6 janvier, 2016

La Chine, l’Arabie Saoudite les grands risques des marchés pour 2016

 

La croissance de la Chine avait déjà été revue en forte baisse autour de 1,5% à 2% par la majorité des économistes réalistes. L’atterrissage en catastrophe ne faisait pas partie des scénarios les plus probables. Le recul très fort des marchés actions au cours des premières séances de l’année oblige à se reposer la question de l’atterrissage en catastrophe. Nous n’y croyons pas car la Chine possède les moyens de piloter dans la durée la transition d’une économie de production tournée vers l’exportation vers une économie de services plus orientée sur la consommation intérieure. Cependant, il ne faut pas exclure les erreurs de décision, comme cela s’est produit l’été dernier avec le renminbi. Une plus grande liberté de flottement de leur monnaie avait été perçue par les marchés comme le début d’une série de dévaluations sauvages. Cette fois, il semble que ce soit la mauvaise utilisation d’un « coupe circuit » destiné à empêcher l’aggravation d’un mouvement de baisse, qui a provoqué la baisse de 7% du marché….

 

L’observation de certains chiffres peut conduire à plus de pessimisme. Le taux d’utilisation des capacités de production est de 50%, peut être moins encore. Plus de 46% du PIB provient de l’investissement. Ce sont des chiffres bien supérieurs à ceux du Japon au moment de l’éclatement de la bulle sur les marchés à partir des années 90. L’investissement à cette époque ne représentait en effet que 33% du PIB. L’état exact des créances douteuses au sein du système bancaire fait également toujours l’objet de nombreux débats…

 

La Chine vient de créer la plus grande classe moyenne de l’histoire. Il est toujours compliqué pour un pays non démocratique de développer la liberté économique pour ses citoyens. Le président Xi Jinping pourrait avoir la tentation de décaler les plans annoncés sur les privatisations des entreprises détenues par l’Etat, la libéralisation du système financier et l’ouverture totale du marché des changes. La perspective pour la Chine de devenir une véritable économie de marché pourrait ainsi prendre encore au moins une dizaine d’années…

 

L’ Arabie Saoudite, est le deuxième facteur de volatilité des marchés

 

Tout le monde connaît le degré de corruption de la famille royale, qui est très divisée sur la politique à mener, écartelée entre l’occidentalisation et le rigorisme des wahhabites. Cela ressemble à ce qu’était la situation de l’Iran en 1979 avant la destitution du Shah. Toute révolution à Riyadh serait un facteur de déstabilisation extrêmement fort se traduisant par une forte remontée des cours du pétrole…

 

Si tout va bien, la croissance mondiale serait de 2% en 2016

 

Pour le Monde, le scénario de l’année 2016 pourrait être résumé de la façon suivante : les banques centrales vont poursuivre une politique monétaire divergente alors que la croissance des économies va accentuer la convergence entre elles.

 

 

 

Cette année la Fed ne sera pas la seule à remonter ses taux, au moment où les marchés obligataire sont particulièrement tendus compte tenu du nombre d’entreprises en Chine et dans les marchés émergents  (et d’Etats) qui ont profité des taux d’intérêts à zéro pour emprunter beaucoup. Lors de la dernière  séquence de remontée des taux américains en 2004, le marché obligataire était dans une situation normale. Aujourd’hui il est dans une situation très tendue car les taux excessivement bas ont incité de nombreuses sociétés et de nombreux états  à s’endetter au delà du raisonnable.

 

La bonne nouvelle serait que peu d’économistes prévoient une récession en 2016. La croissance modeste de l’Europe et du Japon devrait se poursuivre, tout comme celle des BRIM (Brésil, Russie, Indes, Mexique). En revanche la Chine va continuer de ralentir.

 

Le prix des matières premières sera très sensible à l’évolution du dollar. Il est en hausse de 23% sur 18 mois sur la base des taux de change pondérés par les échanges commerciaux. La prévision de l’évolution du Dollar est un exercice encore plus difficile que d’habitude. Tout comme celui du prix du pétrole qui a été divisé par deux. Le baril ne devrait toutefois pas rester longtemps en dessous de 40$, compte tenu du contexte politique au Moyen Orient entre les chiites et les sunnites.

 

Une année de croissance modérée pour l’économie américaine

 

Aux Etats-Unis, la croissance attendue pour 2016 sera de 1,5 à 2%. L’économie est en bon état, mais elle n’aura pas la dynamique suffisante pour compenser le ralentissement en Chine et dans certains marchés émergents.

L’augmentation même modérée des salaires devrait produire un peu plus d’inflation, ce qui confortera la Fed dans sa stratégie de remontée progressive de ses taux d’intérêts.

Cette évolution devrait profiter au dollar et donc impacter négativement la croissance des sociétés exportatrices américaines. La croissance des résultats ne devrait pas dépasser 4% sur l’ensemble de l’année. La progression de l’indice S& P 500 serait autour de 5%.

 

En Europe, la croissance espérée serait de 0,75 à 1,25%. Tout le monde a compris que la “BCE ferait ce qu’il faut” pour éviter la récession.

