne. Au mieux, il sait faire la distinction entre salaire brut et salaire net. Mais il ne sait pas combien il coûte à son employeur ni combien il paye pour les différentes prestations sociales. Cette opacité, qui concerne pourtant un élément fondamental de la vie des personnes, nuit gravement à la démocratie, car elle empêche tout débat serein et clair. On le voit avec la question du SMIC, on encore sur la question de la sécurité sociale. Plutôt que de mettre en place le prélèvement à la source, une réforme peu couteuse, mais essentielle à la salubrité du débat public, consiste à faire une fiche de paie simple, où le salarié sait combien il gagne réellement, combien il coûte à son patron et combien il cotise pour les différentes prestations. Le salaire complet est le préalable indispensable à la transparence de la vie sociale et donc à la discussion libre et raisonnée sur les grandes questions des finances publiques. Sans cette transparence, il ne peut pas y avoir de bonne démocratie, car si les contribuables ne savent pas combien ils payent et combien ils gagnent, le débat est vicié dans son origine même.

 

Le chèque éducation

 

Comme ça va toujours mieux en le disant, rappelons que l’école n’est pas gratuite et que les dépenses intérieures d’éducation s’élèvent à 154.6 milliards d’euros en 2017. Ces dépenses ont augmenté de 108% depuis 1980. Un rapport de la Cour des comptes de 2015 a établi qu’un écolier coûtait deux fois moins cher dans le privé que dans le public. Ce rapport confirme une étude de l’IFRAP de 2011. Ainsi, un lycéen d’une série générale coûte 9 700€ dans le public et 5 100€ dans le privé. Cet écart se retrouve à tous les échelons éducatifs, du primaire au supérieur. Le chèque éducation permettrait donc de faire de très importantes économies, donc de baisser les impôts et de rembourser la dette. C’est une mesure plus pertinente que l’augmentation du SMIC, qui en plus concerne tout le monde. C’est aussi la preuve que l’on peut avoir moins d’impôt et de meilleurs services publics.

 

Le chèque éducation a aussi un autre avantage : il permet la création d’écoles dans des zones désertifiées, là où justement les écoles publiques ont fermé, accélérant la mort des villages. Avec de bonnes méthodes pédagogiques, il est en effet possible d’avoir une seule classe de cours avec des élèves d’âges et de niveaux différents. Compte tenu du faible prix de l’immobilier dans les villages, une école de dix élèves est tout à fait rentable. Le chèque éducation permettrait donc de recréer des écoles là où elles ont disparu. Donc de faire venir des familles et d’enclencher un cercle vertueux : création d’emplois locaux, de magasins, installation de jeunes couples et d’activités, de médecins, etc. Le chèque éducation est l’exemple type de la subsidiarité. Il permet aussi aux familles de s’investir dans la scolarité de leurs enfants et de faire de l’école un allié des familles et non pas un lieu à part où l’on cherche à retirer l’enfant à ses parents. Il est la mesure essentielle à prendre pour retisser de la confiance et de la coopération entre les populations.

 

Choisir son assurance santé pour être acteur de sa vie

 

            Pourquoi peut-on choisir librement son assurance voiture et son assurance habitation, mais pas son assurance santé ? Alors que la plupart des Français disposent d’une mutuelle, qu’ils ont librement choisie, pourquoi ne pourraient-ils pas choisir totalement leur assurance santé ? L’actuelle sécurité sociale a été mise en place par le gouvernement communiste de 1946, reprenant des bases posées par les fonctionnaires de Vichy en 1940-1942. Il est d’ailleurs toujours piquant de voir la pluie de critiques qui tombent sur le Maréchal Pétain chef de l’État français, alors que c’est son gouvernement qui a créé la retraite par répartition et qui a posé les bases de la sécurité sociale, que l’on présente toujours comme étant les piliers du modèle républicain. Ce faisant, Pétain n’a fait que reprendre les propositions des fonctionnaires regroupés dans le groupe X-Crise, que le libéral Jacques Rueff avait violemment combattu dans un discours contre Keynes titré « Pourquoi, malgré tout, je reste libéral » (1934). Le libre choix en matière d’assurance santé permettrait non seulement de faire d’importantes économies, mais aussi de responsabiliser la population sur la consommation des actes de santé. Cela résoudrait également la question des déserts médicaux, dont le responsable est l’organisation soviétique du numerus clausus et de la formation des médecins. Le socialisme aboutit toujours à une chute de la qualité et à une pénurie. C’est vrai dans l’éducation comme dans la santé, en France comme au Venezuela.

