2 octobre, 2013

Government shut down ? « Much ado about nothing »

Depuis Minuit heure locale américaine, le gouvernement fédéral n’est plus en mesure de financer les dépenses « non essentielles ».La dernière interruption  était en 1996, à l’époque de la fin du premier mandat de WJ Clinton. Mais 18 fois depuis 1976 sous la présidence Carter a-t-on été dans un tel scénario. La moyenne des interruptions a été de 6 jours et demi, entre la plus courte de un jour, et la plus longue de 21… Ceci pour l’historique.

Le sentiment exprimé ce matin, dans une intervention de Peter Orszag, ancien directeur de l’OMB – Secrétariat au budget-  sous la première administration Obama, depuis 2 ans à Citi, du fait de la radicalisation/polarisation de Washington, est qu’il faut s’attendre à une plus fréquente récurrence, et une suspension sans doute plus longue que la moyenne historique.

Selon l’administration, cette situation est extrêmement préjudiciable à une reprise économique déjà anémique, on parle de 10 à 20 points de base de croissance négative par semaine de « shut down ».Ceci toutefois ne tient pas compte de la rétroactivité qui a toujours été accordée lorsqu’un compromis sera trouvé ou qu’un des camps aura lâché du lest.

Les démocrates espèrent que lors des élections de mid- term, en Novembre 2014, la majorité des électeurs indépendants sera plus réservée vis-à-vis des républicains, préservant ainsi le contrôle démocrate sur le sénat, et affaiblissant, si ce n’est renversant la majorité républicaine à la Chambre.  Certes les résultats de la dernière élection de 2012 , indiquent une majorité ethnique et démographique en faveur du parti démocrate, mais le découpage électoral de la Chambre et la chute brutale de popularité du Président, notamment sur l’affaire syrienne, contrebalancent les tendances de fond.

L’administration refuse tout compromis sur la réforme de la sante, Obama care, ou Advanced care, considérant qu’elle a été légitimée par la réélection du Président en Novembre 2012. Les républicains invoquent des sondages d’opinion qui expriment réserve et inquiétude devant cette législation qui est complexe, difficile à mettre en œuvre, avec un calendrier différé dans le temps.La gauche du parti démocrate aurait préféré un système de type canadien, de fait une extension de Medicare, dont bénéficient les plus de 65 ans, le schéma retenu a été celui d’une assurance privée obligatoire pour ceux qui ne sont pas couverts dans le cadre de leur emploi, ou souffrent d’affections qui rendent leur couverture difficile ou très onéreuse.

Personne en tout cas ne s’attend à une baisse des dépenses de santé, qui avec Medicaid – la CMU -, la Sécurité Sociale, et Medicare, représentent et de loin la part du lion du budget fédéral, et celle dont la croissance est la plus forte, année sur année. Avec des perspectives inquiétantes du fait de la démographie et de l’allongement de l’espérance de vie.

Et un coût exorbitant des assurances à souscrire par les professionnels de santé  contre le risque de « mal practice »

La majorité démocrate au sénat et le Président ne céderont pas sur cette législation qui constitue de fait la seule réforme majeure achevée que l’on peut mettre au crédit du mandat Obama. Pourquoi les républicains, notamment sous la pression des 50 à 60 élus dits « Tea Party »,  a la Chambre, ont-ils pris un tel risque face à l’opinion ?D’une part du fait d’une conviction profonde que cette législation est néfaste, ou inappropriée, même si procédant d’une louable préoccupation, et d’autre part pour affaiblir le leadership républicain représenté a la Chambre par son Président /’speaker, John Boehner, un conservateur traditionnel originaire de l’Ohio.

Je pense que ses jours sont comptés et que vraisemblablement il sera remplacé pour qu’un nouveau leader soit la figure de proue des républicains à la Chambre, suffisamment tôt avant les élections de Novembre 2014.Retour sur la radicalisation peu favorable au compromis législatif…Du coté démocrate, on citera sans ordre d’importance la relative inexpérience d’un Président qui n’a même pas achevé son premier mandat de sénateur, face à des élus chevronnés de plusieurs décennies -,un « rookie », un « jeunot »- la personnalité de Barack Obama, que l’on dit peu portée aux contacts interpersonnels, et une certaine rigueur idéologique.

