22 janvier, 2014

François Hollande a choisi « la triangulation » pour tétaniser ses oppositions

Il est tout à fait politiquement correct de trouver que l’intervention du Président de la République au cours de sa troisième conférence de presse marque un tournant.

D’ailleurs, les Présidents de la République changent toujours de politique au bout de deux ans de mandat depuis Valéry Giscard d’Estaing en 1976.  Après tout, le tournant de 2014 rappelle celui de François Mitterrand en 1983…

Si François Hollande a mis 18 mois pour comprendre enfin que c’était les entrepreneurs à la tête de leurs entreprises, qui seuls pouvaient créer des emplois durables, c’est tant mieux… Si François Hollande a assimilé que pour se développer dans un univers mondialisé, il fallait que les entreprises françaises soient compétitives, Bravo. Mieux vaut tard que jamais dit le vieux dicton populaire…

 

Les incertitudes du « Pacte de Responsabilité » restent toutefois grandes : le véritable montant de baisse des charges pour les entreprises n’est pas clair, la contrepartie aux allègements non plus. Quand les cotisations sociales baisseront t elles ?  Comment la branche famille sera t elle financée ? Quel sera le niveau de baisse des dépenses ? Où trouvera t on 50 Md€ d’économies ?

 

Il s’agit maintenant de passer très vite aux actes. Plusieurs mesures anti entreprises ont fait l’objet d’annonce ou sont encore en discussion au parlement. On aurait envie de croire au succès du pacte de responsabilité,  si le Président annulait l’augmentation prévue des pouvoirs des inspecteurs du travail, abandonnait les textes stupides sur la fermeture de sites industriels dans des groupes qui sont bénéficiaires, cessait d’invoquer des sujets qui ne font que compliquer la vie des entreprises comme la parité homme-femme et la pénibilité du travail, expliquait enfin que tout le monde a le droit de travailler le dimanche s’il est volontaire…

 

L’impact psychologique de la conférence de presse sera plus fort que son impact économique. A titre d’exemple, il est intéressant de constater que Davhal Joshi du bureau d’études BCA au Canada, qui n’a pas été particulièrement lyrique sur la politique économique du gouvernement depuis 18 mois, vient de sortir un papier plutôt positif sur la France. Il préfère toutefois recommander en Europe l’achat des Pays Bas et de l’Autriche. Sur le plan politique, François Hollande a choisi  « la triangulation », stratégie consistant à aller chasser sur les terres de l’adversaire afin de le priver d’espace et d’arguments. Pendant ses moments de loisir, il a peut être relu « Mensonge romantique et vérité romanesque » de René Girard, livre dans lequel il décrit très bien le désir triangulaire dans la littérature et dans la vie…

 

Dans le monde, pour la première fois depuis trois ans, toutes les zones seront en croissance. Les marchés sont sur la voie de la normalisation après des écarts de performance entre actions et obligations très élevés en 2013. Pour que le mouvement de hausse se poursuive, il faudrait que la croissance des bénéfices des entreprises prenne le relais. Dans le meilleur  des scénarios, la progression des indices devrait être en ligne avec celle des bénéfices.

 

 

Les US vont contribuer plus que la Chine à la croissance mondiale

 

Les Etats Unis sont la locomotive des pays matures. Même si les derniers  chiffres de l’emploi sont décevants, les ventes de détail ont en revanche été bonnes. Les ménages sont dans une situation plus confortable, le crédit bancaire progresse, les prix de l’immobilier aussi. Tout dépend maintenant de l’attitude des entreprises face à l’investissement.

La contribution des USA à la croissance mondiale serait maintenant supérieure à celle de la Chine. D’ailleurs, la contribution à la croissance des pays du G4 (US, UK, Allemagne, Japon)  fera au moins jeu égal avec celle des BRIC’s (Brésil, Russie, Inde, Chine)

Le Dow Jones a cassé à la hausse, un « trading range » vieux  de douze ans. Pour que la hausse se poursuive, il faudra que  Janet Yellen arrive à mener à bien la troisième phase du « Quantitative Easing » et que la Maison Blanche arrive à renégocier le plafond de la dette fédérale et enregistre une performance honorable aux élections de mi-mandat.

 

 

L’Europe connaît une croissance sans relief et inégale. On assiste à une amélioration de la demande extérieure et à une stabilisation de la consommation des ménages. Mais le risque de déflation est toujours là et les élections au parlement européen pourraient rendre encore plus difficile la gestion de l’Europe. La zone est la moins chère en relatif. On assiste à une inflexion de la rentabilité avec deux ans de retard sur les Etats Unis. Après trois ans de contraction, la croissance des bénéfices devrait être au rendez vous. Le rattrapage va se poursuivre surtout en Europe du Sud.

 

L’exemple de la Grande Bretagne

 

En Grande Bretagne, la livre sterling est portée par des espoirs de reprise durable

David Cameron le Premier Ministre a tiré toutes les bonnes cartes en montrant que l’on pouvait retrouver de la croissance tout en réduisant de façon significative les dépenses publiques….L’indice FTSE est d’ailleurs au plus haut depuis cinq ans…

 

La France et l’Italie sont à la traîne alors que le Royaume Uni et la Grande Bretagne sont en tête.

