9 mars, 2016

La perspective du prochain bazooka de Mario Draghi fait remonter les marchés  

 

Forte remontée des marchés cette semaine. L’incertitude demeure toutefois sur le fait de savoir si avec un niveau d’inflation et des taux d’intérêts aussi bas nous ne sommes pas tout simplement entré dans une phase de stagnation qui risque de durer.

La croissance mondiale par rapport aux moyennes historiques, sera en effet faible aux Etats Unis (autour de 2%), ralentira en Chine (entre 5 et 6%) et restera anémique en Europe (1 à 2%)

 

En Europe, on assiste à un nouveau recul inquiétant des prix en zone euro. Les forces de la déflation sont puissantes alors que le QE européen mesuré par les achats d’obligations souveraines par rapport à l’offre des Etats est plus important qu’aux Etats Unis et au Japon

 

Pratiquement tout le monde attend le prochain « bazooka de Mario Draghi », c’est à dire la nouvelle injection de liquidités qui comme on le sait  n’est plus efficace. La demande pour le LTRO diminue. Ce sont des prêts ciblés à long terme que la BCE accorde à uniquement aux banques prêtant à leur tour aux entreprises. Pour Lord Mervyn King ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, le fait de jeter des liquidités (12 300 Md$ depuis la faillite de Lehman) chaque fois qu’il y a un début de panique financière ne peut que mener vers la nouvelle crise. Dans son dernier livre qui a du succès « The end of Alchemy » Il explique clairement qu’il ne faut pas s’occuper uniquement de la liquidité des marchés mais surtout de la solvabilité des débiteurs. La dette publique des pays développés a augmenté de 40 points de PIB pour dépasser très largement 100% de la richesse produite chaque année. Une partie importante de ces dettes ne pourra pas être remboursée. Cela donnera des défauts en cascade.

 

En France, l’Etat actionnaire est aussi mauvais que l’Etat stratège

 

Dans la série des contre-performances de l’Etats actionnaire, après Areva, EDF, Engie (ex GDF Suez), EDF vient d’annoncer de très mauvais résultats. Depuis sa sortie du CAC 40 la société est le symbole du déclassement du secteur public français. Elle ne capitalise plus que 21Md€ avec 37,5 Md€ de dettes. Le total de ses engagements identifiés à ce jour s’élève à environ 120Md€, dont 56Md€ pour le démantèlement progressif des centrales nucléaires existantes, 25Md€ pour le projet d’enfouissement des déchets nucléaires, 24,5Md€ pour l’EPR de « Hinkley Point » vendu aux britanniques, 2,5Md€ pour le rachat de la branche réacteurs nucléaires d’Areva. Il faut y ajouter au moins 8Md€ pour la fermeture de Fessenheim réclamée à tout prix par l’Allemagne. Saluons la démission du directeur financier d’EDF, Thomas Piquemal. Il a voulu marquer notamment son opposition au projet de construction de deux EPR sur un site britannique, qu’il juge trop risqué industriellement et financièrement.

La SNCF vient d’annoncer ensuite 12 Md€ de pertes. Obligée d’appliquer les normes IFRS comme toute les entreprises privées, il a été nécessaire de déprécier 9,6Md€ pour le réseau, 2,2Md€ pour les rames de TGV et 450M€ pour les gares. Pour son président Guillaume Pepy ces chiffres ne sont que des écritures comptables. Certes mais il faudrait prendre en compte le fait que notre économie ne pourra pas se redresser sans la mise à plat de tout le secteur public inefficace et beaucoup trop coûteux. Malheureusement c’est le socle électoral de François Hollande et d’une grande partie de la classe politique. Dans la série des contre-performances de l’Etat stratège industriel Alstom est en train de devenir un véritable fiasco. L’alliance entre le fabricant de turbines intervenue en 2014 devait être équilibrée puisqu’elle avait été conduite par Arnaud Montebourg ex ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique. Deux ans après l’ex branche énergie de la société française a annoncé la suppression de 6500 emplois

Dans cet environnement on voit bien que l’emploi est la pièce manquante de la reprise. Les réductions nettes d’emploi concernent surtout les grands groupes.

