19 janvier, 2016

La salle de shoot mondiale est devenue incontrôlable.

La prochaine crise sera pire que les précédentes. Elle ne viendra pas des banques mais de toutes les structures qui ont été créées pour échapper à la régulation bancaire pour réaliser des transactions « hors la vue du marché » et lancer des « produits structurés » qui pour la plupart seront illiquides.

La régulation renforcée des banques a en effet diminué en grande partie le risque systémique qu’elles portent. Pour acheter une action Nestlé il leur est demandé de constituer dans leurs réserves 40% du montant acheté, puisque l’achat d’actions comporte des risques !

 

Les régulateurs semblent s’être penchés assez peu sur les prochains risques qui se profilent à l’horizon. Le premier risque est celui des nombreuses plateformes échappant à la surveillance d’un marché centralisé. Aucune information sur leur activité n’est accessible facilement à la plupart des investisseurs et au grand public

 

Les « Darkpools » qui sont des plateformes qui permettent aux investisseurs institutionnels d’échanger des blocs de titres à des cours différents de ceux qui sont pratiqués par les marchés officiels. Parmi les plateformes les plus actives existent : BOA Merrill Lynch Instinct, Morgan Stanley MS Pool, Goldman Sachs Sigma X, Credit Suisse Cross Finder, Deutsche Bank SuperX, BATS Global Markets, UBS , IEX, ITG Posit….

Les « Swap Execution Facilities » (SEF)  qui sont des plateformes d’échange de produits dérivés dont les principales sont : ICAP, BGC, Bloomberg, Tullett Prebon, Nasdaq OMX Group,CBOE,ICE

Les « High Frequency Trading platforms »   qui sont des plateformes d’échange de titres à haute fréquence. Les plus actives étant : CBOE, CME, ICE, Virtu.

 

Le deuxième risque est celui des taux zéro pratiqués par les banques centrales. C’est comme si nous vivions sur une planète sans gravité. Les banques centrales ne savent pas en sortir. Les états encore moins. Ce qui est clair est que celui qui paiera sera l’épargnant.

 

Le troisième risque est celui de la déflation. C’est une situation où les prix baissent plus vite que la baisse des taux d’intérêt. C’est bien ce que l’on constate en ce moment sous les effets de la baisse des matières premières, de la mondialisation et de la géopolitique. Le meilleur exemple est celui du prix du pétrole en baisse de -73% depuis le cours de 110$ atteint pendant l’été 2014. Le cours n’a plus rien à voir avec l’offre et la demande mais avec la rivalité entre l’Arabie Saoudite et l’Iran….

 

La dépense publique fait son grand retour en France

 

En France, les 500 000 formations annoncées par François Hollande ne sont que du « traitement statistique du chômage », façon élégante de décrire une opération de maquillage de chiffres. Tout le monde comprend bien que le Président de la République veut faire baisser le chômage par tous les moyens pour pouvoir se représenter aux prochaines élections présidentielles.

En terme de dépenses publiques, on va allègrement vers un niveau qui dépassera les 60% du PIB. L’endettement de 2100Md€ devant bientôt dépasser les 100% du PIB…

 

L’Europe sera touchée par la diminution de la croissance en Chine

 

Environ 3,5M d’emplois directs et indirects seraient impactés selon l’  « Economic Policy Institute », ce qui représenterait 2 points de PIB au niveau européen. La France serait le quatrième pays le plus touché en Europe. L’Italie qui a fait un réel effort de réformes est toujours confrontée au problème des créances douteuses de ses banques qui représentent 18% de leur encours soit 350 Md€. En Espagne, la croissance était sur une pente à 4,2% en rythme annuel au dernier trimestre de 2015. Malheureusement la pression pour l’indépendance de la Catalogne assombrit le climat politique. En Grande Bretagne, la production industrielle est toujours médiocre. Elle est encore en dessous de son niveau de 1997 malgré une Livre Sterling qui a baissé de 4,95% depuis la mi décembre. C’est un plus bas depuis cinq ans et demi. Dans cet environnement difficile, l’Allemagne affiche un excédent budgétaire de 12Md€, une croissance de 1,7% et un chômage réduit de moitié en dix ans…

 

L’économie américaine est à la fin de son cycle

 

Dans les semaines qui viennent on risque de moins parler de la Chine et du prix du pétrole que des Etats Unis. Les dernières statistiques sur l’emploi sont bonnes ce qui constitue un soutien de la consommation, mais une pression sur les marges des entreprises. La production industrielle est en revanche en recul de 1,2% sur les douze derniers mois. Le recul ne touche pas uniquement l’industrie du pétrole et des services pétroliers. Le nombre de faillites qui pourraient se produire va évidemment toucher le marché du crédit. Tout rebond de l’inflation pourrait aussi inciter la Fed à augmenter plus rapidement ses taux d’intérêt.

