6 novembre, 2024

La marée rouge

Donald Trump a brillamment remporté les élections américaines lors d’un raz-de-marée républicain qui signe une victoire totale sur les États-Unis.

Beaucoup annonçaient un score serré, une élection sur le fil du rasoir voire une défaite de Donald Trump. C’est tout l’inverse qui s’est produit : une victoire éclatante et totale. Non seulement il remporte les grands électeurs, mais aussi le vote populaire, ce qui ne fut pas le cas en 2016. Sa victoire est encore plus large que contre Hillary Clinton. Non seulement les républicains gagnent la Maison-Blanche, mais ils ont pris aussi le contrôle du Sénat et sont en bonne voie à la Chambre des représentants, en gagnant des sièges aux démocrates. À quoi s’ajoute la majorité à la Cour suprême. Encore une fois, cette élection démontre le décalage complet entre les commentateurs et les électeurs. Comme me le disait un démocrate croisé sur un plateau télé, très fier de voter pour Harris : « Je ne comprends pas pourquoi les ouvriers votent pour Trump. » C’et là la raison principale pour laquelle les démocrates ont perdu : ils ne comprennent pas le peuple américain, et au lieu de faire l’effort d’essayer de le comprendre ils l’invectivent et lui collent l’étiquette de « fasciste » et de « nazi ».

La plus large victoire

 

La victoire de Trump est la plus large victoire depuis l’époque de Reagan / Bush (1980-1992) et Nixon ; Reagan et Nixon ayant remporté les élections de 1984 et 1972 avec presque la totalité des États. Les victoires de Bush fils, en 2004 et surtout en 2000, avaient été étriquées. Les républicains s’étaient perdus dans un néo-conservatisme finalement assez proche des démocrates. Trump, quant à lui, a renoué avec les années Reagan, son slogan Make America great again étant repris de celui de 1980. Il a réussi à créer une doctrine populaire pour les républicains, s’attachant les voix rurales, celles des villes et des classes supérieures.

En 2008, lorsque Barack Obama a gagné la présidentielle, beaucoup de commentateurs expliquaient que les républicains ne pourraient plus jamais gagner la Maison-Blanche. Ils n’avaient plus de doctrine propre, leur base électorale était étriquée, leur défaite en 2008 et 2012 avait été très large. Avec un électorat composé essentiellement d’hommes blancs, personne ne voyait comment ils pourraient subsister face aux changements démographiques des États-Unis. Ces commentateurs eurent presque raison en 2016 puisque Trump ne gagna pas le vote populaire. Mais c’était ne pas voir que la doctrine des républicains avait changé et que la pensée politique des démocrates n’était plus acceptée. Pour le parti bleu, c’est un cycle qui se termine, celui débuté par Bill Clinton en 1992. Barack Obama était un enfant Clinton, comme Joe Biden, créature tenue par le clan Clinton. C’est désormais le clan Trump qui a assuré son pouvoir, avec de nombreux « bébés » Trump qui ont été élus au Sénat et à la Chambre. Cette victoire électorale est donc la conséquence d’une véritable victoire intellectuelle.

Un second mandat, quatre ans après

Ce qu’a réussi Trump est unique dans l’histoire des États-Unis. Jamais un président vaincu n’était revenu au premier plan ni réélu. Après la crise de janvier 2021, après le demi-succès des mi-terms 2022, beaucoup pensaient que Trump était politiquement mort. Il gagna pourtant haut la main les primaires et a désormais largement gagné la présidentielle. À 78 ans, il dégage une énergie rare. Son camp, et ses conseillers, sont beaucoup mieux préparés à l’exercice du pouvoir qu’en 2016, où la victoire fut une surprise pour beaucoup. Ils ne se laisseront plus avoir par l’État profond, le système judiciaire est mieux contrôlé, le Parti républicain est très largement trumpiste, ce qui n’était pas le cas en 2016 où pullulaient les Rino (republican in name only).

Outre le facteur expérience, l’autre facteur qui va être essentiel dans ce second mandat est celui du temps. Sitôt en place, la question de sa succession va se poser et avec elle celle de la poursuite du trumpisme. Trump aura 82 ans en 2028. A priori, il ne devrait pas briguer un autre mandat. Ce qui laisse la porte ouverte à JD Vance ou Ron DeSantis, en tout cas à la jeune garde républicaine. Du trumpisme sans les excentricités et les outrances de Trump, voilà qui pourrait crucifier une nouvelle fois les démocrates.