 

Plus que jamais nous sommes dans une France coupée en trois : 1/ une France du secteur privé qui vit dans la mondialisation, qui accepte l’économie de marché et qui a confiance dans l’avenir. Toutes les enquêtes d’opinion se recoupent pour estimer que cela représente environ un tiers des français.  2/ une France qui vit protégée par l’État à l’ombre de statuts particuliers, de subventions et d’allocations diverses. Ce qui ne représente pas moins de 20M de français. 3/ enfin il y a la France des exclus de tout et de tous les exclus.   Cette France qui compte désormais 25M de personnes est la honte de « ce modèle social que le monde nous envie » comme François Mitterrand et Jacques Chirac l’ont seriné pendant des années dans un même aveuglement coupable…

 

L’Allemagne qui réalise sous la direction d’Angela Merkel un parcours économique impeccable avec une croissance qui résiste bien, un endettement de l’État qui diminue, un excédent budgétaire et un très important excédent commercial et un chômage au plus bas.  Sur le plan politique la chancelière pourrait être déstabilisée par les problèmes d’immigration et la négociation avec la Turquie.

 

La Suède a un taux de croissance de 4% mais l’endettement ne cesse de progresser…Lors de la dernière bulle immobilière des années 90 les pread sont passés  de 100bp à 500 bp en quelques mois.

 

 

Aux Etats Unis, la situation politique devient compliquée

 

Les dernières statistiques  sur l’emploi sont bonnes même si  certains font remarquer que sur les douze derniers mois,  il a été créé 360 000 emplois de serveurs contre 12 000 postes dans l’industrie…Le sujet aujourd’hui est d’anticiper ce qui pourrait se passer si Donald Trump était le prochain président des États Unis. La hausse des droits de douane sur les produits importés de Chine, la suppression de l’accord de libre échange pour l’Amérique du Nord et le refus de signer le « Trans-Pacific Partnership free-trade accord » serait profondément déstabilisants pour le commerce international. Il n’est pas du tout sûr que l’élite républicaine soit prête à perdre la présidence pour saboter le candidat Trump.

 

En Chine la croissance a besoin de réformes structurelles pour rester au-dessus de 5% . L’économie ralentit mais on ne connaît pas le plancher. Un avenir à la japonaise n’est pas impossible si les réformes structurelles indispensables ne sont pas mises en place.

 

 

Les banques américaines sont en position de force

 

Les douze premières banques européennes ont une rentabilité de leurs actifs inférieure à celle des six premières banques américaines (0,18% contre 0,92%)

Les bénéfices des banques ont été laminés par les taux zéro qui créent des marges négatives sur l’activité de crédit, les nouvelles régulations et les amendes.

Les banques européennes n’ont été ni restructurées ni capitalisées.

Le champ libre est laissé maintenant aux banques américaines pour capter la partie la plus rentable des opérations.

 

Toutes les compagnies de forage pétrolier ne vont pas faire faillite. Parmi les sociétés américaines qui sont bien positionnées pour profiter d’une reprise des forages dans le courant de 2017 figurent :  Seadrill, Diamond Offshore Drilling, Ensco, Noble, Transocean, Rowan.

 

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

14 Commentaires

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  • Skandal

    10 mars 2016

    Je plussoie totalement… au Japon, Tepco était un entreprise privée et ça fonctionne, pas comme EDF. TEPCO, c’est la garantie d’un nucléaire bien géré, sur, efficace. En prime, le système permet d’éliminer les travailleurs sous qualifiés qui travaillent au coeur du réacteur, et donc les éliminer physiquement. Or, le libéralisme n’a pas besoin de gens comme ça. En France, on les assiste et ça nous coute cher.

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    • ClauZ

      11 mars 2016

      Vous faites de l’humour! 😀

    • Skandal

      14 mars 2016

      Un usurpateur a pris mon pseudo afin de me discréditer.

      Voici les adresses mails et adresse IP qu’il a utilisé en venant troller sur mon blog.

      bzae@yahoo.fr
      92.151.18.192

      plop@plip.com
      192.44.63.161

      Skandal

    • idlibertes

      15 mars 2016

      D’accord, vous voulez que nous le bloquions ou vous souhaitez vous menager la preuve du coup?

      Je fais comme vous voulez

    • Skandal

      14 mars 2016

      Pour info, une procédure est en cours chez mon avocat afin de faire appliquer la loi n° 2011-267, du 14 mars 2011 relative à l’usurpation d’identité (y compris une identité internet, donc un pseudo).