 

Transparence sur les dons publics

 

Il faut interdire aux collectivités locales et à l’État de faire des dons aux associations, quelle qu’elle soit, sportives, humanitaires ou autre. Les associations ne doivent vivre que de l’argent de leurs cotisants et de dons privés, émanant d’entreprises et de particuliers. L’argent public devant avoir une finalité publique, il ne doit pas servir à des organismes privés. Outre que l’économie générée serait de grande ampleur, cela permettrait là aussi de responsabiliser et les associations et les donateurs. Rappelons que la générosité et la solidarité sont des vertus donc qu’elles sont fondées sur la liberté. Donner librement à une association, c’est faire preuve de générosité et de solidarité. Se faire prélever de l’argent par une commune qui redonne cette somme à une association n’est en revanche ni un acte de générosité ni une preuve de solidarité, car cela n’est pas fait librement. La générosité et la solidarité, qui sont deux vertus essentielles au renforcement du lien social et à l’établissement de la fraternité, ne peuvent exister et fleurir que dans une société libre.

 

La démocratie ou la liberté du choix

 

Notre démocratie ne pourra pas survivre dans ce climat délétère de suspicion, d’envie et de rancœur. Si l’on veut éviter un affaissement continu ou une prise de pouvoir autoritaire, il est nécessaire de fonder les rapports humains sur la liberté du choix. C’est-à-dire que les individus ne soient pas des électeurs qui soutiennent celui qui leur promet plus d’argent parce qu’il a pris plus à d’autres, mais des personnes qui réfléchissent à leur choix, qui sont libres de leur action et libre de leurs dons. Cette liberté du choix, selon la formule de Milton Friedman, est l’expression de ce que Friedrich Hayek a appelé la catallaxie. L’ordre complexe de la société se déploie de façon harmonieuse si chaque personne est réellement acteur de sa vie. Pour cela, il faut établir la société sur la subsidiarité, et passer de l’État providence à l’État subsidiaire. Dans cette configuration, il n’y a plus d’opposition entre l’économie et la politique : les deux deviennent liées puisque la politique revient à son origine, être le lieu de l’expression de la liberté et de la fraternité des personnes. C’est une façon de résoudre le danger de la tyrannie de la majorité et de respecter la pluralité des personnes et des points de vue.

 

Cette subsidiarité, la France l’a connue, avec ses écoles libres, ses mutuelles et ses coopératives. Elle a été brisée une première fois avec Jules Ferry et l’établissement d’une école d’État puis au cours des années 1930, notamment avec le Front populaire, et surtout en 1946 avec la collectivisation de la société. Il est dommage que la droite se soit convertie au socialisme et qu’elle ait oublié ses racines intellectuelles et morales. Avec la subsidiarité, elle détiendrait la clef de la solution aux problèmes actuels.

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

24 Commentaires

Répondre à JLP

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • pythagore

    16 décembre 2018

    vous faites partie des personnes cherchant toujours les « bonnes solutions » pour notre pays… et vous ferez partie comme toujours des déçus qui se demande pourquoi elles ne sont « jamais retenues »… et comme vous l’avez pourtant dit il s’agit d’un « choix » assumé et jamais démenti par tous les bords politiques depuis 1946 et qui ne sera jamais remis en question quoiqu’il arrive… le pouvoir a été élu légalement mais avec un quorum de votants qui ne le rend pas légitime… on a déjà connu cette sorte de pouvoir qui se disait légitime car DIEU l’avait choisi ( dans notre système DIEU a été remplacé par les institutions) … et on a vu ou cela l’a mené…Il nous faut attendre l’implosion du système comme l’a vécu l’URSS en son temps et dont nous sommes l’héritier ( tels CUBA le VENEZUELA et la CORÉE DU NORD) il suffit de voir que même la CHINE s’en est affranchi…

    Répondre
  • Robert

    16 décembre 2018

    La démocratie est un concept qui devrait être totalement imperméable à toute influence extérieure, qui devrait rester strictement de nature politique, au sens noble du terme, et dans l’intérêt du bien commun.
    Le problème de nos sociétés qui se revendiquent « démocratiques », c’est qu’elle sont désormais gouvernées en fonction de considérations non plus « politiques », mais « financières » et « affairistes ».
    L’élection, totalement pilotée, d’un banquier aux dernières élections présidentielles est, à cet égard, emblématique.
    Il y avait eu le précédent de Georges Pompidou, mais à une époque où le pouvoir politique maîtrisait encore globalement la conduite des affaires publiques, nonobstant les influences précitées.