L’Europe serait donc encore bon marché (15X) par rapport aux Etats Unis (17X) car la progression des résultats des sociétés européennes pourrait atteindre les 15%. Il est vrai que la baisse du pétrole, les taux d’intérêts très bas et la relative baisse  de l’Euro comptent pour beaucoup…

 

Pour la Grande Bretagne,  la croissance sera supérieure autour de 1,25% à 1,75% mais le « Brexit », perspective d’une sortie de l’Union Européenne pèsera sur la Livre Sterling

 

Au Japon, le PIB progressera de 0,5% à 1%. La baisse du Yen a profité aux sociétés exportatrices mais le ralentissement de la Chine et de la plupart des marchés émergents rendront plus difficile la progression de l’économie japonaise…

 

Plusieurs marches émergents offrent de bonnes perspectives

 

L’économie indienne va maintenant se développer à un rythme plus rapide que celui de l’économie chinoise. Le facteur qui avait été sous estimé jusqu’à maintenant est celui de la démographie car le pays n’a pas connu la politique du « un enfant par famille ». L’environnement démocratique avec un gouvernement représentatif, un cadre juridique clair et une presse libre sont des avantages déterminants pour le pays. Les problèmes les plus compliqués à résoudre qui sont ceux des infrastructures et du logement peuvent dans la durée trouver des solutions. Les problèmes que doit résoudre la Chine sont beaucoup plus compliqués…

 

Même si le Mexique est un exportateur de pétrole, il a été peu affecté par le ralentissement de la Chine. Plus de 80% de ses exportations essentiellement manufacturières sont destinées au marché américain…

 

La Corée du Sud fait partie des pays les plus importateurs de pétrole. Le prix du baril divisé par deux est donc un grand avantage pour son économie. La croissance pour 2016 pourrait dépasser  3% en 2016 grâce au rebond de la consommation intérieure qui permet de compenser le ralentissement chinois…

 

La semaine prochaine nous verrons comment on peut réaliser l’allocation d’actif d’un portefeuille.  En fonction du contexte macro économique, il s’agira de trouver, autant que faire se peut, les secteurs et les thèmes d’investissement qui offriront les meilleures perspectives…

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

5 Commentaires

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  • Raphael

    12 janvier 2016

    Je me permets d’ ajouter que la probable election d’ un républicain dur ( Trump ou Cruz ) va relancer la confrontation USA-Iran et le retour des USA au moyen-orient sera fracassant

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  • riz

    9 janvier 2016

    Sur le pétrole le bon sens implique qu’il n’ y a pas de raisons de rester optimistes, les cours ne peuvent que continuer à baisser à moyen terme :

    _ le Japon va moins importer de pétrole (reprise d’activité de centrales nucléaires )
    _ l’Iran va rajouter 1 million de barils jour sur le marché
    _ les usa vont être autorisés à exporter car ils ne savent plus quoi faire de leur brut qui s’entasse à l’infini
    _ la Chine ralentit donc va ralentir son rythme d’ importations
    _ la Chine va peut-être cesser d’acheter à tour de bras ses achats stratégiques (quand elle aura saturé ses cuves comme aux us)
    _ le Moyen Orient va moins consommer de pétrole car son prix va flamber là-bas pour les autochtones , c’est ça de plus à l’exportation
    _ l’Arabie est décidée à couper l’herbe sous le pied de l’Iran afin de sauvegarder ses parts de marché à l’égard du pétrole de schiste aussi et de la Russie aussi (punition avec l’aval des Ricains) , punition de même à l’égard du Vénèzuela que les us aimerait bien voir sauter .
    _ l’ASEAN et le Japon pourraient ralentir du fait de la Chine et on se souvient des effets de la crise asiatique sur le brut en 1998 avec un baril sous 10 $ (le double = 20 $ pas impossible)
    _ il n’ y a plus de prix car plus personne pour le défendre et tout le monde pompe au maximum de ses capacités afin de sauver les meubles (surtout les rentrées fiscales) .
    _ il n’ y a pas qu’au MO où les taxes sur le pétrole vont augmenter mais aussi en Asie où à 30 $ le baril ils ont décidé de diminuer les subventions
    _ montée en puissance de la voiture électrique et hybrides qui vont exploser à partir de 2017

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  • marc

    7 janvier 2016

    A t’on des chiffres sur l’économie parallèle en Chine (le black), étant en Chine, je constate du black partout, (tous les commerces) je dis toujours que si on trouve un atelier avec 10 clandestins en France, en Chine on trouve des usines complètes.

    Calculer le PIB est difficile.

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  • Josick Croyal

    6 janvier 2016

    « Nous n’y croyons pas car la Chine possède les moyens de piloter dans la durée la transition d’une économie de production tournée vers l’exportation vers une économie de services plus orientée sur la consommation intérieure.  »
    Ce n’est pas dans l’adn des autorités chinois constate Philippe Fabry dans son dernier billet sur historionomie. Mais bien sûr, c’est un jeunot, les dinosaures d’IDL écho d’Abraham, ne peuvent faire place au fils dont ils ne font pas écho, verrouillent la parole après l’avoir encensé pourtant une première fois. Cela commence à m’agacer prodigieusement !

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    • idlibertes

      6 janvier 2016

      Euh, pardon?
      Descente d’organe par chez vous?

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