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

22 Commentaires

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  • germain

    23 novembre 2024

    Je souhaite que la France ait son Trump car il va honorer ses promesses et redresser la barre outre-atlantique…Qui va renverser la table en France afin que nous quittions nos oppresseurs que sont l’Otan et l’UE de Von der Leyen???
    Moi je proclame Frexit! Je souhaite que le peuple français se réveille de sa léthargie covidiste et vote pour une équipe politique rénovée favorable au Frexit. Voyez le travail de Javier Milei en Argentine qui un an après commence à percevoir les premiers bénéfices de sa politique d’austérité: 30000 fonctionnaires virés, des administrations dégraissés, « fuera! » comme Milei dit. Le FMI annonce une croissance de 5% pour l’Argentine en 2025.

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  • Michel Kriec

    16 novembre 2024

    Grover Cleveland
    Premier Président des Etats-Unis élu pour deux mandats non-consécutifs. Trump est le deuxième.

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  • Michael

    12 novembre 2024

    Le problème des Démocrates est qu’ils sont allés trop loin dans leurs idiosyncrasies. « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre ».

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  • Freeman

    12 novembre 2024

    C’est avant tout un espoir d’anihilation du Nouvel Ordre Mondial totalitaire du WEF de Schwab et de ses complices qui veulent posséder et asservir la planète entière.
    Le ralliement de Robert Kennedy qui a dénoncé les 79 vaccins aux USA et autres méfaits est une aide précieuse. Ils ne seront pas trop de deux pour renverser la tendance mortifère du Deep State américain et espérons le, européen aussi.
    Ce sera la condition première pour une délivrance de la France de ce joug et pour un retour à l’auto-détermination et à la prospérité.
    Mais le chemin risque d’être encore long :

    https://www.profession-gendarme.com/donc-la-seule-chose-qui-leur-reste-est-de-creer-le-plus-de-chaos-possible-un-ancien-futur-est-en-train-de-disparaitre/

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  • Explorer76

    11 novembre 2024

    Trump a deux énormes qualités : il s’entoure de gens meilleurs que lui et très complémentaires qui annulent ses défauts, par exemple Elon Musk, JD Vance et Ron de Santis pour ne citer qu’eux et il sait parler de l’Amérique aux américains. Et il a su mener la guerre culturelle en ne cherchant pas l’approbation de la gauche. Puisse un homme politique français s’en inspirer. Si Elon Musk se voit confier la réforme de l’Etat, ça va être intéressant et s’il pouvait dézinguer l’ONU et ses agences nuisibles, GIEC, OMMS, UNRWA.

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  • Marcel Depart

    10 novembre 2024

    Les démocrates sont des “Guerriers” l’emploie du « complexe militaire Américain » est de toute importance, il control l’emploie. Raison pour le qu’elle les démocrates font la guerre. Leur propagande est que c’est la Démocratie Américaine qui doit être imposée.
    D. Trump est un businessman, il contrôle l’économie par l’imposition de taxes à l’importation de produits non manufacturé aux USA. Il utilise le « complexe militaire Américain » pour être sûre que personne ne fera la guerre aux USA. D. Trump respect la vie, pas de guerre.
    Notre monde change pour le bien.

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  • Patrice Pimoulle

    7 novembre 2024

    Tres bien, sans exception ni reserve.

    Un parallele est a faire avel les Etats europeens. En France, les Francais ont degage Macron, qui ne tient plus que pqr le look subblime de la premiere dame; en Allemagnre les Allemands dont en train de degager Scholz.

    La gauche est toujours a la source de l’affaiblissemet du pays; c’est vrai en France comme aux Etats-Unis.

    Mais qu’est-ce que Rrump va faire de l’occident? Je ne crois pas a un retour de l’isolationisme. l’occident forme un tout. surtout en periode de crise. Y aura t-il une normalisarion avec la Russie, comme cela aurait du etre le cas en 1991? Les Atats-Unis n’ont rien a faire ni en orient (‘Uktaine, ou la Russie est chez elle), ni en Asie-Pacifique, ou la Chine est chsz elle.

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  • durru

    7 novembre 2024

    Petite correction : il y a eu Grover Cleveland au XIXème qui est revenu à la présidence après avoir perdu une élection 😉

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    • beauchene

      7 novembre 2024

      Certe mais c’était il y a un siècle autant dire jamais car les USA n’étaient pas du tout les mêmes

  • Michel CHIECCHIO

    7 novembre 2024

    « Les excentricités et les outrances de Trump » perso j’ai toujours aimé. Mais il est clair que TRUMP est un personnage unique et incomparable.