    Répondre
    • Charles Heyd

      16 décembre 2018

      Des concepts totalement imperméables à toute influence extérieure, je n’en connais pas beaucoup;
      si, l’islam peut-être et le stalinisme aussi, mais on sait ce qu’il en coute!
      Bref, tout pouvoir, concept si vous préférez, doit pouvoir être contrôlé pour en limiter ses dérives (naturelles), y compris la démocratie ou tout autre concept imaginé par l’homme.

  • Philippe

    15 décembre 2018

    Macron et Philippe se sont comportés comme des racketteurs , et des menteurs , et ils si ils avaient une seule once de lucidité mentale ils devaient demissionner , et au moins le 1er ministre sans tarder . Mais qu’importe ils se referont une santé avec quelques reformettes sociétales ; quand a vos 4 pistes courageuses, elles seront ignorèes , ces messieurs ont fait l’ ENA , ce n’ est pas un historien qui va leur indiquer le nord …

    Répondre
  • calal

    15 décembre 2018

    Et le risque de voir comme par exemple actuellement apres la deregulation du marche de l’electricite ,le cout pour les consommateurs baisser  » royalement de 10% » ?franchement oser faire de la pub pour un changement de fournisseur d’energie pour gagner 10% payer 90 euros a la place de 100? toussa pour ca?
    Et les risques de creation d’oligopoles dans les differents domaines que vous envisagez de « privatiser » ?
    Si je dois cotiser a une assurance sante privee,qu’il y a 100 contrats differents et seulement 3 grosses boites financieres derriere? plutot un monopole de l’etat qu’un cartel du prive?Une multinationale ne peut elle devenir aussi inefficace qu’un etat (GM,GE,DB,enron;johnson et johnson,lactalys)?

    Répondre
  • calal

    15 décembre 2018

    Il y a eu un changement de paradigme dans la gestion de l’etat depuis bien des annees. Le but des gens au pouvoir n’est plus de bien gerer le pays mais de le piller et d’en extraire le plus de richesse possible.

    Le principe de subsidiarite ne sera pas mis en oeuvre s’il implique une perte de pouvoir de nos dominants ou une baisse du pillage du pays.
    Si le principe de subsidiarite permet d’augmenter le taux de prelevement obligatoire de chaque citoyen en placant un collecteur d’impot au plus pres du createur de richesse,la il sera implemente.
    Ce n’est plus spice must flow, oil must flow mais bien interest payments must flow…

    Répondre
  • Steve

    13 décembre 2018

    Bonsoir M. Noé
    Le vrai bulletin de salaire exhaustif devrait comporter en première ligne la part de la valeur ajoutée (annuelle) de l’entreprise générée par le salarié concerné – facile à calculer avec le rapport salaire /masse salariale – puis chaque poste de prélèvement jusqu’à l’obtention du salaire effectivement versé. D’ailleurs, tout citoyen normalement constitué devrait être capable de faire cela lui même à partir des documents comptables légaux publiés par l’entreprise qui l’emploie. Et s’il ne peut le faire, se faire aider par un comptable. Sans cela, il se montre irresponsable envers lui-même et sa famille.
    Cette avancée essentielle ne se fera pas car cela mettrait immédiatement en évidence l’escroquerie intellectuelle qu’est la soi disant part de l’entrepreneur dans les charges sociales. Toutes les charges payées ici et là sont soustraites du chiffre d’affaires généré par l’ensemble des collaborateurs qui oeuvrent dans l’entreprise.
    On voit bien par là que les syndicats sont complices de cette escroquerie puisqu’ils n’en disent rien.
    Pour ce qu’il en va des gaspillages, YAURAKA nommer Carlos Ghosn Censeur des dépenses de l’Etat, avec tous les pouvoirs de coercition utiles et nécessaires, quand il reviendra du Japon. Sa réputation de cost-killer n’est plus à faire. Et après quarante ans dans le désert, nous irons tous au paradis.

