7 octobre, 2015

La France sans croissance

L’économie française patine toujours, car si la consommation soutient un peu la croissance, le redémarrage de l’investissement des entreprises se fait toujours désirer. La situation ne changera pas tant que la France continuera à montrer au monde entier comment des syndicats ultra minoritaires peuvent pousser à la faillite par la violence, en toute impunité, des sociétés comme Air France.

La déprime du marché du bâtiment s’installe bien dans la durée, ce qui est la conséquences très directe des mesures stupides prises par Cécile Duflot quand elle était ministre.

L’endettement de la France devrait atteindre 96,5% du PIB l’année prochaine. Pour faire diversion,  Michel Sapin fournit régulièrement des chiffres sur « Les repentis fiscaux » en entretenant une confusion permanente sur les capitaux rapatriés,  le montant des  impôts mis en recouvrement, la somme recouvrée effectivement…

L’examen du budget 2016,  montre bien que le quinquennat de François Hollande est terminé. Il ne faut plus attendre de lui aucune mesure courageuse, dont l’économe française a tant besoin. D’ailleurs, on est content d’apprendre que le Président de la République  a maintenant le temps d’aller au cinéma.  Il a vu récemment dans la salle de cinéma de l’Elysée un court métrage de JR sur les dix ans des émeutes dans les banlieues et un documentaire sur Roosevelt réalisé par Laurent Joffrin le patron de Libération et enfin  un film sur Charlie Hebdo !

Dans son élan cinématographique,  on pourrait lui suggérer de regarder « La loi du marché » de Stéphane Brizé.  Le film constitue  paradoxalement, une charge violente contre  l’ascenseur social, pilier de la république,  qui est en panne à cause d’un système éducatif défaillant, de la gabegie d’une formation professionnelle qui ne forme personne et surtout pas ceux qui en ont besoin, d’un Pôle Emploi totalement débordé et inadapté au monde du travail à l’heure de la mondialisation. Le film critique aussi  l’usage dévoyé des aides sociales et l’obésité  d’un état-providence incapable de se réformer…

On pourrait aussi lui recommander de passer un peu de temps sur l’Argentine et le Vénézuela deux pays d’Amérique Latine qui vont de plus en plus mal. Quand on se souvient que lors du décès d’Hugo Chavez, le gouvernement de Jean Marc Ayrault avait envoyé  Victorin Lurel ministre des Outre-mer. A ses yeux, avait-il dit publiquement, le militaire n’avait rien d’un dictateur, mais se rapprochait bien davantage d’un

humaniste : « Le monde gagnerait à avoir beaucoup de dictateurs comme Hugo Chavez puisqu’on prétend que c’est un dictateur. Il a, pendant ces 14 ans, respecté les droits de l’Homme ». Rappelons que le même gouvernement n’avait envoyé personne à Londres pour l’enterrement de Margareth Thatcher !

Dans le reste de l’Europe,  l’indice de confiance a progressé légèrement en septembre.

En Italie, par exemple, la confiance des consommateurs progresse grâce à la combinaison d’un Euro plutôt faible, d’un prix du pétrole diminué par deux et des premiers résultats des réformes entreprises.

Les marchés émergents en Asie redeviennent intéressants

Les deux tiers des pays figurant dans l’indice des marchés émergents ne sont plus considérés comme  attractifs par les investisseurs. Pourtant, l’indice MSCI Asia est revenu à son niveau de valorisation de  la crise de 2008. Or ces économies sont peu endettées vis à vis de l’extérieur et ont donc encore des marges de manoeuvres.

L’Inde a baissé ses taux de cinquante points de base à 6,75% soit deux fois plus que prévu. Elle veut soutenir sa croissance. Le pays est le quatrième marché émergent investissable derrière Hong Kong, la Chine et la Corée du Sud.

En Chine, la majorité des investisseurs estime toujours que la dévaluation du Renminbi n’est pas terminée. La « Hong Kong Monetary Authority » la banque centrale de Hong Kong est obligée d’acheter du dollar US pour rester dans la bande de fluctuation 7,75-7,78 HKD.

La détérioration de l’économie américaine n’est pas une bonne nouvelle

Le chiffre décevant de créations d’emplois (142 000 au mois de septembre) provoqué une hausse des marchés actions au nom de « les mauvaises nouvelles sont de bonnes nouvelles, car la Fed va reculer la date de la remontée des taux d’intérêts »

Pour le moment, les anticipations des marchés (pas de hausse avant 2017)  ne sont pas du tout les mêmes que celles de la Fed (1,375% avant la fin de l’année).  La baisse du prix du pétrole devrait continuer à soutenir la consommation mais  la vigueur du Dollar pèse toujours sur la production manufacturière qui a baissé de 1,7% en août par rapport au mois précédent.

Le marché des obligations à haut rendement inquiète des investisseurs. Les cours des obligations émises par Valeant (rachat de Allergan le producteur du Botox), Endo International, Mallinckrodt ont beaucoup baissé après les commentaires d’Hillary Clinton sur l’industrie pharmaceutique. Dans le secteur des télécomunications Altice la société de Patrick Drahi  a été obligée d’augmenter le taux des obligations émises pour payer le dernier rachat de Cablevision aux Etats Unis. On vient bien que les décrochages sont très rapides. C’est probablement ce qui va aussi se passer sur la dette des états trop endettés.

Business Insider racheté par Axel Springer

Business Insider, le site américain fondé par Henry Blodget,  vient d’être racheté sur la base de neuf fois son chiffre d’affaires par Axel Springer. Le groupe allemand Axel Springer  avait déjà racheté  Auféminin.com, Marmiton, SeLoger.com, LaCentrale.fr, My Little Paris….

Le montant de 343M$ payé pour 88% du capital est supérieur au prix que AOL avait payé en 2011 pour prendre le contrôle de Huffington Post. Le modèle de ces sites repose sur la fourniture de contenu à forte valeur ajoutée fourni par des contributeurs on rémunérés et  des frais de fonctionnement financés par des recettes publicitaires. Le problème est désormais que les « adblockers » se développent beaucoup. Ils permettent aux utilisateurs d’empêcher les publicités de s’afficher sur les sites qu’ils consultent. Bataille à suivre ….

Les traders à haute fréquence vont pouvoir profiter du nouveau câble transatlantique installé par Hibernia Express. Il permettra de gagner 5 millisecondes par rapport aux réseaux concurrents. On a toujours beaucoup de mal à comprendre pourquoi on a remplacé le trading pour compte propre des banques qui était une activité régulée et encadrée, par du trading effectué par des Hedge Funds,  très faiblement encadrés et peu fiscalisés…

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

3 Commentaires

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  • Langevin

    10 octobre 2015

    Dans un soucis d’exactitude, c’est Actavis qui a racheté Allergan.
    Cordialement.

    Répondre
  • JEPIRAD

    7 octobre 2015

    A la lecture de ce papier de M. JJ Netter on voit que :
    – les marchés asiatiques ne sont pas encore mûres,
    – le dollar est toujours la monnaie de référence,
    – les marchés misent déjà sur une victoire probable d’Hillary Clinton.
    – la France n’est pas prête à se réformer (Etat, syndicats, patronat,…).

    Répondre
  • Gerldam

    7 octobre 2015

    A la phrase « mesures stupides prises par C. Duflot », il faut ajouter « et votées comme un seul homme par un parlement qui savait, en votant, que cette loi était d’une stupidité rare et irait à l’encontre du but recherché ».

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