16 septembre, 2014

«En France, on sème des fonctionnaires et on récolte des impôts…» Courteline plus que jamais d’actualité

Au moment de la nomination de Manuel Valls au poste de Premier Ministre, on pouvait espérer qu’il serait enfin l’équivalent de ce qu’ont été Tony Blair pour la Grande Bretagne et Gerhard Schröder en Allemagne. Chaque jour qui passe nous éloigne malheureusement de cette perspective, car nous sommes dans le pire des scénarios : celui d’une croissance famélique accompagnée d’un chômage record, de déficits galopants et d’une augmentation de la dette exponentielle. Après l’échec sur le chômage, c’est une humiliation de plus pour le Président de la République, puisqu’aucune de ses prévisions en matière économique ne s’est réalisée…

Le déficit du budget de l’Etat continue de se creuser, alors que l’économie française a subi un choc fiscal sans précédent de 69Md€ de prélèvements nouveaux depuis 2011.

En 2014, le déficit public devrait s’établir à 4,4% du PIB au lieu des 3,8% qui étaient prévus par le gouvernement. Le budget 2015 est un véritable cauchemar, car le moment est venu de faire des arbitrages douloureux. Il est le dos au mur. La France semble pour ses partenaires européens discréditée et hors jeu. D’ailleurs Pierre Moscovici, le nouveau Commissaire Européen aux Affaires Economiques et Financières sera surveillé à Bruxelles  par deux vice présidents : un letton Valdis Dombrovski pour l’Euro et un finlandais Jurki Katainen pour la croissance…

La masse salariale des fonctionnaires représente au total 40% du budget. Grâce à la disposition « Glissement Vieillesse Technicité (GVT), même si l’on n’augmente pas les salaires, car on a gelé l’évolution du point d’indice, la masse de salaires payée aux fonctionnaires augmente mécaniquement chaque année de 6Md€. Leur nombre ne diminuera que de 1000 environs, ce qui n’est rien au regard des 500 000 fonctionnaires engagés depuis vingt ans par les communes, les départements et les régions.  Ce recrutement qui a été réalisé sur une base clientéliste exigerait désormais qu’on ne remplace qu’un fonctionnaire sur trois.

Chaque fois que l’on embauche un fonctionnaire – ce qui se voit –, entre trois et quatre emplois potentiels du secteur privé ne sont pas créés – ce qui ne se voit pas…

Le déluge d’impôts et de taxes que les français ont subi n’aura donc servi à rigoureusement  rien. En recevant leur avis de mise en recouvrement pour leur troisième tiers, tous les contribuables ont compris que le gouvernement tapait maintenant sur les petits et les moyens et pas simplement sur « les riches  qui gagnent plus de 4000€ par mois ». L’augmentation d’impôts va toucher 6,7 M de français. Elle provient notamment de l’abaissement du quotient familial, des majorations intervenues sur les pensions de retraite, de l’augmentation des cotisations de complémentaire santé, de la fin de l’exonération sur les heures supplémentaires…

Les marges des entreprises ont peu de chances de s’améliorer. Le CICE doit être imputé sur l’impôt sur les sociétés. Pour une déjà société mal en point qui ne paye plus d’impôt sur les sociétés, la récupération s’effectuera sur les trois prochaines années. Le dispositif aura donc beaucoup moins d’effet que si un allègement de charges avait été accordé. Expliquer que le CICE aura rétabli les marges des entreprises est donc totalement inexact. Ce ne sera pas le cas tant que l’hexagone restera le champion des prélèvements sur le travail.

L’épargnant a été puni dans le cadre d’une répression financière de l’Etat totalement inefficace, car la chasse fiscale a tout simplement asséché l’investissement. La répression financière, c’est-à-dire de la captation par l’Etat de l’épargne des ménages est puissante.

Un épargnant ou un entrepreneur qui investit et  prend 100% du risque ne peut après la cascade d’impôts qui s’abat sur lui, que garder un peu moins du quart du profit généré s’il existe, l’Etat s’appropriant le reste !

Les épargnants ne sont plus des investisseurs dans une entreprise, une activité, un marché financier, mais les clients de vendeurs de produits financiers ou de cabinets de fiscalistes avec pour seul objectif : échapper à l’impôt. L’épargnant n’a donc plus le choix qu’entre trois solutions : la valise, la lente agonie de son patrimoine ou la prise de risque dangereuse à base d’effet de levier pour essayer de compenser les taux de prélèvements spoliateurs…

Les caisses de retraite des cadres du secteur privé vont être encore ponctionnées puisque rien ne sera fait pour remettre en cause les régimes spéciaux des fonctionnaires.

Au lieu de s’en prendre aux retraités qui ont travaillé toute leur vie, l’état pourrait commencer par supprimer les régimes spéciaux publics où des agents continuent allègrement à partir à 50 ou 55 ans à la retraite. L’économie réalisée pourrait être de 20Md€ par an.  Il faut faire converger le mode de calcul des pensions des régimes spéciaux vers celui du secteur privé.