    Joyeux Noël à tous.
    PS: Un salarié est avant tout un collaborateur apportant ses compétences pour générer de la valeur et de la plus-value par synergie, pas un coût!

    Répondre
    • Francis

      14 décembre 2018

      Compétences ET coût, où est l’incompatibilité?

    • AIRPIER

      16 décembre 2018

      Au risque de vous décevoir, un salarié est payé pour le travail qu’il fait, tout comme n.importe quel artisan qui vient chez vous.
      Ce que vous voulez, c’est la prime du risque de celui qui l’a pris.
      Cela s’appellle de la convoitise et cela fait parti de la première marche qu’il ne faut jamais prendre.
      Si vous voulez plus de votre travail, donnez lui plus de valeur ajoutée qu’un autre qui peux faire la même chose, rendez vos compétences rares, et le reste suivra.
      Mettez votre employeur en concurrence, ou créez votre boîte.

  • Alexandre

    13 décembre 2018

    Marion Maréchal fera une bonne Ministre de l’Education Nationale l’année prochaine.

    Répondre
  • Nightster

    13 décembre 2018

    Moi ce qui me choque c’est le financement plublique de la presse privée et des syndicats.
    En ce qui concerne le choix d’une assurance maladie privée, ça ne marche que pour ceux qui ont les moyens de se la payer, et comme on le voit aux USA, ça ne marche pas pour tout le monde.

    Répondre
    • Jean-Baptiste Noé

      13 décembre 2018

      Le financement des médias doit bien sur lui-aussi être uniquement privé.
      Quant à l’assurance maladie, cela fonctionne comme toutes les assurances, voiture et habitation. Il est aussi possible d’avoir une assurance publique pour les plus nécessiteux, ce qui était à l’origine le projet de la sécurité sociale, avant que cela soit étendu à tout le monde.

    • Alexandre

      13 décembre 2018

      Nous avons besoin de médias qui soient à la fois indépendants des puissances publiques (législatif, exécutif et judiciaire), mais qui soient aussi indépendants des intérêts particuliers, des corruptions ou des publicités, tout en étant responsable devant le peuple.

      C’est pourquoi, plutôt que de privatiser le média public, il me semble préférable de rendre ses directeurs éligibles à la proportionnelle intégrale, par la création d’une Assemblée du pouvoir médiatique, qui se substituerait par ailleurs au CSA.

      Pour le financement des partis il faudrait aussi un chèque politique versé à chaque citoyen, cela éviterait à Fillon de devoir aujourd’hui offrir à Macron un costume, ce dernier se trouvant mal taillé pour le poste..

      Et de même, la création d’une Assemblée du pouvoir judiciaire, à la proportionnelle intégrale, qui aurait les pleins pouvoirs sur les nominations et révocations de juges ou de magistrats, afin que la justice soit indépendante des puissances publiques, mais enfin responsable devant le peuple. Il va s’en dire que seuls ceux qui n’auraient jamais eu de fonction électives par ailleurs pourraient se présenter aux élections de cette Assemblée judiciaire..

      Et globalement, pour que chacun des pouvoirs devienne représentatif (judiciaire, exécutif, législatif et médiatique), il faut réduire le nombre d’élus..

      50 députés à l’Assemblée Nationale, 20 élus à l’Assemblée judiciaire et 20 élus à l’Assemblée médiatique.. et le chef d’Etat qui serait élu par une Assemblée de l’exécutif de 3 membres eux-mêmes élus à la proportionnelle intégrale..

  • jean

    13 décembre 2018

    Merci pour ces éclairages/propositions rafraîchissants.
    Juste une question, d’ou viennent les chiffres énoncés sur le coût d’un lycéen?
    « Ainsi, un lycéen d’une série générale coûte 9 700€ dans le public et 5 100€ dans le privé »
    Chaque chiffre correspond-t-il bien a l’agrégation de l’ensemble des coûts?
    Je demande car si je dois ressortir ces chiffres devant des enseignants du public qui en savent toujours plus long qu’un quidam de mon espèce, même s’ils ne savent rien, je préfère savoir de quoi je parle.