  • riz

    9 mars 2016

    L’Allemagne a probablement mangé son pain blanc , le Japon souffre bcp, même adn exportateur que les Teutons donc la Chine ralentit .Les us sont sur un plateau donc les 2 principaux bossters de la croissance mondiale sont en train de s’éteindre , on est en haut de la parabolique et l’on va donc amorcer la descente .La Chine doit conserver 2800 millairds de dollars de réserves de change eu regard de son économie d’après le fmi à raison de 1000 milliards de moins en rythme annuel cet automne ils seront contraints de baisser la yuan ce qui aura un effet déflationniste en Europe et dans le monde . Au même moment les usa vont forcément ralentir ce qui préfigure un automne houleux avec cible de 3450 sur le cac et retournement jusqu’à 2870 en 2017-2018 (timing) .Il faut donc vendre .
    Nous avons une crise politique en France , c’est toujours mauvais , Hollande va rétropédaler sur la réforme du travail c’est sa nature . Il dit à ses confidents « Il faut que ça tienne d’ici 2017 . » « Ca va bien tenir d’ici 2017. » En fait son discours depuis la début du quinquennat , tenir jusqu’à 2017 .Et bien ça ne tiendra pas .
    Question, qui va tracter l’économie mondiale dans les trimestres qui viennent ?
    Pas les us
    Pas la Chine
    Pas l’Allemagne
    Pas le Japon
    Pas le MO
    Pas l’Amérique du Sud
    Pas l’eurasie
    ????

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    • Nomos

      9 mars 2016

      la 3ème guerre mondiale ?

  • Oblabla

    9 mars 2016

    « enfin il y a la France des exclus de tout et de tous les exclus. Cette France qui compte désormais 25M de personnes est la honte de « ce modèle social que le monde nous envie » comme François Mitterrand et Jacques Chirac l’ont seriné pendant des années dans un même aveuglement coupable… »
    Hormis les 6 millions de chômeurs et les sdf je ne vois pas qui sont les 18 ou 19 millions restants?
    Simplement pour ma compréhension, merci de préciser.

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    • idlibertes

      9 mars 2016

      Je pense que la réflexion était dans une logique de C GUILLY, du désaveu de la gauche envers sa couche sociale moyenne.
      Pas mal de ménages ont du s’excentrer de plus en plus loin avec pourtant deux salaires (seine et marne etc) pour ce qui est de la région Parisienne.

      Pour les autres, un plafonnement des salaires;

    • Kabelaan Loïc

      10 mars 2016

      Tous les Outsiders (intérimaires, CDD, stagiaires)

  • Nomos

    9 mars 2016

    Bonjour,

    En ce qui concerne le nucléaire civil, je diverge un peu. EDF a surtout besoin que l’Etat arrête de ponctionner les dividendes, l’empêche d’augmenter ses tarifs.

    En ce qui concerne l’Allemagne, ces derniers temps c’est quand même le florilège : crise des migrants (15 Mds d’euros/an pour l’accueil du 1er million de migrants), Volkswagate, EON, RWE au bord de la faillite avec l’Energiegewind (à coté EDF c’est que du bonheur)

    Pour le CAC, hélas oui les premiers de la classe (Patrick K, Gerard M, Jean-Bernard L) effeuillent la marguerite alors que les « cancres » (Burelle Plastic Omnium CPE Lyon, Maillard Figeac Aero ENI de Tarbes) développent des business en France et à l’étranger.

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  • Nomos

    9 mars 2016

    Grace à Mario et à la chute du marché chinois : Or +19.03 %

    Sur le nucléaire, je diverge un peu. Certes les engagements sont élevés mais le problème est surtout la ponction des dividendes par l’Etat et le blocage de la montée du coût de l’électricité.

    Sur l’Allemagne, je diverge un peu plus : choc migratoire (amateurisme ?), Volkswagate, secteur électrique sinistrée avec l’EnergieGewinde (EDF se porte très bien à coté de RWE, EON)

    Sur le CAC , 100 % d’accord, comme le dirait Charles G, les premiers de la classe (Patrick K, Jean Bernard L. Gérard M.) continuent la casse industrielle.

    A coté, les « cancres » Burelle (Plastic Omnium – CPE Lyon), Maillard (Figeac Aero ENI de Tarbes)

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  • Gerldam

    9 mars 2016

    En ce qui concerne la France, on voit, une fois de plus que le capitalisme de connivence est un oxymore car ce n’est plus du capitalisme du tout.
    La mauvaise gestion par l’état de grosses entreprises comme EDF va rajouter rapidement 200 milliards de dettes à notre dette souveraine qui en avait bien besoin.
    Et, comme vous le dites fort justement, quel politique va scier la branche sur laquelle tout son système repose?
    Come dirait un bloggeur connu, ce pays est foutu.

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    • Kaiser

      12 mars 2016

      Ca ne coutera rien, c’est l’Etat qui payera …

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Les livres de Charles Gave enfin réédités!