Un net rebond de la défaillance des entreprises s’est produit en 2013 (63 101 contre 61 278 en 2012).  Les secteurs les plus touchés sont la construction (17 649 défaillances), le commerce (13 939), le service aux entreprises (7459), l’hébergement restauration (7258), l’industrie (4472) ….L’efficacité d’Arnaud Montebourg et ses équipes n’a donc pas été bonne…

La rentabilité de l’immobilier locatif s’est dégradée… La politique menée par Cécile Duflot produit ses effets escomptés. La production de logements neufs a beaucoup baissé…

L’insécurité juridique qui entoure les procédures collectives s’est nettement aggravée…Le jour ou le gouvernement comprendra que le fonctionnement des Prudhommes où plus de 70% des décisions sont négatives pour les entreprises, empêche beaucoup d’entre elles d’engager des collaborateurs. L’effet Christiane Taubira est mauvais pour la création d’emplois…

 

Au Portugal et en Espagne les carnets d’ordre pour les adjudications de dette ont montré la forte demande de la part des investisseurs étrangers …Les CDS (=Credit Default Swap qui sont une assurance contre la faillite d’un débiteur) se détendent…

 

 

Le Japon va connaître une stabilisation de son activité malgré le choc fiscal. La politique audacieuse de Shinzo Abe le Premier Ministre pourrait porter ses fruits. Le potentiel d’amélioration des marges est grand. La gouvernance d’entreprise s’améliore. Le niveau de valorisation reste correct.

 

La Chine devrait maintenir son rythme de croissance grâce à la mise en place des réformes et à la maîtrise du crédit.

 

Les pays émergents et les mines sont délaissés

 

Les pays émergents sont totalement délaissés. La capitulation approche. A surveiller de près. Ils font l’objet d’une décollecte importante. La société Ashmore a annoncé qu’elle avait vu partir au T4 3,5Md$ de capitaux gérés sur cette classe d’actif.

 

Pour tous ceux qui ont appris que le consensus affiché publiquement par les investisseurs n’était pas le meilleur moyen de gagner de l’argent, Michael Hartnett Investment Strategist de Bank of America s’est amusé à comparer les capitalisations boursières de certaines sociétés avec celle de pays : Toutes les sociétés cotées à la bourse de Taiwan (430Md$) ont une capitalisation inférieure à celle de la société américaine Exxon (439Md$). Le Brésil (393) équivaut pratiquement à Google (380), l’Afrique du Sud (276) à General Electric (275), l’Inde (234) à Wells Fargo (241) et enfin la Russie (225) à Procter & Gamble (218)…

 

 

Mines d’or Le secteur des mines est celui qui le plus progressé pendant la semaine (+3%). On a assisté à une remontée d’ Anglo American (+ 11,3%) et de Newcrest Mining (+ 9,9%)

 

Dans le secteur des  banques la place financière de Paris perd régulièrement du terrain. En terme d’attractivité, elle est passée de la cinquième à la huitième place entre 2010 et 2013. Pendant cette période, le taux d’imposition du résultat comptable avant impôt est passé de 38% à 63% en 2012 !

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

3 Commentaires

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  • roger duberger

    22 janvier 2014

    Cher JJ Netter,
    Merci pour cet éclairage, instructif comme toujours. Pour que la France avance, ce ne sont pas des promesses aux entrepreneurs qu’il faut faire, mais des économies de dépenses publiques. Hélas Hollande ne fera rien dans ce sens, il continuera à berner les français et ses concubines….
    Pendant ce temps, on fait monter la sauce dans les médias : on accuse la spéculation, la financiarisation,les banques, les dividendes exorbitants des actionnaires… et la population gobe. C’est à en pleurer de rire ou à en pleurer tout court.
    Quand on voit la déconfiture de la banque Dexia, on peut se demander comment une banque semi publique -qui prêtait à taux indexés- a t-elle fait pour consommer autant de capital ?
    Bien cordialement

    Répondre
  • Mathias CORVIN

    22 janvier 2014

    Qui croit à la sincérité du « pacte de compétivité » ???? ceci n’est qu’une
    manoeuvre pour transférer sur le dos des Entreprises l’échec économique
    cuisant de deux années de socialo-communisme larvé animé par les
    incapables camarades partageurs actuellement aux commandes !!!

    françois hollande a montré les limites de sa morale , de sa parole donnée,
    de sa boite à outils , de son absence de projets pour la France et les
    FRANCAIS !!………..il restera dans l’histoire l’artisant de tous les renoncements,
    le héraut de réformes sociétales aussi nuisibles qu’inutiles…………..

    Il restera l’homme qui a défait la France………..et promus le grand remplacement de la population Française……par une nouvelle population
    immigrée à forte majorité Islamiste………..il est le modéle de dlihmitude
    assumée………..le pantalon sur les genoux , là ……….et dans sa vie privée
    qui n’est qu’une succession de tâches………………….

    Décidément ce personnage n’est pas digne de la moindre confiance …..!!!!

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  • Poutine7

    22 janvier 2014

    Bonjour,

    Merci pour ce panorama toujours éclairant pour nos choix futurs.

    Quelques appréciations différentes :

    François Hollande a abandonné le triolisme pour gérer ses affaires de « coeur »
    et tétaniser l’opinion

    Certes la Grande Bretagne va mieux mais ses déficits sont encore élevés.

    Répondre

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