    Bonne chance pour faire passer toutes vos idées qui n’ont que le défaut d’être accoquinées à l’infâme mot « libéral », qui d’après les interviews d’occupants de Rond Point que j’ai vu, semble synonyme de misère, injustice fin du monde, réchauffement climatique, maladie etc… Bonne chance donc.

    Et merci pour tous vos articles

    Répondre
    • Jean-Baptiste Noé

      13 décembre 2018

      Les chiffres sont issus d’un rapport de la Cour des Comptes de 2015.
      https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/EzPublish/20150929-rapport-thematique-cout-lycee.pdf

      Ils corroborent ceux d’une étude de l’Ifrap de 2011 qui arrivait aux mêmes résultats.
      Ces coûts prennent en compte le coût global : salaire des professeurs et des encadrants, bâtiments, administration, etc.

      La différence vient de la masse salariale (il y a moins d’administratif dans le privé) et des coûts de bâtiments, ainsi que des frais de retraite, beaucoup plus généreux dans le public.

      A titre de comparaison, un étudiant en classes prépa à Henri IV coûte environ 14 000€, alors qu’un étudiant en prépa à Ipesup (prépa privée parisienne) c’est autour de 8 000€.

    • Manu

      14 décembre 2018

      Hum,
      j’ai quand même un gros doute…
      Est ce qu’on aura pas du coup, le secteur privé qui va s’attaquer aux parts rentables (personne en bonne santé etc..), et les personnes à risques (ou en mauvaise santé) iront à une sécurité sociale ? Privatisation des gains et nationalisations des pertes.
      Comparer avec l’assurance voiture n’est pas pertinent pour moi: une mauvaise conduite résulte d’un problème comportementale ou de compétences.
      La santé par contre, on a pas forcement le choix.
      Rien n’empêche les acteurs priver de se mettre d’accord sur les prix.

      Une question: c’est le modèle en vigueur au US ?

      Cdt

    • Jiff

      18 décembre 2018

      @Manu: « Rien n’empêche les acteurs priver de se mettre d’accord sur les prix.

      C’est justement LÀ que l’état doit absolument mettre son gros nez ; évidemment, il-y-a deux façons de faire, la mauvaise et la bonne (aucune référence aux galinettes cendrées;)

      En fait, il-y-a aussi une troisième façon de faire : la très mauvaise, ce qui se fait actuellement, du pur capitalisme de connivence où certaines lois sont écrites par les intéressés et juste copiées/collées et avalisées par les parlementaires (tout particulièrement aujourd’hui, vu que l’entendement d’une majorité d’entre eux ne pisse pas bien loin, quand ça n’est pas pire.)

      La mauvaise façon, c’est de laisser légiférer Ad Nauseam des gens qui, pour une écrasante majorité n’ont aucune formation juridique¹, entraînant une diarrhée continue d’inepties se téléscopant dans tous les sens et constituant un plat de spaghettis indigestes, puisque on ne compte plus les liaisons entre lois, rendant le tout comme un mikado.
      De plus, ce mod’op a depuis bien longtemps fait preuve de son idiotie profonde, tel la « loi amazon » qui a du voir se tordre de rire ses avocats (rappel: amazon, thou shall not shipping make free ! – réponse du berger à la bergère : no problem, nous le facturerons dorénavant à… €0.01 ;-p)
      Le corollaire, c’est que ces lois très mal ficelées s’empilent comme un millefeuille (étagement archi-connu, usé et abusé par les divers gouvernements depuis 74), alors qu’il serait simplicime d’y mettre le holà en subordonnant toute nouvelle rédaction à l’abrogation/unification de deux autres lois.

      L’autre façon, la bonne, c’est de légiférer à minima² en laissant faire la jurisprudence ; de fait, la seule faille c’est qu’il faut des juges assurément incorruptibles…
      À condition que toutes les conditions soient bien réunies, les collusions ont alors une forte tendance à exploser en vol – Ex: si les protagonistes prennent _chacun_ une amende du montant des dividendes qu’ils ont distribué l’année précédente, ça calme la joie de tout le monde en mettant au passage du beurre dans les épinards de l’état.