Bref Obama est l’antithèse de WJ Clinton…

Harry Reid, élu du Nevada, chef de file au sénat, le mormon le plus élevé dans la hiérarchie institutionnelle américaine, et Nancy Pelosi, élue de Californie ancien speaker de la Chambre, et candidate à sa succession en cas renversement de majorité, sont tous deux des libéraux « tax and spend ».C’est bien pourquoi il est essentiel pour les républicains de reprendre le contrôle du sénat, et de garder celui de la Chambre, afin d’éviter de nouvelles dérives des dépenses financées par de nouvelles hausses d’impôtsLe microcosme washingtonien a ses conventions, bon nombre d’observateurs redoutent un blocage prolongé, ou un compromis boiteux, avec un risque non négligeable de pollution sur le débat du plafond de la dette.

Personne ne souhaite un dérapage qui pourrait remettre en cause la signature internationale des Etats-Unis, eu égard au placement très diversifié de cette dette.C’est ce souci qui a permis, il y 4 ou 5 ans notamment aux détenteurs d’obligations Fannie ou Freddie  d’obtenir « de facto » le bénéfice de la garantie fédérale auquel leur statut ne leur permettait  pas de prétendre « de jure ».

Je prends le pari que ces crises se résorberont sans dommage majeur.Le plafond de la dette sera une nouvelle fois élevé au-delà de 16700 milliards de $, et un compromis bancal permettra de remettre la machine budgétaire en route.

Le personnel politique américain ne sortira pas grandi et respecte de cette crise, mais l’économie sera pas durablement affectée  vous remarquerez à cet égard que l’on ne parle quasiment plus du séquestre en place depuis le début de 2013, qui au moins a permis un coup d’arrêt partiel aux dérives du déficit budgétaire.

 

 

 

New York 1er Octobre 2013

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Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

4 Commentaires

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  • jcgruffat

    9 octobre 2013

    Cher Poutine7,

    Le chomage est effectivement un des problemes de l’economie americaine, le taux de creation d’emplois etant insuffisant apres une periode de recession longue et profonde.
    Comme dans tous les pays, les chiffres officiels sont inferieurs a la realite, certains demandeurs d’emplois se retirant de fait du marche, ce qui ameliorent les statistiques.
    L’autre sujet est la dette souveraine, mais les Etats Unis peuvent eux encore augmenter la pression fiscale, et ont aussi beaucoup plus de flexibilite pour reduire les depenses publiques.
    Par exemple baisser les salaires de la fonction publique, ou augmenter les cotisations sociales, ou le temps travaille par les agents publics.
    Toutes mesures qui seraient jugees inconcevables dans la France ou je presume vous vivez, mais que des gouverneurs republicains ont mis en oeuvre au New Jersey, Caroline du Nord,Louisiane, Indiana, Texas, Wisconsin .
    Si vous ajoutez l’innovation,l’immigration, et une tres prochaine independance energetique, alors permettez moi de ne pas etre d’accord avec vous!

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  • Poutine7

    9 octobre 2013

    47% seulement de la population adulte travaille à temps plein.

    ça va mal aux US, très mal malgré la drogue dure des QEs

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  • jcgruffat

    8 octobre 2013

    Bonsoir,
    Le gouvernement ne serait plus en mesure d’emprunter pour honorer ses engagements de toute nature,tels servir les interets sur les quelques 16700 milliards de $ emis.
    Cela s’appelle un defaut, et est susceptible de rendre l’ensemble de la dette immediatement exigible..

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  • Amellal Ibrahim

    2 octobre 2013

    Bonjour,

    que se passerait-il en théorie si le plafond de la dette ne serait pas relevé ?

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