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    • Michele

      7 novembre 2024

      Non Trump n est pas excentrique il est authentique. Il colle parfaitement à notre génération qui a perdue toute notion de l élégance et de la nuance .il suffit de regarder l art « moderne » qui est bien plus moche que tous les Trump réunis si on peut tant soit dire que Trump est « moche » .il est le reflet parfait de son époque .

  • Xavier D

    7 novembre 2024

    Comme un commentateur le disait, l Europe est en très mauvaise posture : Elle a bâti sa prospérité sur une énergie à bas prix venant de Russie, une défense assurée par les US et ses marchandises venant de Chine. Une dépendance à 3 niveaux dont nous allons maintenant voir les conséquences … Quelle manque de vision de la part de nos politiques … Manque de vision ? Lâcheté ? Refus de voir la réalité ? Procrastination ? Un peu de tout cela …

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    • Robert

      7 novembre 2024

      Un peu de tout cela et une addiction à la facilité pour le plus grand nombre !

    • PAK

      7 novembre 2024

      Vous pouvez ajouter incompétence crasse et corruption.

    • Jean-Marie GLANTZLEN

      7 novembre 2024

      C’est pas sympa de critiquer des élus qui se croient indispensables et irremplaçables , au lieu de faire un seul mandat et de devenir salarié
      d’un successeur pour lui faire profiter de son expérience

    • Artiste

      19 novembre 2024

      L’énarchie qui a pris les leviers du pouvoir depuis les années 70 se fiche bien de la France et ne gére quepour elle sans aucun sanction pour ses erreurs tant que ces gens resteront au pouvoir il n’y aura pas d’amélioration pour le peuple nous sommes sur le Titanic et les canots de sauvetages seront pour eux

  • Pasquier

    7 novembre 2024

    La gauche américaine a abandonné les luttes sociales pour la lutte identitaire : question de genre, de race. Kamala avait dans son programme par exemple des avantages fiscaux réservés aux hommes noirs. Dans cette société multiculturelle et consumériste, le combat pour être reconnu comme victime est devenu l’étendard de la gauche. Au lieu de penser le peuple comme un tout dans une vision de la société comme un groupe de gens qui cherchent à rééquilibrer le pouvoir par les rapports de force, elle s’est accommodée des rapports individuels identitaires pour se concentrer sur un individualisme victimaire.
    C’est une leçon aussi pour la gauche européenne. Si elle veut améliorer les choses et être au pouvoir politique, elle doit arrêter de voir les groupes identitaires dans son électorat (les féministes, les musulmans, les LGBT) et revenir à un rapport classique social : ceux qui ont leur force de travail contre ceux qui ont un capital.
    Le combat est inévitable dans la société qui est traversé de contradictions. Comment on structure ce rapport conflictuel, selon quelles modalités, c’est la question politique essentielle

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  • Henry

    7 novembre 2024

    Une étude de PWC montrait que pendant les années de « croissance » (à crédit, l’emprunt dépassant la croissance) d’Obama, 80 % des américains avaient regréssé économiquement, une dizaine de % avaient stagné et une petite minorité s’érait super enrichie.

    Les Américains ont voté pour … leur bien être. Le droit des femmes, des minorités, des LGBT, le wokisme, le fait de faire devenir les blancs des citoyens de deuxième classe discriminés pour « réparer le passé », …, … ce sont des luxes que l’on ne peut se permettre que SI on est TRES riche ET que tout le monde vit dans l’ouate. Ce n’est plus le cas aux USA.

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  • Eva

    7 novembre 2024

    Ceci va accélérer la décomposition de l’UE : Meloni s’est déjà ouvertement rapprochée de Elon Musk  »son ami » , l’Allemagne rebat les cartes de son gouvernement vert et woke , la France risque de rester  »perversement  » isolée par l’inintelligence tactique .

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  • Paul

    6 novembre 2024

    Trump est LE Male Alpha . Droit au but; Make America Great Again sans peur ni reproche
    L’Europe va souffrir , les droits douaniers qui vont frapper la Chine péseront sur les exportateurs européens du luxe etc..sans compter les droits douaniers qui gréveront nos exportations vers les USA et le budget militaire qu’il faudra assumer …

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