 

Au Japon, la baisse du yen a peu d’effet sur la croissance des exportations. Comme de nombreux pays se sont lancés en même temps dans des dévaluations compétitives l’effet d’une dévaluation semble beaucoup moins efficace qu’auparavant.

En, Russie, l’économie s’enfonce inexorablement dans la récession. Le pays se classe au quatrième rang des pires performances économiques attendues pour 2016.

En Inde, le pays a l’air d’aller bien mais il semble que comme en Chine les chiffres économiques manquent beaucoup de fiabilité.

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

7 Commentaires

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  • bob the builder

    16 février 2016

    Les Dark pools n’ont pas de positions en portefeuille et ne commercialisent aucun produits derivés
    Les plateformes d’echanges non plus….qu’elles s’appellent HFT ou SEF

    Meconnaissance flagrante des marchés et des mécanismes actuels !

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  • riz

    24 janvier 2016

    Je ne suis par sûr et du moins n’espère pas que la prochaine crise sera pire que celle de 2008 où rappelons le la production industrielle a chuté (disparu) de 25% en Italie et Espagne et plus d’environ 18% en France .Un prochain choc de cette ampleur et les pays explosent .
    Nous avons aussi des subprimes aux us où le marché puisque artificiel baissera à un moment d’au moins 15 à 20% sur remontée des taux (c’est tout de même 3 millions véhicules en moins à la vente à venir) .
    On devrait aussi avoir des craquements au niveau des émergents avec la hausse des taux aux us à venir et du fait de la chute du baril de pétrole bien que l’on ait fait un gros objectif sur 27 $ on pourrait aller beaucoup plus bas avec une dépression .
    Si nous sommes en fin de cycle alors la prochaine dépression car c’est bien d’une dépression qu’il s’agira verra à un moment des taux négatifs du moins en Europe car ce sera l’une des régions les plus exposées (nos taux seront bien plus bas qu’aux us et il faudra bien les baisser de 2 à 3 points théoriquement) .En ce qui concerne le cac toutes les grosses corrections depuis 1998 ont vu le cac revenir sous 3000 points c’est une constante on surveillera la figure graphique qui nous y emmènera soit la tête épaule 4600-5283-4600 ligne de cou 4080 cible 4800_4900 à préciser , reste la seconde épaule à construire .Peut_être que les banques centrales savent ce qu’elles feront lors de cette fameuse prochaine crise qui s’est peut-être déjà amorcée , mais les opérateurs ne le savent pas et pourraient massivement se faire surprendre à mesures exceptionnelles (on est pour la première fois de l’histoire économique dans un no man’s land économique) réactions exceptionnelles du marché .La prochaine crise serait synonyme de dépression sévère donc des banques vont sauter enfin peut-être pas depuis le 1 janvier 2016 où ce sont les riches particuliers qui se substitueront aux Etats , on va être chyprioté .

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  • Dupond

    23 janvier 2016

    L’IEX ne propose pas de Dark Pool et combat au contraire le HFT en ralentissant le passage d’ordre au sein de leur Exchange (lire « Flash Boys » pour plus de détails).

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  • Aljosha

    21 janvier 2016

    Franck Sorbier peut-être ?
    Cette période difficile permet de se construire une expérience sur les situations de crise. Tout le monde n’a pas l’expérience de C. Gave et JJ Netter mais avec toutes les recommandations des derniers mois, on a quelques pistes pour éviter les grosses erreurs stratégiques (sinon n’est-ce pas tard pour commencer à réagir), et je le souhaite pour chacun quelques gazelles a lancer le moment venu.
    Mieux vaut la fin de l’horreur …

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  • smith

    20 janvier 2016

    Merci pour cette photographie.
    Et maintenant, on fait quoi?
    Quels pourraient être ceux qui tirent leur épingle du jeu?

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    • Aljosha

      20 janvier 2016

      Franck Sorbier 😉
      J’ai lu un chapitre de JC Gruffat sur le shadow banking, qui traite de la désintermédiation bancaire dans les financements des acteurs économiques. C’était hélas trop technique pour moi.
      Est-ce que cela ne constitue pas également une source supplémentaire de risque ou est-ce cadré règlementairement ?
      En attendant, on peut fourbir ses armes (ce qu’il reste de ses gazelles), continuer d’osculter la situation en attendant une reprise quelque part …

  • nolife

    19 janvier 2016

    « Merrill Lynch, Morgan Stanley, Goldman Sachs, Credit Suisse, Deutsche Bank, BATS Global Markets, UBS, IEX, ITG Posit »

    Oh bah tiens …

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