Pour le moment l’Etat à placé sous quasi tutelle les caisses complémentaires des professions libérales qui sont dotées de fortes réserves. C’est en effet le gouvernement qui nomme le directeur de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse des Professions Libérales (CNAVPL) qui verse les retraites de base des professions libérales. Bien évidemment ce sont des représentants  syndicalistes des régimes spéciaux qui sont nommés. En clair, le système de retraite des fonctionnaires (Ircantec 5,63% de taux de cotisation)  qui comprend les agents de la RATP, SNCF, La Poste, EDF pille, discrètement les caisses de retraite des salariés du privé (Agirc-Arrco 9,50% de taux de cotisation). On demande donc aux salariés du privé de faire des sacrifices pour préserver les régimes spéciaux !

Le gouvernement va en revanche  s’occuper des professions réglementées qui recouvrent des situations diverses: métiers du droit (notaires, huissiers, avoués..), activités de santé (vétérinaires, pharmaciens…), commerces et services spécialisés (coiffeurs, cafés, cinéma, taxis…). On ne peut pas comparer la situation d’un notaire qui collecte de l’impôt pour l’Etat et celle d’un chauffeur de taxi. Alors que la logique commanderait de s’intéresser d’abord à la fonction publique pour diminuer les déficits de la France le gouvernement choisit de stigmatiser sans aucun discernement l’ensemble de ces métiers. Pourquoi le contrôle technique automobile ne fait pas partie de la liste ?

Les dégâts collatéraux de l’affaire Thomas Thévenoud député de Saône et Loire, nommé Secrétaire d’Etat , convaincu de ne pas faire de déclarations de revenus et qui était lui même vice président de la mission d’information sur la fraude fiscale à l’Assemblée Nationale ! On est assez loin de la République exemplaire que nous avait promise François Hollande…En deux années il a envoyé la France dans le décor. Nous avons 8M de pauvres et 6M de chômeurs avec le niveau de dépenses publiques le plus élevé d’Europe…

Manuel Valls va laisser filer le déficit car « on ne va pas toucher aux fonctionnaires »

On est encore très loin de l’excédent budgétaire primaire qui existe en Italie (Le solde budgétaire primaire est la différence entre les recettes et les dépenses hors service de la dette).   Il risque de passer à coté de la modernisation qui avait permis à Tony Blair et à Gerhard Schröder d’obtenir de leur électorat la légitimité pour mettre en œuvre leur politique.

En Europe, la production industrielle a progressé de 2,2% en juillet grâce à l’Allemagne (+2,4%)  qui  a également enregistré un excédent commercial de 23,4Md€ en juillet contre 16,6Md€ le mois précédent. La Grande Bretagne connaît une croissance de  1,7% contre 0,8% en Espagne, 0,1% en France et -1,8% en Italie. 

Le point déterminant pour l’évolution des cours des actions européennes, ce sera les résultats des entreprises. Pour le moment la dynamique de révision des  résultats est négative en Europe alors qu’elle est globalement positive aux Etats Unis.

Aux Etats Unis, les ventes de détail ont progressé en août.  La baisse de l’endettement des ménages commence à porter ses fruits.

La  Grande Bretagne, est entrée dans une séquence compliquée

Pour David Cameron son Premier Ministre, les résultats du vote sur l’indépendance de l’Ecosse vont le fragiliser. Les chances d’un retour des travaillistes au pouvoir en 2017 sont fortes. En dehors des valeurs liées au pétrole qui sont peu sensibles à la politique britannique, il semble prudent de diminuer l’exposition aux valeurs anglaises.

Les sociétés qui pourraient le plus souffrir  sont : Baratt Developments (construction immobilière), Countrywide (agent immobilier), Daejan (foncière), Denwent (foncière), DMGT (édition), F&C Commercial Property (foncière), Hargreaves Lansdown( société de gestion), ITV (média), Kingfisher (distribution), Legal & General (assurance), Lloyds Banking Group (banque), N Brown (distribution), National Grid (énergie), Schroders (banque), SSE (énergie), Whitbread (bière), William Hill (paris)

La baisse des matières premières n’est pas un bon signe

La demande de pétrole ralentit et fait baisser les prix. Malgré les guerres en Irak et en Lybie le baril d’or noir recule. Le Brent a perdu 20% sur son plus haut contre 10% pour le WTI. On pourrait avoir un Brent à 97$. L’ensemble des matières premières est aussi en train de baisser, ce qui n’est pas bon signe.

La Chine boude les alcools français. C’est la raison principale de la baisse des ventes à l’étranger de vins et spiritueux qui ont reculé de 7,3% au premier semestre

Dans le cognac les marques les plus touchées sont : Hennessy (=LVMH), Martell (=Pernod Ricard), Rémy Martin (=Groupe Rémy Cointreau), Courvoisier (Groupe Beam racheté par  Suntory au Japon), Maison Camus (n°5 mondial/privé)

Dans le Champagne Moët (LVMH), Laurent Perrier, Vranken, Lanson, Pol Roger (familles Pol Roger et Billy). Dans les spiritueux Pernod… 

Auteur: Romain Metivet

Romain Metivet est économiste et dirigeant d'une entreprise dans les nanotechnologies.

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