      ——

      ¹ – Quasiment 100% des parlementaires Américains sont avant tout des juristes…

      ² – Et il ne faut évidemment surtout pas fixer de limites aux amendes et peines possibles – en fait, c’est la directe reprise des amendes/dommages punitifs du droit anglo-saxon.

  • Guillaume_rc

    13 décembre 2018

    Je signe des deux mains.

    Seul bémol à votre argumentaire, la plupart des gens (tout au moins les salariés) ne choisissent pas leur mutuelle mais bénéficient de celle que leur employeur a choisie.

    Répondre
    • Jacques GAUTRON

      13 décembre 2018

      Excusez-moi, vous avez raison mais c’est un détail le gros du sujet c’est la Sécurité Sociale. Pour les mutuelles choisies, en concertation je crois, par les entreprises ça ressemble aussi à la subsidiarité, mais à un niveau mutualisé au niveau de l’entreprise. Dans ce cas et en reprenant la définition de la subsidiarité on peut dire que généralement le choix opéré par l’entreprise est meilleur que ce qui serait décidé au niveau au dessus c’est-à-dire l’Etat; mais aussi meilleur que celui que ferait l’individu peu informé des détails de l’assurance.

  • Jepirad

    13 décembre 2018

    Bonjour, vaste programme qui a priori fait preuve de pragmatisme et d’ambition. Mais qui aujourd’hui en politique est capable de porter et de faire accepter une telle subsidiarité ?
    Allez dire aux Français plus de sécurité sociale et plus d’école publique,
    parce c’est comme ça qu’ils le ressentir ont.
    Il faudra plus que de la pédagogie. Les Français seront-ils capables de l’entendre… Cdt

    Répondre
    • Jean-Baptiste Noé

      13 décembre 2018

      Pour rendre cela opérationnel, il ne faut pas changer le système actuel mais créer la possibilité du choix. Il faut laisser le libre choix de prendre le chèque éducation ou l’école publique, de cotiser à la sécurité sociale ou à une mutuelle privée.
      Les personnes verront bien ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas et la liberté s’étendra au fur et à mesure.

  • JLP

    13 décembre 2018

    Bonjour,

    Enfin quelqu’un qui a compris que le point de départ de la rage qui nous atteint (j’ai en effet passé pas mal de temps sur les ronds points!) est la mesure inexplicable et inexpliquée des 80 km/h qui est ressentie par tous comme une mesure punitive contre ceux qui habitent des villages et sont obligés d’utiliser leur voiture tous les jours.
    Avec comme prime les taxes pour sauvegarder nos tibogos parisiens !
    Pour le reste il est vrai qu’avec le temps qui passe nous nous sommes « monté le bourrichon » en discutant dehors dans le froid.
    Comme quoi les mesures onéreuses prises par Macron tapent totalement à côté puisqu’elles augmentent (encore!) l’injustice des impôts, taxes et CSG.

    Sinon votre idée du chèque éducation m’apparaît tout simplement géniale…

    Tout à fait d’accord le reste de vos propos sauf concernant l’assurance maladie qui est plus une solidarité nationale qu’une véritable assurance. Reste à la rendre plus juste là aussi.

    Répondre
  • donfra

    13 décembre 2018

    Bonjour,

    Je partage totalement votre analyse;

    Juste une petite correction: même dans un petit village, une école libre ne sera pas rentable (et surtout aux conditions actuelles avec une concurrence déloyale de l’ « Education » dite « Nationale ») et elle nécessitera des « investissements » de la part des familles. Mais c’est en soi le meilleure gage d’implication et de réussite des enfants…
    L’éducation se fait toujours à fonds perdus sur le plan financier, c’est seulement à ses fruits qu’elle révèle sa rentabilité, quasi infinie 🙂

    Répondre
    • Sarcastik

      13 décembre 2018

      Sur ses fruits « quasi infinis », lire « The Case Against Education » de monsieur Caplan. Uniquement en anglais, très acide mais stimulant. En résumé : le système éducatif constitue pour une part de plus en plus grande en un vaste gaspillage de temps et d’un « pognon de dingue ».

Me prévenir lorsqu'un nouvel article est publié

Les livres de Charles Gave enfin réédités!